samedi 21 octobre 2023

Le Totalitarisme sans le goulag, le nouveau livre de Mathieu Bock-Côté

Les Occidentaux ont voulu se faire croire après la chute du communisme que l’histoire du totalitarisme était derrière eux, qu’elle ne les concernait plus. Au pire redoutaient-ils l’apparition d’un totalitarisme doux, à visage humain, mais ils ne le croyaient pas vraiment, ne le prenaient pas au sérieux. Et pourtant, le totalitarisme revient. Dans l’incrédulité générale, puisqu’il revient sans goulag, car il n’en a plus besoin. Et il revient sous une forme paradoxale.

Nos sociétés veulent croire que ce qu’elles appellent « l’extrême-droite » les menace existentiellement, comme si elle sortait des enfers pour les y ramener avec elle.

Cette catégorie politique fanto­matique, indé­fi­nis­sable, manipulée et instru­men­talisée, sert essentiel­­lement à étiqueter tous ceux qui s’opposent au régime diversitaire. Mais pas seulement : toute personnalité de gauche n’adhérant pas à la doxa ambiante est désormais frappée de cette marque de l’infamie.

La lutte contre la prétendue « extrême-droite » justifie aujourd’hui une suspension progressive des libertés, le retour de mécanismes d’ostracisme et un contrôle social croissant, prétendant éradiquer le mal du cœur de l’homme. En d’autres mots, ce n’est pas « l’extrême-droite » qui nous menace, mais la lutte contre « l’extrême-droite » qui nous conduit au totalitarisme. Je sais cette thèse contre-intuitive. Je me donne la mission ici de la démontrer.

Mathieu Bock-Côté
 
Le Totalitarisme sans le goulag
par Mathieu Bock-Côté
publié aux Presses de la Cité,
le 9 novembre 2023,
à Paris,
255 pages,
ISBN : ‎ 2 258 201 640
EAN : 9 782 258 201 644

SOMMAIRE
 
Introduction. Le retour de la question totalitaire

Chapitre 1. L’extrême-droite introuvable
  • La France, l’extrême-droite et la culture du cordon sanitaire
  • L’enjeu d’une définition : argument géographique et argument idéologique
  • Détour par l’extrême-centre macronien — une redéfinition de l’argument géographique au temps du peuple factieux
  • L’extrême-droite comme tradition idéologique
  • En quoi les thèmes de l’extrême-droite sont-ils d’extrême-droite ?
  • Faut-il parler au diable ? Faut-il aller chez lui ? Que dit-on d’un homme lorsqu’on dit qu’il est d’extrême-droite ?
  • L’extrême-droitisation comme technique de verrouillage du débat public
Chapitre 2. L’institutionnalisation du mensonge : no pasarán, le réel ne passera pas !
  • Du sentiment d’insécurité, ou l’accusation de paranoïa lancée à ceux qui découvrent la diversité compliquée
  • De la récupération politique : que faire du fait divers ?
  • L’art de nier l’existence des peuples, ou le rôle très particulier du démographe lyssenkiste dans le régime diversitaire
  • Nous sommes tous des immigrés, ou l’abolition du peuple historique : retour sur l’exemple québécois
  • De l’inexistence des sexes : le rôle du sociologue du genre
  • La théorie de la discrimination systémique — ou comment le régime diversitaire justifie une ingénierie sociale permanente
  • Une esthétique de la laideur, ou l’inversion du beau et du laid
  • Fonction de la novlangue inclusive
  • L’intelligence artificielle et le devenir de l’homme avatarisé
Chapitre 3. Les prochains prisonniers politiques d’Occident ou la radicalisation de l’extrême-centre
  • Surveiller et punir : logique de la peine de mort sociale
  • La fin de la vie privée dans un monde connecté
  • Interdire l’extrême-droite
  • Le rôle des procès politiques et le prochain registre des propos haineux
  • Interdire la critique de la théorie du genre
  • Retour sur la pandémie et réflexions sur les nouvelles modalités du contrôle social
  • Vers un contrôle politique des médias : la propagande d’État au nom du consensus scientifique et pour lutter contre la désinformation
  • Le sort des dissidents, et la punition des réfractaires
  • De l’URSS à l’EURSS ?
Conclusion. Un totalitarisme à visage humain ? Portrait de l’homme dissocié
  • Penser contre les commissaires politiques 

France — enfin plus de liberté pour les directeurs d'école ?

Texte de Michel Valadier, directeur général de la Fondation pour l’école se réjouit de la plus grande liberté octroyée aux directeurs d’école primaire grâce à un décret publié le 14 août dernier. C’est un pas dans la bonne direction, estime-t-il, et cela laisse espérer davantage d’autonomie pour les établissements scolaires, à l’exemple de ce qui se fait dans les écoles indépendantes dites hors contrat. La Fondation pour l’école est une association qui milite pour la liberté scolaire et soutient notamment les écoles indépendantes dites hors contrat. Ce texte a été publié le 29 août 2023 dans Le Figaro.


Le 14 août dernier a été publié un décret très important qui porte sur les « dispositions relatives aux missions du directeur d’école primaire ». S’il reprend en partie un décret de 1989, il présente plusieurs évolutions majeures qui vont dans le bon sens :

  • Un pas de plus est franchi pour aller vers la création d’un vrai corps de directeurs dans le primaire.
  • Désormais, le directeur « a autorité sur l’ensemble des personnes présentes dans l’école pendant le temps scolaire… pour la bonne marche de l’école ».
  • Et enfin, ce qu’aucun observateur n’a relevé, la place des parents est mieux reconnue : « Le directeur veille à la qualité des relations avec les familles, les représentants légaux des élèves. »

Certains accusent le gouvernement d’avoir « abattu la petite république des professeurs voulue par Jules Ferry » en mettant à la tête de l’école un chef, ce qui serait « contraire au fonctionnement démocratique voulu par les pères fondateurs ». L’anachronisme [radical-socialiste, syndicaliste] en histoire est décidément une plaie… Au lieu de cette bataille idéologique, il peut être intéressant de se poser la question centrale : à quoi sert l’école ? L’école est un lieu où des professeurs enseignent à des enfants par un acte de transmission, confiés à l’institution par leurs parents, sous la conduite d’un directeur qui veille à la réalisation de ce bien commun.

Pour cela, il faut donc un directeur qui… dirige. C’est-à-dire qui ait le pouvoir de décider ce qui est bon pour ses élèves : transmettre et faire grandir tous les élèves, chaque élève et tout l’élève. Diriger au service des familles, cela veut dire créer un lien étroit avec les parents, qui doivent rester les premiers éducateurs de leurs enfants.

Diriger, cela veut dire pouvoir embaucher les professeurs, le personnel éducatif et administratif. Mais aussi pouvoir s’en séparer. Ce qui revient à leur donner la responsabilité hiérarchique du personnel.

Diriger, cela veut dire avoir une vision pour la communauté éducative, une ambition qui permet de fixer des objectifs. Cela veut dire pouvoir reconnaître les progrès accomplis et accompagner le personnel dans les difficultés.

Diriger, enfin, c’est aussi pouvoir renvoyer les élèves qui posent de graves problèmes de comportement et nuisent au bien commun.

En résumé, cela n’est que l’application d’un principe efficace en toutes circonstances : le principe de subsidiarité. Appliquer ce principe dans les écoles permettrait ce que nous souhaitons tous : un authentique renouveau éducatif au service des familles.

L’école, publique ou privée, n’a pas besoin de gestionnaires, mais de chefs à qui l’on donne le pouvoir afin qu’ils puissent assumer la responsabilité de leurs décisions ; des chefs qui annoncent les règles du jeu aux parents et les font respecter en soutenant leurs professeurs ; des chefs qui exigent des élèves une tenue et un comportement exemplaires chaque jour.

Et cela fonctionne. À une échelle modeste certes, mais significative, cette façon de faire existe en France dans la plupart des écoles indépendantes, dites libres hors contrat. Ces écoles, dont les projets pédagogiques sont extrêmement variés, accueillent des enfants de toute condition. Elles sont libres de conserver des méthodes éprouvées, d’expérimenter des pédagogies innovantes ou d’allier les deux ; libres de leur recrutement. Les écoles indépendantes répondent aux besoins des familles et des territoires.

Au lieu de leur mettre des bâtons dans les roues par des inspections à charge, par des inégalités de traitement aux examens d’état, par une absence de prise en charge des AVS et par le refus d’étudier la possibilité d’un statut d’école conventionnée, les pouvoirs publics devraient en visiter, pour s’en inspirer.

Mais ne boudons pas notre satisfaction, un verrou est en train de sauter. L’avenir proche dira si le nouveau ministre de l’éducation nationale poursuivra ou non dans la bonne direction. L’étape actuelle est intenable, nous connaîtrons soit un repli, soit une nouvelle avancée vers la responsabilité hiérarchique ; les directeurs qui s’empareront de l’autorité qui leur est accordée vont rapidement avoir besoin du soutien de leurs supérieurs… Alors, nous saurons.

En politique aussi, le pire n’est pas toujours sûr !

« Diriger, enfin, c’est aussi pouvoir renvoyer les élèves qui posent de graves problèmes de comportement commun» et nuisent au bien

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