vendredi 1 août 2008

ECR — Ouverture au dialogue ou pédagogie du conflit pour ébranler l'identité de l'enfant et introduire une dissonance ?

Les lecteurs de ce carnet se rappelleront que le 8 janvier 2008 à 18 h 45 M. le professeur Jean-Pierre Proulx avait laissé le commentaire suivant :
« Vous me faites par ailleurs trop d'honneurs en me qualifiant de "père" du cours d'éthique et de culture religieuse.

Le groupe de travail que j'ai présidé de 1997 à 1999 a repris une idée qui avait déjà été proposée par le professeur Fernand Ouellet de la faculté de théologie de l'Université de Sherbrooke, spécialiste des religions des Indes au début des années 80. Son idée fut d’ailleurs mise en œuvre pendant un certain temps avec l'approbation du Comité catholique du CSE dans les années 1980. L'idée fut reprise par le Conseil supérieur de l'éducation dans un de ses avis de la décennie 1990 puis par les États généraux sur l'éducation de 1995-96. »
Qui est ce Fernand Ouellet et quels sont donc les principes qui devraient guider un cours de culture religieuse ou d'éducation à la citoyenneté (intégré désormais au cours d'histoire) selon lui ?

Dans l’article intitulé « L’enseignement du fait religieux dans l’école publique ? »[1], Fernand Ouellet commente ainsi les assertions d’un autre auteur sur les pratiques pédagogiques à privilégier dans le cadre d’un tel cours :
Dans le contexte actuel, il ne suffit pas d’éduquer à la reconnaissance et au respect de l’autre. Il faut aussi apprendre à ébranler la « suffisance identitaire » et à s’intéresser à l’autre par delà les divergences et les conflits de valeurs  :

« On saisit à partir de là les principes de ce que pourrait être une éducation à la citoyenneté et à la responsabilité. Le problème n’est pas d’inculquer telle valeur ou ensemble de valeurs plutôt que tel autre. Il est de permettre l’émergence d’un questionnement, d’une inquiétude qui arrache l’enfant ou l’adolescent au confort d’un plein et serein accord avec soi-même et de l’acceptation passive de l’altérité d’autrui : « Lui, c’est lui, moi c’est moi ». Il est donc moins de « construire une identité » que, à l’inverse, d’ébranler une identité trop massive et d’y introduire la divergence et la dissonance; il n’est pas de préparer à la coexistence et à la tolérance, mais au contraire, de mettre en scène l’incommensurable abîme qui me sépare d’autrui et m’oblige (au sens moral du terme) à m’intéresser à lui. C’est donc une « pédagogie du conflit » à la fois entre les individus mais aussi en chacun. » (p. 146)

La pédagogie du conflit que propose ici Galichet comme solution à la crise de légitimité des valeurs dans les sociétés contemporaines s’inscrit dans une conception de l’éducation la citoyenneté où « l’enseignement des questions controversées » (Crick, 1998; Lorcerie, 2002, p.181-182) occupe une place centrale. Une approche de l’éducation à la citoyenneté apparaît particulièrement bien adaptée à la situation de tension entre plusieurs conceptions légitimes de la citoyenneté qui a été évoquée plus haut.
[1] Ouellet F., L’enseignement du fait religieux dans l’école publique ?, Carrefours de l’éducation 2002/2, n° 14, p. 40-58.

Méli-mélo — si les manuels agréés le disent !

Les manuels d'ECR agréés par le Monopole de l'Éducation commencent à paraître. Parmi ceux-ci, Diapason publié par Modulo. Ce livre est destiné aux enfants du 2e cycle du primaire.

On se rappellera que de nombreux opposants à ce cours, imposé à tous les élèves du Québec depuis la première année du primaire, se plaignaient du grand nombre de concepts introduits superficiellement et sur un pied d'égalité dès le plus jeune âge. Ces détracteurs craignaient que le cours soit « mélant ».

Fait-il voir un aveu de ce caractère confus et superficiel dans le titre de la page 51 : « Méli-Mélo »?



Au fait qui est Muhammad ? Les dictionnaires français donnent depuis des siècles Mahomet. Mais bon, le Québec est toujours « en avance » d'une mode. Il semble en tirer un certain orgueil.