mercredi 20 février 2013

Joseph Facal : « L’essentiel est invisible »

Texte intéressant de Joseph Facal publié aujourd'hui.

Voyez les mots qui encombrent nos débats en matière d’éducation : taux de diplomation, compétences transversales, financement, endettement. L’essentiel est pourtant ailleurs.

Mon grand-père paternel est né dans le nord-ouest de l’Espagne, dans une famille de cultivateurs pauvre et nombreuse. Comme il n’était pas l’aîné, il n’héritait pas de la terre ancestrale.

Responsabilité

Au début du siècle dernier, il fait donc son baluchon et traverse l’Atlantique en bateau. Il avait 16 ans. Destination: Montevideo, capitale de l’Uruguay.

Débarqué le matin, il faisait de la pâte dans une pizzeria l’après-midi même. Plus tard, il a ouvert un restaurant, puis un autre.

Il ne lui serait jamais venu à l’idée que quelqu’un d’autre que lui-même était responsable de sa vie. Rien n’était plus important pour lui que ce qu’il n’avait jamais eu: une éducation.

Ses lourds silences suffisaient pour imposer son autorité. Ses deux fils avaient intérêt à marcher droit à l’école. Mon père est devenu médecin et son frère, banquier.

En 1970, c’est le chaos en Amérique latine. En Uruguay, la police et l’armée arrêtent et torturent sans retenue. On voit venir le coup d’État militaire.

Mon père décide qu’on recommencera tout au Québec. On arrive ici en juin 1970.

Puis, quand j’étais enfant, j’ai le souvenir de plusieurs de mes anniversaires. Mon père et moi allions à la librairie et il choisissait pour moi : Alexandre Dumas, Jules Verne, Dickens, Poe.

Je lisais jusqu’à ce que les yeux m’en tombent. Je fouillais aussi dans la bibliothèque de mon père et tombais sur des livres dont je ne comprenais pas la première phrase. J’allais au Collège Stanislas.

Puis, c’est à mon tour d’avoir des enfants. Mon garçon est maintenant en 3e secondaire, et la plus petite termine le primaire. Il fréquente une de ces écoles privées qui sont dans le haut de ce sulfureux classement que L’Actualité ne publie plus. Sa sœur y entre l’an prochain.

Ils savent parfaitement que rien n’est plus important à mes yeux que les bulletins qu’ils me ramèneront. J’examine les travaux de près.

Sacrifices

Comme j’essaie d’être un père moderne, je suis un chauffeur à temps plein. Quand je m’installe à la sortie des élèves pour attendre mon garçon, je suis toujours frappé par la proportion très élevée d’enfants d’origines maghrébine et asiatique.

Je parle beaucoup à leurs parents pendant que nous attendons. Plusieurs d’entre eux ont des petits dépanneurs, conduisent un taxi ou sont préposés aux bénéficiaires à l’hôpital.

Ils ne disent jamais: «Mon fils apprendra à se débrouiller comme moi.» Ils font d’immenses sacrifices pour que leurs enfants aient une vie meilleure que la leur. Je repense alors à mon grand-père.

Aucun gouvernement, aucun Sommet, aucun plan de réussite conçu par un «lologue» ne remplacera cela. L’essentiel est invisible.






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La bonne éducation – Autrefois, l’homme avait des devoirs envers le monde

Mathieu Bock-Coté dans les colonnes du Journal de Montréal revient sur ce que l'école contemporaine ne fait plus selon lui.

Pourquoi sentons-nous que l’école québécoise a fait faillite ? Je ne parle pas d’une faillite financière, mais d’une faillite morale et culturelle. La réponse est simple : c’est parce qu’elle ne comprend plus sa propre mission. Elle ne sait plus ce que veut dire éduquer. Éduquer, c’est-à-dire transmettre un savoir, des connaissances, introduire le jeune dans la société des adultes. Éduquer, c’est-à-dire inculquer des valeurs. Mais nous ne voulons plus éduquer, car nous ne voulons plus transmettre une culture. C’est notre vision de l’être humain qui a changé. Autrefois, l’homme était un héritier. Il savait qu’il entrait dans un monde qui le précédait. Il savait que le monde lui survivrait. Il avait des devoirs envers le monde. Pour le lui faire comprendre, on lui apprenait l’histoire. L’homme savait qu’il ne vivait pas dans un présent perpétuel, mais qu’il était situé dans le temps. Il développait un sentiment d’appartenance à sa collectivité.

Apprendre à admirer

À travers l’histoire, l’homme apprenait aussi à admirer. Il admirait les grands hommes, les grandes œuvres. Les actions héroïques aussi. L’histoire permettait de comprendre qu’on ne s’élève qu’en regardant plus haut que soi. Pour l’aider à s’inscrire dans le monde, on lui apprenait la littérature. Il savait qu’on ne maîtrise bien la langue qu’en lisant ceux qui l’ont pleinement déployée. Il comprenait qu’on ne parle pas comme on grogne. Surtout, on comprenait que l’homme ne saura jamais exprimer ses émotions s’il n’a pas les mots pour le dire. Un homme au vocabulaire trop limité est enfermé dans une terrible prison. Il n’aura pas accès à toutes les nuances de sa propre humanité. Cette vision a changé. Pire, elle s’est effondrée. Il y a une quarantaine d’années, on a voulu « libérer » l’être humain. On s’est dit que l’homme ne devait plus sentir sur lui la pression de la société. Des devoirs ? Non, merci. Que des droits, qui se résument en un seul : le droit de jouir. Surtout, on s’est dit qu’on devait libérer l’homme de la société. L’histoire ne devait plus l’obliger. La littérature ne devait plus le former. La morale ne devait plus le structurer. L’histoire devenait alors passéiste. La littérature, prétentieuse. L’enfant devait même espérer s’éduquer lui-même. Sans contrainte. Il fallait valoriser son authenticité. Sa créativité absolue. C’était l’heure de la pédagogie ouverte. De l’éducation exagérément permissive.

L’école contemporaine

À cette lumière, on comprend l’école contemporaine. Elle a renoncé aux connaissances parce qu’elle les croyait autoritaires. Imposer des connaissances, c’est transmettre une culture. C’est supposer que le passé doit alimenter le présent et inspirer l’avenir. On comprend alors d’où viennent les fameuses « compétences ». Avec les compétences, on mise sur l’autonomie absolue de l’élève. Il doit construire lui-même son savoir à partir de sa propre personnalité. Le professeur aussi change de mission. Il devait transmettre autrefois une matière. Désormais, il doit accompagner le jeune dans la construction de son savoir. Ne soyons pas surpris que certains veulent les remplacer par des ordinateurs. Cette révolution délirante a mené au désastre. L’homme n’est pas « libéré », il est déculturé, déraciné. L’essentiel n’est pas de pomper des milliards $ en éducation, mais d’imposer un changement de philosophie. Il faudra en revenir à une conception classique de l’éducation.




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Chttt ! Le mot d'ordre de « la droite » aux conservateurs sociaux

Pour les partis de « droite », il ne faudrait parler que d'économie, les conservateurs sociaux doivent se taire et laisser la discussion sociale à la seule gauche, aux seuls « progressistes », « féministes », « écologistes » et « homosexualistes » dans les écoles, au parlement, dans les associations. Progressistes qui, par leur lutte métapolitique à l'école, dans les médias et les universités, rendent normal l'étatisme, l'État-Nounou qui est là pour assurer l'égalité et la justice sociale.

Brian Lilley en a assez de voter pour ces gens qui se disent de droite qui lui demandent de se taire et qui, de toute façon, ne respectent même pas leurs promesses budgétaires et fiscales !

En deuxième partie, un entretien avec le chef du Parti libertarien de l'Ontario, Allan Small sur le programme de son parti en matières d'éducation : un vrai choix des programmes et des écoles.

 Le site du Parti libertarien de l'Ontario (en anglais uniquement).





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