jeudi 29 mars 2012

Alberta — La loi qui devait imposer la rectitude politique aux enfants instruits à la maison meurt au feuilleton

Une nouvelle loi en éducation en Alberta (projet de loi numéro 2) devait imposer aux parents, dans leurs propres foyers lorsqu'ils enseignent à leurs enfants, le correctivisme politique, et notamment la lutte à l'hétérosexisme qui considère l'hétérosexualité comme plus naturelle que l'homosexualité.

Lundi, le gouvernement conservateur albertain a officiellement déclenché des élections provinciales. Ceci signifie que toutes les lois qui n'ont pas adoptées en troisième lecture meurent au feuilleton. C'est le cas du projet de loi 2. S'il devait jamais être loi, il devra à nouveau être présenté en première lecture au parlement albertain après les élections. Rien n'est moins certain, les conservateurs albertains étant dépassés dans les sondages par un nouveau parti, plus conservateur, le Wildrose Party. Lors d'une manifestation (voir 3e vidéo), le Wildrose avait promis d'abrogé l'article 16 de la loi qui se lisait :

16 Tous les cours et les programmes d'études offerts, ainsi que le matériel pédagogique utilisé dans une école, doivent refléter la nature et l'héritage diverses de la société en Alberta, promouvoir la compréhension et le respect d'autrui, et honorer et respecter la Charte canadienne des droits et libertés et la Alberta Human Rights Act.


Les parents albertains (y compris des parents d'écoles catholiques) avaient tenu plusieurs manifestations contre le projet de loi n° 2.


(Vidéo en anglais, première minute est silencieuse)




Avec l'honorable Thomas Lukaszuk (Ministre de l'Éducation) et Rob Anderson (critique du parti Wildrose en éducation) en présence de la chef du Wildrose Party, Danielle Smith.





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Royaume-Uni — un adulte sur cinq est analphabète

Selon un rapport publié ce jeudi par la Fondation pour l’alphabétisation, entre 6 et 8 millions d’adultes britanniques ont des difficultés à lire une notice de médicaments ou à utiliser un chéquier. Outre-Manche, c’est donc un adulte sur cinq qui serait analphabète ! Un fléau qui coûte chaque année 81 milliards de livres au Royaume-Uni (en pertes de revenus et en dépenses sociales supplémentaires). C’est deux fois plus que l’Allemagne et trois fois plus que la France.

Dans l'Union européenne, seule l’Italie et l’Irlande parvienne à faire pire. L’auteur du rapport, Andrew Kay, ne mâche pas ses mots : « Nous devons traiter l’analphabétisme comme une maladie à éradiquer ». En effet, de tels chiffres sont « choquants en 2012 » et seule une « intervention précoce peut éviter une vie de misère, de pauvreté et de souffrance pour un enfant, un adolescent ou un adulte qui a du mal à lire ou à écrire ». La fondation préconise par conséquent de considérer « l’éradication de l’analphabétisme » comme « un investissement plutôt qu’un coût ». Dans le monde, environ 800 millions de personnes sont analphabètes.

Les dépenses en Grande-Bretagne consacrées à l'éducation ont doublé entre l'an 2000 et 2007, sans que cela ait eu le moindre effet sur l'analphabétisme. À cette même époque, alors que doublaient les dépenses, la proportion d'écoliers britanniques qui apprennent une langue étrangère a diminué des deux tiers à la suite de la décision du gouvernement de ne plus imposer l'apprentissage d'une langue étrangère dans les écoles publiques.

Voir aussi

Post-Thatcher Britain: Corporatist Champion of Pathologies and the Soviet Union with Supermarkets

Enfants gâtés pourris, les dégâts du sentimentalisme




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Il faut responsabiliser les parents pour qu'ils choisissent ; l’État peut les épauler, pas choisir à leur place

Parents informés, voire surinvestis, parents démissionnaires, parents simplement vigilants ou inquiets à la veille du conseil de classe… C’est peu dire que la relation entre les parents et l’école est complexe et variée. Si chacun reconnaît que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, les avis divergent quand il s’agit de leur ouvrir les portes de l’école. Anne Coffinier, normalienne, directrice de la Fondation pour l’école, et Jean-Paul Brighelli, lui aussi normalien, professeur agrégé et auteur de La Fabrique du crétin, en ont débattu pour Famille Chrétienne.

Anne Coffinier – Les parents sont les premiers éducateurs et les premiers responsables de leurs enfants. C’est une affirmation constante du magistère de l’Église et c’est aussi une vérité expérimentale vivement ressentie par chaque parent ! Il revient en revanche à l’État et aux organismes d’intérêt général compétents de mettre à la disposition de tous une information la plus complète, honnête et exhaustive possible sur la réalité de l’offre scolaire existante.

Il faut bien voir que l’on est face à un choix de société fondamental. Pour qu’il y ait un véritable État de droit, il faut tout d’abord que le choix de l’école soit reconnu et garanti constitutionnellement aux parents, que l’information sur la qualité de l’offre soit accessible à tous et que les parents aient les moyens financiers de jouir effectivement de ce droit.

Si l’État s’arroge le droit de choisir le destin de nos enfants à notre place, nous sommes dans une société de type totalitaire caractérisée par l’emprise de la sphère publique sur les familles et les consciences. C’est hélas en partie le cas aujourd’hui. Dans la mesure où l’État rend gratuit un seul type d’enseignement, impose la carte scolaire et interdit, à coup de lois, à l’école privée d’être gratuite, il pèse lourdement sur le choix des familles, surtout des plus démunies.

Aujourd’hui, l’institution scolaire entretient une relation très ambiguë avec l’autorité des parents qu’elle prétend reconnaître et même vouloir renforcer, mais qu’en pratique elle sape consciencieusement. Les parents sont infantilisés, tenus à bout de gaffe loin de la salle de cours. Leur autorité est souvent bafouée par une Éducation nationale qui s’aventure impudiquement jusque dans la formation des consciences des enfants à travers l’éducation civique ou sexuelle, ou l’invasion plurimorphe du politiquement correct dans la vie de l’école.

Qu’ils soient discrets, et on décrie le caractère démissionnaire des parents ; qu’ils expriment leurs critiques, et on les qualifie instantanément d’« enquiquineurs ». Les parents ne sont peut-être pas parfaits mais ce sont encore eux qui sont les plus légitimes à agir sur le destin des enfants.

Cela ne donne pour autant pas droit aux parents de se mêler de tout et de ne pas respecter les décisions des professeurs et directeurs. C’est parfois très compliqué, y compris dans les écoles hors contrat où les parents ont payé, fait beaucoup de sacrifices, et estiment en conséquence avoir un pouvoir à faire valoir.

Jean-Paul Brighelli – Si je peux me permettre, c’est le talon d’Achille de tout le système privé payant. On se retrouve à peu près dans la même situation que les annonceurs par rapport àla presse. Impossible de déplaire à une firme à laquelle la régie publicitaire fait les yeux doux — quoi qu’elle ose…

A. C. – Sauf si vous diversifiez les annonceurs. Ce que vous dites est vrai si vous dépendez de quatre parents. Quand vous avez suffisamment de charisme et d’attractivité, ce n’est plus le cas, notamment si vous avez des listes d’attente. Le parent sait qu’il y a une règle, une charte d’établissement, et que c’est cette règle qui rend l’école féconde.

On le dit aux parents : soit vous êtes d’accord, et vous ne pouvez manifester votre mécontentement que si l’école ne tient pas ses promesses. Soit vous désirez finalement autre chose que ce qu’on vous a promis et il est préférable que vous retiriez votre enfant de l’école pour le confier à un établissement qui réponde mieux à vos attentes. C’est la règle du jeu.

L’histoire du « j’ai payé donc j’ai le droit » existe dans les boîtes à bac lucratives, mais je vous garantis que ça n’existe pas dans les écoles associatives indépendantes dont la Fondation pour l’école s’occupe.

J.-P. B. – Les trois quarts des parents ne connaissent rien au système éducatif — par manque de formation, d’information ou de temps. Et encore moins aux matières enseignées, qui bien souvent diffèrent de celles qu’on leur a jadis enseignées. L’idée qu’ils puissent choisir librement l’école de leurs enfants est pour moi une vue de l’esprit.

Quant à la carte scolaire, elle a été largement assouplie, mais aujourd’hui encore, c’est la proximité qui est le premier facteur dans le choix des parents. Tout le monde n’a pas le loisir d’amener ses enfants dans un établissement situé à des kilomètres. Ou de les faire amener. Il y a un univers où les gens travaillent, et travaillent tôt, vous savez…

Et je préfère me battre pour que toutes les écoles soient d’excellence, plutôt que de voir une foire d’empoigne pour inscrire ses rejetons dans quelques établissements réputés, que cette réputation soit ou non fondée.

Il y a a contrario des familles qui ont démissionné en terme d’éducation…

J.-P. B. – La relation avec les parents, c’est en effet très complexe. D’un côté on a des parents informés, voire surinformés, qui à la limite viennent vous expliquer ce que vous devez faire en classe. De l’autre, certains sont en dessous de tout. Et au milieu, la grande masse des parents qui font confiance au système qui les a formés eux-mêmes.

Nous partageons la même idée de la culture. Quand vous connaissez l’ambiance des quartiers nord de Marseille, vous vous dites parfois qu’il n’est pas sain que les élèves rentrent chez eux le soir. Il faudrait dans certains cas les couper de la culture familiale, si on veut les arracher à un milieu totalement acculturé. Il n’y a pas quarante mille cultures, culture des quartiers, culture jeune, culture religieuse, ou que sais-je, mais une seule, la culture dominante. Bourgeoise. C’est pour ça que l’État, si son offre est fiable, a un rôle véritable. Par exemple avec les internats, qu’il faudrait multiplier.

A. C. – Sur le rôle des parents, je reconnais qu’il y a un monde entre l’idéal etla réalité. Ils sont incarnés, faillibles. Mais attention à ne pas prendre des décisions générales à partir de cas exceptionnels. C’est toujours comme cela que l’on supprime les libertés.

Confier le pouvoir éducatif à l’État sous prétexte qu’il existe des parents indignes est irrecevable. Toute société libre doit être fondée sur la confiance dans les citoyens. Si vous établissez une société sur la défiance, vous sombrez dans le totalitarisme. On ne peut pas transgresser cette règle d’or.

Tout doit être fait pour responsabiliser les parents, pour les placer dans une situation où ils seront contraints à poser des choix, donc à se renseigner pour choisir au mieux de l’intérêt de leur enfant. Là encore, des organismes d’intérêt général et l’État même peuvent les épauler, les éclairer, pas choisir à leur place.

J.-P. B. – L’État a tout à fait les moyens d’imposer nationalement à tous les établissements des règlements internes qui, par exemple, interdiraient les portables ou obligeraient à avoir une tenue correcte — sans que ce soit nécessairement un uniforme. C’est le cas dans mon établissement, ce qui met un terme aux concours de strings et décolletés plongeants comme aux petits films qu’on prend du prof quand il s’énerve ou de la copine dans les toilettes. Il faut aussi l’expliquer aux parents qui rechignent à laisser partir leur petit sans son portable pour pouvoir le joindre.

C’est un problème de société. De plus en plus de gosses vont à l’école pour se servir à l’étalage en quelque sorte. Un prof un peu exigeant devient vite un enquiquineur et un tyran, transformé par les gosses et revu par les parents. De même, les parents ont été les premiers à applaudir à la semaine de quatre jours en primaire — ça collait avec leur conception de la fin de semaine –, mais pas avec des programmes scolaires un peu exigeants.

Propos recueillis par Clotilde Hamon – Article paru dans le numéro 1784 de Famille Chrétienne daté du 24 au 30 mars 2012.




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« Les lycées mixtes ont d’abord été ouverts pour des raisons idéologiques et financières [...] sans étude scientifique »

Il est sans aucun doute le psychiatre français le plus médiatique. À 74 ans, Boris Cyrulnik, qui a grandi dans un milieu très modeste où l’aventure intellectuelle n’était pas valorisée, il revient sur son expérience d'écolier et de collégien.

Vous étiez dans un lycée de garçons. Quelles étaient vos relations avec les filles ?

Boris Cyrulnik — Nous leur parlions avec déférence. On les vénérait parce qu’il n’y avait pas de mixité à l’école. Et il y avait une sorte de barème dans les vêtements. D’abord la culotte courte, pour les petits, la culotte golf ensuite, puis le pantalon long pour les adolescents. Mettre un pantalon long impressionnait les filles ! Pour moi, la mixité est un leurre d’adulte. Les lycées mixtes ont d’abord été ouverts pour des raisons idéologiques et financières, sans que cela ne soit précédé, ni suivi, d’aucune étude scientifique. Donc, on ne sait pas ce que provoque la mixité.

J’habite aujourd’hui à Toulon et, lorsque je prends le bateau pour la rade, deux choses m’étonnent. Les filles sont plus grandes, plus matures, ont des seins, travaillent… Et les garçons sont d’une brutalité stupéfiante avec elles.

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Éric Zemmour — Eric Zemmour : « Hollande, les grandes écoles et les quotas »

Voulant accentuer la lutte contre les échecs de l'intégration des populations issues de l'immigration et des « inégalités sociales » François Hollande a confié, lors d'une émission du Bondy Blog diffusée dimanche prochain sur La Chaîne parlementaire, qu'il voulait voir 4 à 6 % des élèves de terminale (la dernière année du cégep) intégrer une classe préparatoire aux grandes écoles, quel que soit leur lycée d'origine.

Cette proposition s'inscrit dans la volonté « de démocratiser :» davantage l'accès à ces formations qui créent les élites françaises de demain. Mais, du côté de l'actuel gouvernement, on répond que la mission est déjà remplie avec, depuis 2007, le doublement du nombre de boursiers intégrant une prépa. Ils sont à présent près de 30 % en classes préparatoires.

« La démocratie, c’est merveilleux. C’est l’alibi de de toutes les démagogies, toutes les régressions, tous les renoncements. Toutes les hypocrisies aussi » remarquait mercredi Éric Zemmour. Le chroniqueur dénonce sur RTL la volonté affichée par François Hollande de « diversifier l’accès aux classes prépas ». « Diversité, c’est le nom de code pour dire "banlieues", "enfants d’immigrés", "discrimination positive" », précise-t-il à l’intention de ceux qui ne parlent pas la novlangue.

Autrement dit, c’est une « discrimination positive sournoise » que souhaite mettre en place François Hollande. Qui « n’ignore rien des conséquences » d’une telle proposition : « soit les grandes écoles abaisseront leur niveau pour laisser entrer [les jeunes des banlieues], soit elles leur fermeront la porte au nez, suscitant frustration et colère, soit, à la manière de Sciences Po, elles feront une place privilégiée aux enfants de la diversité au détriment de jeunes qui avaient le bon niveau mais pas la bonne origine ou la bonne classe sociale. Soit, dernière solution, les élèves faussement élus seront dirigés vers des prépas de catégories inférieures, les Formule 1 [des hôtels bon marché] des classes prépas qui pullulent et jamais dans les grands lycées parisiens ou de province, les quatre étoiles luxes des classes prépas qui ouvrent les vraies portes des grandes écoles. » Encore plus fort, Hollande veut que les « élèves des bacs technologiques  », « qui n’ont déjà pas le niveau pour suivre en universités où ils subissent depuis des années une véritable hécatombe », aient, eux aussi, accès aux classes préparatoires ! Des réactions à droite ? Pas du côté des amis du président-candidat, en tout cas. Comme le note avec fatalisme Zemmour, « la droite sarkozyste ne s’oppose aux socialistes que pour crier au voleur »…


La « gauche » en avait rêvé, la « droite » le fait

Comment Valérie Pécresse [ancienne ministre de l'Éducation supérieure en France, désormais porte-parole du gouvernement] peut-elle intimer l’ordre aux Grandes écoles d’édulcorer leurs concours afin de les ouvrir à la « diversité », comme elle vient de le faire dans son discours de clôture du colloque annuel de la Conférence des Grandes écoles ? Parce qu’ils sont objectifs et anonymes, ces concours sont jusqu’à présent le seul rempart de la méritocratie républicaine et la seule vraie chance de promotion sociale pour les élèves de tous milieux ayant de bonnes capacités d’intelligence et de travail. Si Mme Pécresse réussit à casser cet outil et la juste sélection qu’il permet, elle aboutira à désorganiser l’enseignement à l’intérieur même des écoles et à dégrader ainsi les derniers centres d’excellence et d’expertise existant dans le système français d’enseignement supérieur.