mercredi 10 septembre 2008

Cours d'ECR — « Le boycottage s'étend » selon le Journal de Montréal

« Des parents protestent contre ce pot-pourri de religions qui banalise la leur ».

C'est sous ce titre et sous-titre, le sous-titre uniquement visible dans l'édition papier, que le Journal de Montréal rapporte que le mouvement de boycottage contre le cours d'ECR s'étend.

Quelques remarques sur l'article :
Aucun des 860 parents québécois (sur un million d'élèves) qui ont jusqu'à maintenant demandé une exemption ne l'a obtenue.
Ces chiffres sous-estiment grandement les demandes d'exemption puisque l'école Loyola à elle seule totalise 650 demandes d'exemption !
« Il faut faire la preuve qu'il y a un préjudice grave, dit le président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, André Caron. À mon avis une telle démonstration ne peut pas se faire. »
On se demande bien pourquoi il a été facile pour les parents qui s'opposaient au cours de religion catholique ou protestante de se faire exempter au même titre (article 222 de la Loi sur l'instruction publique). En quoi serait-il impossible pour un parent croyant de démontrer un préjudice similaire face à un programme qui banalise sa religion, enseigne un pluralisme condamné par son Église et expose ses enfants à des pressions conformistes au niveau des croyances familiales ?

Après tout un enfant d'athée n'était pas forcé de croire ce que l'on enseignait au catéchisme non plus, d'ailleurs le catéchisme seul a, semble-t-il, eu bien peu de succès quand on considère le nombre important d'athées adultes qui y sont passés pendant leur jeunesse. Aucun préjudice grave dû au catéchisme non plus alors ? Et pourtant on a bien accordé avec facilité des exemptions dans ce cas-là !

Mais bon, le « deux poids, deux mesures » n'est pas exclu au Québec bien sûr.

Et les écoles privées évangéliques ?

L’école catholique secondaire Loyola a demandé à être exemptée du cours d’ECR imposé par le Monopole de l’Éducation. Qu’en est-il des autres écoles confessionnelles ?

À notre connaissance, l’école chrétienne Emmanuel de Dollard-des-Ormeaux est la seule autre école du Québec qui ait officiellement demandé à être exemptée. Le Monopole de l’Éducation n’a pas encore répondu à sa requête.

On ne parle pas souvent des écoles évangéliques privées non subventionnées dans la presse et de la manière dont elles perçoivent ce cours. Pourquoi ne sont-elles pas montées au créneau alors que ce cours tend à banaliser le christianisme et prône une découverte autonome par l’élève de l’éthique dénuée de toute perspective religieuse qui lui donnerait une assise ?

D’après nos renseignements, une douzaine de représentants d’écoles évangéliques qui enseignent le programme ACE se sont réunis le 26 et 27 juin à l’Assemblée du Plein Évangile (Full Gospel Assembly) à Montréal à quelques pâtés de maison du pont Mercier pour une session de formation sur le nouveau cours d’éthique et de culture religieuse.

L’instructrice originaire de l'Inde aurait précisé à son auditoire de chrétiens convaincus que ce cours permettrait à de nombreux élèves dans les écoles publiques, dépourvus de toute connaissance chrétienne, d’entendre parler de Jésus et que le volet d’éthique permettrait à l’enseignant de souligner le point de vue chrétien dans certaines décisions éthiques alors que les élèves pourraient ne connaître auparavant que la réponse éthique « laïque », contraire à la Bible. Notons que certains musulmans et juifs se disent également la même chose, pensant tous que ce cours leur offrira une exposition supplémentaire dans les écoles québécoises et ne pensant jamais que tous pourraient peut-être bien y perdre.

Lors de cette réunion, l’instructrice qui a beaucoup insisté sur les préjugés racistes des Québécois à cause de sa couleur de peau aurait indiqué que les écoles évangéliques privées pourraient adapter le cours et ne seraient pas obligées d’enseigner ce qu’elles considèrent répréhensible pour autant qu’elles enseignent des éléments factuels sur les autres religions.

On leur aurait également signalé que, bien qu’idéalement le professeur doive adopter une position neutre, il est évident que les convictions de celui-ci ne pourront rester totalement cachées. L’important étant de fournir, une heure par semaine, des faits sur d’autres religions et de développer des compétences favorables au dialogue. Les sujets en éthique pourraient être choisis afin de ne pas aborder des sujets contraires au projet éducatif de l’école (ne pas aborder le droit à l’avortement ou les mariages homosexuels par exemple).

Si ces informations (provenant de deux sources différentes) devaient se vérifier, pourquoi le Monopole de l’Éducation n’adopte-t-il pas la même souplesse envers l’école Loyola ?

Il n’est pas clair à ce stade que la formatrice ne sera pas désavouée ultérieurement par le Monopole de l’Éducation, ni que ces mesures conciliantes, si elles sont avérées, à l’égard d’écoles évangéliques ne seront pas supprimées une fois l’opposition au cours aura été vaincue dans les secteurs public et privé subventionnés. « Il faut harmoniser ». Rappelons que ces écoles évangéliques avaient été déclarées illégales par le Monopole et que leur existence est toujours menacée par un non-renouvellement de permis. Me Claude Grant de Gatineau représente ces écoles dans leurs déboires avec le Monopole de l'Éducation.

Interdite d’enseigner le cours d’ECR dans une perspective catholique, l’école Loyola prépare un recours en justice

La Gazette rapporte que l’école secondaire Loyola, un établissement catholique privé pour garçons de Notre-Dame-de-Grâce, se prépare à un recours en justice au sujet du nouveau programme imposé d’éthique et de culture religieuse.

Loyola – une école confessionnelle privée rappelons-le – propose déjà son propre cours de culture religieuse, mais celui-ci n’a pas été approuvé par le Monopole de l’Éducation.

Le directeur de l’école, Paul Donovan, a déclaré à la Gazette « Je pense qu’on en arrive à un point où les tribunaux vont devoir décider. Nous avons demandé à discuter avec le [ministère de l’Éducation], mais ils ne nous ont pas répondu. »
Objection principale : le volet éthique du cours

Opposé au volet éthique du nouveau programme.

« Il y a beaucoup de bonnes choses dans cette matière qu’ils proposent et nous ne nous opposons pas à un tas de choses » d’ajouter Donovan. « Mais nous nous opposons à nous faire dire que nous devons l’enseigner d’une certaine manière et qu’il nous est interdit d’introduire des éléments de foi quand nous parlons des questions éthiques. C’est un problème. »

Loyola donne depuis longtemps un cours sur les religions du monde. Ce cours a été modifié récemment pour prendre en compte des éléments du cours d’ECR imposé par le Monopole de l’Éducation. Selon M. Donovan, la majorité des éléments du programme gouvernemental sont inclus dans le cours offert par son établissement, mais de telle façon qu’il « inclut une dimension religieuse et une perspective catholique. »

650 demandes d'exemption

Le directeur de Loyola affirme avoir reçu environ 650 demandes de parents qui désirent que leurs enfants soient exemptés du cours d'ECR. L'école accueille 730 élèves.