vendredi 1 novembre 2019

Table ronde sur la crise de la foi, de la famille et de l'Église catholique

Table ronde tenue le 28 octobre 2019*sur la décadence dans le monde et dans l'Église catholique, et comment en sortir. En compagnie de :



* La date incrustée dans le bandeau inférieur de la vidéo (28 octobre 2010) est une erreur.

Pologne – Un projet de loi citoyen contre la sexualisation des enfants

Le lundi 21 octobre avait lieu au Parlement européen un nouveau débat sur la Pologne. Il ne s’agissait pas cette fois de discuter des réformes de la justice mises en œuvre par le gouvernement de Mateusz Morawiecki, mais de l’accès à l’éducation sexuelle. En réalité, à part les eurodéputés polonais, il n’y avait à peu près personne. Il s’agissait, pour reprendre les mots du député du PiS Ryszard Legutko, « non pas de débattre, mais de créer l’événement ». Dans la semaine qui a suivi sa défaite électorale, l’opposition gaucho-libérale polonaise tentait de renouer avec sa stratégie de 2015-16, à savoir d’organiser des manifestations de rue et de demander à l’UE de faire pression sur le PiS. L’occasion lui en était cette fois donnée par une nouvelle initiative citoyenne, qui a recueilli 265,00 signatures (il en faut au moins 100 000 pour porter un tel projet au parlement) et que la Diète sortante a adoptée le 17 octobre en première lecture avec les voix du PiS.



Le projet de loi citoyen en question, intitulé Stop Pedofilii (« Stop à la pédophilie »), sera donc examiné en commission par la nouvelle Diète. Il a été lancé par l’organisation pro-vie Pro-Prawo do Życia (« Pro-Droit à la Vie »). Présenté par une partie de l’opposition comme interdisant l’éducation sexuelle à l’école, ce projet de loi prévoit en réalité d’interdire et punir toute action entreprise par des adultes en vue d’inciter les mineurs à avoir des relations sexuelles, ce qui inclut les ateliers d’éducation sexuelle conduits par des militants souvent liés aux milieux LGBT qui, avec l’accord de directeurs d’école naïfs ou idéologisés, viennent expliquer aux enfants, à l’insu des parents, que se masturber et regarder de la pornographie est quelque chose de tout à fait naturel et même de très sain, que les identités sexuelles et les sexualités sont fluctuantes et se valent toutes, qu’en cas de problème pour ceux qui choisiront l’hétérosexualité il y a l’avortement (même si l’avortement est interdit dans la majeure partie des cas en Pologne), et que tout ce qui compte est le consentement mutuel des participants à l’acte sexuel. En bref, il s’agit avec ce projet de loi de s’opposer à cette vision de l’éducation sexuelle proposée dans un document élaboré en 2010 en Allemagne par l’OMS — Région Europe et le Centre fédéral pour l’éducation à la santé (BZgA) à l’intention des gouvernements européens, intitulé « Standards pour l’éducation sexuelle en Europe ».

Ce sont justement ces standards que le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski, du parti libéral Plateforme civique (PO), promettait de mettre en œuvre dans les écoles de la capitale polonaise lorsqu’il signait en février dernier une « charte LGBT+ » qui allait enflammer le débat avant les élections européennes et contribuer, en portant ce débat sur le terrain sociétal, à l’éclatante victoire du PiS en mai.

L’initiative citoyenne attribuée à tort au PiS par ses critiques et par certains médias n’interdit donc pas l’éducation sexuelle en tant que telle, contrairement à ce qu’a prétendu le député polonais et militant LGBT Robert Biedroń, chef du parti d’extrême gauche Wiosna, lors du débat au Parlement européen. En réalité, il stipule des peines de 2 à 3 ans de prison pour toute personne « qui promeut ou vante publiquement les comportements à caractère pédophile » ou « qui promeut ou vante publiquement les actes sexuels chez les mineurs ». Ces clauses visent aussi les personnes qui agiraient ainsi par le biais des médias ou en relation avec leur poste ou leur profession ou encore en relation avec une activité liée à l’éducation ou l’enseignement.

Le 25 octobre était justement la date choisie pour l’édition 2019 du « vendredi arc-en-ciel » organisé dans certaines écoles polonaises par l’ONG polonaise Kampania Przeciw Homofobii (KPH, Campagne contre l’homophobie »). Une action qui suscitait comme l’année dernière de fortes résistances. Cette année, pour éviter d’être tenue responsable, la KPH passe par les associations d’élèves comme celle qui prétendait organiser le 24 octobre, dans un lycée de Poznań, une « journée de la jupe » lors de laquelle les élèves des deux sexes étaient invités à venir en jupe. Si cette journée avait eu lieu, ce qui n’a pas été le cas en raison des réactions négatives, les garçons en jupe avaient la promesse qu’ils ne seraient pas interrogés par leurs professeurs ce jour-là.

Pour revenir au projet de loi citoyen « Stop à la pédophilie », plusieurs manifestations et événements ont été organisés dans la semaine qui a suivi les élections du 13 octobre sous l’intitulé « Automne moyenâgeux ». Parmi ces actions de protestation, une discothèque avec drapeaux LGBT a été organisée sous la fenêtre depuis laquelle le pape Jean-Paul II s’adressait aux habitants de Cracovie quand il s’y trouvait lors de ses pèlerinages en Pologne. C’était le 16 octobre, pour le 41e anniversaire de l’élection de Saint Jean-Paul II au trône de Saint Pierre. Pourtant, ce n’est pas l’Église qui est à l’origine du projet de loi citoyen contre lequel les manifestants souhaitaient protester.

Si le PiS a refusé de rejeter ce projet de loi en première lecture, ce qui est un engagement de principe pris avant les élections de 2015 pour ce qui concerne les initiatives citoyennes, il n’est pas dit que cette nouvelle initiative ne subira pas le sort de celle qui voulait interdire les avortements eugéniques (pour motif d’anomalie ou maladie grave et incurable de l’enfant à naître) et que le PiS a, après son adoption en première lecture en 2017, bloqué en commission jusqu’à la fin de la législature.

Source : Visegradpost

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L'empire du bien continue d'empirer

La chronique d’Éric Zemmour à l'occasion de la réédition de l’un des chefs-d’œuvre de Philippe Muray publié pour la première fois en 1991. Toujours aussi jubilatoire. Et prophétique.

Il est devenu une légende. Un mythe. Une référence suprême. On se passe ses bons mots comme autant de clins d’œil complices, de codes de reconnaissance et de connivence, entre une blague de Coluche ou Desproges et une citation de grands écrivains de ce XIXe siècle qu’il connaissait si bien. Il est de ces auteurs que Fabrice Luchini aime à lire au théâtre et la figure tutélaire d’une « réacosphère » que les progressistes n’osent pas égratigner. Trop drôle, trop féroce, trop lucide, Philippe Muray est intouchable. Depuis sa mort en 2006, il a acquis un statut de prophète de notre monde hyper-individualiste qui noie dans la fête (homo festivus) sa vacuité spirituelle. Alors, quand l’occasion est donnée de relire le maître, de se délecter de ses trouvailles et bons mots, on se précipite pour aller voir si sa réputation de Cassandre ne s’est pas démentie avec le temps. Lui-même avait exercé ce devoir d’inventaire en 1998, soit sept ans après la parution de son célèbre Empire du Bien, pour une préface à la hauteur de sa réputation : « Depuis l’empire du Bien, le bien a empiré, attaquait-il. Le bien, en 1991, était dans les langes, mais ce petit Néron de la dictature de l’Altruisme avait déjà de sérieux atouts de côté. » Il en profitait pour aligner dans son viseur Jack Lang, qu’il se reprochait d’avoir dédaigné en dépit de ses coupables états de service d’ancien ministre de la Culture socialiste, et grand ordonnateur des fêtes officielles, Fêtes de la musique, Gay Pride, etc. : « dindon suréminent de la farce festive […] combinaison parfaite et tartuffière de l’escroquerie du bien et des méfaits de la fête. »

Encore vingt ans plus tard, où en sommes-nous ? Muray est victime à son tour de la malédiction du « en même temps. » À la fois dépassé et indépassable. Homo festivus n’est plus maître du monde. Il se défend — de plus en plus mal - contre le retour du tragique. Ses ours en peluche et ses bougies font pâle figure après les attentats meurtriers commis par les djihadistes. L’internationalisme démocratique et droit de l’hommiste de « la fin de l’Histoire » (le livre de Fukuyama est contemporain de celui de Muray, et les deux viennent tout naturellement après la chute du mur de Berlin et l’effondrement du communisme) recule partout face à la realpolitik des leaders nationalistes qui ont émergé dans les vieilles nations — et les anciens Empires — qui entendent bien ressusciter : le Russe Poutine, le Turc Erdogan, le Chinois Xi Jinping, ou encore l’Indien Modi. Les peuples occidentaux se révoltent contre leurs élites qui avaient programmé leur douce euthanasie : c’est le populisme, ce cri des peuples qui ne veulent pas mourir, qui sape les fondements de l’Empire du bien au cœur même de l’Empire : Trump, le Brexit, sans oublier la Hongrie, la Pologne, l’Italie…

Mais c’est au moment où l’histoire semble le rendre désuet que notre Muray nous est le plus utile. Devant l’adversité, le « petit Néron de la dictature de l’Altruisme » a encore grandi. Le tyran s’est entièrement dépouillé de ses habits de lumière festifs. Il donne désormais toute sa mesure tyrannique, voire totalitaire, que Muray avait annoncée, cette « envie de pénal » qu’il avait détectée : lois liberticides étouffant les paroles rebelles sous couvert de lutte contre « les fake news » [bobards], procès en rafale contre tous les dissidents enfermés dans « la cage aux phobes », selon sa formule géniale, sans oublier l’utilisation massive du tapis de bombes des médias pour accoucher du monde nouveau. Lisons-le : « Le consensus n’est qu’un autre nom pour servitude […] L’intéressant, c’est que le lynchage prend maintenant des masques progressistes. Le lynchage accompagne le consensus comme l’ombre accompagne l’homme […] La passion de la persécution reprend, je le répète, un poil de la bête terrible sous les croisades philanthropes. »

Au début des années 1990, on pouvait encore croire que certaines excroissances de l’Empire du Bien ne toucheraient pas la France, pays protégé par son archaïsme même, sa futilité, sa légèreté, son génie propre : « Un pays où le féminisme anglosaxon et le déconstructivisme derridien n’ont jamais pu réellement adhérer, prendre racine en profondeur, ne peut être tout à fait mauvais. C’est bien pour cela que nous inquiétons. Il faudra un jour nous liquider. Nous coloriser nous aussi. Nous convertir intégralement. »

C’est fait. Ou presque. Il y a encore quelques résistances, quelques Catherine Deneuve pour défendre les « porcs », quelques universitaires pour affronter à mains nues la mouvance décoloniale, mais ils sont submergés par la puissance de feu (médiatique, judiciaire, politique, économique) de « l’Empire du bien ». Celui-ci, d’abord surpris par une rébellion populaire qu’il n’attendait plus est passé à la contre-offensive : « “Jamais l’égoïsme ne s’était montré plus à découvert, mais le bien public, la liberté, la vertu même étaient dans toutes les bouches”, constatait Mme de Ménerville dans l’ambiance de 1789. Nous en sommes là exactement. Je cite quelques écrivains parce qu’ils sont seuls à avoir su, à avoir su voir, à avoir su dire, que ce sont toujours les pires salauds qui s’avancent le cœur sur la main. » Muray ne serait pas surpris par l’arrivée de Macron à l’Élysée : « À chaque siècle son Tartufe. Le nôtre a un petit peu changé. Il s’est élargi, étoffé. Il est membre fondateur de plusieurs SOS-Machin, il a fait les Mines ou l’ENA, il vote socialiste modéré, ou encore progressiste-sceptique, ou centriste du troisième type. »

« L’Empire du bien » s’impose toujours avec le cœur en drapeau : « Nous sommes en pleine dévotion cordicole. En plein culte du Cœur-roi. En plein nœud cordien. » Mais il ne cache plus désormais son gros bâton pour réprimer tous ceux qui osent ne pas se soumettre. À l’époque de Muray, l’illusion consensuelle avait encore cours. Ce temps-là est révolu. Là aussi, Muray nous l’avait annoncé : « Le pamphlet à Cordicopolis serait devenu un genre impossible ? Et si c’était le grand contraire exactement ? Si tout grand livre, désormais, si tout récit de mœurs bien senti, tout roman un peu énergique, devait de plus en plus virer, comme fatalement, même sans le vouloir, au pamphlet le plus véhément ? […] Car l’avenir de cette société est de ne plus pouvoir rien engendrer que des opposants ou bien des muets. »

À chacun de choisir son camp, opposant ou muet.


L'Empire du bien
de Philippe Muray
paru le 29 août 2019
chez Perrin,
à Paris,
dans la collection Tempus,
142 pp.
ISBN-10 : 2262080771
ISBN-13 : 978-2262080778

Non, la France n'a pas toujours été terre d'immigration

Un entretien avec Michèle Tribalat dans les colonnes du Figaro. La démographe juge que le président de la République a une vision erronée de l’histoire de l’immigration en France. Son dernier ouvrage paru est « Statistiques ethniques, une querelle bien française », L’Artilleur, 2016.

LE FIGARO. —Dans Valeurs actuelles, Emmanuel Macron juge que « nous avons toujours été une terre d’immigration ». Partagez-vous cette appréciation ?

Michèle TRIBALAT. – S’il est vrai que des étrangers ont de tout temps voyagé en Europe, on ne peut en déduire que la France a été de tout temps une terre d’immigration. En 1851 on ne compte que 381 000 étrangers en France, soit 1 % de la population. Il s’agit de voisins européens installés en France, des Belges en grand nombre, notamment. C’est vrai que la France a connu une immigration étrangère précoce par rapport à la plupart de ses voisins, où celle-ci s’est surtout développée dans les années 1960 ou après. La grande vague migratoire des années 1920 a amené en France de nombreux Italiens et Polonais. En 1931, la proportion d’immigrés (nés étrangers à l’étranger) était de 6,6 %. Je suis donc sidérée par les erreurs du président qui déclare, dans Valeurs actuelles, après avoir affirmé que « nous avons toujours été une terre d’immigration », qu’« on a toujours eu 10 à 14 % de la population qui était d’origine étrangère ». En réalité, la France a connu trois grandes vagues migratoires, celle des années 1920, interrompue par la récession et la guerre ; celle des Trente Glorieuses, suivie d’une décrue lors du dernier quart du XXe siècle ; et la vague qui a démarré avec le XXIe siècle et qui est d’intensité comparable, pour l’instant, à celle des Trente Glorieuses. Comment pourrait-on avoir eu une population d’origine étrangère d’une grande stabilité, ne serait-ce que sur cette longue période ? Et qu’entend le président par population d’origine étrangère ? D’après les dernières données diffusées par l’Insee, nous aurions un peu plus de 14 millions de personnes d’origine étrangère sur deux générations en 2018, soit 21 % de la population. J’avais déjà été frappée par la bévue de Gérard Collomb, qui, devant la commission des Affaires étrangères, « évaluait » à 200 000 la population d’origine étrangère en Île-de-France, ce qui lui paraissait déjà beaucoup, sans choquer personne dans l’assistance. Pourtant, ça ne représenterait que 1,7 % de la population de la région ! Le président n’a pas d’idées plus claires sur les tendances de l’immigration étrangère et ses effets démographiques.




– Quels enseignements tirer de la comparaison des vagues d’immigration ?

– La composition par origine de la population immigrée a beaucoup changé. En 1982, en France métropolitaine, 56 % des immigrés étaient d’origine européenne et 33 % étaient originaires d’Afrique. Dans l’ensemble de la France hors Mayotte en 2018, ces proportions sont respectivement de 33 % et 46 %. Le courant migratoire qui a le plus augmenté est celui en provenance de l’Afrique hors Maghreb (près de 18 % dans l’ensemble de la France hors Mayotte en 2018, contre 4,3 % en 1982 en métropole). L’effacement de la contribution européenne est encore plus visible sur les jeunes d’origine étrangère de moins de 18 ans : en France métropolitaine, en 2017, seulement 22 % de ceux-ci sont d’origine européenne, 40 % d’origine maghrébine et 20 % originaires du reste de l’Afrique. Ce qui a beaucoup changé aussi, c’est l’intensité des concentrations, que nous avons mesurée avec Bernard Aubry, pour les jeunes d’origine étrangère de moins de 18 ans. À la fin des années 1960, la proportion de jeunes d’origine étrangère dans les communes d’au moins 5000 habitants était proche de 15 %. Elle s’est beaucoup accrue, notamment dans les communes d’au moins 30 000 habitants, où elle dépasse 37 % en 2015. On ne peut guère comparer les immigrés européens venus après la guerre à ceux d’aujourd’hui. Les premiers étaient chrétiens et l’endogamie religieuse a favorisé la mixité des unions avec des Français d’origine. Pour les musulmans venus du Maghreb ou du Sahel, l’endogamie religieuse est un obstacle à cette mixité. Par ailleurs, la manière dont était envisagée l’intégration dans les années 1960 n’a rien à voir avec la conception multiculturaliste à laquelle la France souscrit désormais.

– Le président Macron évoque ces citoyens qui font « sécession » avec la République…

– Emmanuel Macron parle de sécession, mais n’a pas l’air de prendre très au sérieux la ferveur religieuse qui se développe notamment chez les jeunes musulmans. Il y voit une compensation, une provocation de la part de personnes qui « se moquent de la religion » qu’elles « utilisent pour provoquer la République », laquelle n’aimerait pas les musulmans. Constat qu’il semble partager. C’est une manière d’accréditer la posture grief. Le président place la responsabilité du côté de la France, qui n’en aurait pas fait assez pour intégrer économiquement les pères et les frères des filles qui se voilent. On retrouve ici la priorité qu’il accorde aux conditions matérielles. D’ailleurs, c’est à la fin de « la fabrique de l’intégration par le modèle économique » des Trente Glorieuses qu’il attribue les problèmes actuels. Manifestement, la fracture culturelle ne l’intéresse pas ou il la juge suffisamment superficielle pour disparaître avec la prospérité. Je ne vois pas de grand changement par rapport à sa déclaration de campagne niant l’existence d’une culture française.

– Macron souligne l’échec des politiques d’assimilation. Qu’en penser ?

– Le mot « assimilation » n’a pas franchi ses lèvres. Il parle de « l’échec de notre modèle » (sans autre précision) qui, conjugué à « la crise que vit l’islam », expliquerait que des filles ou petites-filles d’immigrés se voilent. C’est un peu court ! De quel modèle parle-t-il ? J’ai bien peur que ce soit du modèle économique plus inclusif qu’il appelle de ses vœux. Le modèle d’assimilation français est mort. Il a été abandonné par les élites et officiellement par l’État, sous Jacques Chirac en 2004, lorsqu’il a souscrit au modèle d’intégration multiculturaliste ainsi défini par la Commission européenne : « L’intégration est un processus dynamique à double sens d’acceptation mutuelle de la part de tous les immigrants et résidents des États membres. » L’assimilation, au contraire, est un modèle asymétrique qui privilégie la continuité historique en accordant un privilège à la culture du pays d’accueil. Elle n’a pas tant besoin de politiques particulières que d’un engagement du corps social dans son entier, élites comprises.