dimanche 14 août 2022

Aux États-Unis, la crise des opiacés prend des proportions catastrophiques

C’est l’épidémie la plus dangereuse que nous ayons vue.

Ray Donovan, haut responsable de l’Agence américaine antidrogue (DEA)

Makayla Cox, lycéenne américaine en Virginie, pensait prendre un médicament pour traiter la douleur et l’anxiété, obtenu par le biais d’un ami.

Mais la pilule avalée deux semaines après son seizième anniversaire était du fentanyl, un opiacé de synthèse jusqu’à 50 fois plus puissant que l’héroïne. Elle est morte presque immédiatement.

Un soir de janvier, après avoir regardé un film avec sa mère Shannon, Makayla semblait en forme lorsqu’elle est allée dans sa chambre avec son chien, un husky qui dormait souvent sur son lit.

Mais le lendemain matin, Shannon a découvert Makayla appuyée contre la tête de lit, à moitié assise, un liquide orange sortant de sa bouche et de son nez.

« Elle était toute raide. Je l’ai secouée, j’ai crié son nom, j’ai appelé les secours », relate Shannon à l’AFP. « Mes voisins sont venus et ont tenté de la réanimer, mais il était trop tard. Après ça, je ne me souviens pas de grand-chose. »

Aux États-Unis, la crise des opiacés prend des proportions catastrophiques.

Plus de 80 000 personnes sont mortes d’overdoses par opiacés l’an dernier, causées pour la plupart par des drogues de synthèse comme le fentanyl — soit sept fois plus qu’il y a une dizaine d’années.

« C’est l’épidémie la plus dangereuse que nous ayons vue », juge Ray Donovan, haut responsable de l’Agence américaine antidrogue (DEA). « Le fentanyl n’est pas comme n’importe quelle autre drogue illicite, il est mortel instantanément. »

Et le nombre de morts s’envole particulièrement vite chez les jeunes. En 2019, 493 adolescents américains étaient décédés de surdose. En 2021, ils étaient 1 146.


Le fentanyl fait également des ravages à Vancouver et dans les réserves indiennes (Konbini est un média « progressiste » la fin du reportage est donc sujette à caution)

Ils se procurent des médicaments de contrefaçon via les réseaux sociaux. Et, sans le savoir, ils ingèrent des pilules contenant du fentanyl.

La drogue se commande sur Snapchat, Tiktok ou Instagram

Pour atteindre les plus jeunes, les revendeurs passent par des applications comme Snapchat, TikTok ou encore Instagram.

Ils remplacent souvent le nom de la drogue par des émojis. L’oxycodone, médicament très addictif, prend ainsi la forme d’une banane à moitié épluchée. Le Xanax, un tranquillisant, celle d’une barre de chocolat.

Le nombre d’Américains qui prennent de la drogue est plutôt stable ces dernières années, mais ce qui change, c’est la nocuité des substances, selon Wilson Compton, directeur adjoint de l’Institut national américain sur la toxicomanie.

Le fentanyl est si puissant que la différence entre vivre ou mourir tient à moins d’un gramme.

« Il suffit de très petites quantités pour que cela devienne un poison qui vous empêche de respirer », décrit Wilson Compton à l’AFP.

Aux États-Unis, la majeure partie du fentanyl illégal est fabriqué par des cartels mexicains, à partir de produits expédiés de Chine.

Cette drogue est une bonne affaire pour ces groupes criminels, car la puissance du fentanyl fait qu’une plus petite dose suffit à remplir une pilule.

Un kilogramme de produit pur, acheté pour environ 12 000 dollars, est transformé en un demi-million de pilules, plus facilement transportables, pouvant valoir jusqu’à 30 dollars l’unité.

L’an dernier, la DEA a saisi près de sept tonnes de fentanyl — assez pour tuer tous les Américains. Quatre pilules sur 10 contenaient une dose létale.

Élève modèle

Dans un hall du siège de l’agence antidrogue, les photos des « visages du fentanyl » sont affichées sur les murs. La collection de portraits rend hommage à une douzaine de personnes dont la vie a été récemment volée par la drogue.

Sous l’un d’entre eux : « Makayla—16 ans pour toujours »

Élève modèle et meneuse de claque, la jeune fille aimait peindre, jouer avec ses chiens, et espérait étudier le droit à l’université, raconte sa mère Shannon Doyle, 41 ans.

Après le divorce de ses parents, Makayla avait eu des problèmes d’anxiété, empirés par la pandémie.

L’été dernier, un ami lui avait fait découvrir les médicaments de contrefaçon.

Les pilules bleues retrouvées dans le lit de Makayla étaient en fait entièrement composées de fentanyl. Une enquête policière est en cours, mais n’a pour l’heure mené à aucune arrestation.

« Avant, quand vous étiez accro à la drogue, vous aviez 5, 10, 15 ans pour essayer de vaincre la dépendance », explique Shannon Doyle dans sa maison de Virginia Beach, ville côtière à environ 330 km au sud de Washington.

« Vous n’avez plus cette chance. »

Le DEA a lancé une campagne de prévention sur les risques du fentanyl, et des initiatives tentent d’accroître l’accessibilité du naxolone, un antidote pouvant sauver une personne en train de faire une surdose.

Les cendres de Makayla reposent dans sa chambre, une pièce dans laquelle Shannon jette toujours un coup d’œil matin et soir, comme quand elle était vivante.

Au nom de Makayla, elle a monté une fondation pour tenter d’éviter des tragédies similaires — une façon de gérer son deuil, dit-elle.

La meilleure amie de l’adolescente, Kaydence Blanchard, 16 ans, vit son premier été sans elle. Elle essaie d’accomplir les rêves qu’elles partageaient : passer son permis, et conduire jusqu’à la plage.

Mais pour Makayla, « l’avenir ne se concrétisera jamais », souligne-t-elle. « Elle ne réalisera jamais aucun des projets que nous avions imaginés ensemble. »

Voir aussi  

Les surdoses de fentanyl, première cause de décès chez les adultes américains âgés de 18 à 45 ans

États-Unis — Décès d’adolescents par surdose de fentanyl ont triplé de 2019 à 2021 

Les surdoses de fentanyl, première cause de décès chez les adultes américains âgés de 18 à 45 ans

Cannabis — la consommation depuis la légalisation est passée de 14 % à 20 % de 2018 à 2021

La SQDC diffuserait des images interdites dans des médias sociaux accessibles aux mineurs (2021)

Québec — La légalisation du cannabis n’a pas entamé les bénéfices du crime organisé 

Alberta — Épidémie de syphilis parmi sans-abri, drogués, homos et bisexuels et Amérindiens 

La Russie sanctionne Twitter pour manque de filtrage des contenus pédopornographiques ou faisant l’apologie de drogues ou du suicide 

Analyse des demandes d’assurance maladie : la gestion de la COVID-19 a un impact profond sur la santé mentale des jeunes  

Espérance de vie baisse chez les hommes en Ontario, en Colombie-Britannique et chez les blancs aux États-Unis (pré-Covid, opioïdes en cause) 

Québec — consommation d’antidépresseurs a augmenté de 68 % chez jeunes filles au cours des 5 dernières années (pré-Covid) 

Canada — la légalisation du cannabis a accru le nombre de consommateurs (2019)

Arrêter le cannabis et la mémoire revient 

Les enseignants du Colorado inquiets au sujet du cannabis dans les écoles publiques

 

Écologie — Évolution de la recherche « acheter du bois de chauffage » en Allemagne



Évolution de la recherche « acheter du bois de chauffage » sur Google en Allemagne du 1 janvier 2004 au 14 août 2022.

Voir aussi

« J’ai arrêté de payer » : la fronde des Britanniques face à l’explosion de leur facture d’énergie