lundi 8 septembre 2014

Prison pour une Irlandaise qui instruit ses enfants à la maison

Des délinquants
Monica O’Connor a 47 ans et six enfants : cette Irlandaise n’a ni tué, ni volé, elle travaille chez elle. Elle a accueilli chez elle 22 enfants en tant que famille d’accueil et exerce la profession d’assistante aux accouchements à domicile. C’est une femme épanouie et ses enfants vont bien.

Tous ont été scolarisés à domicile ; les deux cadets le sont encore.

Et c’est là que cette histoire ordinaire de gens heureux dérape : aux termes d’une nouvelle loi, Monica O’Connor a été condamnée à la prison pour avoir violé une nouvelle loi qui, sans interdire l’école à la maison, la rend très difficile.
La peine fut modeste : Monica a passé trois heures en prison, mercredi. Symbolique – mais justement, très symbolique d’une volonté de montrer que l'État prend le pas sur les parents même dans leur domicile, un geste symbolique pour bien illustrer que les parents ne sont pas les premiers éducateurs de leurs enfants.

Elle a été poursuivie par une toute nouvelle agence de « protection de l’enfance », TUSLA, qui pourrait bien engager de nouvelles poursuites contre Monica l’année prochaine et qui a également fait condamner son mari Edward O’Neill, qui donne une partie des cours et qui doit encore purger sa peine.

L’ingérence dans la vie familiale est évidente et, au demeurant, interdite par la Constitution irlandaise. Mais celle-ci ne peut être directement invoquée devant les juridictions de première instance. Monica O’Connor a décidé d’en rester là sur le plan judiciaire et de ne pas faire appel. Selon elle, TUSLA recherche précisément à donner une telle ampleur à l’affaire et les deux parents ne veulent pas lui donner cette satisfaction.

L’Irlande n’interdit pas l’école à la maison, mais depuis l’entrée en vigueur relativement récente de la loi en 2000, les parents qui font ce choix doivent obtenir un permis au terme d’une évaluation de la part des autorités. Tant qu’ils n’ont pas cette permission de l’État, les enfants sont considérés comme faisant l’école buissonnière. Depuis peu, la toute nouvelle agence TUSLA a été chargée de vérifier que les parents se conforment à cette loi. Si les parents ratent leur examen ou refusent de suivre le processus, ils sont désormais obligés d’inscrire leurs enfants à l’école locale.

En lançant la procédure contre Monica et Edward O’Neill, les pouvoirs publics tentent selon une association de scolarisation à domicile de faire pression sur tous les parents qui font ce choix, afin qu’ils s’enregistrent.

Monica souligne qu’elle avait accepté sans difficulté d’être évaluée pour pouvoir accueillir des enfants qui n’étaient pas les siens : « Après tout, l’État en avait la responsabilité finale. » Mais pour les siens, pas question !

Pour avoir refusé d’enregistrer leurs enfants comme scolarisés à domicile, les O’Neill ont déjà été condamnés à une amende de 2.000 euros (2800 $) en juin 2013, puis de 1.300 euros en décembre 2013. Refusant de payer, ils ont été condamnés à 10 jours de prison. Monica a été relâchée – en libération conditionnelle – au bout de trois heures, pour « bonne conduite ». Elle devra « rester sobre » et ne pas « fréquenter les tavernes », aux termes de sa libération conditionnelle...





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