jeudi 31 octobre 2024

Lumière sur une légende noire

Un historien argentin rappelle que si la colonisation de l’Amérique du Sud par l’Espagne n’a pas été exemplaire, elle a notamment mis fin aux pratiques sanguinaires des autochtones.

Est-il possible que des événements survenus au XVIe siècle provoquent une crise diplomatique au XXIe siècle ? 

On l’a vu récemment entre l’Espagne et le Mexique, deux nations qui ont pourtant beaucoup d’intérêts communs. Le 1er octobre avait lieu la cérémonie d’investiture de la nouvelle présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum. Mais le roi d’Espagne n’avait pas été invité, poussant le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, qui, lui, avait reçu une invitation, à refuser de se rendre au Mexique en signe de solidarité avec Felipe VI. Raison de cet incident ? 

En 2019, l’ancien président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, avait écrit au pape François et au roi d’Espagne pour leur demander de reconnaître « de manière publique et officielle » les « dommages » provoqués sur les peuples indigènes par la conquête puis par la colonisation espagnole, entre 1521 et 1821, et de s’excuser. Si le pape avait fait savoir qu’il reconnaissait une « faute historique », la lettre du président mexicain était restée sans réponse du côté espagnol, entraînant, cinq ans plus tard, une mesure de rétorsion de la part de Mexico. 

En Espagne, le président du Parti populaire (droite centriste et conservatrice), Alberto Núñez Feijóo, a affirmé que la présidente mexicaine ferait mieux de s’instruire en lisant Ceux qui devraient demander pardon, un ouvrage de l’historien argentin Marcelo Gullo Omodeo. Ce livre, qui a été un important succès de librairie en Espagne (plus de 100 000 exemplaires vendus), le voici traduit en français.

Professeur d’histoire dans des universités sud-américaines, l’auteur rappelle que l’Amérique précolombienne était un enfer voué au cannibalisme, aux sacrifices humains et à l’esclavage. En faisant de la protection des Amérindiens une affaire personnelle, le dominicain Bartolomé de Las Casas a puissamment contribué à changer le regard des Européens sur les peuples indigènes. La légende noire de l’Amérique espagnole, explique Marcelo Gullo Omodeo, a été imposée par des Anglais et des Hollandais, dont les empires coloniaux virent le règne de l’esclavage, ou des Américains qui semblent oublier les massacres de la conquête de l’Ouest… Les 30 pages de références bibliographiques qui terminent l’ouvrage apportent une caution scientifique à un discours antiwoke assez polémique, mais roboratif.

Présentation de l'éditeur

Un livre qui a rencontré un énorme succès en Espagne : plus de 100 000 exemplaires vendus !

oici le premier ouvrage qui met en lumière l'importance de l'héritage espagnol face aux atrocités commises par les ennemis de l'Espagne. Dans ce livre exceptionnel, Marcelo Gullo démontre que, devant le "Tribunal de l'histoire", l'Espagne a été jugée par des juges partiaux et de faux témoins. 

Et il affirme, preuves à l’appui, que l'Amérique, avant 1492, ressemblait plus à l'enfer qu'au paradis, car les sacrifices humains, le cannibalisme, l'esclavage, le machisme et la prostitution régnaient partout. Il rappelle que, pendant des siècles, des pays comme la Grande-Bretagne, la Hollande ou les États-Unis ont exigé de l'Espagne qu'elle s'excuse pour les prétendus péchés commis lors de la conquête de l'Amérique, alors qu'en réalité, ce sont ces mêmes nations qui devraient le faire car leurs mains sont tachées de sang. 

L'Espagne n'a pas à s'excuser car la conquête de l'Amérique a été une tentative unique de faire prévaloir la justice et les valeurs chrétiennes à une époque brutale et sanguinaire. Et c'est précisément cette tentative réussie qui a fait de l'Espagne une exception dans l'histoire de l'humanité, car jamais auparavant ou depuis, une nation ne s'est comportée de la sorte. 

Marcelo Gullo Omodeo est professeur d’Histoire à l’Université de Buenos Aires et à l’Université Fluminense de Rio de Janeiro.

Ceux qui devraient demander pardon
La légende noire espagnole et l’hégémonie anglo-saxonne
de Marcelo Gullo Omodeo,
paru le 16 octobre 2024,
chez L’Artilleur,
à Paris,
494 pp.,
ISBN-13 : 978-2810012312

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Manuel d’histoire [1] — chrétiens intolérants, Saint-Louis précurseur des nazis, pas de critique de l’islam tolérant pour sa part

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27 novembre 1095 — Appel lancé pour porter secours aux chrétiens d’Orient et aux pèlerins
 
 
 
 
 

mercredi 30 octobre 2024

Macron, en vieillissant, trouve du charme à la colonisation (arabo-musulmane)

Réaction d'Éric Zemmour aux déclarations récentes d'Emmanuel Macron.

On le savait depuis longtemps : souvent Macron varie, fol qui s’y fie. On l’avait connu anti colonialiste flamboyant, donneur de leçon impénitent : « la colonisation, avait-il lancé, à l’aube de son premier mandat, c’est un crime contre l’humanité ». Et puis, les années ont passé. Macron, en vieillissant, trouve du charme à la colonisation. C’est l’occasion d’échanges culturels entre deux civilisations, prétend-il désormais. Et ça laisse des merveilles architecturales aux peuples colonisés.

Vous croyez qu’Emmanuel Macron, Président de la République française, fait ainsi l’éloge de la colonisation par la France ? Vous n’y êtes pas du tout. Il évoquait El Andalous, c’est-à-dire l’époque bénie, selon lui, quand l’islam pendant sept siècles, entre le VIIe et le XVe siècle, occupa le sud de l’Espagne, et même une partie du sud de la France.

Et oui, pour Emmanuel Macron, la colonisation française est un crime contre l’humanité, mais la colonisation musulmane est un lit de roses. Un éternel regret.

Macron, c’est le chauvinisme à l’envers. C’est la haine de soi - ou plutôt, car cet homme a plutôt l’air de bien s’aimer - la haine de la France, de son peuple, de son histoire.

Macron, c’est l’ignorance surtout. Macron croit qu’il tire les leçons de l’histoire, alors qu’il ne fait que recracher un mythe. Un mythe qui avait pignon sur rue quand le jeune Emmanuel avait vingt ans et préparait l’ENA. Le mythe de l’existence harmonieuse des trois religions, juive, chrétienne et musulmane, sous la férule bienveillante et tolérante de l’islam. Le mythe de El Andalous. Un mythe déconstruit par un des plus grands historiens espagnols, Serafin Fanjul, il y a quelques années.

Oui, monsieur le Président, le livre a été traduit en Français. Et malgré les nécessaires restrictions budgétaires, je suppose que l’Élysée peut encore acheter des livres.

Lisez-le et offrez-le à tous vos collaborateurs. Ils découvriront - et vous avec - que la colonisation musulmane fut tout sauf bienveillante, que la conquête fut sanglante et féroce, qu’elle instaura un régime de discriminations, proche de l’apartheid dans l’Afrique du Sud du XXe siècle, pour les chrétiens et les juifs, qui n’avaient pas le droit de posséder des armes, de monter à cheval, devaient porter des vêtements particuliers, étaient les seuls à payer un impôt et vivaient dans des ghettos. On appelait ces sous-hommes des dhimmis.

Surtout, les fameux échanges culturels que fantasme Emmanuel Macron étaient réduits à néant. C’est même le propre de toutes les conquêtes islamiques, que ce soit en Europe ou au Moyen-Orient. Vainqueurs, les conquérants imposent toujours la langue arabe, le Coran et Allah. Tout le contraire des barbares venus du Nord, les Francs ou les Goths qui, lorsqu’ils s’emparèrent de l’Empire romain d’Occident, se convertirent au christianisme, parlèrent le latin, et épousèrent des femmes gallo-romaines. Enfin, ce sont des chrétiens et des juifs qui, vivant dans les pays du Moyen-Orient, conquis par les soldats de Mahomet, traduisirent en arabe, ou en latin, les précieux textes d’Aristote, ouvrant la porte à l’éclosion des connaissances et des découvertes de la Renaissance. En Europe et par l’Europe et pour l’Europe.

Sans Charles Martel, sans la Reconquista espagnole, sans les croisades, l’Europe n’aurait jamais connu un telle liberté et une telle explosion du savoir, car elle serait restée sous le joug islamique, qui interdisait tout autre livre que le Coran, et toute vérité qui ne venait pas d’Allah.

Mais au-delà d’une querelle historique, les propos d’Emmanuel Macron résonnent particulièrement en France, où des millions de musulmans vivent, et dont un nombre croissant refuse de s’assimiler et impose ses moeurs, son Dieu, son Coran, sa langue arabe, dans des quartiers de plus en plus nombreux, où les Français de souche ont le choix entre partir ou s’islamiser.

Avec ses propos tenus au Maroc, c’est comme si le Président leur donnait carte blanche. Comme s’il bénissait « ces formidables échanges culturels » entre deux civilisations. Comme s’il appelait toujours plus d’immigration, arabo-musulmane à venir conquérir la France et l’Europe.

Emmanuel Macron est le premier président dhimmi de la République française.

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Il faut cesser de parler « des religions » et oser parler de l’islam et de l’islamisme

Extraits d'un texte de Mathieu Bock-Côté paru dans le Journal de Montréal.


On parle beaucoup de «religion», des «religions» et du «religieux» au Québec en ce moment.

Le discours est à peu près le suivant: l’envahissement du religieux dans nos sociétés serait très inquiétant, et il faudrait aujourd’hui aller jusqu’au bout de son refoulement hors de la vie publique, notamment en cessant de financer les écoles «religieuses».

[...]

La sécularisation de nos sociétés semble achevée, elles sont plus que jamais indifférentes à leur religion historique, le christianisme, et préfèrent se lover dans des spiritualités contrefaites, comme le new age, lorsqu’elles ont le souci de l’au-delà.

Résumons le tout d’une formule: ce n’est pas la religion qui revient, c’est l’islam qui arrive. Il arrive dans notre société, et dans toutes les autres sociétés occidentales.

Je le dis tout de suite pour qu’on ne me comprenne pas mal: l’islam est une religion parfaitement honorable, et il est en droit de se sentir chez lui dans ce qu’on pourrait appeler sa zone historique ou naturelle. J’ajoute, sur une base bien personnelle, que je ne suis pas de ceux qui exècrent le phénomène religieux en lui-même.

La chose devient toutefois plus complexe quand l’islam s’implante massivement en Occident, dans la suite des grands courants migratoires de notre temps.

[...]

 Il cherche moins à s’adapter aux sociétés où il s’installe qu’il n’entend les forcer à s’adapter à lui.

Il arrive dans nos sociétés porté par une dynamique idéologique, culturelle, démographique, qui déstabilise profondément les sociétés occidentales.

On ajoutera, car ce n’est pas un détail, et parce qu’il nous faut penser sur la longue durée si on veut comprendre la dynamique des sociétés humaines, que l’islam est animé à certains égards par une forme de revanchisme historique.

[...]

L’islam a connu un grand réveil au XXe siècle, dans une forme assez radicale. La fondation des Frères musulmans, en 1928, qui porte explicitement le projet d’une conquête islamique de l’Europe, comme l’a remarquablement démontré Florence Bergeaud-Blackler dans son livre Le frérisme, paru en 2023, ou la révolution khomeyniste en Iran, en 1979, qui entendait ramener l’islam à sa définition fondamentaliste, autrement dit, qui le convertissait à l’islamisme, en témoignent.

Les Occidentaux, longtemps, ne sont pas parvenus à le comprendre puisqu’ils s’imaginaient le monde entier engagé dans une dynamique de sécularisation semblable à la leur. L’islam, de leur point de vue, était appelé à connaître le même mouvement que le christianisme – ses manifestations intégristes étaient ainsi perçues comme les derniers spasmes d’un traditionalisme religieux agonisant.

[...]

Cela dit, l’islamisme est indissociable de l’islam – il en représente la radicalisation pathologique. Et une société qui s’islamise progressivement verra inévitablement l’islamisme croitre chez elle. Elle lui fournira le terreau nécessaire à cela.

Surtout, comme je l’ai dit un peu plus haut, l’islam ne s’est implanté dans le monde occidental, où il n’avait jusqu’ici qu’une présence marginale, qu’avec l’immigration massive des dernières décennies.

Qui a sérieusement cru un jour qu’on pouvait permettre et même encourager l’immigration massive de millions de personnes porteuses de cultures et d’une civilisation profondément étrangères au monde occidental en pensant que tout cela pourrait se passer sans le moindre souci? La question du nombre demeure ici la plus fondamentale.

C’est une leçon élémentaire d’anthropologie: les cultures, et on devrait plutôt parler des peuples, qui cohabitent sur un territoire ne le font pas paisiblement et sont inévitablement appelées à connaitre des frictions, pour savoir laquelle se posera comme culture de référence. C’est pour cela qu’elles sont normalement portées chacune à se constituer en État et à réclamer des frontières, pour clairement marquer le pays où elles s’institutionnalisent comme normes.

L’histoire de la différenciation des cultures et des nations se confond avec celle de la multiplication des frontières et des États.

Car une culture n’est pas seulement une série de préférences personnelles, ce n’est pas qu’un folklore familial privé, n’ayant pas vocation à déborder dans la vie publique: elle structure les rapports sociaux fondamentaux, les rapports entre les sexes, la conception de la pudeur, du sacré, de la violence, de la propriété. Cette vérité est encore plus évidente quand on parle de civilisations.

On ne saurait par ailleurs assimiler la résistance des Occidentaux à l’islamisation de leur société et des mœurs de leurs pays respectifs à de l’islamophobie. Philippe d’Iribarne a démontré dans un ouvrage déterminant que l’accusation d’islamophobie n’avait aucun fondement à propos des sociétés occidentales. Il avait justement pour titre Islamophobie : intoxication idéologique. Il décortiquait ce concept de fine manière en montrant que les Occidentaux acceptent aisément la pratique personnelle d’une foi, mais ne s’enthousiasment guère lorsqu’une religion-civilisation cherche à redéfinir de manière unilatérale le fonctionnement de leur société.

On pourrait ajouter que ce concept cherche à mettre dans le même sac la critique de l’islam, celle de l’islamisme, ainsi que le simple constat de la très difficile intégration de l’islam en Occident.

La bêtise intellectuelle, conjuguée à l’inculture, et à une naïveté d’enfant d’école qui se prend pour de la bienveillance, pousse les sociétés à l’autodestruction. Seuls les théoriciens et idéologues du multiculturalisme ont pu croire un instant que le vivre-ensemble diversitaire, paisible et fructueux, était possible, et même probable.

Dans leur esprit, l’État devait devenir culturellement neutre, et s’ouvrir à la diversité des identités en traitant la culture du pays d’accueil comme une identité parmi d’autres, sans droits spécifiques. Le seul obstacle à cette grande conversion multiculturaliste se trouvait dans l’intolérance prêtée aux sociétés occidentales, refusant le pari diversitaire, en refusant justement de devenir chacune chez elle une culture optionnelle. Au Québec, de ce point de vue, le rapport Bouchard-Taylor, paru il y a un peu plus de quinze ans, fut d’une bêtise himalayesque.

C’était une logique à la fois aliénante et déracinante, contraire à un principe élémentaire, sans lequel aucune paix civile n’est possible: à Rome, on fait comme les Romains. Les peuples historiques occidentaux redoutent désormais, avec raison, de devenir étrangers et minoritaires dans leurs propres pays. Le sort de Londres, de Bruxelles, de Malmö, de la Seine-Saint-Denis, en France, et de tant d’autres territoires dans le monde occidental laisse présager un triste avenir.

Si le Maroc et l’Algérie devenaient des pays majoritairement catholiques, ils ne seraient plus marocains et algériens que de nom. Ils auraient alors perdu leur identité. Nul ne leur souhaitera cela. De même, il faut convenir qu’une société occidentale qui deviendrait majoritairement musulmane, même si elle ne devenait pas islamiste pour autant, ne serait plus elle-même, et est en droit de ne pas souhaiter le devenir.

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« Toutes les religions ne se valent pas »

« Un Dieu, trois religions »

Rémi Brague sur l'islam, la culture classique et l'Europe

Rémi Brague : « Dans les gènes de l'islam, l'intolérance »

Rémi Brague : Y a-t-il un islam des Lumières ?  

L’idée banale selon laquelle il suffirait d’oublier ce qui sépare ne mène à rien…

Le dialogue, au sens strict, entre les religions est impossible


 page 85 de Métamorphoses françaises de Jérôme Fourquet

mardi 29 octobre 2024

Taux de migration net dans divers États (notamment Canada, Suisse, Belgique, France, Québec) en 2018 et 2023



Sources : données publiques de Statistique Canada, l'Institut de la statistique du Québec, d'Eurostat (Union Européenne), du US Census Bureau (États-Unis), l'Office of Homeland Security Statistics (États-Unis) et du Home Office (Royaume-Uni).

 


 

Rapport de l'ONU : pas d'hommes biologiques dans les compétitions féminines

Récemment, l’ONU a rendu public un rapport qui aurait dû faire la une de tous les médias.

Mais comme c’est un sujet « sensible » ou « délicat », personne n’en parle.

Alors voilà. Dans un rapport étoffé, l’ONU recommande : « Pour éviter de compromettre l’égalité des chances, les hommes ne doivent pas concourir dans la catégorie “femmes” des épreuves sportives ».

Titre IX est le nom usuel de l’amendement Title IX of the Education Amendments of 1972 voté en 1972 aux États-Unis qui interdit toute discrimination sur la base du sexe dans les programmes d’éducation soutenus par l’État. Le Titre IX a permis le développement de compétitions sportives féminines dans les universités américaines.

La « rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles », Reem Alsalem, a remis un rapport détaillé que je vous encourage tous à lire, car il contient des perles.

Je n’écris pas une chronique sportive, bien sûr. Mais j’écris sur la liberté d’expression. Et selon l’ONU, cette liberté est menacée.

« Les athlètes et les entraîneurs de sexe féminin qui s’opposent à la présence d’hommes dans leurs espaces sont réduites au silence ou contraintes à l’autocensure, sous peine de manquer de perspectives sportives, de bourses d’études et de commanditaires. Nombre d’entre elles sont également taxées d’intolérance et suspendues de leur équipe sportive, ou font l’objet de mesures d’éloignement, d’expulsion, de diffamation et de procédures disciplinaires injustes. »

L’ONU rapporte que « plus de 600 athlètes féminines dans plus de 400 compétitions ont perdu plus de 890 médailles dans 29 sports différents », car ces médailles ont été remportées par des hommes biologiques.

« Les athlètes de sexe féminin sont également plus susceptibles de subir des blessures physiques graves lorsque les espaces sportifs réservés aux femmes sont ouverts aux hommes. Parmi les blessures signalées, citons : des dents cassées, des commotions cérébrales entraînant des troubles du système nerveux, des jambes cassées et des fractures du crâne ».

Pourquoi ? Car les hommes ont une force supérieure. « Lorsque les hommes et les femmes ont à peu près le même niveau de forme physique, l’intensité moyenne des coups des hommes a été mesurée comme étant de 162 % supérieure à celle des femmes ».

Le rapport aborde aussi l’aspect psychologique.

« Le fait de savoir qu’elles peuvent concourir contre des hommes qui participent à des épreuves de sport féminin, y compris des hommes s’identifiant comme des femmes ou des hommes présentant des différences de développement sexuel spécifiques des chromosomes XY, provoque chez les femmes une détresse psychologique extrême en raison de leur désavantage physique, de la perte de possibilités de compétition équitable et de perspectives éducatives et économiques, et de la violation de leur vie privée dans les vestiaires et d’autres lieux d’intimité ».

Et dans les cas où on n’est pas sûr du sexe de l’athlète ? L’ONU propose « un simple prélèvement à l’intérieur de la joue, méthode non invasive qui ne porte pas atteinte à la vie privée ou à la dignité des athlètes. »

L’ONU fait deux recommandations majeures.

« Faire en sorte que les catégories féminines dans le sport organisé soient exclusivement réservées aux personnes de sexe biologique féminin. »

Et « assurer la participation inclusive de toutes les personnes souhaitant pratiquer un sport, en créant des catégories ouvertes pour les personnes qui ne souhaitent pas concourir dans la catégorie de leur sexe biologique, ou faire de la catégorie “hommes” une catégorie ouverte ».

Une omertà ?

Je résume : On a identifié un problème (qui touche de front la violence contre les femmes) et on propose des solutions (respectueuses des droits des minorités).

Mais comment se fait-il que ce rapport, qui est une bombe, ait trouvé si peu d’écho dans les médias ?

Source : Journal de Québec

lundi 28 octobre 2024

Le Regroupement des Parents Vigilants (du Québec) sur le nouveau programme CCQ Culture Citoyenneté Québécoise

 
Débute à 16:40 min 


Plus de détails.

Le Prix Lionel-Groulx change de nom

Lionel Groulx

Le Prix Lionel Groulx, prestigieuse reconnaissance dans le domaine de l'Histoire, est rebaptisée Grand Prix de l’Institut d’histoire de l’Amérique française.

L’Institut d’histoire de l’Amérique française (IHAF) en a fait l’annonce vendredi, dans un communiqué de presse. Le prestigieux prix récompense annuellement le meilleur ouvrage portant sur un aspect de l’histoire de l’Amérique française.

Une majorité claire des membres de l’IHAF a donné son aval à cette décision lors d’une consultation menée à l’automne 2023.

« Les controverses entourant la figure de Groulx et son héritage ont agité régulièrement la communauté historienne et ses principales institutions », détaille l’IHAF dans une analyse rendue publique vendredi.

Le document fait état des diverses controverses entourant le personnage de Lionel-Groulx, auquel on a reproché notamment ses prétendu racisme, sexisme et antisémitisme. « Le choix du nom du prix et de son maintien témoigne d’une acceptation, tantôt explicite, tantôt tacite, de cet héritage par la communauté historienne », peut-on lire.

« Historien·nes contemporain·es » subventionné·es du Québec contre Lionel Groulx

En 2022 professeure au Département d’Histoire de l’Université de Montréal Catherine Larochelle (ci-contre) avait reçu le prix Lionel-Groulx de l’Institut d’Histoire de l’Amérique française pour son ouvrage L’École du racisme. Dans son discours d’acceptation, Larochelle explique que le livre « raconte comment la construction de l’identité des Canadiens français et des Canadiens anglais du Québec s’est faite à l’école à travers l’apprentissage d’une pensée raciste ». Rien de moins.

Elle ajoutant, sans sourciller, que le chanoine Lionel Groulx – un important historien, enseignant et militant nationaliste canadien-français décédé en 1967 – aurait, selon lui, largement contribué « à assurer la pérennité de cette pensée raciste ». Elle avait alors proposé de manière provocatrice que le nom du prix Lionel Groulx soit modifié.

Parmi les champs de recherche subventionnés par Ottawa de cette « historienne québécoise » : 
  • Décentrer le champ des études noires

  • Le colonialisme d'implantation au Québec : un impensé de la recherche universitaire?
  • Culture colonialiste euroquébécoise et missions catholiques dans l’Ouest canadien : la propagande missionnaire des Oblats de Marie Immaculée au Québec (1841-1890)

 

(Le regretté Frédéric Bastien est décédé l'année passée. Par « académique », il faut comprendre « universitaire », c'est un anglicisme dans ce sens, ces historiens ne faisant pas partie d'une académie).

Université de Montréal et son pavillon Lionel-Groulx

L’Université de Montréal a composé avec une remise en question similaire en juin 2020, quand six professeurs ont écrit à leur recteur, Daniel Jutras, pour exiger qu’on change le nom du pavillon Lionel-Groulx. Au terme de consultations, l’établissement a choisi de garder le nom du chanoine.

Lionel Groulx a largement contribué à la professionnalisation du travail des historiens francophones d’Amérique du Nord. C’est même lui qui a créé le département d’histoire de l’Université de Montréal ! Demander à ce que le pavillon baptisé en son honneur change de nom, c’est renier ce legs intellectuel considérable.

À la fois progressiste et réactionnaire, tantôt populiste, tantôt élitiste, Lionel Groulx faisait l’apologie d’Israël tout en appelant au boycottage des commerces juifs de la province.

La plupart des membres du comité ont cependant reconnu que Lionel Groulx n’était pas animé par une haine viscérale à l’égard des Juifs ou des Autochtones. « Ce n’était pas un acteur de premier plan dans la théorisation de ces idéologies-là, explique le recteur. C’était dans l’air ambiant et Groulx était un intellectuel de son époque. »

Le chanoine véhiculait des stéréotypes fort répandus au sein du clergé catholique et de la société canadienne-française de la première moitié du XXsiècle.

L'université de Montréal a cependant choisi d’afficher une œuvre d’art contemporain visant à contextualiser son héritage à côté du pavillon.

C’est ainsi qu’est née Parallaxe (ci-dessous), une installation contemporaine qui jouxte le pavillon Lionel-Groulx.

L’œuvre de Ludovic Boney, un sculpteur originaire de Lorette (Wendake), a remporté un concours d’art public lancé par l’Université de Montréal à l’hiver 2023.

« La parallaxe fait référence au changement de position de l’observateur, explique Daniel Jutras. Quand on se déplace autour de l’œuvre, la perspective se modifie. Il y a des angles sous lesquels l’œuvre ressemble à un mur infranchissable, d’autres où l’on voit des couleurs, d’autres où l’on ne voit que de l’acier. Ça représente toutes les perspectives qu’on peut avoir par rapport à l’œuvre de Lionel Groulx. » 

Texte (sexiste ?) de Lionel Groulx sur l'aïeule canadienne-française

 

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Universités — L’exclusion des hommes blancs d’appels de candidatures (en histoire) fait l’objet de plaintes 

« nos départements [dans les universités] francophones ne disposent d’aucun spécialiste de la guerre de la Conquête, des Rébellions de 1837 ou de l’histoire constitutionnelle du Québec » 

« La légende noire du clérico-natalisme »

 

dimanche 27 octobre 2024

« Nos étudiants ne savent plus écrire » : le cri d’alarme d’une professeur d’université

Son constat est sans appel : «C'est une catastrophe, nous allons droit dans le mur, les étudiants ne savent plus écrire.» Professeur de droit à l'université du Maine, Aude Denizot constate une chute dramatique et continue du niveau de langue, de l'école primaire à l'université.

Holocauste au Congo

Plus de 10 millions de morts, au moins 500 000 femmes violées, des enfants martyrisés et torturés, l’un des pires crimes contre l’humanité depuis 1945 se déroule en ce moment et depuis presque 30 ans en RD Congo.

Pourquoi une telle impunité et ce silence médiatique ?

Entre avril et juillet 1994, l’est du Congo-Zaïre est pris d’assaut par un afflux de réfugiés rwandais. Les dirigeants zaïrois et plusieurs organisations humanitaires internationales croient alors qu’il s’agit-là d’une conséquence directe du génocide rwandais.

La réalité est tout autre.

Le politologue Charles Onana démontre ici que l’on assiste déjà, sans le savoir, à l’exécution du plan d’invasion du Congo-Zaïre dans le but de prendre le contrôle total des énormes ressources minières de l’est du Congo-Zaïre en y exterminant le maximum de populations.

L’auteur s'appuie sur des archives de la Maison Blanche et sur les documents du Pentagone mais aussi sur plusieurs rapports de l’ONU et de l’Union Européenne.

Qui sont les auteurs de ces actes criminels et les bénéficiaires de ce pillage en bande organisée ?  Que fait la communauté internationale devant cette situation insoutenable qui dure maintenant depuis 28 ans ?

Ce livre brise enfin le mur du silence et apporte des preuves.

Charles ONANA est docteur en science politique. Spécialiste de l'Afrique des Grands Lacs et des conflits armés, il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence.

Le préfacier, Charles MILLON, était ministre de la Défense de Jacques Chirac entre 1995 et 1997.

Holocauste au Congo: 
L'Omerta de la communauté internationale
de Charles Onana,
préface de Charles Millon,
chez L'Artilleur,
à Paris,
le 12 avril 2023,
504 pages,
ISBN-13 : 978-2810011452

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samedi 26 octobre 2024

L'entrisme islamiste dans les écoles publiques détourné en remise en question des écoles privées catholiques au Québec

Texte de Mathieu Bock-Côté paru ce samedi dans le Journal de Québec. Entre crochets, les commentaires de ce carnet.

Le scandale de l’entrisme islamiste dans les écoles [PUBLIQUES] québécoises, inséparable de l’immigration massive, a été détourné en quelques jours par les gardiens de l’idéologie dominante.

Selon eux, il pose surtout la question du financement des écoles [semi-privées] religieuses, et apparemment, des écoles catholiques.

[Les écoles publiques primaires Bedford (Côte-des-Neiges), Saint-Pascal-Baylon (Côte-des-Neiges) et Bienville (Saint-Michel) ainsi que l’école publique secondaire La Voie (Côte-des-Neiges) font l’objet d’une enquête du Monopole de l’Éducation du Québec dans le cadre du scandale lié à l’entrisme islamiste. Selon le nouveau reportage du 98,5, qui était déjà à l’origine des révélations sur le climat toxique à l’école Bedford, des parents ont retiré leur fils de l’école publique Alphonse-Pesant (Saint-Léonard) en raison de ce qu’ils jugent comme étant de l’endoctrinement islamiste de la part de son enseignante de 6e année du primaire.

]

Quel retournement digne des plus grands acrobates ! On commence par lutter contre l’islamisme, et on finit par faire le procès d’un marqueur culturel inscrit profondément dans l’identité québécoise.

Écoles

C’est ce qui arrive quand on met toutes les religions dans le même sac, comme si elles étaient interchangeables, comme si chacune d’elle n’était qu’une manifestation d’une grande entité mystérieuse, « la religion », à bannir de nos vies.

Alors, rappelons-le : le catholicisme, au Québec, n’est pas une religion comme une autre. C’est une matrice culturelle.

Avec la Révolution tranquille, nous l’avons heureusement refoulé à l’arrière-plan de la vie collective, mais il n’a jamais été convenu que nous changerions cet arrière-plan pour un autre.

Notre calendrier, nos fêtes, nos paysages portent la marque du catholicisme. Croyants et incroyants l’ont en partage. C’est un héritage culturel.

Qui voudrait l’arracher voudrait arracher une part vitale de l’identité québécoise.

C’est, hélas, ce que souhaite la gauche multiculturaliste, qui a aussi souvent une franche aversion pour l’école privée, pourtant essentielle, surtout quand l’école publique se disloque.

Redisons-le simplement : l’école catholique ne pose aucun problème.

Convenons aussi que la question de la compatibilité de l’islam avec l’Occident se pose partout. Elle ne se pose pas à cause du racisme supposé de nos sociétés, mais simplement parce que deux civilisations cohabitent difficilement sur le même territoire sans qu’une ne prenne le dessus sur l’autre.

On stoppera d’abord l’islamisme à la frontière, en choisissant mieux notre immigration.

Et on le combattra chez nous, puisqu’il s’est implanté, en allant jusqu’au bout de la loi 21, plus nécessaire que jamais, pour contenir la poussée des communautarismes religieux conquérants.



[Le cas de l’école Sainte-Famille, visée par Pascal Bérubé du PQ

École privée catholique conservatrice Sainte-Famille à Lévis, école dans la ligne de Pascal Bérubé, député du Parti québécois

Dans son point de presse du 24 octobre 2024 :

« M. Bérubé : Une école de Lévis qui s’appelle Sainte-Famille, pour ne pas la nommer. Et j’aimerais beaucoup avoir le résultat de la vérification, parce que cette église-là, qui est catholique, de ce que j’ai entendu avec des experts depuis hier, ça va au-delà de tout ce que je pouvais imaginer.

Journaliste :… on coupe le financement à ces écoles-là…

M. Bérubé : En étapes. »

Il semble que M. Bérubé, fort investi dans sa lutte contre le catholicisme conservateur, veuille aller plus loin que la fin du financement des écoles privées, puisque l’école Sainte-Famille ne reçoit aucun financement du Trésor public québécois… Il s’agit donc plutôt de vouloir la fermer.

L’élu péquiste de l’Est de la province se base notamment sur les recherches de Martin Geoffroy, fondateur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux et la radicalisation (CEFIR) dont la thèse de doctorat avait porté sur l’intégrisme catholique au Québec. Ce qui expliquerait peut-être ce tropisme progressiste désuet contre les catholiques traditionalistes (somme tout très marginaux) et la discrétion envers les islamistes (en nette progression) ?

Lorsque Martin Geoffroy a étudié le cas de l’établissement de Lévis, il a remarqué « qu’on ne suit peu ou pas le cursus scolaire québécois, on prône des valeurs catholiques intégristes ». C’est-à-dire ? Pas assez LGBTQ2SAI+ ? Selon lui, cette école, comme les autres du même genre, ne devrait pas détenir de brevet d’enseignement.

Notons au passage que M. Bérubé prétend que l’école de Lévis est dirigée par une « congrégation religieuse excommuniée par l’Église catholique ». La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) n’est pas actuellement en état d’excommunication, mais elle n’est pas en pleine communion avec l’Église catholique non plus en raison de désaccords concernant les enseignements du Concile Vatican II.]

vendredi 25 octobre 2024

18 % des étudiants français au Québec y étudient en anglais à un prix défiant toute concurrence


Il y a environ 3000 Français, soit 18 % du contingent, qui étudient en anglais à McGill, à Concordia ou à Bishop’s au même tarif que les Québécois.

Les étudiants français paient aujourd’hui moins cher que les Canadiens venus des autres provinces, y compris ceux qui étudient dans des universités anglophones.

Les tarifs préférentiels ont été reconduits pour les étudiants universitaires en avril dernier. Les Français continuent de payer environ 9000 $ par année au premier cycle universitaire, contre un minimum de 20 000 $ pour les étudiants d’autres nationalités, et les mêmes droits de scolarité que les Québécois à la maîtrise et au doctorat. 

[Marché de dupes ?]

La mesure est bien sûr réciproque, mais le Québec reçoit 10 fois plus de Français qu’il n’envoie de Québécois là-bas.

Il y avait en effet plus de 20 000 étudiants français inscrits cet automne dans les établissements d’enseignement supérieur ici, et 2200 « étudiants canadiens », nous a indiqué le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ne différenciant pas ceux qui sont québécois.

Source : Le Devoir

 

Retombées de la dérive islamiste à l'école publique Bedford — Le gouvernement continuera à financer la cinquantaine d’établissements semi-privés

Le gouvernement caquiste entend continuer à financer la cinquantaine d’établissements semi-privés très majoritairement chrétiens et juifs qui reçoivent chaque année environ 160 millions $ de l’État. La CAQ a d’ailleurs battu, jeudi à l’Assemblée nationale, une motion du Parti Québécois qui réclamait entre autres la fin de leur financement partiel par l’État, dans la foulée des dérives islamistes à l’école PUBLIQUE Bedford.

Le Premier ministre n’a rien contre les écoles privées catholiques créées jadis « par des membres du clergé ». « Selon nous, il n’y en a pas de problème avec ces écoles-là ! », a-t-il tonné.

François Legault accuse les partis d’opposition de vouloir ainsi couper les vivres à des établissements comme les collèges Brébeuf ou Notre-Dame à Montréal, ou les collèges Jésus-Marie ou François-de-Laval à Québec. Il estime cependant que le régime pédagogique doit être respecté.

« Les écoles privées religieuses sont financées à 60 % par le gouvernement, ça veut dire que le 40 % qui vient du privé, on le perdrait demain matin, donc il n’y en aurait pas d’économies ! », a insisté le Premier ministre.


Combien y a-t-il d’écoles religieuses ?

Le ministère de l’Éducation n’en a aucune idée, car les établissements ne sont pas classés selon leur statut confessionnel.

Il y a plus de 10 ans, un comité ministériel recensait 138 écoles religieuses (catholique, grecque orthodoxe, arménienne apostolique, évangélique, juive, musulmane, etc.). Il y a deux ans, une revue de Radio-Canada en dénombrait une cinquantaine : v
ingt-sept d’entre elles sont catholiques, 14 juives, quatre musulmanes, deux protestantes évangéliques, deux arméniennes et une grecque orthodoxe.

Dans ces écoles, la religion est enseignée au même titre que le programme d’enseignement officiel du Québec. La loi québécoise 21 sur la laïcité de l’État, qui interdit aux personnes en position d’autorité — y compris les enseignants — de porter des symboles religieux tels qu’un crucifix ou un hijab sur leur lieu de travail, ne s’applique pas à ces écoles.

Si certaines de ces écoles — comme le Collège Brébeuf à Montréal, fondé par l’ordre religieux des Jésuites — ont décidé de devenir laïques au fil des ans, d’autres, comme la Loyola High School à Montréal, ne l’ont pas fait et ont défendu leur droit d’offrir des cours religieux devant les tribunaux et ont obtenu gain de cause.

Il est faux de dire que ces écoles sont privées dans les faits le Monopole de l’Éducation du Québec y impose un grand nombre de contraintes : en commençant par un programme éducatif strict et parfois même une pédagogie (voir la victoire de Loyola en justice contre la « neutralité » que devait exercer l’école en parlant de la religion ou de morale).

Front laïciste commun de l’opposition

Péquistes, libéraux et solidaires font désormais front commun pour définancer les écoles confessionnelles au nom de la laïcité des établissements scolaires. C’est un changement de cap et une toute nouvelle position pour le Parti libéral du Québec, poussé dans cette direction par la députée Marwah Rizqy (d’origine marocaine).

On est en 2024… (et ?)

« Le PLQ a 157 ans et a toujours été un parti de son temps. Et on considère qu’on est rendus là en 2024 », a soutenu le chef intérimaire Marc Tanguay. Il reconnaît néanmoins que cette nouvelle position a engendré des discussions au sein du caucus.

Les partis d’opposition accusent François Legault de créer la confusion en faisant référence à des écoles comme le Collège Brébeuf, qui sont laïques depuis bon nombre d’années déjà.

Brandissant le rapport de la Commission consultative de l’enseignement [dit] privé, Gabriel Nadeau-Dubois a soutenu que le fameux cours Culture et citoyenneté québécoise (CCQ), si cher au gouvernement de la CAQ et qui a remplacé le cours d’Éthique et culture religieuse (ECR), n’était pas donné dans certaines de ces écoles, comme à l’école secondaire catholique Loyola. Cet établissement s’est rendu jusqu’en Cour suprême pour être exempté de l’obligation d’offrir le cours d’ECR. Ce programme est pourtant critiqué dans sa composante sexualité en dehors des cercles religieux…  Voir Critique de la définition du sexe dans un manuel approuvé par le ministère de l'Éducation du Québec

En début d’année, Québec a renouvelé le permis de l’école juive Belz d’Outremont, même si elle n’applique pas entièrement le programme éducatif québécois. L’établissement a donc encore droit à ses subventions publiques.

Le ministre responsable du Monopole de l’Éducation, Bernard Drainville, a promis de « vérifier » si toutes les écoles du Québec respectaient le régime pédagogique, comme elles se doivent de le faire. « Nous allons faire des vérifications pour s’assurer qu’ils enseignent [sic, recte : donnent] le cours CCQ et s’ils ne l’enseignent pas, ils devront l’enseigner », a-t-il ajouté.

Citations :

« Tant qu’on continue à subventionner les écoles privées religieuses, la déconfessionnalisation de l’école québécoise est inachevée. Le ministre de l’Éducation, qui a écrit la loi n° 118 il y a 25 ans, est ici avec nous aujourd’hui. Il est maintenant Premier ministre du Québec » — Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. Doit-on comprendre qu’elles seront privées de subventions parce que tradition religieuse, mais que les écoles « athées » dites privées pourraient avoir des subventions ?

« Dans un Québec qui a fait beaucoup de débats sur la laïcité, qui a adopté une loi sur la laïcité, maintenant ça prend des gestes de cohérence pour compléter » —Le député péquiste Pascal Bérubé

« Toutes les écoles du Québec, qu’elles soient publiques, privées subventionnées ou privées non subventionnées, doivent enseigner le contenu du régime pédagogique et ça inclut le cours de Culture et citoyenneté québécoise » —Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. Pourquoi ? Pourquoi pas un programme libéralement équivalent (ou meilleur) selon le choix des parents ?

Voir aussi
 
 
 
La HSLDA fait appel dans un dossier portant sur la notion de programme équivalent [Nouvel épisode dans la série, appareil éducatif du Québec juge et partie] 

La croissance de l'emploi dans les administrations publiques a dépassé celle du secteur privé au Québec et au Canada de 2019 à 2023

Au Québec et dans 7 des 9 provinces du RdC (Reste du Canada), le taux de croissance des emplois gouvernementaux a été plus élevé que celui du secteur privé, révèle une nouvelle étude publiée aujourd'hui par l'Institut Fraser, un groupe de réflexion indépendant et non partisan sur les politiques publiques canadiennes.


« La création nette d'emplois au Canada ces dernières années est due de manière disproportionnée à la croissance de l'emploi dans le secteur public plutôt que dans le secteur privé et, en 2019, la part de l'emploi public dans l'emploi total au pays est à son plus haut niveau depuis le milieu des années 1990 », a déclaré Ben Eisen, chercheur principal à l'Institut Fraser et coauteur de Economic Recovery in Canada before and after COVID : Job Growth in the Government and Private Sectors (La reprise économique au Canada avant et après le COVID : croissance de l'emploi dans le secteur public et le secteur privé).

L'étude révèle qu'historiquement, aucune autre période récente de récession et de reprise au Canada n'a été aussi dominée par la croissance de l'emploi dans le secteur public par rapport à la croissance de l'emploi dans le secteur privé.

Au cours des périodes de récession et de reprise liées à la récession COVID-19 (2019-2023), l'emploi dans le secteur public à travers le pays, y compris au niveau fédéral, provincial et municipal, a augmenté de 13,0 %, contre seulement 3,6 % dans le secteur privé (y compris le travail indépendant).

Dans toutes les provinces canadiennes, à l'exception de l'Alberta et de la Nouvelle-Écosse, l'emploi dans le secteur public a progressé à un rythme plus élevé que dans le secteur privé. En Colombie-Britannique, la croissance de l'emploi dans le secteur privé (y compris le travail indépendant) n'a augmenté que de 0,5 % au cours de la période, contre 22 % dans le secteur public.

Au Québec, l'emploi dans le secteur public a crû de 10,8% de 2019 à 2023 alors que, dans le secteur privé, cette croissance n'a été que de 4,7% avec une chute de 10,5 % parmi les gens établis à leur compte.

En Ontario, le secteur public a connu une croissance trois fois supérieure à celle du secteur privé, avec respectivement 14,6 % et 4,8 %.

L'étude compare également la récession et la reprise actuelles au Canada à celles des États-Unis, où le secteur privé a généré une grande majorité de tous les nouveaux emplois au cours des dernières années. Au Canada, le secteur public est responsable de 46,7 % de la croissance totale de l'emploi entre 2019 et 203, contre 16,1 % aux États-Unis.

« Ces dernières années, le Canada a connu un taux de croissance de l'emploi beaucoup plus élevé dans le secteur public que dans le secteur privé, ce qui est une tendance préoccupante étant donné que la croissance de l'emploi et la création de richesses dans le secteur privé sont nécessaires pour financer les activités des gouvernements », a déclaré M. Eisen.

Voir aussi
 
 
 
 

jeudi 24 octobre 2024

Plus de 3 millions de résidents dits non permanents au Canada (dont 588 263 au Québec) [m à j]

La hausse débridée de la population dite non permanente au Canada sous Trudeau est ahurissante. Elle laisse baba Elon Musk (canadien par sa mère née à Regina) :


Billet du 19 octobre

Évolution du nombre de résidents dits non permanents au Canada (fin 2021 à fin 2024)

Indicateurs clés

Estimation du nombre total de résidents non-permanents

(Estimations démographiques trimestrielles, octobre 2024)
3 002 090

Pourcentage d'immigrants

(Recensement de la population de 2021)
23,0 %

Nombre total d'immigrants

(Recensement de la population de 2021)

8 361 505

Nombre d'immigrants récents (2016 à 2021)

(Recensement de la population de 2021)
1 328 240

Pourcentage de personnes de deuxième génération

(Recensement de la population de 2021)
17,6 %

Quand les entreprises américaines déboulonnent leurs politiques diversitaires

Polarisation idéologique croissante, impératifs économiques à respecter… Après avoir voulu surfer sur la vague inclusive de 2020, de plus en plus de grandes entreprises américaines reviennent sur leurs engagements. La diversité, l’équité et l’inclusion sont-elles devenues des vertus trop lourdes pour les affaires ?

C’était il y a trente-quatre ans, en Caroline du Nord. Harvey Gantt perd une élection sénatoriale face à Jesse Helms. Pendant cette campagne, au terme de laquelle il aurait pu devenir le premier sénateur afro-américain de l’État, l’ancien maire de Charlotte avait contacté l’icône américaine la plus populaire du moment, le basketteur Michael Jordan, pour obtenir un soutien public. Jordan, qui avait déjà contribué financièrement à la campagne de Gantt, refuse. L’égérie de la ligne de chaussures de sport Air Jordan, sa poule aux œufs d’or lancée cinq ans auparavant avec Nike, se justifie par une plaisanterie : « Les Républicains achètent aussi des baskets. » Dans l’excellent documentaire The Last Dance, sorti en 2020, Jordan assumait encore : « Je peux envoyer de l’argent, et je l’ai fait. Mais je ne parle pas de quelqu’un que je ne connais pas. » Le mélange de commerce et de politique est une alchimie complexe, surtout aux États-Unis.

Preuve, trois décennies plus tard, avec un changement de cap radical effectué par certains grands noms de l’industrie américaine. Fin août dernier, Brown-Forman annonçait l’abandon de ses politiques internes dites DEI — diversité, équité et inclusion. Dans une lettre à ses employés, l’entreprise américaine, propriétaire du whisky Jack Daniel’s, a annoncé revenir sur ses engagements pris au lendemain des manifestations Black Lives Matter de 2020. Jusque dans son rapport annuel de 2023, flanqué du slogan « Plus audacieux, toujours mieux, tous ensemble », le géant des spiritueux se targuait d’avoir atteint ses ambitions dans ce domaine avec « 43 % de femmes occupant des postes de direction à l’échelle mondiale », « 20 % de personnes de couleur à tous les niveaux de l’organisation » et « une représentation de 3 % pour les employés s’identifiant LGBTQ + ». Se félicitant, sur ce dernier point, d’être en avance sur leur ambition de 6 % d’ici à 2030. Ambition caduque, donc.

L’amorce de la Cour suprême

Venant de la marque la plus emblématique de l’un des États les plus conservateurs des États-Unis, le Tennessee, la décision n’a rien d’étonnant. Mais elle s’inscrit dans un mouvement beaucoup plus large. Tout commence, comme souvent dans ce pays, avec une décision de la Cour suprême — la dernière institution qui résiste, mieux que les autres, à la confiance du peuple. En juin 2023, la plus haute juridiction américaine décide d’invalider les programmes de discrimination positive mis en place dans les universités et les collèges du pays. [Voir États-Unis : la Cour suprême met fin à la discrimination ethnique dans les universités] Les plaignants estimaient que lesdits programmes, en souhaitant donner plus de chances à certaines « races », créaient de facto une discrimination vis-à-vis des étudiants asiatiques, qui pouvaient se voir refuser une admission dans une prestigieuse université face à quelqu’un ayant de moins bons résultats, mais étant d’une couleur de peau plus discriminée qu’eux. La décision, votée à 6 contre 3 notamment grâce aux juges conservateurs installés par Donald Trump, a créé un sillage sur lequel beaucoup ont souhaité glisser. En décembre 2023, le turbulent et loquace Elon Musk publie un gazouillis sur X : « Les DEI doivent DIE », comprendre « doivent mourir ». Le but était d’en finir avec les discriminations, pas d’en installer de nouvelles. Dont acte. Début 2024, le président de la Society for Human Resource Management, la plus grande organisation de ressources humaines aux États-Unis, déclarait que les politiques DEI au sein des entreprises allaient subir « des attaques massives ». Il avait vu juste. Des entreprises comme Ford, Harley-Davidson ou Toyota ont annoncé des changements dans le même ton que celle de Brown-Forman. Toutes ces décisions n’ont pas la même ampleur ni les mêmes motivations. Dans le cas du constructeur japonais, un mémo a été envoyé aux employés américains indiquant que le groupe mettait fin à sa participation aux classements externes qui évaluent les entreprises en fonction de leurs politiques d’inclusion. Ainsi, Toyota souhaite « restreindre ses activités dans les secteurs communautaires pour se concentrer sur des programmes dédiés à l’enseignement des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques et sur la formation de sa main-d’œuvre. »


Ces actions n’ont pas forcément une couleur politique. « Si on est un peu honnête, ces politiques de DEI ont été un moyen de créer une énorme quantité de ce qu’on appelle des “boulots à la con”. C’est-à-dire des gens qui sont payés à ne rien faire », indique, sous couvert d’anonymat, un consultant dans un grand cabinet de conseil en ressources humaines. Le monde de la tech, peu suspect d’être un terreau du conservatisme, corrobore cette analyse. Microsoft a supprimé deux postes de son département DEI, suggérant, pour faire taire les critiques, que les positions étaient redondantes avec d’autres. Google, qui avait, en 2020, annoncé s’engager à améliorer la représentation des groupes sous-représentés de 30 % d’ici à 2025, a rebroussé chemin, à en croire des sites recensant les offres d’emploi proposées par le géant du web. Là encore, l’explication peut être conjoncturelle : pris de court par l’explosion de la demande sur l’intelligence artificielle après la révélation de ChatGPT, beaucoup d’acteurs de la tech ont coupé dans le gras de moult départements pour pouvoir pivoter et réinvestir dans ce domaine jugé plus porteur.

Une levée de boucliers

Là où le bât blesse, c’est que ces programmes auréolés de bonnes intentions ne produisent pas forcément les effets escomptés. « Votre entreprise deviendra moins diversifiée si vous obligez les managers à suivre des formations sur la diversité, si vous essayez de réglementer leurs décisions lors des embauches et des promotions, et si vous mettez en place un système pénalisant, le cas échéant », estimaient, dès 2016, deux chercheurs de Harvard et de l’université de Tel-Aviv dans un article publié par la Harvard Business Review.

Dans des structures guidées par des impératifs financiers, il est difficile de conjuguer certains engagements progressistes jusqu’au-boutistes avec des obligations de résultat. Mais au-delà de la dimension économique, le retour de bâton est aussi idéologique. Après la décision de la Cour suprême sur les politiques d’admission, six États (Utah, Dakota du Nord, Tennessee, Caroline du Nord, Texas et Floride) ont voté des lois interdisant aux universités sur leur territoire d’utiliser de l’argent public pour subventionner d’autres programmes DEI. Vingt-cinq autres États ont déposé des propositions de loi allant dans ce sens. Même chose au plus haut niveau de l’État : en lançant sa campagne après l’abandon de Joe Biden, Kamala Harris [parmi de nombreux revirements très récents surprenants] a instantanément pris ses distances avec les positions les plus woke de son parti… allant jusqu’à déclarer lors d’une interview : « Si vous entrez par effraction chez moi, la nuit, je vous tire dessus. »



Kamala Harris en 2017. « Nous devons être woke. Nous devons tous rester woke. Et vous pouvez parler d'être plus woke ou le plus woke, mais restez plus woke que moins woke. »

Source : Le Figaro Magazine

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Trois ans plus tard, les allégations de « fosses communes » au Canada restent sans fondement

Trois ans plus tard, les allégations de « fosses communes » au Canada restent sans fondement

Malgré le manque de preuves à l’appui, un projet de loi a été présenté au Parlement fédéral du Canada le mois dernier qui criminaliserait les déclarations qui s’écartent du discours dominant sur les pensionnats.

Ancien internat de Kamloops en Colombie-Britannique

Trois ans après l’éclatement d’une controverse au Canada et à l’étranger au sujet des « fosses communes » qui seraient situées à proximité des pensionnats pour enfants autochtones qui étaient autrefois en activité au Canada, les preuves continuent de s’accumuler pour montrer que ces allégations manquent de tout fondement factuel.

Cette absence totale de preuves a été soulignée dans un article du 14 octobre de la chroniqueuse du Wall Street Journal Mary Anastasia O’Grady, intitulé « Le scandale non prouvé des fosses communes au Canada ». L’article faisait référence à un projet de loi présenté le mois dernier à la Chambre des communes du Canada qui criminaliserait « le fait de tolérer, de nier, de minimiser ou de justifier le système des pensionnats indiens au Canada par des déclarations communiquées autrement que dans le cadre d’une conversation privée ».

La première allégation concernant la découverte de tombes anonymes a été formulée en mai 2021 à Kamloops, en Colombie-Britannique. Sur la base des résultats d’un relevé géoradar d’un verger situé à côté de l’ancien pensionnat indien de Kamloops, Rosanne Casimir, chef de la Première Nation Tk’emlúps te Secwépemc, a publié un communiqué de presse indiquant que le levé avait fourni « la confirmation des restes de 215 enfants » qui avaient été élèves à l’école et dont le décès n’avait pas été documenté.

Mais fin mai de cette année, le journaliste canadien Terry Glavin a rapporté dans le National Post que Casimir avait désormais abandonné l’élément central de sa déclaration concernant les résultats de l’enquête par radar à pénétration de sol. Dans un communiqué de presse commémorant le troisième anniversaire de sa déclaration de 2021, Casimir a omis sa précédente référence aux enfants morts, déclarant seulement qu’il y avait eu « confirmation de 215 anomalies ».

Bien que Casimir n’ait pas utilisé l’expression « fosses communes » dans son communiqué de presse initial, de nombreux médias canadiens et internationaux ont immédiatement utilisé cette formulation dans des reportages sensationnalistes sur son annonce, y compris un article publié le lendemain par le New York Times intitulé « “Horrible History” : Mass Grave of Indigenous Children Reported in Canada ».

En fait, le géoradar n’avait identifié que des « anomalies » sous la surface du site de Kamloops. De telles anomalies indiquent seulement qu’une certaine perturbation du sol s’est produite, et non la présence certaine de corps humains. Malgré cette incertitude, jusqu’à cette année, la Première Nation Tk'emlúps te Secwépemc refusait de reconnaître que l’existence de tombes d’enfants n’était pas prouvée.

L’article de Glavin dans le National Post a noté que les dirigeants de la Première Nation étaient au courant des failles associées à son relevé au radar terrestre depuis au moins 2022, lorsqu’ils ont reçu une analyse indépendante du site sur l’activité historique qui s’est déroulée sur le site depuis la fondation du pensionnat en 1890. Et selon un article de juin 2023 dans The Dorchester Review, une revue canadienne qui a publié un certain nombre d’articles remettant en question le récit dominant concernant les pensionnats financés par le gouvernement et gérés par l’Église catholique et d’autres confessions chrétiennes, il aurait dû être évident avant même qu’ils ne soient publiés que les conclusions de Kamloops étaient hautement discutables. En effet, des documents d’archives facilement accessibles documentaient que des tranchées, bordées de tuiles d’argile, avaient été creusées sur le site comme champ d’épuration en 1924, et l'on sait que de telles tranchées ne peuvent pas être distinguées des tombes par un radar à pénétration de sol.

Aucune preuve ailleurs

Dans les semaines qui ont suivi la déclaration de mai 2021 concernant les tombes du pensionnat de Kamloops, des affirmations similaires ont été formulées à propos d’autres anciens pensionnats en Colombie-Britannique et dans d’autres provinces canadiennes. En juillet de la même année, on prétendait qu’un total de plus de 1 300 tombes anonymes avaient été découvertes grâce à des levés au radar à pénétration de sol.

Comme l’Église catholique supervisait la majorité des pensionnats financés par le gouvernement canadien, qui ont fonctionné de la fin des années 1800 jusqu’à la fermeture du dernier en 1996, ces allégations ont déclenché une vague de violence anticatholique. Au cours de l’été 2021, plus de 60 églises, la plupart catholiques, ont été incendiées ou vandalisées, et le Premier ministre canadien Justin Trudeau a demandé au pape François de s’excuser personnellement. La controverse a poussé le pape à effectuer un « pèlerinage de réconciliation » au Canada l’année suivante, au cours duquel il s’est excusé, sans faire spécifiquement référence aux allégations de fosses communes, pour tout préjudice que ces pensionnats avaient causé aux peuples autochtones du pays.

« Une partie importante de ce processus consistera à mener une enquête sérieuse sur les faits survenus dans le passé et à aider les survivants des pensionnats à guérir des traumatismes qu’ils ont subis », a déclaré Francis à l’époque.

Pourtant, comme dans le cas du pensionnat indien de Kamloops, il n’a jamais été confirmé que les autres anomalies radar au sol à proximité d’autres anciens pensionnats étaient liées aux tombes anonymes d’élèves « disparus » dont le décès n’avait pas été enregistré. En Colombie-Britannique, où de nombreuses allégations ont été formulées, la Société Radio-Canada, propriété du gouvernement, a rapporté en avril qu’« aucune Première Nation de la Colombie-Britannique n’a encore pris la décision de procéder à des fouilles sur ces sites, et la décision de le faire est difficile et nécessite une planification et une consultation avec les communautés et les familles ».

La seule fouille achevée à ce jour a été réalisée en 2023 à Pine Creek, au Manitoba, où un levé radar au sol a permis d’identifier des anomalies dans le sous-sol de l’église catholique Our Lady of Seven Sorrows, située à proximité de l’ancien pensionnat de Pine Creek. Aucun reste humain n’a été retrouvé lors de cette fouille.

Le Catholic Register, le journal de l’archidiocèse de Toronto, a rapporté que cette absence persistante de confirmation avait provoqué une réponse pointue de l’évêque émérite de Calgary, Fred Henry. « Pourquoi l’Église catholique ne demande-t-elle pas au gouvernement fédéral la preuve qu’un seul enfant en résidence est effectivement porté disparu, dans le sens où ses parents ne savaient pas ce qui était arrivé à leur enfant au moment de son décès ? », a demandé l’évêque Henry dans un courriel qu’il a envoyé au journal.

Criminaliser le « négationnisme » ?

Malgré l’absence de corroboration, ni le gouvernement fédéral canadien ni les médias canadiens ne semblent enclins à revoir leur point de vue sur la controverse des « fosses communes ».

Une critique exhaustive des fondements des allégations concernant les prétendues fosses communes, ainsi que d’autres critiques formulées à l’encontre des anciens pensionnats du Canada, a été formulée dans le livre Grave Error: How the Media Misled Us (and the Truth About Residential Schools). Coécrit par CP Champion, rédacteur en chef de The Dorchester Review, et Tom Flanagan, politologue retraité de l’Université de Calgary, le livre est un recueil de chapitres abondamment annotés, rédigés principalement par des universitaires et des avocats. Il fait notamment valoir qu’aucune fosse commune ou anonyme d’enfants disparus n’a été trouvée à ce jour dans les pensionnats ; que c’est une fiction que des enfants autochtones aient jamais « disparu » dans ces institutions ; que la plupart des élèves qui fréquentaient ces écoles l’ont fait volontairement avec la permission de leurs parents ; et que les conditions de vie des élèves dans ces écoles étaient généralement meilleures que celles qu’ils connaissaient dans leurs communautés d’origine pendant la période où les écoles étaient en activité.

Bien que le livre soit devenu un succès de vente au Canada depuis sa publication en décembre, ses arguments n’ont pratiquement pas été couverts par les médias canadiens jusqu’à ce qu’une controverse éclate après que l’épouse du maire de la communauté de Quesnel, en Colombie-Britannique, en ait distribué quelques exemplaires. Soulignant la condamnation du livre par les représentants locaux des Premières Nations comme étant « une pure forme de bigoterie et de haine », un reportage de la CBC sur la controverse a suggéré que Grave Error était un exemple clair de « négationnisme » des pensionnats indiens.

L’article de la CBC souligne que toute remise en question des allégations formulées contre les pensionnats indiens a été publiquement condamnée comme du « négationnisme » par Kimberly Murray, qui a été nommée « interlocutrice spéciale » du gouvernement fédéral à la suite des allégations de 2021 concernant les tombes.

Dans le rapport intermédiaire qu’elle a soumis au gouvernement en juin 2023, Murray a qualifié le « négationnisme » de « dernière étape du génocide » et a recommandé au gouvernement fédéral d’en faire une infraction pénale. David Lametti, qui était alors ministre de la Justice du Canada, a répondu à la recommandation de Murray en affirmant qu’il était ouvert à l’application des mêmes mesures pénales et civiles que celles qui sont actuellement en vigueur au Canada contre ceux qui nient, minimisent ou cautionnent l’Holocauste, a rapporté la CBC.

Alors que le rapport final de Murray est toujours en attente, le gouvernement libéral de Trudeau n’a pas encore pris de mesures concernant sa recommandation de criminaliser le « négationnisme » ; le projet de loi auquel le commentaire du Wall Street Journal faisait référence a été présenté au Parlement en septembre par un membre d’un autre parti. Mais Murray a réitéré ses affirmations dans un autre rapport intermédiaire, intitulé « Sites de vérité, sites de conscience », qu’elle a publié en juillet 2024 « comme antidote au négationnisme ».

« L’histoire des cimetières situés sur les sites d’anciens pensionnats indiens témoigne d’un génocide et de violations massives des droits de l’homme », indique le rapport.

Les attaques contre les églises continuent

Parallèlement à la rhétorique incessante affirmant que les allégations infondées sur les fosses communes ne devraient pas être contestées, les incendies criminels et autres actes de violence contre les églises chrétiennes se sont poursuivis. Selon un rapport, le nombre d’églises incendiées ou vandalisées s’élevait à 112 à la fin du mois de septembre.

De son côté, le New York Times, dont l’article incendiaire de mai 2021 a probablement été le principal déclencheur de la frénésie médiatique mondiale concernant les allégations de « fosses communes », a récemment réexaminé la question. Cette fois-ci, même si le Times a rapporté que trois ans plus tard « aucun reste n’a été exhumé et identifié », il n’a présenté aucune excuse pour son reportage initial et a laissé entendre que les inquiétudes au Canada concernant la légitimité des allégations se limitent à « un petit univers de catholiques conservateurs et d’activistes de droite ».

Le Times a également cité l’ancien ministre canadien de la Justice Lametti, qui a quitté la politique plus tôt cette année. « Est-ce que chacune de ces anomalies se révélera être une tombe anonyme ? Évidemment pas », a-t-il déclaré. « Mais il existe déjà suffisamment de preuves prépondérantes qui sont convaincantes. » Cependant, l’article n’a pas reconnu que même si Lametti avait raison et que certaines anomalies se révélaient être des tombes individuelles, ces conclusions ne valideraient pas le rapport initial du New York Times sur une « fosse commune » sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops.

En conclusion de son commentaire pour le Wall Street Journal, O’Grady a critiqué le récit unilatéral dominant sur les « fosses communes » et les efforts visant à criminaliser les opinions qui remettent en cause ce récit.

« Il faut un débat ouvert et honnête pour distinguer les faits de la fiction sur cette question », a commenté O’Grady. « Les tentatives législatives visant à restreindre la liberté d’expression en qualifiant les points de vue contraires de “négationnistes” ne mèneront pas à la réconciliation et ne rétabliront pas le bien-être des communautés autochtones du Canada. »

Efforts de réconciliation de l’Église

Les évêques du Canada ont pour la plupart refusé de s’engager dans le débat sur la validité des allégations concernant les fosses communes dans les pensionnats, se concentrant plutôt sur les efforts visant à favoriser la réconciliation avec les peuples autochtones dans le contexte des préjudices résultant du fonctionnement de ces écoles, notamment des abus sexuels et physiques généralisés, et d’autres politiques qui n’ont pas pleinement respecté leur dignité et leurs droits individuels et collectifs.

En 2021, la Conférence des évêques catholiques du Canada a créé un Fonds de réconciliation autochtone doté de 30 millions de dollars canadiens. Il soutient les initiatives de guérison et de réconciliation pour les familles et les communautés et les efforts visant à revitaliser les langues et les cultures autochtones, ainsi que les initiatives éducatives et les dialogues qui favorisent la spiritualité autochtone.

La CECC a publié une déclaration le 30 septembre, qui a été désignée en 2021 comme la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation au Canada.

« Dans une prière et une réflexion solennelles, le Comité exécutif de la Conférence des évêques catholiques du Canada pleure l’héritage douloureux des anciens pensionnats indiens et réaffirme son engagement à accompagner les peuples autochtones dans leur cheminement vers la guérison et la réconciliation », a-t-il déclaré. « À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation de 2024, nous nous souvenons du profond espoir du Saint-Père “que les chrétiens et la société civile de ce pays puissent grandir dans leur capacité d’accepter et de respecter l’identité et l’expérience des peuples autochtones”. »

source : NRC (via Belgicatho)

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