vendredi 24 avril 2020

L'Association des pédiatres du Québec pour le retour à l'école

Dans un communiqué paru jeudi, l’Association des pédiatres du Québec a fait le bilan des dernières semaines et surtout de l’impact des mesures mises en place sur le développement des enfants.

L’association déplore notamment que des enfants plus vulnérables aient été abandonnés. « De nombreuses familles dont la situation financière déjà précaire a été fragilisée par la crise actuelle peinent à nourrir convenablement leurs enfants », explique-t-on. 

Les pédiatres rappellent aussi la baisse des signalements à la DPJ alors que le risque de violence domestique risque d’augmenter. « Privés de contacts avec l’extérieur, bon nombre d’enfants vivent sur une bombe à retardement », peut-on lire.

« Le recours aux écrans plusieurs heures par jour est une solution de survie dans plusieurs foyers, et prive les enfants de la stimulation cognitive et sociale dont ils ont absolument besoin, et à laquelle ils ont droit », insiste-t-on.

L’association soulève également l’enjeu du suivi médical, notamment les retards sur le calendrier de vaccination, mais aussi le dépistage de retards de développements.

« L’intervention précoce par les différents professionnels auprès de ces enfants est primordiale. Or, pour plusieurs, le temps qui passe limite les occasions d’intervenir, et la fenêtre se referme. Les conséquences seront souvent irréversibles et à long terme », affirme-t-on.

Au terme de cette analyse, l’Association des pédiatres du Québec se dit en faveur d’un retour rapide sur les bancs d’école pour les enfants québécois.

« Les enfants ne doivent surtout pas devenir les principales victimes de cette pandémie ! Ainsi, laissons-les retrouver leur vie », conclut le communiqué.

Si le confinement perdure, attention aux éclosions de rougeole

Si le confinement se poursuit, les dommages sur les enfants risquent d’être plus importants que leur exposition à la COVID-19 et il pourrait y avoir recrudescence d’autres maladies.

C’est ce qu’avance la pédiatre Marie-Claude Roy, qui à l’image de son association professionnelle, est en faveur d’un déconfinement et d’un retour à l’école dans les prochaines semaines pour les petits Québécois.

« Le confinement était nécessaire, mais, en ce moment, on s’inquiète pour les enfants plus vulnérables qui sont à domicile privés de tous leurs filets sociaux et de sécurité : de la malnutrition, car ils n’ont pas de petits déjeuners à l’école ou à la garderie, il y a moins de signalements à la DPJ, de la violence dans certains milieux, etc. Après six semaines de confinement, c’est beaucoup plus dommageable pour les enfants que la protection que ça pourrait leur apporter [contre la COVID] », fait valoir la Dre Roy.

La pédiatre met aussi en lumière que d’autres maladies que le coronavirus pourraient s’attaquer aux enfants privés de leur vaccination, si le confinement perdure, et générer des foyers d’infection.

« Beaucoup d’enfants n’ont pas actuellement de suivi périodique de leurs vaccins. Ils manquent une dose, parfois deux en raison du confinement. À moyen terme, ce sont des éclosions de rougeole et de varicelle et toutes leurs complications qui seront probablement beaucoup plus dommageables que la COVID pour certains », soutient Marie-Claude Roy.

Risqué pour les enfants ? 

Mais exposer les enfants au coronavirus n’est-il pas risqué pour la santé des tout-petits et des plus vieux ? La Dre Roy en regard de ce qu’il a été possible d’observer dans les autres pays aux prises avec le SARS-CoV-2, répond non. « Tout comme l’influenza, la COVID-19 pour la très grande majorité des enfants est une maladie bénigne, voire asymptomatique. On [notre association] ne veut pas banaliser l’infection par ce coronavirus, mais on sait que la communauté pédiatrique d’un point de vue immunitaire est très bien outillée », assure Marie-Claude Roy.

Le virus ne disparaitra pas et le vaccin n’est pas pour demain. Les enfants devront donc affronter la COVID, et il faut que ça soit plus tôt que tard, selon la médecin spécialiste.

« Ce qui ressort beaucoup dans la littérature, c’est que ceux qui ont des déficits immunitaires : les greffés, les gens immunosupprimés sont plus à risques. Mais pour le reste des enfants, les données ne sont pas très inquiétantes, même pour nos patients avec des maladies chroniques. Il y aura des exceptions chez les enfants, comme pour l’influenza et n’importe quel virus, mais la majorité des enfants sera bien outillée pour faire face à la COVID au cours des prochains mois », avance Marie-Claude Roy.

De plus, en raison de la pandémie de coronavirus, de nombreux parents craignent de consulter avec leurs enfants de peur de s’infecter en sortant de chez eux, ce qui pourrait avoir des impacts sur leur santé.

« Des parents me disent au téléphone qu’ils n’osent pas venir à l’hôpital, alors que l’hôpital en ce moment doit être presque plus sécuritaire que l’épicerie. On voit moins de jeunes patients et toute la prévention ne peut pas se faire, et ça risque de créer des dommages collatéraux », conclut la pédiatre.

Source : TVA