jeudi 19 octobre 2023

La révolution woke au Québec


J.K Rowling préfère « aller en prison » plutôt que dire que les « femmes trans » sont des femmes

L’autrice d’Harry Potter a partagé la photo d’une phrase projetée sur le mur d’un service du ministère britannique de la Justice disant « Répétez après nous : les femmes trans sont des femmes. » J.K Rowling a commenté d’un laconique et franc « Non. »
 
 
Interpellée par un internaute sur le fait que ce commentaire lui vaudrait deux ans de prison en cas d’adoption de la loi proposée par les Travaillistes britanniques visant à transformer les propos transphobes en crime de haine, elle a répondu : « Je ferai avec plaisir deux ans de prison si l’autre option est de devoir prononcer des termes faux qui nient la réalité et l’importance du sexe [biologique]. Traînez-moi en justice. Je m’amuserai plus que je ne l’ai jamais fait sur un tapis rouge. » 
 

Favori dans les sondages pour les élections législatives prévues début 2025, le Parti travailliste britannique prévoit notamment de durcir les peines pour les personnes qui utiliseraient volontairement les mauvais pronoms pour désigner les personnes trans.

Les travaillistes ont remporté deux partielles mercredi 18 octobre de façon décisive. La circonscription parlementaire nationale du Mid Bedfordshire a toujours élu des députés conservateurs depuis les élections générales de 1931. Cependant, un changement historique s’est produit ce soir lorsque le parti travailliste a remporté la victoire dans la circonscription par 3 % alors que les conservateurs l’avaient emporté par une marge de 38 % en 2019. Pour la deuxième circonscription, Tamworth, Sky News rapporte que les résultats qui viennent de tomber montrent « la plus grande majorité jamais renversée » lors d’une élection législative partielle au Royaume-Uni, ajoutant qu’il s’agit du plus grand basculement contre les conservateurs depuis 1945. Lors de l’élection de 2019, les conservateurs avaient plus de 42 % d’avance. Cette fois-ci, les Travaillistes devancent les conservateurs par près de 5 %. La double victoire dans le Mid Bedfordshire et à Tamworth est la première fois depuis 1962 que les travaillistes remportent deux élections partielles le même jour.

Histoire — Relisons Pirenne !

Un imposant volume de la collection « Quarto » réunit les écrits de l’historien médiéviste belge rendu célèbre par son livre « Mahomet et Charlemagne ».

L’historien Henri Pirenne, dans son bureau, à Gand (Belgique), en 1930. La loi du 5 avril 1930 éliminera le français comme langue d’enseignement et imposera le néerlandais. Pirenne, ne parlant pas le néerlandais, dut céder son poste de professeur d’histoire à la fin de l’année universitaire. L’Université de Louvain en terre flamande sera la dernière université à être « flamandisée » en 1968

IL FUT un temps où son nom n’était plus cité qu’avec embarras. À l’époque où Samuel Huntington faisait frémir avec sa thèse sur le « choc des civilisations », il n’était pas bien vu de mentionner Henri Pirenne. Son crime ? Il avait osé affirmer, dans Mahomet et Charlemagne, publié en 1937, que les invasions arabes avaient marqué la fin de l’Europe antique, semblant donner du crédit par avance aux thèses du néoconservateur américain. 

Avant Mahomet, écrivait Pirenne, l’orient et l’occident n’étaient pas franchement divisés. L’Empire romain, qui, de la Syrie à l’Espagne, de la Baltique au Sahara, formait une magnifique unité, n’avait pas été bouleversé fondamentalement par les « invasions » barbares, car les nouveaux conquérants germaniques avaient institué, sur les ruines de l’empire, des monarchies qui, comme celles de Clovis ou des Wisigoths et des Vandales, avaient manifesté une grande révérence à l’égard de la civilisation vaincue. Clovis se fait baptiser et pousse même le zèle jusqu’à demander à être reconnu comme consul et patrice romain par l’empereur romain d’Orient Anastase.

Tout allait changer avec l’arrivée des défenseurs d’Allah au VIIe siècle. Eux n’ont aucun respect pour la romanité, car ils défendent une autre civilisation et un autre dieu. Pirenne résumait : « Tandis que les Germains n’ont rien à opposer au christianisme de l’empire, les Arabes sont exaltés par une foi nouvelle. »

À Pirenne revient l’indéniable mérite d’avoir le premier exploré l’étendue de l’influence islamique dans les premiers siècles du Moyen Âge.

Geneviève Warland et Philippe Sénac
Provenant de la péninsule arabique, ils colonisent au nom d’Allah la rive sud de la Méditerranée, s’installant durablement en Palestine, en Égypte ou en Maurétanie césarienne et tingitane, puis ils franchissent le détroit de Gibraltar et remontent jusqu’au Nord, près de Poitiers, en passant par l’Espagne. 

Loin d’être restée un lac intérieur (le fameux Mare nostrum des Romains), la Méditerranée allait dès lors devenir un obstacle, une « barrière ». Pirenne parle de « cataclysme cosmique ». Le royaume wisigoth s’effondre, le royaume franc résiste de justesse. D’où la phrase célèbre et contestable : « Sans Mahomet, Charlemagne est inconcevable. »

Ce que les Anglo-saxons ont appelé, au regard de sa popularité, « the Pirenne’s thesis », n’est plus aujourd’hui reconnu par la très large majorité de la communauté historique. Elle avait déjà été nuancée dès la publication de ce livre. Un grand historien du Moyen Âge comme Marc Bloch, tout en saluant l’érudition et le style de l’auteur, ne se disait pas tout à fait convaincu par la thèse de Pirenne dans la mesure où, selon lui, Mahomet avait probablement « précipité » l’effondrement de la civilisation antique, mais il ne l’avait pas « créée », constatant avec d’autres que le commerce s’était déjà effondré à l’époque mérovingienne. D’autres historiens affirmeront ensuite que le commerce méditerranéen, qui était déjà en recul depuis la chute de Rome, ne s’effondra pas totalement avec l’arrivée des Arabes puisque certains ports de l’Italie du Sud continuèrent leurs relations avec l’orient. 

Bref, les controverses érudites feront rage, mais l’idée essentielle demeure, et, comme l’écrivent Geneviève Warland et Philippe Sénac, qui codirigent la publication de l’œuvre de Pirenne dans cette édition « Quarto », « à Pirenne revient l’indéniable mérite d’avoir le premier exploré l’étendue de l’influence islamique dans les premiers siècles du Moyen Âge ».

Insistant sur la force de sa reconstruction historique, sur son « don d’évocation hors pair », les auteurs de ce gros volume nous permettent de redécouvrir l’œuvre de Pirenne, ne se limite nullement à cette thèse sur Mahomet et Charlemagne, dont l’auteur avait eu l’intuition dès 1893 et qu’il avait commencé à défendre dans un article savant en 1922 avant d’en rédiger le texte fameux. Pirenne offre aussi à ses lecteurs une formidable histoire de l’Europe qui possède un souffle et un « art de voir », comme dira Marc Bloch, qui fait bien défaut à beaucoup d’historiens d’aujourd’hui. Pirenne [germanophone et familier de l’Allemagne] s’oppose notamment à la vision des historiens allemands et défend une ligne de démarcation entre une Europe de l’Ouest marquée par l’esprit de liberté dès le Moyen Âge, reposant sur un idéal national, et une Europe orientale, germanique, impériale, plus autoritaire et arriérée. Cette tonalité antiallemande paraîtra un peu démodée, mais elle n’est pas si erronée et elle a du souffle. Alors, ne serait-ce que pour le plaisir littéraire, il faut relire Pirenne.

Source : Le Figaro


Histoires de l’Europe 
par Henri Pirenne,
paru le 28 septembre 2023,
chez Gallimard,
à Paris,
dans la collection Quarto,
1504 pp,
ISBN-10 : 2 072 828 341
ISBN-13 : 978-2072828348

Ce volume illustré contient :

  • Histoire de l’Europe 
  • Les Villes du Moyen Âge
  •  Mahomet et Charlemagne Recueils d’articles, discours, essais et journaux sur la méthodologie de l’histoire, autour des « Annales », sur la nation (belge), et sur la Grande Guerre 
  •  « Pirenne, Mahomet, Charlemagne », préface de Philippe Sénac 
  •  Vie & Œuvre.

 

Voir aussi

 « Sans l’islam, l’Empire franc n’aurait sans doute jamais existé »

La chute de Rome a bien eu lieu

Inde : la Cour suprême refuse de reconnaître le mariage homosexuel (mais oui au mariage trans)

Le 17 octobre, la Cour suprême indienne a indiqué ne pas être habilitée à légaliser le mariage homosexuel.

Selon le président de la plus haute juridiction du pays, D.Y. Chandrachud, « il relève du domaine du Parlement et des organes législatifs des États de décider de la loi sur le mariage ». En l’état actuel, la Cour considère que le « droit au mariage homosexuel » n’est pas garanti par la Constitution.

D.Y. Chandrachud a toutefois précisé que l’Inde doit accorder une forme de reconnaissance aux relations entre personnes de même sexe, et les protéger contre toute forme de discrimination.

La Cour a suivi la ligne du gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre, Narendra Modi, qui s’oppose à la légalisation du mariage homosexuel. « Toute ingérence dans ce domaine (…) perturberait complètement l’équilibre délicat des lois relatives à la personne dans le pays et les valeurs sociétales acceptées » avait indiqué le Gouvernement dans un mémoire adressé à la Cour. « Vivre ensemble en tant que partenaires et avoir des relations sexuelles entre personnes du même sexe (…) n’est pas comparable au concept de l’unité familiale indienne, composée d’un mari, d’une femme et d’enfants » avait-il précisé.
 
« Je doute que le BJP [Bharatiya Janata Party, la formation de M. Modi au pouvoir] veuille même que la question soit débattue au Parlement, sans parler de l’adoption d’une loi », a commenté Shashi Tharoor, député du Congrès, le principal parti d’opposition, à l’issue de la décision.

La décision unanime d’un banc de cinq juges vient cinq ans après que la Cour a supprimé une interdiction des relations sexuelles homosexuelles datant de l’époque coloniale.

En Asie, seuls Taïwan et le Népal reconnaissent le mariage homosexuel. Le mariage entre personnes de même sexe est légal de jure au Népal, bien qu'il n'y ait pas de législation à l'appui, depuis le 28 juin 2023, conformément à un arrêt de la Cour suprême. Toutefois, malgré l'arrêt de la Cour suprême, un tribunal de Katmandou a rejeté la demande de mariage d'un couple homosexuel le 13 juillet.

Le même jour, la Cour suprême indienne a en revanche autorisé la reconnaissance du mariage pour les couples dont l’un des membres se déclare transgenre, à la condition toutefois qu’ils soient respectivement identifiés comme un « homme » et une « femme ».

"Bien que nous ayons constaté quelques avancées positives en termes de reconnaissance des personnes transgenres vivant dans des unions hétérosexuelles et pouvant se marier en vertu de la loi spéciale sur le mariage ou des lois personnelles existantes, il sera extrêmement difficile de voir cette reconnaissance mise en œuvre sur le terrain", a déclaré Zainab Patel, militante des droits des personnes transgenres et requérante dans l'affaire en question.