mardi 31 décembre 2019

Instrumentalisation des enfants à la télé d'État : « ma mamie est une vieille truie pollueuse »

La vidéo dure une minute et 29 secondes, et la chaîne de télévision gouvernementale allemande WDR (la « Radiodiffusion de l’Allemagne de l’Ouest ») basée à Cologne l’a désormais supprimée de sa médiathèque.



Auparavant, les responsables avaient annoncé cette vidéo avec fierté : « Elles savent chanter — et elles savent être culottées ».

Puis les enfants entonnent leur chanson. « Ma mamie conduit une moto dans le poulailler. C’est mille litres de super chaque mois. Ma mamie est une vieille truie pollueuse. » La ritournelle continue ainsi : « Ma mamie va chez le docteur avec un 4x4 (VUS) et écrase deux papis munis de déambulateurs. »



Ensuite, le chœur, composé uniquement de filles (est-ce un hasard ? voir l’omniprésence des filles dans les « manifs pour le climat »), dénonce le comportement alimentaire de son aïeule : « Ma mamie fait cuire chaque jour une côtelette, une côtelette, une côtelette. Parce que la viande à prix réduit ne coûte presque rien. Ma mamie est une vieille truie pollueuse. »

À la fin de la vidéo, les filles posent un regard sérieux face à la caméra et déclarent en anglais : « “We will not let you get away with this.” En français : “Nous ne vous laisserons pas vous en tirer comme ça.” Il s’agit de l’une des phrases-clés utilisées par Greta Thunberg lors de son discours à l’ONU.


Sur Twitter, la vidéo a provoqué l’indignation :


comme c'est pitoyable
WDR, à quel point est-ce lamentable !

Le WDR 2 Comedy Kinderchor [Comedy en allemand veut dire “variétés”] est également accusé d’hypocrisie. Entre autres, parce que le chœur a effectué une tournée en Corée du Sud en octobre. Le radiodiffuseur justifie la vidéo par une satire. La même excuse a été employée par le groupe de Greta Thunberg lorsque celui a insulté les personnes âgées, ce qui a déclenché diverses réactions.


Un gazouilleur fait le parallèle avec la façon dont des dictatures passées voulaient “éduquer” le peuple par le rire et le théâtre.


Sources : 20Minuten.ch/ Bild.de/ Welt.de/ Observateurs.ch pour une partie de la traduction

lundi 30 décembre 2019

Louisiane — De plus en plus d'élèves scolarisés dans des classes francophones

Pour arriver à La Nouvelle-Ibérie, paisible ville de 30 000 âmes, il faut longer les champs de cannes à sucre que la brise moite du golfe du Mexique fait onduler.

Au cœur du pays cajun, entre deux bayous, s’élèvent les murs de brique de la North Lewis Elementary School. Une école publique classique, comme il y en a des milliers aux États-Unis, à un détail près. Maths, sciences, histoire, conjugaison, lecture… Les instituteurs enseignent ici le programme scolaire américain traduit en français. En Louisiane, la formule connaît un succès inédit. En deux ans, le nombre d’inscriptions a bondi de près de 20 %. À chaque rentrée, dans tout l’État, de nouvelles classes d’immersion francophone sont créées. 5 300 enfants de langue maternelle anglaise fréquentent cette filière dans 34 établissements. Ils commencent dès la kinderschool, la maternelle.



15 h 30. La sonnerie retentit. Garçons et filles, vêtus de l’uniforme de l’école sur lequel est brodée une fleur de lys, se mettent en rang. « On se calme ! » Quand on se fait réprimander, c’est dans la langue de Paris. Dans les couloirs, des affiches punaisées en VO : « Ici, on est fier de parler français. » Tour à tour, les écoliers s’engouffrent dans les pick-up de leurs parents, qui défilent devant le porche. « Durant toute ma scolarité, j’ai étudié cette langue. Mon fils, qui a commencé il y a quelques semaines, en sait déjà plus que moi », s’amuse Hillary Landry, une jeune mère de famille. La journée continue pour les enseignants qui carburent au café en salle de réunion. À l’ordre du jour, la préparation de la « French pride », un défilé célébrant la culture de plusieurs pays francophones. « Il faudrait trouver des costumes typiques », s’inquiète l’un d’eux.

À La Nouvelle-Ibérie, le français est partout et nulle part. Sur les panneaux, des noms aux sonorités familières : Thibodeaux, Charenton, Jeanerette… Entre le vieux cinéma Évangéline et le Napoléon’s bar, les effluves de poulet frit harcèlent les narines. La langue ne survit en réalité que dans le folklore, une douce nostalgie héritée de l’histoire de la région. Elle a pris racine lors de l’installation de colons venus de métropole, au début du XVIIIe siècle. Puis avec les Acadiens, arrivés à partir de 1763 [certains pourraient être arrivés plus tôt], déportés depuis l’est du Canada par les Britanniques.

Ces exilés francophones, devenus par déformation linguistique les Cajuns, ont su faire perdurer leur culture sur ces terres marécageuses jusqu’en 1921. Cette année-là, et pour presque un demi-siècle, la loi américaine interdit de parler un autre idiome que l’anglais en classe.

Leur dialecte — sorte de vieux français criblé de mots amérindiens et africains [confusion de l’auteur avec le créole ?] — tomba en désuétude. Des générations furent sacrifiées sur l’autel de l’anglicisation des États-Unis. De nos jours, seuls quelques anciens, dans des bayous reculés, maîtrisent encore la langue de leurs aïeux. Le cajun n’est plus parlé que par 25 000 personnes. « Le français, c’est notre héritage. Mais celui enseigné ici n’a rien à voir avec la langue de nos ancêtres », reprend Tim Rosamund, le directeur de la North Lewis School, bonhomme affable empruntant quelques traits à un George W. Bush rajeuni. Dans son établissement, près de 50 % des élèves déclarent discuter de temps à autre avec un aîné parlant le patois.

En inscrivant leurs enfants en immersion linguistique, les parents américains ne font pas qu’honorer leurs racines. Ils rêvent de réussite scolaire à moindre coût. Les écoles primaires qui proposent ce programme sont presque toutes publiques, gratuites et les enseignants francophones jouissent d’une excellente réputation aux États-Unis. Le Codofil, Conseil pour le développement du français en Louisiane, en chapeaute 160. « Votre pays nous envoie ses meilleurs instituteurs », susurre Tim Rosamund, comme s’il trahissait un secret industriel. Ces derniers sont détachés de leur poste dans l’Éducation nationale dans le cadre d’accords franco-louisianais pour une période d’un an, qui peut être prolongée. Certains choisissent de s’installer ici définitivement, librement recrutés par les écoles. « Tous ces professeurs sont les meilleurs ambassadeurs de notre culture, de notre langue et de notre pays », se félicite Vincent Sciama, le consul de France.

Trouver facilement du travail

Il y a aussi d’importants contingents du Québec, de Belgique et de pays d’Afrique de l’Ouest. Ils seraient environ 400, en tout, rémunérés par les paroisses [laïques] l’équivalent des comtés. Les parents sont séduits par la « french touch » de ces instituteurs : créativité et rigueur. « J’essaye de continuer à travailler comme en France, bien que le programme soit plus lourd, car le rythme de l’enfant y est mieux respecté », affirme Julie Romanello, enseignante en grande section de maternelle. « Mes confrères américains, eux, ont tendance à faire plus de cours magistraux », continue-t-elle. « Nos petits sont moins chouchoutés que dans le système éducatif américain classique », se félicite Jennifer Taylor, une maman.

Certains parents voient aussi dans ce programme linguistique une occasion pour leur progéniture d’obtenir plus tard un bon emploi, dans un État où le taux de chômage (4,5 %) — bien qu’en baisse — reste plus élevé que la moyenne nationale (3,6 %). « C’est la promesse de trouver du travail partout dans le monde », estime Annah Killgore, qui a trois enfants en immersion. À quelques kilomètres des plateformes pétrolières et gazières offshore qui continuent de faire vivre la région, « c’est une chance de faire du business avec les entreprises francophones, les firmes du secteur de l’énergie par exemple, imagine le directeur de l’école de La Nouvelle-Ibérie. Et surtout de faire tourner l’industrie du tourisme. Nous attirons beaucoup de visiteurs de France… » Tout un écosystème se met progressivement en place en Louisiane, pour faciliter les débouchés. Un premier forum pour l’emploi francophone a réuni 500 visiteurs, mi-novembre, pour mettre en relation des jeunes et des entreprises comme Total, Airbus ou la chaîne hôtelière Mariott. Une première aux États-Unis. « L’avenir en français est là, il faut le rendre possible pour tous », s’enthousiasme Vincent Sciama. Autre ambiance, au cœur d’un quartier huppé de La Nouvelle-Orléans. Face à un parcours de golf, dans une rue bordée de chênes centenaires, se dresse la Audubon School. Une institution, une marque, un modèle. Autour de l’imposante bâtisse, un potager, un terrain de sport, des aires de jeux… C’est le plus vieil établissement de tout l’État qui propose l’immersion. On y joue à la marelle en français depuis 1984.

À la différence de la plupart des autres écoles francophones, on enseigne ici le programme de l’Éducation nationale. « Il a très bonne réputation. Les parents trouvent les exigences très élevées, souligne Laure Vermeulen, la directrice. Ils réclament des dictées, ce qui n’existe pas d’habitude aux États-Unis. » Au cours de leur scolarité, ces élèves doivent réussir les tests américains. De leurs résultats dépendent les fonds publics alloués par l’administration locale. Pas question, donc, de se mettre totalement à l’heure de Paris, les enfants doivent redoubler d’efforts. « La communauté Audubon est une famille, et l’école met à notre disposition toutes les ressources pour qu’ils réussissent », explique Leland Smith, un père de famille. De l’aide aux devoirs est par exemple proposée.

L’engouement pour l’immersion passe par le bouche-à-oreille. À l’échelon national, le chinois et l’espagnol font aussi partie des programmes les plus plébiscités. En 2000, en tout, seulement 260 classes de ce genre étaient répertoriées aux États-Unis. Aujourd’hui, elles sont presque huit fois plus nombreuses. Quelques heures d’anglais permettent à ces élèves de rester au niveau de leurs camarades à la scolarité traditionnelle.

Maîtriser une deuxième langue jeune, c’est la promesse d’avoir plus de facilités dans les autres apprentissages, jure la communauté enseignante. Les enfants deviendraient à terme meilleurs que les autres ; les encadrants en sont persuadés. Surtout, les écoliers pourraient développer plus tard des facilités pour apprendre de nouveaux idiomes. Pourtant, il n’existe pas de consensus scientifique sur la question. « Les résultats des études sont très variés selon le contexte et la méthodologie. Un certain nombre d’entre elles montrent des bénéfices. En tout cas, une chose est certaine, il n’y a pas d’effet négatif », résume Patrick Rohrer, doctorant en sciences du langage au laboratoire de linguistique de Nantes, et natif de La Nouvelle-Orléans. « Cela donne des outils sur lesquels l’élève pourra s’appuyer pour apprendre d’autres langues », continue-t-il. Les retours d’expériences sont flatteurs. « Leurs professeurs au lycée remarquent aussi leur plus grande ouverture d’esprit. Ce sont des étudiants plus synthétiques, plus analytiques », souligne Laure Vermeulen.

Si les chiffres des inscriptions sont en constante hausse, l’immersion en français reste une démarche un brin extravagante au pays de l’Oncle Sam. Ici, à Audubon, c’est même presque un message politique. L’établissement est laïque dans une ville où l’enseignement catholique est très puissant. « Les parents sont plutôt des gens de gauche, du milieu artistique », pointe la directrice. Nous sommes bien loin de l’Amérique de Trump. Dans la salle des professeurs, le portrait d’Obama n’a toujours pas été décroché. Il se raconte que l’oubli est volontaire !


Source : Figaro




samedi 28 décembre 2019

La Reine des Neiges 2 et La Guerre des étoiles IX, fers de lance du credo progressiste de Disney

La Reine des Neiges 2 et La Guerre des étoiles IX, fers de lance du credo progressiste de Disney. Libérez-vous du passé, du désir, et de toutes les contraintes qui entravent votre liberté: telle est, en substance, la morale des deux derniers mégaproduction Disney, La Reine des neiges 2 et La Guerer des étoiles IX. Attention, intrigues déflorées et divulgâchées. Texte de Pierre-Henri d’Argenson, auteur d’un Petit traité d’éducation conservatrice (Le Cerf, 2019) et de La fin du monde et le dernier dieu (Liber, 2018).

La Reine des Neiges 2 et Star Wars épisode IX, grosses productions emblématiques des studios Disney sorties au mois de décembre, ont au moins un point commun: leurs bandes annonces étaient très réussies. Dans ce domaine, Disney n’a pas perdu la main. Pour ce qui est des films eux-mêmes, c’est une autre histoire, ou plutôt la même: celle de l’effondrement de la puissance narrative et mythologique qui avait fait la force des premiers opus, au profit d’une tornade de séquences d’action sans profondeur ponctuées des poncifs à la mode de l’idéologie progressiste.





Commençons par le dernier épisode de Star Wars, qui fait suite à deux autres déjà passablement dégradés par rapport à la trilogie historique. Nous ne reviendrons pas sur le scénario abracadabrantesque que l’on peine à suivre, baladés que nous sommes de planètes en course-poursuites. Si les héros de ce dernier opus n’ont pas tous la Force, ils ont de l’Endurance! Mais pas autant que le spectateur qui s’essouffle avant eux, et pour cause, c’est le but recherché: immergés dans l’action perpétuelle, les personnages vivent dans un éternel présent qui les prive de toute épaisseur psychologique, de tout mystère. Il ne reste rien du souffle épique de l’épopée initiale, ancrée dans le tragique de la condition humaine et la patience des constructions stratégiques, des intrigues politiques et amoureuses, des rites initiatiques, des révélations bouleversantes.

Nous retrouvons surtout en creux les grands articles de la foi progressiste, le premier étant la dissolution de tout enracinement des choses dans un présent omniprésent qui réduit l’existence à une succession de séquences. En dehors de Rey et Kylo Ren, les nouveaux personnages et Poe et Finn en premier lieu n’ont quasiment pas d’histoire, pas de pensée, pas d’ancrage symbolique. On a l’impression que les nouvelles productions ont voulu casser les archétypes des mythes, ceux qui rattachaient les anciens personnages à des figures ancestrales: la princesse, le chevalier, le bandit, le père tyrannique… La trilogie de Georges Lucas puisait dans les Atrides, Rome, Aristote, Machiavel, Grimm, Tolkien, Asimov, la Bible, elle n’a pu être écrite que par des hommes de culture.

Cette focalisation sur le présent et l’action n’est pas qu’un procédé de divertissement mais le reflet d’un courant idéologique où il n’est plus question de trouver sa place dans l’ordre des choses, ce qui implique de regarder loin devant et loin derrière, mais de choisir sa place à chaque instant, à commencer par sa famille. C’est ainsi que Rey décide de s’appeler Skywalker sans avoir jamais demandé l’avis aux intéressés (sévèrement décimés il est vrai, mais les Jedi morts parlent quand même). On validera quand même ce procédé très aristocratique de relèvement du nom de la famille fraichement éteinte Skywalker par la petite-fille Palpatine, que l’on comprend gênée par l’héritage grand-paternel (Palpatine, c’est difficile à porter sur Tatooine). Ça, c’est vraiment old school.

Ce choix de patronyme nous amène subtilement au second crédo progressiste de ce dernier opus, fidèle en cela aux deux précédents: la désérotisation à peu près totale des relations amoureuses. En trois épisodes, le bouillonnant (et brouillonnant) pilote de chasse Poe Dameron reste sacrément sage, hormis un pathétique essai de faire revivre une vieille idylle avec Zorii Bliss (très beau costume), mais Disney met le holà: pas de ça chez nous! On aurait pu attendre une vraie histoire entre Finn et Rose, mais là aussi, ça tourne court, pas de ça chez Disney!

Puritanisme, ultra-violence et pardon des péchés : l’Amérique du Far West n’est finalement pas si loin.

Donc que reste-t-il? Après trois épisodes de chamailleries entre Kylo et Rey, Kylo a droit à un chaste baiser de Rey avant de mourir à ses pieds, baiser presque incestueux tant ces deux-là paraissent comme frère et sœur. Là aussi, le dernier opus prend le contrepied de la trilogie de Lucas, où la tension amoureuse entre Luke et Leia s’était trouvée résolue par la découverte de leur liens familiaux, ce qui ouvrait la voie à l’émergence d’un couple fondé sur une belle altérité entre Leia et Han. À la fin, on ressort presque soulagé de la mort de Kylo Ren, tant on n’ose imaginer les rejetons issus de l’union de la petite fille de l’horrible Palpatine avec le petit fils de Dark Vador, par ailleurs meurtrier de son père le gentil vaurien Han Solo et presqu’assassin de sa mère Leia dans l’épisode huit, mais il avait renoncé, signe infaillible de rédemption. Finalement, avec Disney, les enfants peuvent voir des Jedi se découper en morceaux (en famille si possible) et un empereur qui se décompose comme au cours d’anatomie (ce n’est plus les Atrides, mais les Putrides), un parricide recevoir le pardon, mais il est hors de question qu’ils soient témoins d’une vraie histoire d’amour, sans parler de sexe évidemment. Dans l’univers magique et désormais progressiste de Disney, les Jedi font des bébés à distance et bien sûr ne vont pas au cabinet. Puritanisme, ultra-violence et pardon des péchés: l’Amérique du Far West n’est finalement pas si loin.

La Reine des Neiges 2 présente quelques points communs troublants avec Star Wars IX. D’abord le grand méchant est aussi le grand-père des héroïnes (mais que font les grand-mères?), c’est aussi un mâle blanc de plus de 60 ans qui, en plus, construit un barrage anti-écologique pour asservir une tribu indigène façon Pocahontas. Bref, il se situe quelque part entre Jair Bolsonaro et Donald Trump, alors qu’Elsa aurait plutôt de faux airs d’Hillary Clinton avec son tailleur et son brushing. Comme Rey, Elsa et Anna vont d’ailleurs réparer les horreurs de leur grand-père maléfique.

Grâce à Disney, la figure du jeune mâle n’est pas moins à la peine que celle du vieux. Comme les jeunes aventuriers masculins des nouveaux Star Wars, Kristof fonctionne sur le mode «bouge et tais-toi», sans autre réflexion plus élaborée, revanche peut-être méritée sur les stéréotypes des personnages féminins version «sois belle et tais-toi». Tout de même avec Kristof, ils y sont allés un peu fort dans la niaiserie et la passivité.

En fait Kristof ne sert quasiment à rien, sauf à courir dans tous les sens, un peu comme Poe et Finn. Si l’objectif était de faire un sort au mythe du prince charmant, c’est réussi, même si l’on doute du sex-appeal du bûcheron au chômage un peu enveloppé qu’on a mis à sa place, le renne faisant office de labrador. On dirait que Kristof se fait vaguement draguer par un jeune Northuldra dans la forêt, moment un peu gênant car Kristof ne s’aperçoit de rien, benêt qu’il est, mais au moins la case de l’inclusivité est cochée, comme avec le très discret baiser lesbien de la fin de Star Wars. Kristof est finalement un personnage humilié, qui n’arrive pas à faire sa demande en mariage, et qu’on dévoile en robe de chambre lors d’une affligeante partie de Time’s Up en pantoufles. On ne pouvait imaginer un tue l’amour plus efficace, et l’on frissonne à la pensée que Star Wars IX aurait pu finir par une partie de Scrabble entre Rey, Poe et Finn sirotant des bières sans alcool.

C’est en cherchant à éradiquer le passé qu’on retombe dans son ornière.

Bien sûr, il y a du second degré dans tout cela, comme au moment de la chanson parodique (espérons) de Kristof «j’ai perdu le nord» qui disqualifie définitivement le bonhomme. La ficelle de l’inversion des rôles, les femmes guerrières et dirigeantes versus les hommes sensibles et vulnérables, est toutefois trop caricaturale pour fonctionner. Et ce second degré est à géométrie variable, car la quête d’Elsa est, elle, traitée de façon très sérieuse et ne supporte pas le moindre trait d’humour. La preuve, comme Elsa est quelqu’un de très organisé (un peu trop quand même, c’est justement son problème), elle a pensé à installer les habitants d’Arendelle sur les hauteurs avant de partir, on ne sait jamais, un dégât des eaux est vite arrivé dans un fjord. Heureusement qu’Olaf détend un peu l’atmosphère.

Ironie du script, c’est en cherchant à éradiquer le passé qu’on retombe dans son ornière, puisque la réconciliation politique au Royaume des glaces n’est possible qu’à la faveur de la découverte d’une union très féodale entre deux peuples (les parents d’Elsa et Anna), qui n’est pas sans rappeler cette obsession du sang que l’on trouve aussi dans Star Wars, quand Rey décide de s’appeler Skywalker. Notons enfin qu’en guise de progressisme, Anna prend la succession d’Elsa à la tête du Royaume, sans élection ni référendum d’initiative partagée, et ça passe. J’attends avec impatience le troisième opus, où Olaf en gilet jaune prendra la tête d’une grève générale des bonshommes de neige d’Arendelle en criant dans un haut-parleur: «mais c’est quand que tu vas mettre des paillettes dans nos vies, Anna?».

On a finalement bien du mal à suivre les péripéties d’Anna et Elsa dans ce deuxième épisode, tout aussi épuisant de courses-poursuites que Star Wars et tout aussi coupé des structures fondamentales du conte et de sa gradation narrative. Et à la fin tout le monde est gentil, tout le monde est ressuscité, le tout sans la moindre originalité: Olaf est le Gurki de la Reine des Neiges (cf. Taram et le Chaudron Magique) et Elsa son Cinquième Elément (un hommage à Luc Besson?). Et tout rentre dans l’Ordre.

On retrouve au fond, dans La Reine des Neiges 2 comme dans Star Wars IX, le même fil directeur progressiste: libérez-vous du passé, libérez-vous du désir, soyez qui vous voulez, aimez tout le monde et vivez dans un éternel présent qui vous gardera des questions philosophiques angoissantes. Plus tristement, on ressort du visionnage de ces deux films avec un insondable sentiment de gâchis: tant d’effets pour si peu d’émotion, si peu de profondeur, si peu de souffle. Mais n’est-ce pas la recette du bonheur dans le meilleur des nouveaux mondes?




Petit traité d'éducation conservatrice
de Pierre-Henri d' Argenson
paru le 12 septembre 2019
aux éditions du Cerf
à Paris
244 pp.
ISBN-13 : 978-2204133135

Présentation de l'éditeur

Le premier enracinement est dans la culture. Défendre les humanités, c'est contribuer à dissiper le nihilisme ambiant. Voici un petit guide pratique à l'usage de tous les parents pour renouer avec le sens profond de l'éducation.

Même un demi-siècle après Mai 1968, nous devons encore résister à cette folle idéologie qui a consisté à tout déconstruire – l'autorité parentale et professorale, la morale, la politesse, les canons des arts, mais aussi la grammaire, l'orthographe, les méthodes de lecture traditionnelles...

Avec ce petit traité à l'usage de tous ceux qui croient, encore, aux vertus de l'éducation, Pierre-Henri d'Argenson en appelle donc à un retour aux fondamentaux. De la formation des professeurs à la virtualisation du savoir, en passant par l'insupportable relativisme des connaissances, il dénonce avec humour la bêtise pédagogiste postmoderne, et rappelle que la tradition et l'apprentissage ne sont pas antinomiques de la créativité ni du bonheur.

Parce qu'il n'y a finalement qu'un seul moyen de sortir des impasses de Mai 1968 : redevenir conservateurs.

Biographie de l'auteur

Ancien élève de l'ENA et de la London School of Economics, Pierre-Henri d'Argenson est haut fonctionnaire et essayiste. Il a notamment publié un Petit guide pratique et psychologique de la préparation aux concours.

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Les parents seraient plus heureux que les gens sans enfant (rediff)

Des chercheurs de trois universités nord-américaines ont constaté que les gens qui ont des enfants « font état de niveaux relativement élevés de bonheur, d'émotion positive, ils ressentent aussi plus que leur vie a un sens » que les personnes qui n'ont pas d’enfant.

L'étude, publiée dans Psychological Science et co-écrite par des chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique, de l'Université de Californie à Riverside, et l'Université Stanford, paraît alors que les pays occidentaux sont confrontés à dénatalité croissante et une population vieillissante.

Le professeur de psychologie Elizabeth Dunn, de l’université de Colombie-Britannique a déclaré que leur recherche suggère que «les parents sont loin d’être ces « misérables créatures » que certains médias et une certaine élite déprécient tout en valorisant dans la culture dite populaire les couples sans enfant.

Un de ces essais populaires
qui dévalorisent la parenté.
C'est ainsi que Corinne Maier, dans son opuscule No Kid, faisait la promotion de la stérilité. Cette essayiste conformiste y alignait 40 raisons « de ne pas succomber à la tentation de l'enfantement ». À la page 99 de son pamphlet, elle n'hésitait pas à déclarer : « le sentiment de la famille, le sentiment de classe, et peut-être d'ailleurs de race, apparaissent comme les manifestions de la même intolérance à la diversité, d'un même souci d'uniformité », pour conclure : « la famille serait-elle la cellule de base du Front National ? »

Les résultats de cette étude sont basés sur une série d'enquêtes menées en 1982, 1990, 1995 et 1999 auprès 329 participants âgés de 17 à 96 ans.

L’étude suggère que les parents sont plus heureux quand ils s’occupent de leurs que lors de leurs autres activités quotidiennes. Le bonheur croît avec la maturité et les circonstances familiales.

« Nous avons constaté que si vous êtes âgé (et sans doute plus mûr) et si vous êtes marié (et vous bénéficiez sans doute de plus de soutien social et financier), alors vous êtes susceptibles d'être plus heureux si vous avez des enfants que vos homologues sans enfant », a déclaré le co-auteur Sonja Lyubomirsky de l’UC à Riverside.

« Fait intéressant, les père sont plus souvent parmi les plus heureux que les mères », d’ajouter le professeur Dunn.

On trouvera l'étude ici.





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vendredi 27 décembre 2019

La tare de l'État-providence c'est qu'éventuellement les autres finissent toujours par manquer (rediff)

Dans le sillage du dernier recensement en l’Angleterre et au pays de Galles où l’on voit la proportion de croyants musulmans doubler en dix ans, cet article de Mark Steyn semble opportun :

Notre lecture aujourd’hui est tirée de l’Évangile selon saint Luc. Non, non, pas la crèche, les bergers, les mages, rien de tout cela, mais l’autre naissance :
« Mais l’ange lui dit : Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée, et ta femme Élisabeth te donnera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. »

Marie et Élisabeth
On ne se penche guère sur cette histoire de Noël, mais elle est là — Luc 1:13, une partie de ce que Luc aurait appelé la trame de fond, s’il avait été un scénariste plutôt qu’un médecin. Parmi les quatre évangiles, seuls deux se soucient de raconter l’histoire de la naissance du Christ et seul Luc commence par deux grossesses. Zacharie est surpris par sa paternité imminente — « car je suis vieux et ma femme est avancée en âge ». Et pourtant, une vieille femme stérile conçoit et, au sixième mois de la grossesse d’Élisabeth, l’ange rend visite à sa cousine Marie et lui dit qu’elle aussi va concevoir. Si vous lisez Luc, la naissance virginale semble un prolongement logique du premier miracle — la grossesse d’une vieille dame. L’évangéliste médecin n’avait aucune difficulté à accepter les deux. Pour Matthieu, la naissance de Jésus est le miracle ; pour Luc on a l’impression que toute naissance – toute vie — est en quelque sorte miraculeuse et don de Dieu.

Nous vivons maintenant dans le monde d’Élisabeth — et pas seulement parce que la technique est devenue miraculeuse et permet aux femmes cinquantenaires ou sexagénaires de devenir mères, mais dans un sens plus fondamental. Le problème avec l’Occident avancé n’est pas qu’il soit ruiné, mais qu’il est vieux et stérile. Ce qui explique pourquoi il est fauché. Prenez la Grèce, elle est devenue l’exemple type de l’insolvabilité d’un État : « les États-Unis prennent le même chemin que la Grèce si nous ne changeons pas de cap ». La Grèce aurait donc des difficultés budgétaires, un manque de revenus, quelque chose dans le genre, n’est-ce pas ? À première vue, oui. Mais le problème sous-jacent est plus profond : la Grèce a un des taux de fécondité les plus bas de la planète. En Grèce, 100 grands-parents ont 42 petits-enfants – un arbre généalogique à l’envers. Dans un État social démocratique où les travailleurs dans les professions « dangereuses » (tels que, euh, la coiffure [à cause des produits dangereux liés à la teinture des cheveux]) prennent leur retraite à 50 ans [c’est le cas en Grèce pour ces professions], il n’y a plus assez de jeunes pour payer votre retraite pendant 30 ans. Et il y a peu de chances qu’il y en ait à nouveau assez.

Regardons cela sous un autre angle : les banques sont un mécanisme par lequel les personnes âgées en possession de capital prêtent celui-ci à de jeunes gens énergiques et imaginatifs. Le monde occidental a renversé ce concept. Si 100 barbons parviennent à accumuler des « billiards » de dollars de dette, est-il raisonnable de penser que 42 jeunes seront jamais en mesure de rembourser cette somme ? Comme Angela Merkel l’avait souligné en 2009, il était hors de question pour l’Allemagne d’adopter un stimulus à la Obama pour la simple raison que les créanciers étrangers de l’Allemagne savent qu’il n’y a tout simplement plus assez de jeunes Allemands pour rembourser ce stimulus. La « puissance » économique du continent a la plus forte proportion de femmes sans enfant en Europe : une Fräulein sur trois a totalement abandonné l’idée de maternité. « La population allemande en âge de travailler risque de diminuer de 30 pour cent au cours des prochaines décennies », d’expliquer Steffen Kröhnert de l’Institut de Berlin pour le développement de la population. « Les campagnes verront une baisse massive de leur population et certains villages disparaîtront tout simplement. »

Si la tare du socialisme est, comme le disait Mme Thatcher, qu’éventuellement, l’argent des autres finit toujours par manquer, alors une grande partie de l’Ouest est passé à l’étape suivante : les autres manquent désormais, point final. La Grèce est un pays avec de moins en moins de clients et de moins en moins de travailleurs, mais de plus en plus de retraités et un gouvernement toujours plus important. Comment faire croître une économie dans un marché qui implose ? Le monde développé, comme Élisabeth, est stérile. Collectivement stérile, je m’empresse d’ajouter. Individuellement, il est composé de millions de femmes fécondes, qui décident à dessein de n’avoir aucun enfant ou un unique enfant sur mesure à 39 ans. En Italie, la patrie de l’Église, le taux de fécondité est d’environ 1,2 ou 1,3 enfant par couple – soit environ la moitié du « taux de remplacement ». La population du Japon, de l’Allemagne et de la Russie se contractent. Cinquante pour cent des femmes japonaises nées dans les années 70 n’ont pas d’enfant. Entre 1990 et 2000, le pourcentage de femmes espagnoles sans enfant à 30 ans a presque doublé, passant d’un peu plus de 30 pour cent à un peu moins de 60 pour cent. En Suède, en Finlande, en Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, 20 pour cent des femmes de 40 ans n’ont pas d’enfant. Dans un récent sondage où on leur demandait quel serait le nombre « idéal » d’enfants, 16,6 pour cent des Allemands ont répondu « aucun ». Nous vivons dans le monde de Zacharie et d’Élisabeth – de notre plein gré.

Natalité et mortalité allemandes
Source: dpa. Jusqu'en 1990, les données incluent la RDA. Les chiffres sont exprimés en milliers. * = données provisoires.

L’Amérique n’est pas dans une situation aussi périlleuse que l’Europe – pas pour l’instant. Mais son rendez-vous avec l’apocalypse financière a aussi des racines démographiques : les baby-boomers n’ont pas eu assez d’enfants pour garantir la solvabilité du système de protection sociale mis en place au milieu du XXe siècle et qui reposait sur un taux de natalité du milieu du XXe siècle. La « décennie du moi » s’est transformée en « le quart de siècle du moi » et au-delà. Les « moi » ont pris de la bouteille, mais ils n’ont jamais saisi qu’il se pourrait qu’ils aient un jour besoin d’un peu plus d’« eux » qui continuent de contribuer au trésor public.

Pendant la majeure partie de l’histoire de l’humanité, les sociétés qui ont réussi ont privilégié le long terme : c’est pourquoi des millions de gens ont des enfants, construisent des maisons, plantent des arbres, fondent des entreprises, font des testaments, bâtissent de belles églises dans des villages ordinaires, se battent et, si nécessaire, meurent pour leur pays. Une nation, une société, une communauté est un pacte entre le passé, le présent et l’avenir, où les citoyens, pour reprendre les mots de Tom Wolfe, à l’aube de la « décennie du moi », « se considèrent, même inconsciemment, comme faisant partie d’une longue lignée. »

Une grande partie du monde développé ne se projette plus dans le long terme. Vous n’avez pas besoin de consentir des sacrifices matériels : l’État s’occupe de tout cela. Vous n’avez pas besoin d’avoir des enfants. Et vous n’avez certainement pas besoin de mourir pour le roi et la patrie. Mais une société où il n’y a plus de raison de se sacrifier est également une société qui n’a plus de but dans la vie : la lignée s’arrête.

Si vous croyez en Dieu, l’argument utilitaire pour la religion semble insuffisant et réducteur : « Ce sont des histoires utiles dont nous nous berçons », comme un pasteur congrégationaliste peureux m’a un jour décrit la Bible. Mais, si le christianisme n’est qu’une histoire « utile », n’est-elle pas plus rationnelle que le solipsisme d’un monde sans foi ? Les hyper-rationalistes devrait au moins être en mesure de comprendre que le « rationalisme » postchrétien a condamné une grande partie de la chrétienté à un modèle d’entreprise tout à fait irrationnel : un système pyramidal la pointe en bas. Luc, un homme de foi et un homme de science, aurait pu voir où cela mène.

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Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

dimanche 22 décembre 2019

Merci l'école citoyenne et laïque !


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L’enseignement « non factuel » des changements climatiques et « l’utilisation d’un certain personnage d’une manière iconographique », en l’occurrence Greta Thunberg (ci-contre) aurait mis le feu aux poudres en septembre entre un père de famille et la direction de l'école de son enfant à l’école primaire Christmas Park de Beaconsfield (oui, c'est au Québec).


« Un professeur en particulier n’était pas capable de séparer ses positions idéologiques de ses responsabilités à l’égard des enfants, dit Anthony Wilson. J’étais en désaccord avec la manière dont elle enseignait. » Il estime toutefois que ce différend n’est qu’un détail et que c’est l’impossibilité de discuter avec le directeur depuis qu’il est entré en poste qui est le nœud du problème.

Peu après qu’il a porté plainte contre le directeur de l’école en novembre, dit-il, on lui a interdit l’accès à l’établissement. Anthony Wilson a tenté de faire renverser la décision de l’école avalisée par la Commission scolaire Lester-B.-Pearson en « sollicitant la commission scolaire », puis en lui adressant une mise en demeure, sans succès. L’avocat s’est donc tourné vers les tribunaux.

À la suite de cette mésentente avec la direction de cette école de Beaconsfield, dans l’ouest de Montréal, ce père s’est adressé aux tribunaux pour obtenir le droit de participer aux activités de Noël de ses deux enfants, dont un petit-déjeuner et un récital.

La Cour supérieure a imposé vendredi dernier une injonction provisoire pour permettre à Anthony Wilson de se rendre à l’école primaire pour « participer, assister et accompagner ses enfants aux activités parascolaires du 13, 18 et 20 décembre ».

Depuis la fin de novembre, il était interdit à l’homme, un avocat, de se rendre à l’école Christmas Park, sauf pour reconduire et récupérer ses enfants.

« Cette décision découle d’une suite d’échanges entre M. Wilson, une institutrice et le directeur de l’école qui concerne le contenu éducatif d’un certain cours avec lequel M. Wilson n’est pas d’accord », lit-on dans la décision du tribunal.

La Commission scolaire Lester-B.-Pearson alléguait qu’Anthony Wilson avait fait « usage d’un langage grossier et de menaces adressées au directeur de l’école ».

Image du spectacle pour le mois de l'histoire des Noirs à l'école primaire Christmas Park en mars 2019

Il assure ne jamais avoir été violent à l’égard des enseignants ou de la direction. « J’ai eu des conversations au téléphone avec le directeur qui n’étaient pas des conversations gentilles. Ce n’est pas le genre de conversations qu’on aimerait avoir avec un directeur », dit Anthony Wilson.

Le juge Lukasz Granosik estime dans son jugement que la commission scolaire n’a pas su faire la preuve que la « santé et la sécurité » de son personnel étaient menacées si le père de deux enfants se présentait aux activités de Noël, qui se déroulent en présence de nombreuses personnes.

Le tribunal, ajoute-t-il, ne peut se satisfaire « de quelques courriels des institutrices qui refusent de rencontrer M. Wilson en suivi éducatif – ce qui est troublant quand on pense à leur imputabilité dans le cadre de l’enseignement public – et de l’allégation du directeur de l’école à ce sujet que ses employés seraient “inconfortables” à voir seul le demandeur ». Par contre, il juge que l’absence de M. Wilson causerait un préjudice à ses enfants.

« Qu’il s’agisse de la soirée cinéma, du petit-déjeuner ou encore du récital, les enfants doivent pouvoir être accompagnés ou assistés par leur père. Ces événements sont uniques, constituent des moments privilégiés. »
— Extrait du jugement

La commission scolaire proposait au tribunal qu’un autre parent accompagne les enfants ou que ceux-ci ne participent pas aux activités. Le juge a rejeté cette proposition. « Il s’agit de décisions éminemment personnelles sur lesquelles ni l’école, ni la commission scolaire, ni les enseignants n’ont à dire », tranche le juge Granosik.

 « J’espère qu’ils ont appris la leçon, dit-il à propos de la commission scolaire. Ils disent qu’ils ont le droit en vertu de la loi d’exclure n’importe qui de leur propriété privée pour n’importe quoi », dit Anthony Wilson. « C’est un argument ridicule, j’espère que d’autres parents n’auront pas peur s’ils reçoivent ce type de menace. », d'ajouter le père de famille.

La direction de l’école Christmas Park et la Commission scolaire Lester-B.-Pearson n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue mercredi.

Source

L'Australie a-t-elle vraiment battu des records de chaleur ?

La nouvelle a fait les manchettes des médias de grand chemin subventionnés : il n’avait jamais fait aussi chaud en Australie. C’est incontestable et incontesté. C’est du moins ce qu’on lit dans nos régions.


En Australie, par contre, il en va autrement. Un débat s’est engagé à ce sujet sur Sky News (voir les vidéos en anglais ci-dessous) et dans les colonnes de The Australian (tirage de 814 000 exemplaires papier, 2 394 000 avec l’internet).

La scientifique australienne Jennifer Marohasy (ci-contre) a contesté la méthodologie qui sous-tend les déclarations du Bureau de météorologie australien selon lesquelles l’Australie a connu ses deux journées les plus chaudes jamais enregistrées cette semaine.

Le bureau a déclaré jeudi que son analyse préliminaire des données d’environ 700 stations météorologiques à travers le pays indiquait que mercredi 18 décembre était le jour le plus chaud jamais enregistré en Australie, avec une température diurne maximale moyenne nationale atteignant 41,9 °C.

C’était un degré supérieur au précédent record de 40,9 °C établi mardi, qui avait lui-même battu la barre des 40,3 °C atteinte en janvier 2013.

Ces valeurs historiques annoncées par le bureau cette semaine sont préliminaires, mais elles sont habituellement confirmées dans les trois jours une fois le contrôle de qualité effectué. Une porte-parole du Bureau de météorologie a déclaré que le Bureau n’annoncerait probablement pas de changement significatif.

« Il ne devrait pas y avoir d’écart entre le classement préliminaire et celui définitif, car les records ont été atteints par des marges relativement importantes », a-t-elle déclaré.

Mais, alors qu’une grande partie de l’Australie souffrait de températures extrêmes mercredi, que les feux de brousse détruisaient des maisons en Nouvelle-Galles-du-Sud et que Sydney était de nouveau étouffé par la fumée des feux de brousse, certains se sont demandé si la chaleur généralisée était vraiment sans précédent.



La Dre Marohasy, critique de longue date de certains calculs du bureau, a déclaré que la méthodologie derrière le calcul était « totalement erronée ».

Elle a critiqué les révisions apportées aux mesures historiques, qui, selon elle, ont abaissé les températures moyennes enregistrées dans le passé, et a déclaré que la qualité de la plupart des données historiques du bureau avait été compromise par des tentatives d’homogénéisation des informations et d’ajustements pour les changements de techniques de mesure.

« Ils continuent de les ajuster et à refroidir le passé », a déclara la Dre Marohasy.

«
Plus les données sont traitées ou transformées, plus elles s’éloignent de la réalité. »

La Dre Marohasy a noté que la température la plus élevée enregistrée par un thermomètre placé dans un abri météo (également appelé abri Stevenson, ci-contre) était de 51,6 °C à Bourke en 1909, ainsi que lors de la chaleur extrême dans l’État de Victoria qui précéda les feux de brousse du Vendredi noir de 1939.


D’autres enregistrements historiques indiquent des températures similaires ou plus élevées ailleurs en Australie avant cette date, bien qu’elle ait déclaré que certaines de ces mesures auraient été affectées par l’utilisation de thermomètres dans des supports Glashier (ouverts sur l’avant contrairement aux abris Stevenson), ce qui rend la comparaison des mesures difficile.

« Nous avons eu quelques semaines chaudes et je sympathise vraiment avec les gens qui luttent contre les feux de brousse. Mais rien de tout cela n’est en fait sans précédent si vous regardez les chiffres historiques. »

 Les relevés des températures les plus hautes à Bourke en 1909 (avant son « homogénéisation »), 125 °F = 51,6 °C
Confirmée dans le résumé mensuel de janvier 1909, plus de détails sur cette « disparition » ici.

La Dre Marohasy critique non seulement l’« homogénéisation » des valeurs historiques qui éliminent des valeurs extrêmes et affectent donc les moyennes maximales, mais elle critique aussi l'impact du remplacement des thermomètres au mercure par le Bureau de Météorologie par des sondes électronique qui peuvent enregistrer une bonne température de 0,4 degré plus chaude pour des conditions identiques. Elle ajoute : « Non seulement le Bureau ne fournit aucune information sur la façon dont la sonde électronique a été calibrée, mais comme je l’ai expliqué au scientifique en chef, il y a aussi le problème lié à la moyenne calculée ».

Elle ajoute : « Il existe une grande variabilité naturelle de la température de l’air (en particulier lors des journées chaudes et ensoleillées dans les régions intérieures), qui était atténuée dans une certaine mesure par l’inertie des thermomètres à mercure. Afin d’assurer une certaine équivalence entre les mesures des thermomètres à mercure et des sondes électroniques, il est courant de faire la moyenne des lectures faites chaque seconde par les sondes électroniques sur une période d’une minute, ou dans le cas de l’US National Weather Service, sur la moyenne des lectures chaque seconde sur plus de 5 minutes. [...] On pourrait conclure que le système actuel est susceptible de générer de nouveaux jours chauds record pour le même temps, en raison de la sensibilité accrue de l’équipement de mesure et de l’absence de lissage. Pour être claire, la lecture instantanée la plus élevée est maintenant enregistrée comme la température maximale pour ce jour pour les 563 stations météorologiques automatiques à travers l’Australie qui mesurent les températures de l’air de surface. »

À cela, il faut ajouter la tendance à refroidir le passé. C’est ainsi que le 1er janvier 1910, la température maximale enregistrée au bureau de poste de Darwin était de 34,2 degrés Celsius. Il y a quelques années, le Bureau a changé cette valeur à 33,8 degrés Celsius, refroidissant la température enregistrée de 0,4 degré. Lors de sa dernière révision de l’histoire climatique de Darwin, la température de ce jour a encore été réduite et n’est plus que de 32,8 degrés.

Le journaliste de l’édition de fin de semaine de The Australian, Graham Lloyd, a demandé au Bureau pourquoi il avait apporté de tels changements. Un porte-parole cité dans le journal répond comme suit :

« Dans le cas de Darwin, un ajustement à la baisse des enregistrements plus anciens est appliqué pour tenir compte des différences entre les sites plus anciens et le site actuel, et des différences entre les thermomètres plus anciens et le capteur automatisé actuel. En d’autres termes, les ajustements estiment à quoi ressembleraient les températures historiques si elles étaient enregistrées avec l’équipement d’aujourd’hui sur le site actuel. »

Pourtant, rappelle la Dre Marohasy, le Bureau avait déjà fourni la même raison il y a à peine six ans pour réduire la température au 1er janvier 1910 de « seulement » 0,4 degré. Ni l’équipement ni le site n’ont changé depuis la publication de la version 1 d’ACORN-SAT en 2012. Pourtant, un autre degré a été raboté aux mesures de température historiques.


Les températures maximales quotidiennes pour le début de 1910, comme indiquées dans les trois ensembles de données différents pour Darwin. Les valeurs brutes (« raw ») acceptées jusqu’en 2012 ont été révisées deux fois à la baisse en six ans (ACORN-V1 et ACORN-V2)

Selon cette critique des mesures du Bureau, celle-ci limite également les valeurs basses qui peuvent être enregistrées. C’est ainsi que des stations météorologiques en haute altitude ont été fermées. Elle ajoute : « Ainsi, les 700 stations météorologiques utilisées pour calculer le jour le plus chaud mercredi peuvent être plus chaudes depuis la fermeture des stations dans les endroits les plus froids du pays. En juin et juillet 2017, des conditions de blizzard se sont abattues dans les Alpes australiennes, mais nous ne saurons jamais à quel point il a fait froid. Parce qu’un lecteur de carte MSI1 a empêché l’équipement — capable d’enregistrer jusqu’à moins 60 — d’enregistrer une valeur en dessous de moins 10 à Thredbo et probablement aussi à de nombreux autres endroits. Il est également impossible de savoir à quel point cet hiver dernier a été froid par rapport à 1994, car la station météo de Charlotte Pass a été fermée en mars 2015 — elle n’est plus opérationnelle. »

Pour la Dre Marohasy, comme elle l’écrivait dans le Spectator, le Bureau de météorologie n’est vraiment pas à la hauteur de sa mission.

L’auteure et climatosceptique Joanne Nova, quant à elle, évoque les récits d’une vague de chaleur en janvier 1896.

« Les rapports publiés dans les journaux de l’époque ont montré que les températures en janvier, avant toutes nos émissions de CO2, variaient de 44 °C à 51 °C dans tout le pays. Des centaines de personnes sont mortes d’apoplexie due à la chaleur », a-t-elle déclaré.

« Des trains d’urgence ont été dépêchés dans l’intérieur de la Nouvelle-Galles-du-Sud pour évacuer les gens de la chaleur insupportable à une époque où personne n’avait de climatiseur ni de réfrigérateur ou encore de congélateur. Les chevaux tombaient dans la rue. »






ECR — Élève : à Noël on fête la naissance de Jésus, enseignant : c'est faux (rediff)

Interrogé par la Presse en 2018, le très prudent Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, déclare au sujet du très controversé cours d'éthique et de culture religieuse (ECR) : « Être neutre, c'est impossible : on parle toujours à partir d'un certain point de vue. La mère d'un enfant de 8 ans m'a rapporté que son professeur avait demandé à la classe ce qu'on fêtait à Noël. L'enfant a répondu « la naissance de Jésus ». Le professeur a répondu que ce n'était pas vrai, parce qu'il ne voulait pas que ce soit considéré comme un fait. Le respect, ça aurait été de répondre « les chrétiens croient qu'à Noël, on fête la naissance de Jésus. »

1) Les chrétiens ne croient pas fêter la naissance de Jésus, ils la fêtent.

2) C'est autre chose de dire que l'on est sûr que Jésus est né un 25 décembre de notre calendrier grégorien. En fait, l'Église catholique n'insiste pas sur la coïncidence de la naissance de Jésus et de notre calendrier. Benoît XVI rappelait encore récemment que le moine Denys le Petit s'était sans doute trompé quant à l'année de naissance de Jésus. C'est sans importance, on peut célébrer une naissance à une autre date qu'à la date anniversaire précise. On le fait bien pour la Reine d'Angleterre... Il semble que le 25 décembre ait été choisi pour tomber neuf mois plus tard que l'Annonciation (25 mars). Irénée de Lyon (v.130-202) considérait que la conception de Jésus le 25 mars coïncidait avec la date de la Passion. (Au passage, la date du 25 décembre n'est probablement pas plus un recyclage des Saturnales que du Dies natalis solis invicti malgré ce qu'on lit fréquemment à cette époque).

3) Que voulait dire le professeur exactement par « que ce soit considéré comme un fait » ? Que la date n'est pas sûre ? Pas de problème alors. Ou est-ce qu'il voulait dire que la naissance de Jésus n'est pas un fait, comme ce professeur de cégep qui affirmait que Jésus n'avait jamais existé ?

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samedi 21 décembre 2019

Noël: une fête dérangeante

Chronique de Denise Bombardier dans le Journal de Québec.

Il y a environ trente ans, je fus invitée à participer à une émission pour diffusion à Noël à la radio de Radio-Canada.

J’y suis allée sans hésiter croyant me retrouver dans une ambiance nostalgique où nous aurions l’occasion de réfléchir sur le sens de cette fête religieuse dans le Québec en voie de laïcisation.

L’émission était enregistrée et en studio j’ai vite découvert le pot aux roses. Les animateurs, se croyant affranchis, dirigeaient les échanges entre invités sur des thèmes aussi plombés que le suicide, la dépression, la sexualité et bien sûr le système capitaliste. Ces échanges étaient ponctués par des chansons, toutes déprimantes. Pas un chant de Noël.

Au bout d’une vingtaine de minutes de cette atmosphère délétère, j’ai quitté le studio non sans avoir interpellé les animateurs qui, eux, croyaient sans doute préparer un scandale médiatique qui les propulserait à l’antenne de la radio enfin libérée des « niaiseries » à caractère religieux.

J’ai décidé alors d’en informer la direction. Après avoir écouté le « chef d’œuvre » iconoclaste, un responsable en a annulé la diffusion.

Cette anecdote vécue, la romancière que je suis ne pourrait pas l’inventer. Car il est évident que les personnes qui ont baigné dans la culture chrétienne traversent rarement Noël et le jour de l’An dans l’indifférence.

D’abord, Noël raconte la naissance d’un enfant, ce qui nous ramène inévitablement à notre propre enfance. La nostalgie fait alors son œuvre. Une enfance malheureuse renvoie au malheur comme une enfance heureuse également. Car à l’âge adulte, qui peut prétendre à une vie sans souci, sans angoisses et sans échecs. Le bonheur à vif est par définition fugace. Et la lucidité fait aussi son œuvre. Il vaut mieux écouter Édith Piaf chanter « la vie en rose » que de croire qu’on peut la vivre au quotidien.

Et bien sûr Noël est une fête religieuse. L’Enfant dont il est question est Dieu pour les chrétiens. Nous sommes alors renvoyés à la foi de notre enfance, parfois à la perte de cette foi à l’âge adulte ou à l’absence de croyances religieuses chez plusieurs. Cela pose problème.

Au Québec, à la grande surprise de nombreux observateurs, une majorité de gens se déclarent encore croyants. Mais l’objet de leur foi n’est plus incarné uniquement par l’image du Dieu auquel la grande majorité adhérait autrefois. Comment définir sa foi dans notre culture catholique alors qu’elle était enrobée d’une moralité rigoriste, faite de péchés, d’interdits et de culpabilité ?

Noël est devenu une épreuve moins spirituelle que psychologique pour les Québécois de souche, orphelins des cérémonies liturgiques où la lumière des cierges, l’odeur de l’encens et les chants solennels, remplis d’espérance, émouvaient les cœurs des petits et des grands.

Le déni de nos racines religieuses ne mène qu’au refoulement identitaire. Tous les diktats de la foi religieuse, par contre, étouffent le désir de parvenir à concilier les croyances enfantines et l’angoisse de l’adulte devant la mort. Autrement dit, Noël est une épreuve pour tous où brille pour certains une lumière d’espérance.

Joyeux Noël et bonne année à tous.

« Il y a un retour de la censure »

François-Bernard Huyghe, politologue, essayiste français et auteur de ce livre « L’art de la guerre idéologique » (édition du Cerf) est l’invité d’André Bercoff sur Sud Radio. Pour lui, il y a un retour de la censure.




Présentation de l’éditeur du livre

Pourquoi les convictions des « élites » ne séduisent-elles plus les masses ? Comment une guerre idéologique, que les libéraux avaient l’habitude de remporter, a finalement basculé ? En quoi les nouvelles technologies ont-elles été les premiers outils de ce renversement ?

Pour comprendre ce phénomène à l’œuvre, François-Bernard Huyghe part d’un constat : la gestion économique de droite alliée à des références morales de gauche se heurtent au mécontentement populaire. Ce qui ne serait rien si ce couple ne menait à l’effondrement de la crédibilité des appareils politiques, culturels et médiatiques. C’est donc une « crise de la séduction » à laquelle nous assistons. Les promoteurs de « la société ouverte » ont accumulé des erreurs qui ont non seulement conduit à leur effacement, mais ont aussi détruit un logiciel idéologique qu’il leur faudra, à terme, renouveler.

Diagnostic lucide et sans concession, ce livre expose les moyens mis en œuvre par les deux camps idéologiques pour imposer leur hégémonie.

Docteur d’État, directeur de recherche à l’Iris, médiologue, spécialiste de l’influence, François-Bernard Huyghe est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels La soft-idéologie, Maîtres du faire croire, ou encore Fake news.

Extrait du livre

Pendant une période qui suit la chute du Mur, beaucoup se persuadent, sinon comme Fukuyama, que l’Histoire est finie, du moins que toute opposition à la société ouverte est obsolète et qu’un modèle l’a emporté. Reste à liquider les dernières poches de résistance archaïques. Il faut aussi quelques interventions militaires (Golfe, ex-Yougoslavie…) pour aider les peuples à se libérer. Mais le sens de l’Histoire semble affaire assurée. Le démenti vient vite.

Nous avons vécu le soulagement postmoderne : chute de l’empire soviétique et déclin des doctrines conquérantes. Nous avons connu la « mélancolie démocratique », l’ennui de ne plus avoir d’ennemi. Nous avons cru à l’enchantement des technologies de l’information, remède à l’incertitude et au conflit. Puis nous avons déchanté. Ce que d’autres appelaient domination de la pensée unique se révéla n’être ni unique ni dominante. Elle se heurtait à une double contestation.

La première était « archaïque », identitaire, djihadiste, notamment. Après le 11 Septembre et la fin de la mondialisation heureuse, le spectre de la démocratisation tragique. Ce sera la guerre à la Terreur qui programme l’extension par la force, d’un modèle occidental. Le « tsunami démocratique » était censé gagner le monde depuis le Proche-Orient, comme pensaient les néoconservateurs, théoriciens de la Bonne Puissance. Elle a échoué que ce soit son volet militaire, guerre préemptive contre les États voyous, changements de régime… Elle a échoué dans son volet politique : démocratiser le Grand Moyen-Orient, assécher les sources du terrorisme qui sont les tyrannies et l’obscurantisme. Elle a échoué en termes de contagion des idées.

Quand se révèle la dimension du péril djihadiste, le premier réflexe est d’ailleurs d’en nier le projet pourtant explicite et argumenté. D’où la pauvreté de l’explication alternative par les Occidentaux : c’est un problème d’extrémisme violent ou de radicalisation. Des gens qui passent leur temps à dire qu’ils combattent pour réaliser un ordre divin, donneraient un alibi à leurs appétits de violence. Ils tomberaient dans le djihad comme on tombe dans l’alcoolisme, la délinquance ou la drogue, pour des raisons socio-économiques que nos systèmes régulent mal. La pauvreté de l’explication en révèle surtout sur ceux qui l’emploient.

Avec le djihad, la pensée unique libérale a rencontré l’altérité absolue. Elle refuse le fondement même d’une démocratie, condamné par la prééminence de la parole divine. Elle inverse l’idéal d’une expansion illimitée de l’individu, de ses jouissances et de ses droits et impose l’obéissance absolue et de dévouement illimité à la communauté. D’où l’extraordinaire inefficacité des arguments anti-djihadistes : c’est méchant, ce n’est pas vraiment dans le Coran, tu risques ta vie, tu t’épanouirais bien mieux chez nous après un petit stage, etc.

Au cours des premières années du millénaire, il faut aussi rappeler qu’il y a des milliards de Chinois, Russes, Indiens, Brésiliens, etc. qui ne désirent se soumettre ni au modèle ni au soft power [l’influence] occidental : l’enchaînement automatique libéralisme économique, État de droit, société ouverte, libéralisme culturel ne fonctionne pas. Ou ne séduit plus. Car il se produit une scission interne : les classes inférieures ou périphériques votant Trump aux États-Unis ou illibéral en Europe n’y croient plus. La soft-idéologie aura duré une génération. Le monopole du modèle occidental moins encore.

Les questions oubliées ressurgissent : l’identité, l’autorité, la protection. Face à cela, la pensée dominante a produit de nouvelles grilles d’explication et le macronisme en est le meilleur exemple. Son contenu positif n’est pas très différent de celui que professent la plupart des partis de gouvernement occidentaux : libéralisme économique et sociétal, européisme, transition écologique, rééquilibrage de l’État providence, libre-échangisme. Stratégiquement, le discours du « et en même temps » a très bien fonctionné pour rassembler droite traditionnelle et droite branchée, plus une gauche moderniste récupérable. Mais le macronisme est surtout remarquable par sa capacité d’évoquer les dangers contre lesquels il serait la seule protection : populismes, ambitions géopolitiques étrangères, idées extrémistes, tendance illibérales, etc.

La nouvelle vulgate distingue deux camps, ouverts modernes versus radicalisés et loi des temps contre anti-pensée. L’idéologie est assimilée à un passé qui revient (autoritarisme, stalinisme, nationalisme) et à un inconscient qui remonte. Le retour de…, les thèses qui « oseraient » s’exprimer, et ceux qui « lèveraient un tabou ».

L’idéologue aujourd’hui, c’est l’anti. La montée d’idées anti-libérales, anti-européennes, anti-mondialistes, anti-système suscite des réflexes de défense. Leur succès ne s’expliquerait pas par le brio de ses théoriciens, par les intérêts objectifs de ceux qui y adhèrent, par des fractures sociales ou culturelles ou par des expériences historiques. L’incompréhension du Système est incompréhensible. Elle traduit un anachronisme, un inconscient ou une allergie à la vérité.



Entretemps, au Canada le gouvernement progressiste multiculturaliste annonce sa volonté de sanctionner les plateformes numériques qui ne luttent pas contre le « discours haineux »...

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Réflexions sur l'antichristianisme primaire en Occident

La chronique de Mathieu Bock-Côté dans le Figaro sur l’antichristianisme primaire en Occident.

L’agression contre une crèche vivante à Toulouse le 14 décembre dernier avait quelque chose de sidérant. On a compris qu’elle était le fait de militants radicaux déambulant à la fin d’une manifestation qui n’ont pu cacher leur hostilité devant cette expression de la religion populaire. Le catholicisme suscite apparemment chez eux une aversion irrépressible. « Stop aux fachos ! ». Le slogan lancé par ces manifestants apparemment anticapitalistes, aussi stupide soit-il, est révélateur de l’empoisonnement idéologique du vocabulaire politique par des termes n’ayant plus aucun rapport avec la réalité. L’homme de notre temps, lorsqu’il veut maudire quelque chose, est-il capable de ne pas la réduire au fascisme ?

 
Les agressions contre les crèches ne sont pas rares, après la crèche vivante de Toulouse, celle de Dijon vandalisée deux fois en quelques jours

Que l’attaque ait été préméditée ou non ne change rien à l’hostilité affichée à l’endroit de ceux qui témoignaient paisiblement leur foi, même si plusieurs médias ont voulu relativiser l’agression, en expliquant qu’elle n’avait pas vraiment eu lieu ou qu’elle ne serait finalement qu’un fâcheux incident. Comme d’habitude. Soyons toutefois sans crainte : s’il fallait un jour que des hooligans troublent les prières de rue musulmanes, on décréterait assurément la République en danger et les cortèges citoyens défileraient à Paris en disant « plus jamais ça », avec la classe politique au premier rang. Nous aurions alors droit aux discours les plus emportés sur le vivre-ensemble à sauver.

De même, le vandalisme contre les églises régulièrement rapporté ne semble pas émouvoir exagérément les médias, qui n’y voient généralement qu’une série de faits divers sans signification politique. On l’explique rarement, sinon jamais, par la haine, un sentiment apparemment réservé aux populations majoritaires, dans leurs rapports avec les minorités, toujours victimes de la société où elles se sont installées. Il est difficile de ne pas voir là une forme singulière d’asymétrie symbolique. Le moindre commentaire critique à l’endroit de l’islam est théâtralisé et transformé en scandale médiatique, alors que le procès systématique du catholicisme est banalisé.

Une statue de la Vierge Marie en bronze, d’un poids de quelque 200 kg de d’une taille de 1,75 m, a été volée dans une niche d’un mur de l’église catholique Sainte-Marie-Madeleine de Göteborg au tout début du mois de décembre. On l’a retrouvé le 5 décembre, mais brisée en six morceau dans un lieu de stockage près d’un transformateur.

Si l’antichristianisme ne prend pas toujours une forme aussi brutale, il semble toutefois bien imprégné dans le discours public dominant. On l’a encore vu dans une étrange publicité de Monoprix qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux cette semaine. À l’approche des fêtes de fin d’année, formule qui se substitue de plus en plus aux fêtes de Noël, l’entreprise invitait ses clients à réveillonner en s’affranchissant de la « tradition », qui ne tiendrait pas suffisamment compte de la diversité des situations familiales et qui nous enfermerait dans un calendrier usé, déphasé et désuet.



Étrange formulation, qui présente la tradition à la manière d’une contrainte symbolique dont les hommes de notre temps devraient s’affranchir pour vivre enfin libres. Le pragmatisme commercial masque ici une forme de relativisme déconstructeur. Que des publicitaires aient pu imaginer une telle manière de vendre leurs produits en dit beaucoup sur l’image qu’ils se font de la société française. Un jour, on en trouvera pour vouloir effacer toutes les références chrétiennes du calendrier, pour éviter qu’il ne soit discriminatoire envers ceux qui ne s’y reconnaissent pas. Pourquoi s’entêter à fêter Noël le 25 décembre ? Et pourquoi continuer de confondre l’an zéro avec la naissance du Christ ?

Ces manifestations d’antichristianisme primaire ont bien moins à voir avec la poursuite de la laïcité, dont nul ne contestera la nécessité pour reconstituer un monde commun dans une société fragmentée, qu’avec une forme d’aversion décomplexée à l’endroit de tout ce qui ressemble d’une manière ou d’une autre aux symboles historiques distinctifs de la civilisation occidentale. On prétend construire une société inclusive ouverte à toutes les croyances : en fait, on prépare un monde vide, hostile à son héritage, devenu étranger à lui-même.

Faut-il vraiment rappeler que le catholicisme, en France [et au Québec], n’est pas qu’une religion mais la matrice d’une civilisation ? Et si l’État doit sans le moindre doute être neutre devant les convictions de chacun, il ne saurait l’être par rapport à l’identité historique qui le fonde, à moins de consentir à sa désincarnation. On pourrait consacrer un long développement pour rappeler cette évidence mais il suffit de rappeler la portée symbolique de l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril dernier pour s’en convaincre. Qu’il soit devenu audacieux de mentionner les racines chrétiennes de la France a quelque chose d’absurde.

L’antichristianisme primaire si complaisamment ignoré par les médias n’est peut-être rien d’autre qu’un autre symptôme de cette passion morbide bien singulière qu’est la haine de soi. Comme si une société progressait en s’effaçant. Comme si elle s’humanisait en se dénoyautant. Comme si elle grandissait en se déracinant.

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