mercredi 19 avril 2023

« Les femmes alimentent le wokisme sur les campus et dans la société »

Les femmes ont plus souvent un diplôme universitaire, sont politiquement plus à gauche et ont moins de respect pour la liberté d’expression.

Des étudiants en études féminines et de genre de l’Université Carleton participent à un rassemblement à Ottawa en 2010.

Un sondage Angus Reid portant sur les intentions de vote de 5 000 Canadiens entre le 6 et le 13 mars a révélé un large écart entre les partisans des conservateurs et ceux des libéraux. Dans l’ensemble, les libéraux sont en queue de peloton (29 % contre 35 %). Mais alors qu’une pluralité d’hommes disent qu’ils voteraient pour les conservateurs si une élection avait lieu demain, 44 % des femmes de moins de 35 ans disent qu’elles voteraient pour le NPD et 42 % des femmes de plus de 55 ans ont l’intention de voter pour les libéraux.

Le chef du Parti [dit] conservateur, Pierre Poilièvre, a du pain sur la planche à cet égard. Mais il devrait comprendre que cela n’a rien à voir avec lui personnellement. De nombreuses études ont conclu que les femmes instruites sont davantage attirées par la gauche politique que les hommes.

Et comme les femmes sont plus nombreuses à obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur — en 2016, 40,7 % des Canadiennes et 29,1 % des Canadiens âgés de 25 à 34 ans étaient titulaires d’une licence [baccalauréat au Canada/Québec] ou d’un diplôme supérieur —, il n’est pas étonnant que leurs convictions progressistes, renforcées par leur passage à l’université, se reflètent dans leurs habitudes de vote.

L’Institut de recherche sur l’enseignement supérieur de l’UCLA mène des enquêtes auprès des étudiants de première année chaque année depuis 1966. Jusqu’en 1980, les hommes étaient plus libéraux/de gauche que les femmes. Au début et au milieu des années 1980, les hommes et les femmes étaient politiquement à peu près au même niveau.

Mais depuis 1987, les femmes sont plus à gauche que les hommes. L’enquête de 2016 menée auprès de 137 456 étudiants de première année dans 184 collèges et universités des États-Unis a révélé que 41 % des femmes s’identifiaient comme libérales ou d’extrême gauche, contre 29 % des hommes.

C’est une mauvaise nouvelle pour l’état précaire de la liberté d’expression. Un sondage Gallup/Knight Foundation de 2017 a posé la question à 3 014 étudiants : « Si vous deviez choisir, qu’est-ce qui vous semble le plus important » : une société diversifiée et inclusive ou la protection de la liberté d’expression ? Les étudiants masculins ont choisi la protection de la liberté d’expression par 61 voix contre 39, tandis que les étudiantes ont préféré une société « diversifiée et inclusive » à la liberté d’expression par 64 voix contre 35.

Dennis Chong, politologue à l’université de Californie du Sud, a déclaré au New York Times que « l’écart entre les sexes en matière de tolérance politique, les femmes étant un peu plus disposées à censurer les idées controversées et potentiellement nuisibles, remonte aux premières enquêtes sur le sujet dans les années 1950 ».

Selon Barbara Kay, les femmes sont plus wokes que les hommes, et plus elles seront nombreuses dans les universités, plus notre culture deviendra woke et plus la rigueur intellectuelle perdra du terrain au profit des sentiments, de l’« expérience vécue », de la thérapeutique et du sécuritarisme.

Dans un article du City Journal, la commentatrice politique conservatrice Heather Mac Donald parle de « la grande féminisation de l’université américaine », déplorant que « la traumatisation de la vie quotidienne, comme d’autres tendances universitaires modernes, se propage rapidement en dehors du campus ».

Un article de Quillette sur l’effet des femmes dans le monde universitaire, rédigé par Cory Clark, spécialiste des sciences du comportement, et Bo Weingard, rédacteur en chef adjoint de Quillette, fournit des statistiques détaillées pour étayer les observations de Mac Donald. Ils affirment que les hommes et les femmes considèrent différemment l’objectif de l’enseignement supérieur et de la science.

En moyenne, « les femmes sont plus disposées à réprimer la science pour des raisons morales, et les hommes sont plus disposés à autoriser le partage d’idées offensantes, voire potentiellement nuisibles ». « [Avec le temps,] l’appui à l’intégration de préoccupations morales dans le processus scientifique et dans les publications savantes est susceptible d’augmenter alors que celui à la liberté universitaire est susceptible de diminuer ».

Les femmes représentent 80 % des diplômés en études de genre aux États-Unis, qui sont essentiellement des camps d’entraînement au militantisme dans l’idéologie radicale du genre. Ce sont ces femmes qui, de manière disproportionnée, finiront par occuper des postes d’administrateurs chargés de la diversité, de l’équité et de l’inclusion dans les universités, et qui seront en mesure d’appliquer les tendances illibérales qu’elles ont développées à l’université.

Dans l’ensemble, les études montrent que les femmes de l’enseignement supérieur sont plus susceptibles que les hommes de croire que les discours de haine sont une forme de violence, d’approuver le fait de faire taire un orateur, de s’en remettre aux « modes de connaissance » des autochtones comme ayant une valeur égale à celle de la science, d’approuver la censure des résultats scientifiques s’ils sont en conflit avec la doctrine woke et d’affirmer qu’il devrait être illégal de dire des choses offensantes à propos de certaines minorités.

Lorsque les militantes rencontrent une opposition verbale — comme peuvent le constater tous ceux qui regardent les manifestations étudiantes sur YouTube — elles sont beaucoup plus susceptibles que les hommes de réagir émotionnellement, en sanglotant ou en criant, ce qui met fin à tout dialogue, sans parler du type de débat ouvert, parfois abrasif, qui caractérise les forums dominés par les hommes comme l’université à l’ancienne.

Une étude réalisée en 2011 a montré que les femmes pleurent en moyenne de 30 à 64 fois par an, contre 5 à 17 fois pour les hommes. Et ce ne sont pas les étudiants masculins qui demandent « un endroit désigné sur le campus pour pleurer », comme l’a demandé une étudiante lors d’une énième tentative de bâillonnement à la faculté de droit de l’université de Georgetown.

Sur son Substack, Richard Hanania, président du Centre d’études sur la partisanerie et l’idéologie (Center for the Study of Partisanship and Ideology), s’est attaqué à ce dilemme dans un billet récent intitulé Les Larmes des femmes l’emportent sur le marché des idées (« Women’s tears win in the marketplace of ideas »). Il note qu’il est mal vu de faire pleurer les femmes, alors que ni les femmes ni les hommes n’éprouvent de sympathie pour les hommes qui pleurent.

Hanania conclut que « la société a été assez douée pour reconnaître les méfaits des excès de la masculinité. Nous n’avons même pas commencé à réfléchir attentivement aux pathologies équivalentes découlant des traits de l’autre sexe »

Si les tendances actuelles se poursuivent — ce qui semble probable — les progressistes ou gauchistes n’hésiteront pas à orienter leurs politiques vers une prise en compte accrue des revendications des femmes radicales progressistes. En revanche, aucun candidat conservateur, aussi séduisant et raisonnable soit-il, ne pourra surmonter au handicap de genre qui pourrait s’avérer insurmontable.

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