mardi 23 juin 2015

La mort de l'école est-elle programmée ?

Émission de débat philosophique avec, pour ce numéro, un thème portant sur l'école.

Longueur : 1 h 06

Invités :
  • Jean-Paul Brighelli, enseignant et essayiste et auteur de La Fabrique du crétin,
  • Paul-François Paoli, journaliste au Figaro et auteur des Impasses de l’égalité et du Malaise de l’Occident, et
  • Alain Kimmel, ancien professeur de civilisation française au centre international d’études pédagogiques de Sèvres.



Davantage d'immigrants nécessaires, vraiment ?

Joseph Facal revient sur le discours tenu par Philippe Couillard lors du dernier conseil général du Parti libéral du Québec (PLQ). Il y a présenté une hausse de l’immigration comme une « évidence » et une « obligation ».
C’est deux fois faux. Cette hausse n’est ni une évidence ni une obligation.

Vous trouverez peu de domaines dans lesquels les pseudo-évidences du débat public sont aussi massivement taillées en pièces par la recherche disponible que l’immigration.
On justifie habituellement la « nécessité » d’accueillir toujours plus d’immigrants en invoquant deux arguments : pallier les pénuries de travailleurs et rajeunir une population vieillissante.

Faits

Le premier argument est de la pure bouillie pour les chats : l’immigration ne comble pas les pénuries de main-d’œuvre, sauf dans les domaines ultra­spécialisés, pour des tas de raisons.

Les immigrants n’ont généralement pas le profil pour occuper les postes vacants, comme le montrent les taux de chômage plus élevés que la moyenne dans les cohortes d’immigrants arrivés récemment.

Sur le marché du travail, ces immigrants sont aussi en compétition avec d’autres personnes : les jeunes qui entrent sur le marché du travail, les chômeurs, les bénéficiaires de l’aide sociale aptes au travail et les immigrants des cohortes précédentes.

Nous avons également d’énormes problèmes de reconnaissance des diplômes et des expériences acquis à l’étranger, sans compter de réels problèmes de discrimination.
On ne peut même pas prédire précisément le nombre d’emplois futurs à combler, surtout si on encourage les gens à retarder leur retraite. Et les départs à la retraite ne se traduisent pas tous nécessairement par un emploi libéré, pour cause de progrès technologique.

L’argument du rajeunissement de la population ne vaut guère mieux. L’âge moyen à l’arrivée de l’immigrant n’est pas assez éloigné de l’âge moyen de la population en général pour « rajeunir » cette dernière. Le Québec priorise l’accueil de travailleurs. Mais la politique fédérale de réunification familiale permet à ce travailleur de faire venir ensuite ses parents âgés. Pour le rajeunissement, on repassera. De plus, la fécondité des familles immigrantes baisse dès qu’elles arrivent ici.

Ajoutons ensuite dans l’équation ce dont le Premier ministre s’est bien gardé de parler, les coupes budgétaires massives des dernières années dans les programmes d’intégration et de francisation.
Tant qu’à y être, n’oublions pas non plus que la région de Montréal accueille à elle seule 86 % de tous les immigrants accueillis par le Québec, une concentration unique au monde. Depuis des décennies, tous les programmes de régionalisation de l’immigration ont lamentablement échoué.

Dialogue

Dans le ton du Premier ministre, il y avait aussi quelque chose de cassant, de péremptoire, qui s’apparentait au refus même du questionnement et du dialogue. La cause semblait entendue. Pourtant, s’il y a une chose illustrée par nos difficiles débats sur nombre de questions liées à l’arrivée récente de gens venus d’autres contrées, c’est qu’une société fait le lit de ses tensions futures si elle s’interdit de discuter au nom de la rectitude politique et des évidences qui n’en sont pas.

Le Premier ministre semble se voir comme un homme serein, rationnel, qui regarde la réalité en face et les faits tels qu’ils sont. Fort bien. Qu’il le montre ici.

Voir aussi

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