samedi 15 décembre 2018

Le ministre de l'Éducation (CAQ) veut imposer le programme d'éducation à la sexualité du PLQ

Certains pensent que la CAQ est un parti conservateur, cela ne semble pas être le cas dans l’éducation où pour ce qui est de contenu on assiste à une belle continuité d’un ministre à l’autre. Rappelons que le nouveau ministre du Monopole de l’Éducation, Jean-François Roberge, a défendu l’imposition du controversé programme d’Éthique et de culture religieuse (ECR) lors d’un congrès à Victoriaville en 2012, débat qu’il perdit contre la base. [Voir La CAQ vote pour l’abolition du programme ECR au primaire]. D’ailleurs, malgré cette décision en congrès, cette résolution d’abolir le programme ECR est restée lettre morte.

C’est ainsi qu’on apprenait ce samedi que le bras de fer se poursuit entre les acteurs du réseau scolaire concernant l’éducation à la sexualité, que des enseignants menacent de boycotter s’ils sont forcés de l’enseigner, alors que le ministre demande davantage de « souplesse » aux directions d’école. Le Journal rapportait en début de semaine que l’implantation de l’éducation à la sexualité progresse moins rapidement que prévu à certains endroits, en raison du manque de profs volontaires pour l’enseigner. Des commissions scolaires affirment qu’elles ne parviendront pas à enseigner les cinq à 15 heures de contenu obligatoire cette année, de la première année du primaire à la fin du secondaire. Dans une missive transmise au réseau scolaire mercredi, dont Le Journal a obtenu copie, le ministre Jean-François Roberge rappelle à quel point ces notions sont « primordiales pour nos jeunes ». Quelles notions ? Voir une critique du contenu du programme (Préoccupations du ESCC concernant le programme d’éducation sexuelle), car ce programme n’est bien évidemment pas « neutre » et uniquement biologique ou médical.

Il souligne que les enseignants sont des « acteurs clés » pour le succès de cet enseignement, tout en invitant les dirigeants à « faire preuve de souplesse » et à recourir, au besoin, à des intervenants externes pour y arriver. « Ce n’est pas obligatoire que le contenu soit dispensé [présenté] par les enseignants », a précisé le ministre lors d’un entretien avec Le Journal.

Boycottage

Or, cette missive a suscité une levée de boucliers dans les rangs de la Fédération autonome de l’enseignement, qui estime que son contenu pourrait empirer la situation. « On craint que le tordage de bras [forcer la main] s’amplifie », affirme sa vice-présidente Nathalie Morel, qui aurait voulu que le ministre écrive « noir sur blanc » que les enseignants ne sont pas obligés d’enseigner ces contenus avec lesquels ils peuvent ne pas être à l’aise. Vendredi, la FAE a décidé d’inviter ses syndicats locaux à déclencher un boycottage si une commission scolaire voulait imposer l’enseignement de l’éducation à la sexualité à ses membres. De son côté, la présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire, Hélène Bourdages, dénonce « l’intimidation syndicale » qui règne dans des écoles. « La pression est assez écrasante », affirme-t-elle.

Pas de budget

À la Commission scolaire de Montréal, la missive du ministre a fait bondir sa présidente, Catherine Harel-Bourdon, qui a été « estomaquée ». Il n’est pas « réaliste » selon elle d’avoir davantage recours à des partenaires externes pour l’éducation à la sexualité que les profs ne veulent pas enseigner. « On n’a plus d’argent », lance-t-elle. Le Journal a contacté cette semaine tous les CIUSSS de la métropole afin de savoir s’ils pouvaient augmenter leur participation dans les écoles, qui a déjà fait l’objet d’une entente avec la CSDM pour certains contenus. Aucun n’a souhaité commenter.

Notons que cet article du Journal de Montréal passe sous silence la grogne de certains parents conservateurs qui expliquent sans doute le peu d’empressement de certains acteurs dans le monde de l’enseignement à s’empresser dans ce domaine. Rappelons qu’aucune école de Montréal n’avait participé au projet-pilote d’implantation du nouveau programme d’éducation à la sexualité. Voir Éducation à la sexualité : pourquoi aucune école-pilote dans la ville de Montréal ?

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Reportage sur l'école Sainte-Famille, école privée et non subventionnée qui doit malheureusement appliquer le programme d'études du Monopole de l'Éducation du Québec. Belle liberté pédagogique !

École catholique traditionaliste de Sainte-Famille à Lévis (Québec) from Cyprien Mbundu on Vimeo.