vendredi 1 septembre 2023

1er trimestre 2023, le Canada le mauvais élève de l'OCDE en termes de PIB/habitant (m à j 2e trimestre)

Mise à jour 

L'économie canadienne s'est contractée de 1,6% en rythme annualisé au deuxième trimestre, sa plus mauvaise performance depuis sept ans, pénalisée par un recul des exportations.

Les chiffres du produit intérieur brut (PIB) publiés mercredi par Statistique Canada, l'institut national de la statistique, sont les plus mauvais depuis ceux du deuxième trimestre 2009.

Billet du 1er septembre

Le revenu réel des ménages par habitant a augmenté de 0,9 % dans l’OCDE au premier trimestre 2023, dépassant la croissance du PIB réel par habitant s’élevant à 0,3 % (graphique ci-dessous). C’est le troisième trimestre consécutif que le revenu réel des ménages par habitant augmente dans l’OCDE, et la plus forte hausse trimestrielle depuis le premier trimestre (T1) 2021, les revenus étant alors dopés par les programmes d’assistance liés à la pandémie.

Malgré l’augmentation globale du revenu réel des ménages par habitant, la situation est contrastée dans les pays de l’OCDE au 1er trimestre 2023. Sur les 21 pays pour lesquels des données sont disponibles, 11 ont enregistré une hausse, tandis que dix ont enregistré une baisse. Parmi les économies du G7, le revenu réel des ménages par habitant a augmenté en Italie et aux États-Unis, tandis qu’il a diminué au Canada, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Le Canada a enregistré la plus forte baisse du revenu réel des ménages par habitant (-2,2 %), en partie à cause de transferts publics aux ménages plus faibles qu’au trimestre précédent, lorsque des indemnités supplémentaires au titre du coût de la vie ont été versées. (Des transferts financés par une augmentation de la dette et de la masse monétaire et donc l’inflation.) En Allemagne, le PIB réel par habitant et le revenu réel des ménages par habitant ont tous deux diminué pour le deuxième trimestre consécutif.

L’Italie a enregistré la plus forte hausse du revenu réel des ménages par habitant au premier trimestre 2023 (3,3 %), la croissance des prix de l’énergie s’étant ralentie après le pic du trimestre précédent, ce qui a amélioré les revenus des ménages mesurés en termes réels. Aux États-Unis, la hausse du revenu réel des ménages par habitant (1,7 %) est principalement due à une diminution des impôts à payer au T1 2023 après une hausse en 2022 en raison de l’augmentation des salaires, du report du paiement des impôts de 2020 et de fortes plus-values.

Parmi les autres pays de l’OCDE, la Pologne a connu une forte croissance du PIB réel par habitant (3,9 %) et du revenu réel des ménages par habitant (3,5 %). Des augmentations importantes du revenu réel des ménages.

Le coût de la vie au Canada est aussi un des plus élevés dans l’OCDE. Le Canada arrive en 6e position du palmarès de la cherté de la vie en 2022. Israël est en tête avec un coût de la vie de 38 % au-dessus de la moyenne de l’OCDE, devant la Suisse à 37 %, le Canada à 17 % au-dessus de la moyenne. Sous la moyenne de l’OCDE, on trouve la Belgique à 5 % en dessous et la France à 8 % en dessous.

Indices des niveaux de prix 

Total, OCDE=100,202 2 ou dernières données disponibles
Source : Prix : Niveaux de prix comparés

Notons que le nombre d’habitants au Canada serait sous-évalué d’un million, est-ce à dire que le PIB/habitant est encore moins haut ?

Camoufler le déclassement économique en augmentant l’immigration et le PIB brut

Pour David Rosenberg dans les colonnes du Globe and Mail, d’un point de vue général, l’économie canadienne est enlisée dans des fondamentaux faibles. La situation budgétaire est hors de contrôle et il n’y a aucune tentative sérieuse à Ottawa pour promouvoir la stabilité fiscale. Le taux de croissance du PIB réel de 1,9 % d’une année sur l’autre, alors que le rythme de croissance de la population est de 2,4 % par an, grâce à l’explosion de l’immigration, est en trompe-l’œil. Cela signifie que l’économie, en termes réels par habitant, se contracte de 0,5 % sur une base annuelle.

Le véritable problème de l’économie canadienne réside dans sa composition. Elle dépend trop des dépenses de consommation, qui ont augmenté de plus de 20 % au cours de la dernière décennie (croissance notamment due à l’immigration). Le secteur du logement a connu une croissance à un chiffre plus proche de la moyenne. Il s’agit là de sources de croissance non productives. Les dépenses d’investissement des entreprises en machines/équipements et en usines se sont contractées de 10 % chacune au cours des dix dernières années. Les dépenses sont effectuées dans les mauvais secteurs de l’économie en termes de génération d’effets multiplicateurs positifs durables.

Ce qui est choquant, c’est qu’il n’y a eu aucune croissance dans ces domaines productifs du secteur privé au cours de la dernière décennie. Ce scénario est le fruit d’un gouvernement qui n’a pas eu la volonté d’utiliser le système fiscal et réglementaire pour promouvoir l’investissement en capital — il se concentre plutôt sur la redistribution du revenu national. Ainsi, la productivité au Canada a baissé de 1,4 % d’une année sur l’autre et s’est carrément contractée séquentiellement pendant quatre trimestres consécutifs et pendant 10 des 11 derniers.

C’est ce qui manque au Canada, et c’est bien triste, car la croissance de la productivité est le gage de la prospérité économique future. Au lieu de cela, Ottawa a tenté de camoufler la situation en lançant le programme d’immigration le plus agressif depuis que le CP s’est lancé dans la construction du chemin de fer transcontinental à la fin des années 1870.

 

Voir aussi

La richesse par habitant est en recul depuis un an au Canada. Selon les estimations officielles, le PIB canadien a augmenté de 1,4 % en juin dernier par rapport à la même période un an auparavant. Mais lorsqu’on rapporte ces chiffres en proportion de la population, on constate que le Canada en est à son quatrième trimestre de croissance négative d’affilée, et qu’en un an, son PIB par habitant n’a pas augmenté, mais a diminué de 1,7 %.
 

C'était une autre époque...

À la fin du XIXe siècle, l’État belge décide que les enfants retournent chez eux à midi afin de maintenir des liens familiaux et faire passer le message suivant : « La famille doit savoir que l’État ne la remplace pas dans les soins qu’elle doit aux siens ».



Source : C'était au temps où Bruxelles bruxellait