vendredi 4 novembre 2011

Début d'un petit débat sur l'immigration au Québec ?

La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, a dévoilé cette semaine son plan d'immigration. Il contribuera, selon elle, « au dynamisme économique » et à « l'enrichissement du patrimoine socioculturel ».

C'est un lieu commun que l'on retrouve également dans les manuels scolaires :
« L'immigration continue alors à contrer les effets de la dénatalité et du veillissement de la population. »
Fresques, tome I pour le 2e cycle du secondaire, 2e année (secondaire IV),
Chenelière éducation


Sur le plan économique, ce lieu commun est contredit par les travaux de plusieurs économistes et démographes. Quant à « l'enrichissement socioculturel », rengaine sortie tout droit du prêt-à-penser multiculturel, cette vocation est à la limite insultante pour ceux qui chérissent la culture québécoise (est-elle pauvre ?) et contradictoire avec l'idée que toutes les cultures sont riches et dignes de respect (comment certaines pourraient-elles s'enrichir et devenir plus riches ?) Mais cette expression qui se veut inattaquable (qui est contre l'enrichissement ?) cache mal les côtés négatifs de l'immigration : son coût, les difficultés d'intégration, la moindre cohésion sociale et l'affaiblissement du français. Rappelons que, pour 42 % des Québécois, l'immigration est une menace pour la culture québécoise.

Les chiffres du ministère

Dans l’année en cours, le Québec a prévu de recevoir jusqu’à 55 000 immigrants. Un chiffre qu’il ne compte plus atteindre dans la période 2012 – 2015 suivant le plan que Kathleen Weil, la Ministre de l’Immigration et des Communautés Culturelles, dévoilé en début de semaine. Durant les 4 prochaines années, le Québec compte accueillir 51 200 à 53 800 immigrants.

Le plan contient plusieurs légers ajustements. La part d'immigrants connaissant le français passera de 62 % à 64 %, ce qui continuera donc à baisser mécaniquement la part des francophones (aujourd'hui légèrement en dessous de 80 %) au Québec. La part de l'immigration économique passera quant à elle de 65 % à 70 %. On demandera aussi aux travailleurs qualifiés de mieux connaître le français. Enfin, il y aura 50 %, et non pas 48 %, des immigrants travailleurs qualifiés qui devront détenir une formation professionnelle correspondant aux besoins du marché du travail.

Les chiffres du Vérificateur général

Dans son dernier rapport sur la sélection des immigrants, le Vérificateur général établissait que seuls 9 pour cent (9 %) des immigrés sélectionnés ont une formation correspondant aux besoins de main-d'œuvre du Québec et non pas 48  comme le prétend le communiqué du ministère de l'Immigration repris par les médias. En effet, 65 % des travailleurs qualifiés sélectionnés n’ont eu aucun point pour le domaine de formation. La note de passage a été obtenue surtout grâce à d’autres caractéristiques (niveau de scolarité, âge et connaissance du français).

L'immigration de gens d'affaires est également un échec : six immigrants sur dix appartenant à la catégorie des gens d’affaires quittent rapidement le Québec. En 2009, le taux de chômage des immigrants du Québec s’élevait à 13,7 % comparativement à 7,6 % pour la population native et à 10,7 % pour les immigrants de l’Ontario.  En 2007, le taux d’emploi des immigrants ayant fait des études universitaires était de 75,7 % par rapport à 93,0 % pour la population du Québec ayant fait de telles études.

En outre, en avril 2011, le gouvernement Charest a supprimé 30 classes de francisation des immigrants afin d'économiser cinq millions de dollars par année. Emploi-Québec a également aboli des classes de français en raison de réductions budgétaires, une économie de 600 000 $.



Anglicisation du  Grand-Montréal

On apprend d'autre part que la Rive-Sud de Montréal s'anglicise rapidement.  C’est en analysant les données du dernier recensement que Gérald Paquin, qui enseigne également la physique à l’École de technologie supérieure, en est venu à la conclusion que les nouveaux arrivants adoptent de plus en plus l’anglais comme langue d’usage à la maison. À court terme, cette situation pourrait rendre les francophones minoritaires dans la municipalité de Brossard. En ce moment, on retrouve dans la municipalité une proportion presque équivalente de citoyens qui ont comme langue maternelle le français, et de citoyens qui ont l’anglais ou une autre langue comme langue maternelle. En effet, le dernier recensement indique que 51 % des Brossardois ont le français comme langue maternelle. Avec l’immigration qui s’intensifie et les substitutions linguistiques qui avantagent l’anglais, cette proportion serait vouée à diminuer, rendant les Brossardois francophones minoritaires dans la ville. « Dans très peu d’années, les locuteurs de langue française vont devenir minoritaires à Brossard », prévient Gérald Paquin.

Pour ce qui est de Laval, le portrait a également bien changé dans ses écoles au cours des dernières années. La commission scolaire est débordée par la vague d'immigration qui déferle sur l'île Jésus depuis 10 ans. La pauvreté et les tensions raciales font désormais partie du paysage scolaire. Six enseignants témoignent de leur réalité. À l'école primaire Saint-Norbert, au cœur du quartier Chomedey, les classes de maternelle sont remplies, parfois aux trois quarts, d'enfants d'immigrés qui ne parlent pas un mot de français. 

Courage, fuyons !

Entretemps, le Politiquement Qorrect Parti Québécois refuse de commenter les quotas d'immigration, se contentant de parler de moyens supplémentaires à consacrer à la francisation...

Et, un politicien qui a dit un bref instant vouloir une immigration de 15 % inférieure à ce que propose le parti qu'il compte remplacer, mais de 30 % supérieure à celle d'il y a près de 10 ans passe pour courageux.... Au royaume des pleutres...



 Guillaume Marois, coauteur de L'immigration, le remède imaginaire



Voir aussi

L'immigration, le remède imaginaire (Benoît Dubreuil et Guillaume Marois)

Institut Fraser : L’immigration massive nuit au bien-être des Canadiens en général ; les politiques d’immigration doivent être revues (étude de 264 pages)

Bock-Côté : Immigration, un tabou explose

L'immigration, les yeux grands fermés