mercredi 7 mai 2014

La Chine bientôt la première puissance économique ?

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La Chine pourrait détrôner cette année déjà les États-Unis au rang de première économie de la planète. C’est bien plus rapide que prévu, de nombreux économistes tablant sur un basculement en 2019. C’est ce qu’indique une étude statistique de la Banque mondiale qui jette un éclairage neuf sur la répartition des richesses entre nations.

Elle ne compare pas le poids respectif des différentes économies en convertissant dans une devise commune leurs PIB respectifs, car cette méthode introduit en effet d’importantes distorsions. En effet, les taux de change peuvent connaître de brusques fluctuations et donner une fausse idée de l’accroissement ou de la diminution de la richesse d’un pays. Certaines devises peuvent aussi être sous-évaluées volontairement par les autorités du pays et ne pas refléter le vrai coût des biens et services sur place.

Pour neutraliser ce biais, la Banque mondiale a travaillé sur base d’un taux de conversion entre devises qui garantit le même pouvoir d’achat quel que soit l’endroit de la planète où on achète un bien ou un service (PPA, parité de pouvoir d’achat). C’est la même méthode utilisée pour réaliser le fameux indice Big Mac qui donne une image du niveau de vie dans chaque pays en comparant ce que coûte en devise locale un hamburger dans tous les pays du monde.

À la différence près que la Banque mondiale ne s’est pas limitée à un seul produit et qu’elle a pris en compte 199 pays… La dernière édition de cette étude gigantesque datait de 2005. Cette méthode bouleverse l’image que l’on se fait des rapports de force mondiaux car elle donne beaucoup plus de poids aux pays à revenus moyens. Les États-Unis restent certes la plus grande économie du monde mais leur part dans le PIB mondial chute de 22,1 à 17,1 %.

À la seconde place, en utilisant la nouvelle mesure et les nouveaux chiffres, la Chine est de 10,4 % à 14,9 %. Pour Philippe Ledent, économiste chez ING, interrogé par Le Soir de Bruxelles, le fait que le poids de la Chine était jusqu’ici minimisé s’explique essentiellement par « la politique des autorités chinoises consistant à maintenir artificiellement bas le yuan ». Même phénomène pour l’Inde qui voit son poids passer de 2,7 à 6,4% et qui prend la troisième place au Japon.

Pour ce qui est de la Chine. Elle représentait en 2011 – date des chiffres sur lesquels se base l’étude – 87 % du PIB américain alors qu’en 2005, elle ne pesait que 43 %. Étant donné que le FMI s’attend à une croissance de l’économie chinoise de 24 % entre 2011 et 2014 contre 7,6 % pour les États-Unis, il est probable que la Chine détrônera les États-Unis dès cette année.

Cet événement pourrait avoir des répercussions bien au-delà de la sphère économique. Pour Thierry Geiger, économiste suisse cité par l’AFP, « cela aura des implications géopolitiques en termes de négociation, de responsabilité morale, de prépondérance… ». Des responsabilités que la Chine pourrait ne pas être ravie d’assumer. La Banque mondiale souligne que le bureau national des statistiques chinois n’a pas validé les résultats de cette étude… « Derrière cela, on peut sans doute voir le refus d’assumer des responsabilités qui viendraient avec le statut de numéro un, souligne Thierry Geiger. La Chine préférerait continuer à se voir comme pays émergent plutôt que comme leader du monde ».

Elle n’aurait pas tout à fait tort. Ramené au nombre de leurs habitants, le PIB de ces pays émergents reste bien inférieur à celui des pays occidentaux. Celui des États-Unis est cinq fois supérieur à celui de la Chine et dix fois supérieur à celui de l’Inde. Les 56 pays les plus riches du globe ne représentent que 16,8 % de la population mondiale, mais ils continuent à peser la moitié de la richesse
mondiale. Pour combien de temps ?

(Le Canada est au quinzième rang avec 1,6 % du PIB mondial en termes de pouvoir d'achat et 2,5 % du PIB mondial exprimé en devise commune. Pourquoi fait-il encore partie du G 8 G7 ?)

 

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Québec — Chute de la fécondité pour une cinquième année de suite

La fécondité au Québec poursuit sa chute malgré les investissements massifs et croissants dans ce que le gouvernement aime appeler la « politique familiale » dont la principale composante est le réseau gouvernemental de garderies. Ces garderies sont destinées à augmenter le nombre de femmes au travail. Ces centres de la petite enfance, selon une étude (jamais publiés dans une revue érudite à notre connaissance), auraient sensiblement augmenté le taux d'emploi des femmes et donc la masse salariale au Québec. Cependant, selon une étude de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l’économie du savoir, le pourcentage de mère sur le marché du travail s'est accru dans tout le Canada. D'autres économistes ont également remis en doute les effets bénéfiques de ces garderies. En revanche, plusieurs chercheurs ont remis en doute ses bénéfices pédagogiques et sociaux.

La fécondité au Québec en 2013 a atteint le taux de 1,649 enfant par femme. Ce taux était de 1,665 en 2012. L'âge moyen des mères du Québec a encore augmenté pour se placer à 30,33 ans. La Presse de Montréal/Le Soleil a d'ailleurs ressorti ce fait (plutôt que la chute de la fécondité) pour en faire le titre de son article sur les chiffres publiés par l'Institut de la statistique du Québec aujourd'hui : « Indice de fécondité: les femmes de 30 à 34 ans "au sommet" ». Au sommet. On est toujours champions au Québec. La maternité devient de plus en plus tardive (ce qui n'est pas sans conséquence sur la prématurité et ses complications qu'un État-providence financera), nous atteignons "un sommet".

Si le Soleil parle d'"un sommet", Radio-Canada semble n'avoir rien publié sur ce sujet (selon Google) alors que les chiffres sont disponibles depuis le 6 mai 2014. Par contre, les années passées, Radio-Canada accueillait toujours le communiqué démographique printanier de l'Institut de la statistique du Québec pour en souligner généralement un aspect vu comme positif  (voir les articles des dernières années). Exemple : « 200 bébés de plus au Québec en 2012 » en oubliant de dire que la population avait augmenté principalement à cause de l'immigration et donc que ces 200 bébés supplémentaires s'accompagnaient d'une baisse de fécondité... Ou cet autre titre : « Le taux de natalité [pour 2011] demeure stable au Québec » ce qui était faux (il était passé de 11,2 à 11,1) et le titre passait sous silence la baisse de l'indice de fécondité, un meilleur indicateur puisque moins sujet à la pyramide des âges.


Indice synthétique de fécondité du Québec (enfant/femme) de 1985 à 2013

Certains ont appelé l'augmentation de la natalité dans la première décennie des années 2000, un « mini-baby-boom ». Pour remettre en perspective ce « mini-baby-boom », nous avons produit une autre version de ce graphique ci-dessous en le faisant commencer en 1951, en plein Baby-boom. Le « mini-baby-boom » des années 2000 n'y est qu'un tout petit frémissement, à peine plus important que la hausse des naissances des années 90 qui avait accompagné le programme d'allocations à la naissance.

La ministre de la Famille et de l'Enfance de l'époque, Nicole Léger (PQ), avait alors qualifié ce programme d'allocation à la naissance « d'échec lamentable ». Le diagnostic peu nuancé de la ministre Léger s'expliquait sans doute par des réticences fréquentes exprimées par le Conseil de la femme à toute politique nataliste efficace. En 1982, Claire Bonenfant, la très féministe présidente du Conseil de la Femme, s'était interrogée, au sujet d'une politique avec de timides conséquences natalistes : « Cette politique sera-t-elle une politique nataliste déguisée cherchant à nous retourner aux berceaux et aux fourneaux ou bien se présente-t-elle comme une politique de justice sociale ? »


Indice synthétique de fécondité du Québec (enfant/femme) de 1951 à 2013


Investissements croissants dont le rendement s'effouffle ?

La croissance démographique du Québec semble donc s'essouffler alors que des sommes considérables et sans cesse croissantes sont investies dans sa politique « familiale » non universelle qui consiste principalement à encourager les mères à retourner au travail par le biais de garderies fortement subventionnées (7 $ par jour payés par les parents, 43 $/enfant par jour de subventions) et des aides directes aux familles pauvres ou monoparentales. Il ne s'agit pas à proprement parler de mesures natalistes universelles. En 2009, les services éducatifs à l’enfance représentaient une aide d’un peu plus de 2,4 milliards de dollars, à laquelle il fallait ajouter le crédit d’impôt remboursable pour frais de garde qui permettait de verser 194 millions de dollars aux familles utilisant la garde à tarif régulier.

Entre 2003 et 2009, l’aide financière accordée aux familles par le gouvernement du Québec a augmenté de plus de 58 %. Cette aide financière comprend l'aide à la garde des enfants (2,6 milliards [source non mise à jour depuis 2010, page 33]), le régime québécois d’assurance parentale (1,2 milliard), l'allocation de soutien aux enfants plus généreuse pour les familles monoparentales ou pauvres (2,2 milliards) et la prime au travail (255 millions). Pendant cette période le taux de natalité a augmenté de 14,8 % et le taux de fécondité de 16,7 %.

Rappelons que le programme d'allocation universelle à la naissance avait coûté de 1989 à 1996 1,406 milliard de dollars pour toute cette période soit environ 240 millions de nos dollars de 2010 par an. La fécondité était alors passée de 1,415 enfant par femme en 1988 à 1,611 en 1996, soit une augmentation moyenne de 13,8 %. L'abolition par le Parti québécois de ce programme en 1997 et l'instauration des garderies dites à 5 $ a été suivie d'un abaissement de la fécondité ; l'indice synthétique de fécondité avait alors atteint en 2002 1,475 enfant par femme. Il faut noter que l'économie n'a enregistré aucun recul pendant toute la période de 1997 à 2008, celle-ci ne peut donc expliquer la baisse de la natalité de 1997 à 2002.

Hors mariage, de plus en plus issus d'immigrés

Près de deux enfants sur trois (63 %) sont issus de parents non mariés. Cette part a dépassé 60 % en 2006 et est supérieure à 50 % depuis 1995. Par ailleurs, 70 % des enfants sont issus de deux parents nés au Canada, alors que 19 % ont deux parents nés à l’étranger et 10 % ont un seul de leurs parents né dans un autre pays. Près de 30 % des nouveau‑nés ont donc au moins un parent né à l’étranger. Il y a 20 ans, cette proportion était d’environ 15 %.

Nombre record de naissances dans les régions nordiques, les grandes villes au plus bas

Avec un indice synthétique de fécondité de 2,49 enfants par femme en 2013, la région du Nord‑du‑Québec se situe loin devant toutes les autres. Notons que c’est la seule région pour laquelle l’indice de fécondité de 2013 est inférieur à celui de 2003. Viennent ensuite cinq régions qui présentent en 2013 des indices se situant entre 1,8 et 1,9 enfant par femme. Ce sont, par ordre décroissant de l’indice, le Centre‑du‑Québec, l’Abitibi‑Témiscamingue, Chaudière‑Appalaches, Lanaudière et la Côte‑Nord. Avec des valeurs inférieures à 1,6 enfant par femme, les régions de Montréal et de la Capitale‑Nationale (Québec) affichent encore une fois en 2013 les indices de fécondité les plus faibles.

Les jeunes trentenaires font désormais le plus d'enfants

Ce sont désormais les femmes de 30 à 34 ans qui font le plus d'enfants au Québec - plus que leurs cadettes dans la vingtaine.

C'est la première fois de l'histoire de la province que ce groupe d'âge affiche les plus forts taux de natalité, avec 110 naissances par 1000 femmes de 30 à 34 ans - contre 108 pour les 25-29 ans. Rappelons qu'en 2011, les femmes de 35-39 ans avaient eu plus d'enfants que les 20-24 ans, ce qui était une autre première. Cette année-là, les femmes au début de la quarantaine avaient même fait plus d'enfants, toutes proportions gardées, que les adolescentes (15-19 ans).

L'âge de plus en plus avancé des mères augmente tous les risques liés à la grossesse et augmente le risque d'avoir un enfant prématuré. Des études avaient précédemment révélé que les enfants nés après 34 ou 36 semaines de gestation ont davantage de problèmes sociaux, comportementaux et scolaires que ceux nés à terme, après de 37 à 41 semaines de gestation. Dans un système où les coûts liés à ces difficultés et troubles sont mutualisés comme notre État-providence, le contribuable devrait-il se réjouir de ces maternités de plus en plus rares et de plus en plus tardives ?




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