jeudi 4 janvier 2024

Statue de Mahé de La Bourdonnais déboulonnée à la Réunion sous faux prétexte

L’historien Dimitri Casali, auteur de « Ces statues que l’on abat ! » (Plon), dénonce le déboulonnage d’une statue de Mahé de la Bourdonnais à Saint-Denis de la Réunion.

Officiellement c’est un simple déplacement, en vérité c’est un déboulonnage en bonne et due forme d’un grand héros de l’histoire de France. Marin, explorateur, gouverneur de l’archipel en 1733, ayant servi la France sur tous les océans, il a même perdu un bras dans un combat naval contre les Anglais.

Après la statue de la Vierge Marie déboulonnée à la Flotte-en-ré avec le soutien de notre Conseil d'État le 18 octobre dernier, le lundi 4 décembre, sous prétexte de restaurer la statue, Eva Bareigh, maire socialiste de Saint-Denis a procédé à l’enlèvement de la statue, classée monument historique, d’une des principales places de Saint-Denis, où elle trônait depuis 1856.

Statue de Mahé de la Bourdonnais sur la place d'Armes à Port-Louis sur l'île Maurice

Sans Mahé de La Bourdonnais, la Réunion ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. 

L’équipe de la mairie indique : « Avec cette statue, il y a un conflit de mémoire sur ce lieu où se trouve un personnage qui est un négrier, ce qui justifie son déplacement vers la Caserne militaire Lambert ». Officieusement, on devine que c’est un véritable déboulonnage car on fait disparaître de la vue de tous, ce grand personnage pour le déplacer dans un endroit clos, un fort militaire, de surcroît pratiquement jamais ouvert au public…

Sans Mahé de la Bourdonnais, la Réunion ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Ce n’est pas un « esclavagiste » comme le décrit la mairie mais, le gouverneur général des îles Mascareignes en 1733 et un administrateur de génie.

En structurant et modernisant les territoires inhabités qu’étaient La Réunion et l’île Maurice. Mahé en fait des comptoirs commerciaux prospères. Il eut aussi une petite fille avec une ravissante métisse qu’il reconnut et qui fut baptisée Marie-Madeleine Mahé. Il l’emmena même avec lui en France en 1740 où il lui fit donner la meilleure éducation possible dans les meilleures écoles parisiennes. À cette époque, c’était rarissime. C’était déjà ça la France ! Et à la différence de l’Espagne, du Portugal, de l’Angleterre ou des Pays-Bas.
 
Vue de Mahé, la plus grande île des Seychelles.  Le capitaine Lazare Picault revient sur l'île en 1744 sur ordre de Mahé de La Bourdonnais et la rebaptise Mahé en hommage à son gouverneur.

 
On ne réécrit pas l’Histoire !

Cet épisode de la vie de Mahé ne dépeint pas véritablement un profil de raciste impénitent mais, celui d’un homme complexe s’adaptant aux réalités sociologiques de son temps.

On lui reproche d’avoir entrepris les gros travaux des infrastructures de la Réunion : routes, ports, aqueducs et hôpital, en utilisant le travail d’esclaves qu’il fit venir. Car, en histoire il faut toujours replacer les hommes et les événements de l’époque. Je le rappelle, le monde entier pratiquait l’esclavage. On ne réécrit pas l’Histoire ! Déboulonner les statues de nos grands personnages et débaptiser nos rues ou nos écoles sous prétexte qu’elles portent le nom de personnalités qui auraient encouragé la pratique de l’esclavage, c’est ouvrir la boîte de Pandore du révisionnisme historique.

L’histoire, une fois écrite, ne s’efface pas. L’histoire, c’est l’histoire, il faut l’assumer ! Elle est aussi glorieuse que honteuse et tragique par définition. Effacer ce passé, comme l’exigent ces nouveaux épurateurs, ce serait renié, ce qui fait l’essence même de l’âme française : une république mettant en avant l’égalité, l’universalité et la laïcité, sans distinction de race ou de religion. À chaque fois que l’on abat nos statues, c’est l’âme de la France qui s’en va…
 
Ces statues que l'on abat ! de Dimitri Casali

Voir aussi

Toronto remplace le nom d'un abolitionniste par le terme emblématique d'une tribu africaine esclavagiste...

Parcs Canada réécrira des centaines de plaques historiques sur ses sites 

Biden : « La culture musulmane est présente au sein de la culture américaine depuis le tout début »

Réécriture de l'histoire au Manitoba : Louis Riel le multiculturaliste

À Londres, le célèbre théâtre du Globe met en scène une Jeanne d'Arc « non binaire », Élizabeth Ire le serait aussi 

Activistes font pression pour empêcher les anthropologues d'identifier les restes humains comme "masculins" ou "féminins"

Le président du Sénat congolais regrette que le rapport officiel belge sur la colonisation en ait omis les aspects positifs

Radio-Canada : décolonialiser les noms d'oiseaux

Réécrire l'Histoire avec une grande hache communautariste

Reine Cléopâtre : Netflix poursuivi par un avocat égyptien pour « noircissement » de l'histoire (m à j)

Radio-Canada nous « éduque » : « plus de 800 mille-z esclaves en sol canadien » en 1834