jeudi 29 juillet 2021

Stéphan Bureau blâmé par l'ombudsman de la radio gouvernementale pour son entrevue avec Didier Raoult

Le 26 mai dernier, Stéphan[e] Bureau a montré son originalité en organisant une entrevue avec « le médecin français Didier Raoult » sur l’antenne de Radio-Canada. Conversation polie et peu conflictuelle. Cela n’a pas plu à d’aucuns. Didier Raoult est aussi biologiste (doctorat), directeur général du gros centre de recherche IHU Méditerranée Infection à Marseille, lauréat du grand prix de l’INSERM en 2010, signataire de très nombreuses publications scientifiques, etc. Une journaliste scientifique, Marine Corniou a porté plainte contre cette émission. Mme Corniou est diplômée en agronomie de l’université de Montpellier (France), elle est au Québec depuis 2011.

Extraits de l’entretien

Entretien au complet

L’article de la société d’État indique :

Concernant l’animateur, l’ombudsman y va de cette affirmation : Le problème, si je puis dire, ne réside pas tant dans les questions qu’il pose, mais dans celles qu’il ne pose pas pour recadrer ou corriger certaines affirmations de son invité.

M. Champoux donne quelques exemples, notamment lorsque M. Raoult attaque la crédibilité des études américaines [pas toutes bien évidemment, c’est ridicule de le faire croire aux lecteurs distraits !, mais celles notamment en lien avec l’industrie pharmaceutique], vante sa dernière étude dont la méthodologie est pourtant critiquée, prétend que le vaccin est moins efficace que l’infection naturelle, ce qui n’est pas encore démontré scientifiquement, et laisse entendre que la vaccination pose plus de risques que de bénéfices pour les moins de 70 ans.

I. Liberté journalistique

D’une part, n’est-ce pas un choix de type d’entretien que de laisser un éminent docteur s’exprimer pendant 40 minutes sans chercher la confrontation ouverte ? L’antenne de Radio-Canada est ouverte chaque jour à de nombreux docteurs dont les animateurs boivent les paroles comme paroles d’évangile ; sans jamais rentrer dans une discussion serrée sur ce qu’ils professent doctement. Où est le scandale ? Si ce n’est, peut-être, dans le manque de docteurs hétérodoxes interrogés à l’antenne du diffuseur gouvernemental… Mais peut-être Éric Duhaime a-t-il raison quand il dit que « Le Collège des médecins continue d’imposer le bâillon aux médecins qui osent parler. »  Comment concilier liberté journalistique et cette demande de « recadrer et corriger » immédiatement la voix d’un éminent docteur qui tranche avec celles de la kyrielle d’autres experts abonnés au micro de la SRC et jamais recadrés ?

II. Les vaccins

D’autre part, sur les affirmations reprochées à Raoult, il y a deux reproches importants: l’un sur la moindre efficacité immune des vaccins par rapport à l’immunité induite par une infection, l’autre sur le peu d’intérêt de vacciner les moins de 70 ans. Les deux affirmations seraient sans preuve selon l’ombudsman… Incidemment, l’ombudsman a-t-il contacté Didier Raoult pour lui demander d’expliquer ce qu’il n’a pu aborder ou justifier dans un entretien qui touchait de nombreux sujets ? Il semble plutôt, d’après son propre document qu’il s’est simplement fié à des sources locales et qu’il n’a jamais contacté Didier Raoult. Audi alteram partem.

a. Vaccins comparés à l’infection

Sur la moindre efficacité immune des vaccins par rapport à l’infection, Didier Raoult avait déjà expliqué ses raisons en avril 2021 :

Nous commençons à avoir des données. Il y a un travail très intéressant qui est paru et qui analyse d’une manière très honnête, en Angleterre, l’efficacité du vaccin AstraZeneca contre le mutant anglais, qui est celui qui circule le plus et qui représente chez nous 85 à 90 % des cas. Cette étude montre que le vaccin AstraZeneca fonctionne moins bien que ce que l’on pouvait imaginer.

Ce n’est pas étonnant : en prenant juste une protéine qui est celle du virus qui était là en mars/avril 2020 pour créer un vaccin avec cette protéine plutôt qu’avec tout le virus, la chance que vous ayez mutation dans cette protéine qui résiste au vaccin est assez élevée.

Si vous prenez tout le virus, peut-être que c’est moins directif, peut-être que la concentration est moindre, mais il y a une chance qu’il reste une certaine immunité. Or, avec le choix qui a été fait, l’immunité est très fragile puisque basée sur très peu d’acides aminés.

Il semble que pour les formes symptomatiques et documentées, le degré de protection soit de l’ordre de 70 % dans le meilleur des cas et lorsqu’on parle de gens qui sont porteurs ou qui n’ont pas de symptômes déclarés alors le taux de protection est extrêmement bas.

Cette déclaration n’a rien d’étonnant.

En théorie, plusieurs raisons expliquent pourquoi l’immunité naturelle peut être meilleure que l’immunité induite par le vaccin :

  • Moins de cibles immunitaires : les vaccins Covid ARNm/ADN ne présentent qu’une fraction du code génétique du virus (5-10 %). C’est ainsi qu’ils n’utilisent pas d’épitopes hautement immunogènes ORF1. Par conséquent, le système immunitaire recrutera un plus petit nombre de lymphocytes T puisant dans un répertoire plus étroit, offrant de la sorte une réponse moins efficace. De façon imaginée : si vous perdez un certain nombre de joueurs clés pour un tournoi — il se peut que votre équipe gagne malgré tout, mais ce sera plus difficile.
  • Temps de déclenchement immunitaire plus long : le plus petit nombre de cibles d’épitopes signifie également que le système immunitaire s’enclenchera moins vite. C’est un facteur clé de succès dans la bataille contre le COVID-19. Plus le répertoire cible est large, plus la rencontre entre les cellules dendritiques et les antigènes identifiables est rapide.

Raoult déclare aussi dans l’entretien avec Stéphane Bureau qu’il a déjà pu observer 500 cas à l’IHU de gens qui avaient été vaccinés et qui avaient attrapé la Covid-19 (PCR positif) par la suite, dont 3 morts parmi ceux-ci.

La prestigieuse revue scientifique Nature quelques jours avant la diffusion de cet entretien sur la SRC, déclarait déjà que l’infection à la Covid-19 prodiguait probablement des anticorps pour toute la vie (la barre est donc très haute pour les vaccins…). L’étude à la base de cet article (Jackson S. Turner et al.) avait été publiée le 24 mai 2021.

Des recherches précédant l’entrevue sur la SRC confirment cette logique. Une étude comparative en Israël (Yair Goldberg et al., avril 2021) a révélé que la protection contre les maladies graves était de 96,4 % pour les individus guéris de Covid-19, mais de 94,4 % pour les personnes vaccinées, et a conclu « Nos résultats remettent en question la nécessité de vacciner les individus précédemment infectés ».

Une autre étude comparative de référence du 3 mai 2021 réalisée par une équipe de l’Université de New York (Ellie Ivanova et al.) a mis en évidence une réaction humorale et cytotoxique plus rapide, plus large et plus percutante dans l’immunité récupérée par rapport à celle induite par le vaccin.

Dans cette étude américaine (Kristen W. Cohen et al.) du 27 avril 2021, les chercheurs ont évalué 254 patients COVID-19 longitudinalement à partir de l’infection précoce et pendant huit mois par la suite et avons trouvé une réponse prédominante de mémoire immunitaire à large base.

Depuis l’entretien avec Didier Raoult, les faits semblent confirmer les dires de celui-ci. En Israël, près de 40 % des nouveaux patients COVID étaient vaccinés — contre uniquement 1 % qui avait été infecté auparavant.

Bref, on ne voit pas très bien ce que l’on reproche à Didier Raoult si ce n’est qu’il ait dit des choses qu’il vaut mieux taire, car il ne faut pas faire douter le bon peuple, dans cette logique il faudrait — semble-t-il — faire penser aux gens que les vaccins sont aussi efficaces que l’infection elle-même pour qu’ils se vaccinent tous. Pourtant, si les vaccins atténuent la gravité d'une infection subséquente dans l'immense majorité des cas, on peut se satisfaire de vaccins moins efficaces que l'infection naturelle vu la gravité que peut avoir l'infection dans certains cas. Il faut analyser les avantages et désavantages de plus près.

b. « Vaccins peu utiles pour les moins de 70 ans »

 Ce n’est pas ce qu’a dit Raoult, il a plutôt dit : « je suis convaincu que les gens de plus de 70 ans dans une situation telle que celle-là doivent se faire vacciner; comme les gens qui sont à haut risque de faire une forme grave. […] La balance [des avantages à se faire vacciner] est très en faveur du bénéfice des gens de plus de 70 ans. 

[…] Je pense que [les vaccins] sont un outil utile. Plus la proportion de la population sera résistante aux virus mieux ce sera et moins il y aura de cas relatifs. »

Donc Raoult est certainement pour la vaccination des plus de 70 ans et des personnes à haut risque. Pour le reste, il s’agit d’établir la balance des risques et des avantages.
Notons aussi qu’il ne définit pas précisément ce que sont ces personnes à haut risque. Les gens avec au moins une comorbidité ? Les gens souvent en contact avec les malades ?

Si l’on ne prend comme à haut risque outre les gens âgés de plus de 70 ans ceux ayant au moins une comorbidité, l’on voit que cela comprend 99 % des décès de la Covid-19 au Québec. 

On a nettement l’impression que la plainte de l’agronome Corniou est celle d’une vétilleuse qui cherche des poux à Stéphane Bureau et à Didier Raoult et elle a reçu un accueil favorable parce que Radio-Canada n’apprécie pas les experts hétérodoxes.

 

Nombre de décès cumulatifs depuis le début de la pandémie Covid-19 au Québec selon la présence d’une condition médicale préexistante par groupe d’âge. Seules près de 110 personnes de moins 70 ans sans comorbidité connue sont mortes en un an de la Covid-19. Un pour cent (1 %) du nombre total des décès (11 240 en date du 28 juillet).

L’ombudsman n’explique pas ce qui le dérange dans les vrais propos de Raoult. Est-il d’avis, lui qui n’est pas médecin, que tout le monde doit se faire vacciner ? Dès quel âge ? Pense-t-il qu’il n’existe aucun risque associé à la vaccinationQue pense-t-il de la réticence du gouvernement britannique à faire vacciner les jeunes adolescents ? Quid des gens qui ont déjà été infectés, peu importe leur âge ?

Au sujet des risques associés à la vaccination, certains éléments, comme le grand nombre d'événements adverses dans la base de données américaines VAERS, peuvent étonner et nous forcer à être prudents. Les plus inquiets disent que « Cette vaccination de masse conduit pourtant à une mortalité inédite dans l’histoire de la médecine moderne. Il y a urgence à la suspendre pour évaluer la balance bénéfice/risque au cas par cas » dans La vaccination Covid à l’épreuve des faits. 2ème partie : une mortalité inédite.

Bonus : les vaccins perdraient de l’efficacité avec le temps

Fauci déclare que la charge virale est le même entre vaccinés et non vaccinés infectés… Il ne dit rien de ceux qui ont été infectés naturellement (et non inoculés) et qui ont guéri. Cette déclaration de Fauci est critiquée d'un point de vue médical.

Infections des 8 derniers jours en Islande : 511 vaccinés, 167 non-vaccinés. Ce qui nous donne, compte tenu du taux de vaccination de 74 % de la population, une efficacité négative du vaccin… Considérant le faible échantillon (quelques centaines d’infectés) et le calcul d’efficacité qui ne distingue pas les tranches d’âge, il se peut fort bien que l’efficacité soit plus importante, mais elle est ne semble assurément pas être à 95 % !

Quant à Israël, le vaccin Pfizer semble perdre de l’efficacité avec le temps contre l’infection chez les personnes de plus de 60 ans :

Infections et efficacité du 18 au 24 juillet en Israël par tranches d’âge

Les données israéliennes pour le tableau ci-dessus sont ici. Comment lire le tableau : il y a eu 575 infectés parmi les personnes vaccinées complètement dans la tranche d’âge des 50 à 59 ans (c’est ~ 83 % du total des personnes infectées) alors que 105 l’étaient pour les non-vaccinés (soit ~17 % du total avec les vaccinés incomplets). Étant donné que 84 % de cette tranche d’âge est vacciné, l’efficacité est très basse : 1,2 %.

Le chiffre d’affaires trimestriel de Pfizer a presque doublé en un an. Les ventes pourraient encore croître, car Pfizer/BioNTech préconise une troisième dose de son vaccin pour le rendre plus efficace. En effet, l’alliance américano-allemande Pfizer/BioNTech a annoncé le 8 juillet « des résultats encourageants » d’essais pour une troisième dose afin d’augmenter l’efficacité de son vaccin anti-Covid, y compris contre le variant Beta apparu en Afrique du Sud. Elle prévoit de demander une autorisation pour cette troisième dose aux États-Unis et en Europe notamment et s’attend à des résultats similaires pour le variant Delta, avec des tests en cours. Le directeur scientifique de Pfizer, Mikael Dolsten, a affirmé dans des propos rapportés par Reuters que la baisse récemment signalée de l’efficacité du vaccin en Israël était principalement due à des infections chez des personnes qui avaient été vaccinées en janvier ou février. Le ministère de la Santé du pays a déclaré au début du mois de juillet que l’efficacité du vaccin était en effet tombée à 64 % en juin.

D'autres vaccins, comme le Novavax, pourraient mieux résister aux variants. Lire Le battage médiatique persistant autour de la technologie des vaccins à ARNm nous détourne désormais des autres moyens de mettre fin à la pandémie. Pour ne pas parler des traitements bon marché (Ivermectine par exemple) dont on ne parle pas (vidéo).

Voir aussi 

Canada — Nombre provisoire de décès et surmortalité, janvier 2020 à avril 2021 (Stats Canada : plus de 3 fois plus de morts induits par les mesures de confinement et autres restrictions que de la Covid-19 parmi les moins de 60 ans).

Grande-Bretagne — les avantages de la vaccination de tous les enfants et jeunes de moins de 18 ans ne l’emportent pas sur les risques

Les vaccins anti-Covid fonctionnent-ils ? Si oui, jusqu’à quel point ?  

Les confinements ont nettement réduit les capacités physiques et intellectuelles des enfants

 Covid — Les enfants ne devraient pas être obligés de porter des masques, selon des chercheurs

États-Unis — Tentatives de suicide chez les filles baissent quand les écoles ferment (pendant la pandémie) 

Gestion de la Covid-19 : Le nombre de décrocheurs a explosé dans la dernière année  

Gestion de la pandémie : les élèves désertent les classes des cégeps  

Québec — « Troisième vague » : pas de surmortalité pendant les quatre premiers mois de 2021 

Nicholas Wade : L’hypothèse la plus plausible est que la Covid-19 soit sortie du labo de Wuhan 

Le français écrit au primaire pâtit de la gestion de la COVID-19  

Gestion de la pandémie — Hausse des tentatives de suicide chez les adolescents et les jeunes adultes 

Augmentation de 40 % des jeunes de 12 à 17 ans admis à l’hôpital pour des raisons de santé mentale  

La pression médiatique de la Covid-19 en mars 2020 a connu un pic inédit depuis 1945 (on n’a jamais autant parlé d’un événement) 

Le confinement aurait détruit plus d’années de vie qu’il n’en a épargné 

Covid — New York Times affirme que le CDC a grandement exagéré le risque de contamination à l’extérieur  

La gestion du Covid ruine l’apprentissage de la lecture pour 100 millions d’enfants

  
  
 
 
 

La lutte contre la discrimination jusque dans les noms des variants