vendredi 14 juillet 2023

L'armée américaine a un problème de recrutement de poids

L’armée américaine et l’armée de l’air, qui cherchent désespérément à combler leurs déficits de recrutement, font un effort considérable pour recruter des immigrés, en leur offrant la possibilité d’obtenir la citoyenneté en quelques semaines. (11 juin 2023)

Quelle est l’ampleur de la crise du recrutement ? 

Au cours du dernier exercice budgétaire, l’armée de terre a manqué son objectif de recrutement de 15 000 soldats en service actif, soit 25 % de son objectif. Ce déficit a contraint l’armée à réduire ses effectifs prévus en service actif de 476 000 à 466 000. Et l’exercice comptable en cours risque d’être encore pire. Les responsables de l’armée prévoient que les effectifs du service actif pourraient diminuer de 20 000 soldats d’ici septembre, pour atteindre 445 000 soldats. Cela signifie que la principale force terrestre du pays pourrait diminuer de 7 % en seulement deux ans, à un moment où ses missions augmentent en Europe et même dans le Pacifique, où l’armée de terre fournit un grand nombre de moyens essentiels en temps de guerre, sans lesquels les autres services ne peuvent pas fonctionner.

Pour ne rien arranger, en 2022, quelque 40 000 soldats de la Garde nationale et 22 000 réservistes qui ont refusé d’être vaccinés contre le COVID-19 ne sont plus autorisés à participer à leurs tâches militaires, ce qui les prive également de certains avantages militaires. 

Crises du logement et de la santé sapent consensus pro-immigration au Canada, les gouvernants sourds

Article du National Post mais ce n'est pas le seul journal qui se pose des questions sur l'immigration de masse que subit le Canada actuellement.

Le Global et Mail (de tendance politique pourtant opposée) s'inquiète aussi à ce sujet, mais de manière variable selon le chroniqueur au clavier. Voir par exemple : Éditorial du Globe & Mail : « La pénurie de main-d’œuvre au Canada dont on nous rebat les oreilles relève surtout du mirage », Cette époque [années 50 et 60] où la population et la prospérité du Canada étaient en plein essor, contrairement à ce qui se passe aujourd'hui et Pourquoi le PIB par habitant devient l'indicateur à surveiller (voir les graphiques ci-dessous issus de cet article qui comparu des indicateurs économiques des États-Unis et du Canada alors que le Canada connaît une immigration plus importante que celle des États-Unis). 


On apprend le 14 juin que «  Le loyer moyen atteint un niveau record de 2042 $ par mois en juin ». Le coût moyen d’un logement d’une chambre était de 1780 $ en juin, en hausse de 10,2 % par rapport au même mois en 2022.

Ce sont les principaux pôles d'immigration qui sont en tête de ce triste palmarès. Vancouver s’est emparé du titre de ville la plus chère du Canada pour les locataires, avec le prix moyen d’un logement d’une chambre à 2945 $ et celui d’un logement à deux chambres à 3863 $. Elle était suivie de Burnaby, en Colombie-Britannique. Toronto s’est classée troisième avec un prix moyen de 2572 $ pour un appartement d’une chambre et 3301 $ pour un appartement de deux chambres. 



Depuis aussi longtemps que la plupart des politiciens et des électeurs en vie aujourd'hui s'en souviennent, le Canada anglais a été un pays résolument favorable à l'immigration. Jusqu'à présent, l'opinion publique était pratiquement unanime, du moins en dehors du Québec, sur le fait qu'un plus grand nombre de nouveaux arrivants représentait un bienfait absolu. 

[Note du carnet: ce n'est pas tout à fait exact : Sondage : Une majorité de Canadiens veulent moins de « réfugiés » et Un Canadien sur deux pense que les cibles en immigration sont trop hautes, 75 % qu'elle entraîne une demande excessive des services (sondage Léger mi-2022), mais il est vrai que la population du Québec s'oppose davantage à cette politique, sans être entendu par les gouvernants:  Les ⅔ des Québécois contre une hausse du nombre d’immigrants]

Cela nous a permis de nous payer le luxe d'être plutôt superficiels en matière de politique d'immigration. En fait, il s'agit d'un sujet tellement tabou que les sondeurs prennent rarement la peine de l'inclure lorsqu'ils interrogent les Canadiens sur les questions qui leur tiennent à cœur.

Toute discussion à ce sujet se résumait généralement à une question : comment attirer plus d'immigrants, plus rapidement ? Les différences entre les approches des partis étaient à peine visibles à l'œil nu.

Mais l'opinion publique peut évoluer rapidement lorsque les expériences vécues par les électeurs, ou même les perceptions qu'ils en ont, changent. En effet, un nouveau sondage réalisé par David Coletto, d'Abacus Data, suggère que nous sommes peut-être déjà engagés sur cette voie.

C'est la raison pour laquelle, compte tenu notamment des pénuries de logements et de soins de santé qui sévissent d'un bout à l'autre du pays, il n'a jamais été judicieux de considérer le consensus pro-immigration du Canada comme acquis.


Alors que les problèmes de logement et de santé se sont transformés en véritables crises, les libéraux fédéraux ont continué à faire exactement la même chose. Peu enclin à la nuance mais sujet à la démesure morale, le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau a poussé à son paroxysme le principe selon lequel "plus c'est mieux" en matière d'immigration.

Alors que les commentateurs, dont je fais partie, et les économistes ont mis en garde contre le fait que cette approche rapide pourrait ne pas être tenable et risquerait de rendre les Canadiens hostiles à l'immigration, rien n'indique que les dirigeants soient à l'écoute.

Aucun signe d'écoute de la part du pouvoir

Les objectifs du Canada en matière d'immigration ont grimpé à 500 000 par an, sans compter le programme des travailleurs étrangers temporaires, qui a totalisé plus de 200 000 nouvelles approbations en 2022, ou les visas d'étudiants internationaux, qui sont illimités et qui ont compté un peu plus de 550 000 nouveaux étudiants l'année dernière. Cela représente bien plus d'un million de nouvelles personnes entrant au Canada chaque année. Voir Canada — 800.000 étudiants étrangers à la fin 2022, une augmentation de 31 %. Et un passeport canadien avec ça ?.

Pour mieux visualiser l'ampleur du phénomène, cela correspond à l'ajout d'une ville entière, Calgary (population : 1 019 942 habitants), chaque année. Ou environ deux Hamiltons (population : 519 949), ou trois Halifax (population : 359 111).

Entre-temps, l'hôpital pour enfants (SickKids) de Toronto a une liste d'attente de 6 509 enfants pour une intervention chirurgicale, dont 67 % ont dépassé le délai recommandé pour les soins. Les listes d'attente pour les médecins de famille atteignent 10 ans dans certaines localités. La Colombie-Britannique transfère au moins 5 000 patients atteints de cancer aux États-Unis, car les temps d'attente intenables pourraient entraîner des décès évitables. 

Quasiment aucun gain de productivité, rémunération réelle (après inflation) qui chute

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a déclaré l'an dernier qu'il faudrait au moins 5,8 millions de logements d'ici 2030 pour que le logement redevienne abordable.
Un an plus tard, de nombreuses municipalités du pays sont loin d'être en mesure de construire leur quote-part dans ce domaine.

De plus en plus souvent, ce sont les nouveaux arrivants eux-mêmes, en particulier les travailleurs temporaires et les étudiants, qui souffrent le plus de la pénurie de logements à leur arrivée. Cette situation a donné lieu à une exploitation croissante, allant de la confiscation des passeports par les employeurs à l'acceptation par les propriétaires d'un loyer sous forme de rapports sexuels.

Ce n'est certainement pas le Canada que de nombreux nouveaux arrivants imaginaient, et nous ne devrions pas être fiers d'exposer à un nombre croissant d'entre eux une telle vision de nos pensées égoïstes de gains économiques.

Tout réaliste comprendra qu'il faut faire des concessions. Le Canada ne peut pas tout avoir en matière d'immigration alors que les pénuries de biens et de services de base persistent. Si les pénuries ne sont pas le fait des immigrants et qu'il ne faut pas les en blâmer, cela ne nous empêche pas de reconnaître que nos politiques d'immigration doivent être réexaminées avec lucidité.

Les ménages canadiens sont nettement plus endettés que les américains et cela empire

Le sondage national d'Abacus Data réalisée par Coletto en juin dernier révèle que 11 % des Canadiens considèrent désormais l'immigration comme l'un des trois principaux problèmes. Plus révélateur encore, 61 % des personnes interrogées considèrent que l'objectif de 500 000 immigrants par an est trop élevé. Trente-sept pour cent des Canadiens considèrent que l'objectif de 500 000 est "beaucoup trop élevé".

Je ne peux m'empêcher de me demander quelle aurait été la réponse si la question d'Abacus avait cité le chiffre réel d'un million de nouveaux arrivants par an. En l'état, 63 % des personnes interrogées pensent que le nombre d'immigrants entrant au Canada a un impact négatif sur le logement, et 49 % sont du même avis en ce qui concerne l'impact sur les soins de santé. Seuls 43 % pensent que l'immigration a un impact positif sur notre croissance économique.

 

Malgré (ou est-ce à cause de ?) une immigration plus relativement importante au Canada qu'aux États-Unis, le PIB/habitant du Canada fait du sur place récemment alors que l'écart se creuse avec les États-Unis

De nombreux politiciens fédéraux semblent craindre de toucher au dossier complexe de l'immigration, de peur d'être taxés de xénophobie ou de racisme par leurs adversaires politiques. Pourtant, Coletto constate que même une majorité d'immigrés estime que les objectifs actuels sont trop élevés.

À moins d'un miracle sur le front du logement ou des soins de santé, et si l'opinion publique persiste dans cette voie, les législateurs ne pourront plus éviter le dossier de l'immigration très longtemps. La question devrait être la suivante : comment pouvons-nous adapter nos politiques d'immigration de manière responsable aujourd'hui, afin de pouvoir continuer à faire croître le pays de manière robuste à l'avenir ?

Le Canada a eu la chance de pouvoir profiter de nombreuses décennies sans avoir à se poser trop de questions sur l'immigration, mais plus nous attendons pour le faire, plus la conversation risque d'être difficile.

 

Voir aussi

Australie : il existe un lien manifeste entre l'accessibilité au logement et le taux de fécondité

 
 
 
 
Immigration — Forte crise du logement en Australie, comme au Canada (2023)

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Coïncidence — Immigration : Le Québec fracasse un record, loyers records à Montréal, pénurie et surcharge de travail à l’école

Il se bâtit au Canada entre 200 000-300 000 unités de logement par an, en 2022 1 million de personnes s’est ajouté à la population