dimanche 4 septembre 2011

Angleterre — Cameron promet un tour de vis dans les écoles

David Cameron avec des élèves de Hackney
Après les émeutes urbaines de début août, le gouvernement de David Cameron est déterminé à prendre le problème à la racine : l'éducation. Le premier ministre et son ministre de l'Éducation, Michael Gove, ciblent particulièrement « une sous-classe éducative » : « les âmes perdues de notre système scolaire », qui n'ont guère d'autre destinée que d'aller grossir les rangs des gangs ou de remplir les cellules des prisons. David Cameron a identifié quelque 120.000 familles «brisées» qu'il souhaite remettre dans le droit chemin. Son credo: « qui aime bien, châtie bien ».

Pouvoir s'interposer physiquement

Pour remettre de l'ordre dans les salles de classe, le ministre de l'Éducation a détaillé jeudi son programme. Il veut renforcer la discipline et restaurer l'autorité des enseignants, au besoin en permettant l'usage de la force physique. On ne parle plus de châtiments corporels, abolis dans les établissements publics depuis 1987, mais de « contrainte physique ». Michael Gove entend se débarrasser d'une doctrine bureaucratique, baptisée « no touch rule », qui impose au corps enseignant de faire un rapport dès qu'un professeur est amené à toucher un élève. Il s'agit par exemple de pouvoir s'interposer lors d'une bagarre ou de saisir un enfant récalcitrant pour l'expulser de la classe. « Que ce soit bien clair, a averti le ministre. Les règles du jeu ont changé. »

Autorité et présence masculines

Parmi les moyens de restaurer l'autorité en classe, le gouvernement estime urgent de renforcer la présence d'enseignants masculins, capables de montrer à la fois « force et sensibilité ». Seul un quart des nouveaux professeurs sont des hommes et une école primaire sur quatre n'en compte pas parmi ses effectifs. Pour réduire ce déficit, le gouvernement lance un programme de reconversion de militaires dans l'enseignement, qui coïncide avec un plan de réduction des troupes dans l'armée. Une nouvelle école privée en projet à Manchester doit être encadrée uniquement par d'anciens soldats. Au programme : « tolérance zéro », « discipline immédiate et rapide », « élimination des difficultés de lecture et d'orthographe » et éloge des « valeurs martiales ».

Sans généraliser ce type d'académies, le gouvernement compte s'attaquer au cercle vicieux qui conduit de l'indiscipline à l'école vers la délinquance. Il est déterminé à enrayer l'absentéisme scolaire et à demander à un conseiller d'élaborer des sanctions appropriées envers les élèves qui sèchent l'école et leurs parents. Sur la sellette, les quelque 430 000 enfants qui manquent au moins 15 % des cours de l'année.

Ces mesures s'inscrivent dans l'arsenal répressif promu par le premier ministre depuis les émeutes, avec l'encouragement à de sévères sanctions des tribunaux et à la privation des droits sociaux des délinquants. Interrogé sur ce virage vendredi sur la BBC, David Cameron a répondu en se qualifiant de «conservateur de bon sens».

Familles décomposées, incitation à la dépendance

Pour plusieurs observateurs, il s'agit là du traitement des symptômes et non des causes de ce délitement de la jeunesse.  Pour Mélanie Phillips, « la famille mariée biparentale, la méritocratie éducative, le châtiment des criminels, l'identité nationale, l'application de la loi sur les stupéfiants et de nombreuses autres conventions fondamentales ont été jetés aux orties par une intelligentsia de gauche déterminée à mener une transformation révolutionnaire de la société. »


Mélanie Nicholas avec McKenzie le benjamin de ses 6 enfants
On apprenait cette semaine que le nombre de foyers anglais dont aucun membre n'avait jamais travaillé de leur vie avait doublé depuis la prise du pouvoir des travaillistes en 1997, il s'élève désormais à 300.000 foyers qui abritent plus de 300.000 enfants. Entre-temps, il y a actuellement 3,88 millions de foyers (dont les parents ne sont pas retraités)  où aucun des parents ne travaille pour l'instant, soit près de 20 % des familles du pays.  Plus de 1,83 million d'enfants vivent dans des foyers où personne ne travaille actuellement. Selon les statistiques de l'ONS, 91,3 % des pères mariés ont un travail alors que 81,7 % des pères concubins dans une famille biparentale avait un emploi. Seuls 57,3 % des « parents isolés » avaient un emploi.

Mélanie Nicholas (ci-dessus) est récemment devenue l'emblème des excès de la culture des droits sociaux dans la presse anglaise (et même indienne !) : à 38 ans elle a six enfants de deux pères différents. Elle a brièvement travaillé dans un bar comme jeune adulte. Aujourd'hui, elle touche de l'État 675 £ (1100 $) par semaine en cumulant diverses allocations. Son compagnon actuel, également dans la trentaine, a un peu travaillé à 18 ans comme maçon, depuis il est chômage.






† Hackney, arrondissement du Grand Londres, a été un des foyers des pillages de cet été. Le hackney est une race chevaline née à Hackney. En français, on parle de haquenée, un petit cheval aisé à monter, qui va l'amble et qui servait autrefois de monture aux dames.