lundi 4 mai 2009

Fair accommodation for Gabriel

Nous avons reçu cette lettre ouverte (apparemment également publiée dans la Gazette de ce jour) :

I don't understand.

A boy named Mohamed successfully defended his right to recite his daily prayers at school, and another named Gurjab was accorded the right to wear his kirpan at school. But when our son Gabriel claims exemption from the ethics and religious culture course, the door gets slammed in his face – and all within the same education system. Well, Gabriel also has the right to claim reasonable accommodation! Gabriel at 11 is in the process of building his identity. Like thousands of other students his age, he is attempting to understand and to integrate the values his family is trying to instill in him – quite a challenge!

In the midst of this, the state, under the pretext of multiculturalism, wants to impose on him the study of an arsenal of spirituality and traditions. We object to this approach. As a family, we do not accept that the education system so disrespectfully challenge the values it is our right to transmit to our children. In spite of what is claimed, the ethics and religious culture course can not possibly integrate different nationalities and religions within this social project, as without identity, there can be no integration. This identity is not yet acquired by a child of Gabriel's age, and will not likely be acquired until the end of adolescence. For all of these reasons, we will continue to demand that our rights and our differences be respected in this education system which trains the adults of the future. Our request is just as important as those of Mohamed and Gurbaj, and of all those who have adopted this country as theirs.

Karl Santaguida, Montréal

Se prémunir du « Youpi, créer ma religion à moi ! », une saine prudence

Lettre ouverte intéressante de Louis O'Neill, professeur émérite à la Faculté de théologie de l'Université Laval, dans Le Devoir de ce lundi.
«Le nouveau cours Éthique et culture religieuse n'a pas fini d'étonner. Que l'on se rappelle à titre d'exemple le cas de cet enseignant qui a demandé à ses élèves de dessiner un nouveau drapeau du Québec parce qu'il estimait que le fleurdelisé ne convenait plus, car on y discerne une croix. L'enseignant zélé avait cru déceler là une atteinte à la laïcité.

Le cours réserve d'autres surprises. C'est ainsi que l'on trouve une perle bizarre dissimulée dans un cahier d'activités destiné aux élèves de premier cycle du secondaire et dont le titre est Partons à l'aventure! La perle se nomme «Youpi, ma religion à moi!» Comme aventure, c'est du vrai de vrai.

On invite les jeunes (de 12 et 13 ans) à créer leur propre religion «comme moyen pour vérifier leur capacité à saisir les multiples facettes des mouvements religieux». On précise: «À partir des multiples exemples vus en classe dans le chapitre 1, tu décides de fonder ton propre mouvement religieux pour répondre à ta quête de sens. Ce mouvement doit naître de ton imaginaire.» Production attendue? Une description détaillée d'une religion inventée respectant la structure exigée.

Regroupés dans des équipes de quatre, les écoliers doivent faire appel à leur imaginaire pour réaliser le projet suivant: inventer un fondateur et un mythe fondateur; inventer un Dieu ou des dieux et en nommer les attributs; inventer un code moral; inventer un livre sacré; inventer quelques rituels; inventer quelques objets de culte.

Affront aux religions

On nous dit que ce cahier d'activités n'a pas été officiellement approuvé, donc que l'on ne doit pas prendre l'affaire trop au sérieux. Pourtant, il s'agit bien d'un outil de travail reconnu que l'on met à la disposition des enseignants et des jeunes. On y trouve un tas de trucs sur le vivre-ensemble et le dialogue. Certains éléments sont intéressants, mais le tout projette l'image d'un fouillis où s'entremêlent les bonnes intentions et la confusion. On ne réussit pas à trouver le fil conducteur qui assure l'unité de l'œuvre. L'ensemble est gentil, sirupeux, un peu gnangnan.

Quant à la perle bizarre, elle suscite une interrogation bien particulière, car elle équivaut à un affront atteignant toutes les religions. Pourtant, un des objectifs du cours est, nous dit-on, d'encourager une approche inclusive et tolérante envers les croyances. Or, pour en arriver à inventer une bizarrerie pareille, il faut au moins implicitement avoir assumé les trois postulats suivants: 1) toutes les religions se valent; 2) mises ensemble elles ne valent pas grand-chose; 3) aussi bien s'en moquer et en tirer un passe-temps.

Déferlement de religions!

Voyons la pratique et tâchons d'imaginer d'éventuelles conséquences. À quatre participants par équipe, il serait possible d'inventer cinq ou six religions par classe, chacune avec son ou ses dieux, son code moral, ses rituels. Des centaines de nouvelles religions pourraient ainsi émerger à l'échelle du Québec. Un vrai déferlement de religiosité. Même les adeptes du relativisme et du pluralisme normatif risqueraient d'être emportés par le courant. Les enseignants n'y pourraient rien, car il leur est interdit d'exprimer une opinion personnelle. Brouillard et confusion. Montée prévisible d'un sentiment de mépris envers tout ce qui est religieux. Est-ce là le but recherché?

On peut heureusement prévoir que le déferlement n'aura pas lieu, car les jeunes sont capables de faire preuve de sens commun, plus que ceux qui ont inventé ce jeu. On peut aussi faire confiance au sens critique de parents qui sauront faire oeuvre d'intelligence et de discernement. Il demeure qu'un dérapage aussi grossier sème l'inquiétude.

Activité d'ECR sur le thème créer sa religion, ici les judoïtes

Potion du vivre-ensemble

Des parents se demandent si la potion magique que l'on fait ingurgiter à leurs enfants au nom du vivre-ensemble ne serait pas toxique. Ce qui incite certains d'entre eux à invoquer le droit d'exemption pour les jeunes dont ils ont la charge. Ils appliquent le principe de précaution. C'est une saine prudence qui les incite à agir ainsi.

L'un des grands esprits qui ont concocté le nouveau cours a affirmé avec assurance que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde l'équivalent d'un tel produit pédagogique. En découvrant le jeu «Youpi, ma religion à moi!», je suis enclin à croire qu'il a raison. Car il est sûrement hors du commun d'inventer pareil passe-temps dans le domaine religieux. C'est «le bout du bout», comme m'a dit l'un de mes amis, pédagogue renommé qui fut longtemps enseignant et directeur d'école.
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« Le gouvernement devrait se prévaloir de la loi sur les consultations populaires »

Lettre intéressante de Nestor Turcotte dans l'Écho de la Baie du 2 mai 2009. Nestor Turcotte est un professeur de philosophie à la retraite.
«
Selon les sondages les plus fiables, les parents, en très grande majorité, sont en faveur de l’enseignement religieux et moral dans les écoles publiques et privées du Québec. Ceux-ci fréquentent rarement les lieux de culte mais tiennent à ce que leurs enfants soient élevés dans la tradition religieuse où leurs parents les ont élevés. Il y a là un grand paradoxe. Les Québécois n’en sont pas à leur premier.

Il y a quelques jours, Jean Charest, Premier ministre du Québec, déclarait tout à fait le contraire, suite à la marche tenue par des milliers de parents à Drummondville et qui dénonçaient l’imposition du cours Éthique et culture religieuse. Pour justifier l’imposition de ce nouveau cours, le Premier ministre affirmait, le plus sérieux au monde, que cette démarche reflétait un large consensus au Québec et était parfaitement légal.

En effet, il y a un consensus au Québec, mais il n’est pas autour du nouveau cours étatique d’Éthique et culture religieuse imposé par les Parlementaires à Québec. Il l’est au sujet de l’enseignement religieux catholique et protestant et de l’enseignement d’une morale naturelle. Les Québécois veulent ce type d’enseignement dans leurs écoles, et ils le veulent à plus de 80 %. Ils ne veulent pas autre chose. Les autorités politiques, toute partisannerie confondue, imposent, depuis quelques mois, exactement le contraire. Si la démocratie c’est la volonté du peuple, par le peuple et pour le peuple (Abraham Lincoln), le Québec est anti-démocratique et bafoue la volonté du plus grand nombre. Comment comprendre ce non respect des citoyens et ce chambardement imposé, contre la volonté d’une claire majorité? L’histoire politique récente du Québec fournit la réponse.

La Charte des droits et libertés de la personne régit, depuis plus de 25 ans, le fonctionnement de la société civile québécoise. L’énoncé original de cette Charte (1982), à l’article 41, était pourtant bien clair. «Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d’exiger que, dans les établissements d’enseignement publics, leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions, dans le cadre des programmes prévus par la loi.» Une telle formulation reconnaissait l’autorité primordiale des parents dans la transmission des valeurs religieuses et morales.

En juin 2005, l’Assemblée nationale adoptait majoritairement et à toute vapeur, la loi 95 qui modifiait l’article 41 de la Charte des droits et libertés de la personne. L’article se lit maintenant ainsi : «Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d’assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions, dans le respect des droits de leurs enfants et de l’intérêt de ceux-ci.»

Le libellé de la première version (1982) et celui de la deuxième version (1995) semblent à tous points semblables, pour qui ne fait pas attention. Dans la première version, les parents ont le droit d’exiger. Ils sont donc les premiers responsables. Dans la deuxième version, les parents deviennent les mandataires (ils n’exigent plus…ils s’assurent) d’une autre personne qui peut juger de ce qui est dans l’intérêt de l’enfant en matière religieuse et morale. Aucune personne n’étant nommée explicitement dans l’article modifié de la Charte, il va de soi que c’est l’État qui doit faire respecter cette règle et, forcément, celui-ci devient le détenteur d’un droit qui, il n’y a pas si longtemps, revenait exclusivement aux parents.

Jean Charest a raison. La démarche actuelle gouvernementale est parfaitement légale. Puisque son gouvernement, - avec la complicité de l’Opposition péquiste de l’époque - a changé la loi afin de faire légalement ce que les parents n’ont jamais voulu que leur gouvernement fasse dans les faits : leur enlever le droit fondamental d’élever leurs enfants selon leurs convictions religieuses et morales.

Le nouvelle article 41 de la Charte québécoise viole la liberté de conscience et va en contradiction avec les Chartes internationales de droits et libertés. Elle permet à l’État québécois d’imposer le contenu d’un cours d’éthique et culture religieuse, sans que les parents aient le droit de s’y opposer, sans que les parents aient le droit d’en soustraire leurs propres enfants, sans que les parents aient un droit de regard sur le contenu religieux et moral enseigné à leurs enfants.

L’État du Québec, par le biais du Ministère de l’Éducation, peut, dorénavant imposer, modifier, ajouter un contenu idéologique particulier dans les cours offerts, tant au niveau primaire que secondaire, sans que les parents puissent dire un seul mot. C’est, en d’autres termes, l’imposition d’une religion d’État, sans droit de regard venant de ceux qui sont les premiers concernés. L’État, unilatéralement peut décider ce qui doit être transmis comme valeurs religieuses et morales à tous les étudiants fréquentant les écoles du territoire québécois. Subrepticement, le Québec est tombé, sans le savoir et sans le vouloir clairement, en régime totalitaire. Contenu étatique; assistance obligatoire aux cours, aucune dérogation. Il y a des régimes politiques qui ont procédé ainsi dans l’histoire du XXe siècle. A chacun d’en dresser la nomenclature.

J'ai lu le contenu intégral du devis du cours Éthique et culture religieuse imposé par le Ministère de l’Éducation, tant au niveau primaire et secondaire. A mon sens, ce cours sème la confusion dans les esprits des jeunes, enlève aux parents un droit fondamental qui est la transmission des croyances familiales, met sur le même pied d'égalité «religion révélée» (surnaturelle) et ««religions dites naturelles», et surtout, permet au gouvernement d’imposer des philosophies et des contenus religieux qui ne relèvent pas de sa compétence et qui peuvent aller à l’encontre de la volonté des parents.

De toute façon, ce nouveau programme est voué à l’échec. Les professeurs sont mal préparés pour l’enseigner. Ceux qui essaient de le faire, en grande majorité, le font à contre cœur, souvent pour compléter une tâche régulière incomplète. On voit ici le sérieux du Ministère de l’Éducation qui accepte, que des incompétents livrent un contenu ténébreux, mal ficelé, souvent incohérent. Dans quelques années, le Ministère sera autorisé à dire que les jeunes ne veulent plus rien savoir de la religion et procèdera à l'abolition pure et simple de ce cours inadapté, allant à l’encontre des droits fondamentaux des parents.

Le Premier ministre peut bien dire que l’action de son gouvernement est légale et rejoint un consensus dans la population. Il a, avec la complicité de Pauline Marois qui se tient coi, l’habileté du politicien qui joue avec les mots. Les parents, d’une part, souhaitaient, à plus de 80 %, conserver le droit de choisir entre l’enseignement religieux catholique et protestant et le cours de morale naturelle. D’autre part, le consensus autour du cours Éthique et culture religieuse n’existe tout simplement pas. Et pour rendre légale l’action de son gouvernement, il a profité de la canicule de l’été 1995, en accord (pour une fois…) avec le Parti québécois, pour modifier la Charte québécoise, article 41, qui permet à l’État d’assurer la transmission d’une culture religieuse de son choix, enlevant ainsi aux parents le droit d’exiger qu’un enseignement soit fait, conformément à leurs droits fondamentaux.

Sur une question aussi fondamentale, le gouvernement devrait se prévaloir de la loi sur les consultations populaires. Et faire, dans les plus brefs délais, un référendum sur la question. De toute évidence, il pourrait avoir des surprises. La question référendaire pourrait être la suivante : Acceptez-vous que le gouvernement du Québec abolisse la loi 95 qui modifiait l’article 41 de la Chartre des droits et liberté de la personne et redonne aux parents le droit fondamental de choisir le type d’enseignement qu’ils leur convient dans le domaine religieux et moral ?

Les Québécois, pour une fois, pourraient bien être tentés de voter Oui !

Nestor Turcotte – MATANE
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