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jeudi 14 septembre 2023

Canada — Purger les bibliothèques au nom de la diversité et de l'inclusion

Harry Potter, Hunger Games et Tonnerre, entends mon cri.


Autant de livres que Reina Takata dit ne plus trouver dans la bibliothèque de son lycée public de Mississauga (Ontario), où elle se rend la plupart du temps à l'heure du déjeuner.

En mai, Reina Takata raconte que les étagères de l'école secondaire Erindale étaient pleines de livres, mais qu'elle a remarqué qu'ils avaient progressivement commencé à disparaître. Lorsqu'elle est retournée à l'école cet automne, la situation avait radicalement changé.

Cette année, je suis entrée dans la bibliothèque de mon école et j'ai vu des rangées et des rangées d'étagères vides, sans aucun livre", a déclaré Mme Takata. sans aucun livre", a déclaré Mme Takata, qui a commencé sa dixième année la semaine dernière.

Elle estime que plus de 50 % des livres de la bibliothèque de son école ont disparu.

Au printemps, Mme Takata raconte que le personnel de l'école a dit aux élèves que "si les étagères semblent plus vides en ce moment, c'est parce que nous devons retirer tous les livres [publiés] avant 2008".

M. Takata est l'un des nombreux élèves, parents et membres de la communauté du Peel District School Board (PDSB) avec lesquels CBC Toronto s'est entretenu et qui sont préoccupés par le nouveau processus d'élimination des livres basé sur l'équité mis en place par le conseil au printemps dernier en réponse à une directive provinciale du ministre de l'Éducation.

Ils affirment que le nouveau processus, destiné à garantir que les livres de bibliothèque sont inclusifs, semble avoir conduit certaines écoles à retirer des milliers de livres uniquement parce qu'ils ont été publiés en 2008 ou avant.
 
Dans une déclaration faite mercredi, le ministre de l'éducation a indiqué qu'il avait écrit au conseil scolaire pour qu'il mette immédiatement fin à cette pratique.

"L'Ontario s'est engagé à faire en sorte que l'ajout de nouveaux livres reflète mieux la riche diversité de nos communautés", a déclaré le ministre M. Lecce. 

Mais Mlle Takata, qui est d'origine japonaise, craint que le tri par date de publication ne soit pas conforme à cette norme et qu'il n'efface des éléments historiques importants.

"Je pense que les auteurs qui ont écrit sur les camps d'internement des Japonais vont être éliminés et que tous les événements qui ont marqué l'histoire des Canadiens d'origine japonaise vont être supprimés", a-t-elle déclaré.  

"Cela m'inquiète beaucoup."

Libraries not Landfills, un groupe de parents, d'enseignants à la retraite et de membres de la communauté, se dit favorable au désherbage standard, mais partage les inquiétudes de Mme Takata quant au fait que des livres de fiction et de non-fiction soient retirés sur la seule base de leur date de publication.

Le groupe s'inquiète également de la manière dont des critères subjectifs tels que l'inclusivité seront interprétés d'une école à l'autre lors des étapes ultérieures du processus de désherbage fondé sur l'équité.

Tom Ellard, parent d'élève du PDSB et fondateur de l'association Libraries not Landfills (Des bibliothèques pas des décharges), explique que les enseignants les ont contactés pour les sensibiliser au processus de désherbage.

"Qui est l'arbitre de ce qu'il convient de mettre dans la bibliothèque et qui est l'arbitre de ce qui ne va pas dans nos bibliothèques ? Ce n'est pas clair", a-t-il déclaré. "Ce n'est pas clair pour les enseignants qui nous ont fourni ce matériel, et ce n'est pas clair pour moi en tant que parent ou en tant que contribuable.

M. Ellard explique qu'il a parlé au conseil des parents d'élèves, au directeur de son fils et à son conseiller scolaire. Il a également contacté des membres du gouvernement provincial, mais dit ne pas avoir reçu de réponse substantielle sur ce qui s'est passé au printemps et sur la manière dont le processus est censé fonctionner.

 

vendredi 26 novembre 2021

Le Canada, une maison de fous diversitaires ?

Mathieu Bock-Côté énumère quelques folies du paradis pour diversitaires qu'est devenu le Canada (surtout anglais, mais pas uniquement).

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jeudi 25 novembre 2021

Bibliothécaires choisissent livres non en fonction de leur qualité ou popularité, mais en fonction de leur prisme racialiste

L’édition jeunesse d’ici ne répond pas aux besoins des bibliothèques scolaires. « Je veux, j’ai besoin de plus de livres jeunesse avec des personnages asiatiques, noirs ou arabes », analyse la bibliothécaire au Centre de services scolaire des Mille-Îles Lyne Rajotte. L’édition jeunesse québécoise fait des avancées vers la diversité, et n’assouvit pas encore la faim des bibliothèques scolaires. « La littérature ne représente pas les visages qu’on voit dans nos écoles. » Trop blanc encore, le livre jeunesse d’ici ?
 
[Que le livre soit bon ou non, s'il est diversitaire on l'achète avec vos impôts]

Pour répondre aux besoins des 72 bibliothèques qu’elle gère, la bibliothécaire Lyne Rajotte a décidé il y a quatre ans « d’acheter 100 % des livres jeunesse où un enfant de la diversité apparaît. Ce livre-là, on l’acquiert, bon ou pas. On rentre 100 % de ce qui est non blanc en nouveautés dans nos bibliothèques. Et on a un budget plus grand encore que ce qu’on trouve sur le marché. On n’arrive jamais à vider notre enveloppe ».

Y a-t-il là un marché que l’édition québécoise ne saisit pas ? Ce désir d’augmentation de la diversité raciale en littérature jeunesse québécoise serait du moins partagé par l’ensemble des établissements du Québec, selon la présidente de l’Association pour la promotion des services documentaires scolaires (APSDS), Ariane Grenier.

Pourtant, plusieurs éditeurs disent partager aussi ce désir. Une vingtaine d’entre eux signait une lettre il y a un an, reconnaissant « le déséquilibre entre ce qui a été publié et la représentativité réelle de la société québécoise ». Un comité pour la diversité culturelle a aussi été mis en place à l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) il y a un an.


Illustration de Ravy Puth, issue du livre « Comment transformer une banane en vélo : une fable écologique » de l’« autrice » Jerry Dougherty.

L’objectif de ce comité est triple, explique Marc-André Audet, éditeur des Malins. « Améliorer la diversité dans nos histoires, dans nos écuries d’auteurs, dans nos équipes. » M. Audet confirme qu’en « bibliothèques présentement, il y a assurément plus de demande que d’offre. C’est tant mieux pour les auteurs racisés du Québec, dont les voix ne sont pas entendues assez présentement. Il y a un rattrapage à faire ».

L’éditeur poursuit : « Quand on regarde la couleur de nos romans et couvertures, des auteurs, des équipes, que ça ne ressemble pas assez à la couleur des gens qu’on croise dans les rues du Québec. » Entre les pages non plus : Rachel DeRoy-Ringuette avait réalisé en 2016, pour l’Université de Montréal, une étude sur la diversité en littérature jeunesse québécoise. Sur 200 titres pour les 0-11 ans qu’elle avait étudiés, 18 % contenaient des personnages de la diversité culturelle. De ceux-là, seuls 8 % d’entre eux avaient réellement un rôle « actif ».

Pourtant, en 2018, une étude du Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec indiquait qu’alors, « les élèves issus de l’immigration (de première et deuxième générations) constituent globalement plus du quart des élèves au Québec (27 %), et plus de 50 % de ceux des écoles montréalaises ».

Profil de l'immigrant au Québec en 2019 : très peu d'Européens, certains eux-mêmes issus de l'immigration en Europe

Et cinq ans plus tard, la diversité dans les livres jeunesse ? « Mon feeling [sic, sentiment], sans données, précise celle qui enseigne aux futurs enseignants, c’est qu’il y a eu une évolution. Mes observations laissent supposer qu’il y a plus de personnages issus de la diversité aujourd’hui. »

Les stéréotypes, qu’elle notait fort présents en 2016, ont-ils cédé leur place ? « Ce qu’on voyait à l’époque, c’est que les personnages issus de la diversité étaient souvent à l’arrière-scène. »

Apprendre par le pareil

« J’ai l’impression qu’il y a plus de personnages de la diversité à l’avant-plan maintenant, avance Mme DeRoy-Ringuette. Mais est-ce qu’on offre à ces personnages de vivre aussi des choses ordinaires ? Ou s’ils se retrouvent toujours dans l’exotisation, ou la ségrégation, le racisme, ou des thèmes propres à leur seule diversité ? Ce serait important de le savoir. »

C’est que la diversité, explique encore Mme DeRoy-Ringuette, est un outil dans l’apprentissage de la lecture. La spécialiste s’appuie sur l’analyse critique du multiculturalisme en littérature jeunesse faite par Bothelo et Rudman en 2009. « Ils y disent, résume la spécialiste, qu’il y a des textes-miroirs, où tu te reconnais. Des textes-portes qui t’amènent à agir pour une justice sociale. Et des textes-fenêtres où tu observes l’autre. »

Pour le lecteur tout débutant, « c’est important de se reconnaître, et de reconnaître l’autre », car la distance peut faire obstacle à la compréhension. « Le problème, s’il y a beaucoup de personnages blancs, c’est que les enfants issus de la diversité ne se reconnaissent pas, et se trouvent toujours dans une observation. »

Maudits bleuets

Chantal Lalonde, vice-présidente aux éditions Scholastic Canada, qui ont pris un tournant marqué vers la diversité il y a plus d’une décennie, renchérit. « Il faut que les enfants se reconnaissent dans ce qu’ils lisent. Petites, quand on lisait nos Comtesse de Ségur, on était à des milles de ce qui s’y passait. Je me rappelle très bien ne pas comprendre ce que je lisais, et que les bleuets y étaient des myrtilles, et que je ne savais pas si c’était un fruit ou une fleur… »

Cette reconnaissance directe qui aide l’apprentissage explique peut-être pourquoi les éditeurs scolaires ont une longueur d’avance en intégration de la diversité dans leurs contenus, selon plusieurs spécialistes. Les manuels, créés pour répondre à des objectifs pédagogiques, doivent aussi remplir les critères du ministère de l’Éducation, souligne Ariane Régnier de l’APSDS.

Les manuels scolaires doivent ainsi être exempts de discrimination et de stéréotypes. Les personnages doivent y entretenir des rapports égalitaires avec les autres et être présentés généralement en interaction. Et « les personnes qui présentent des caractéristiques différentes de celles de la majorité doivent y être bien représentées ».

« Les éditeurs littéraires n’ont pas à passer par ce processus », rappelle Mme Régnier. « Le désir de refléter davantage notre clientèle, nos élèves est présent depuis longtemps », indique Lyne Rajotte. « On était prêts en bibliothèque bien avant que les maisons d’édition et les auteurs se mettent à inclure de la diversité dans leurs livres. Mais c’est un mouvement : on ne bouge pas tous en même temps, mais on bouge tous dans la même direction. »

L’éditeur Marc-André Audet le croit aussi : « Les choses sont appelées à changer, on le voit avec le succès des Michel Jean et Isabelle Picard, et des auteurs des Premières Nations. J’espère qu’on va se mettre à recevoir plus de manuscrits d’auteurs racisés. Probablement qu’il y a plein de gens qui n’ont jamais envisagé la possibilité d’être publiés en français au Québec, et qui ne savent pas qu’on aimerait les lire. »

Pour le comité sur la diversité culturelle de l’Association nationale des éditeurs de livres,

le président Rodney Saint-Éloi (ci-contre), de Mémoire d’encrier, écrivait : « Il nous faut, dans le monde de l’édition comme dans la société, engager la conversation pour sortir de l’entre-soi. Il faut commencer à s’interroger. Amener des questions. Des questions pour dire la totalité de nos émotions. La totalité de nos êtres. La totalité de nos imaginaires. La totalité de nos histoires. Que serait la société si on s’acharnait à laisser de côté l’histoire et la culture des Premières Nations et l’histoire des personnes issues de l’immigration ? »

Source : Le Devoir