lundi 17 octobre 2022

Pénurie de la main d'œuvre : miser sur l'automatisation

Pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre, l'entreprise Dolbec, le plus gros producteur de pommes de terre au Québec, a mis le paquet sur l'automatisation.


La piètre connaissance du français par les candidats enseignants diffère l'obtention de leur diplôme

La formation de 18 % des étudiants en enseignement est retardée en raison d’échecs en français.

Dans certaines universités, près d’un futur enseignant sur cinq doit retarder sa formation parce qu’il n’a pas réussi l’examen de français, alors que les exigences entourant ce test sont remises en question par des étudiants [bien sûr !] dans le contexte de la pénurie d’enseignants.

Depuis près de 15 ans, les aspirants enseignants doivent réussir le Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) pour obtenir leur brevet d’enseignement.

La réussite de cet examen est obligatoire avant le troisième stage qui est généralement prévu au cours de la troisième année du baccalauréat de quatre ans. En cas d’échec, l’étudiant doit reporter son stage d’au moins un an, le temps de réussir l’examen.

À l’Université de Montréal et à l’Université du Québec à Rimouski, 18 % des étudiants en enseignement se retrouvent dans cette situation, ce qui représente plus d’une centaine d’aspirants enseignants dans ces deux établissements pour une seule cohorte, selon des chiffres inédits obtenus par Le Journal de Québec.

Par ailleurs, le taux de réussite au premier essai, qui fait régulièrement la manchette depuis des années, fluctue toujours beaucoup d’un établissement à l’autre.

Les candidats demandent des questions plus faciles

En pleine pénurie d’enseignants, des étudiants réclament des assouplissements alors que des experts s’y opposent (voir ci-dessous).

« Si on échoue au test, on ne peut pas faire notre troisième stage, mais on peut continuer à faire des remplacements dans les écoles et à avoir des contrats non supervisés. Il n’y a pas de logique là-dedans », lance Caroline Fournier, étudiante à l’Université du Québec à Rimouski.

« Avec la pénurie, il y a plein d’enseignants non qualifiés dans les écoles. Certains ont juste un secondaire 5 et nous, il faut être arrêtés pendant un an. Ça n’a pas de sens », ajoute sa camarade de classe, Justine Fournier.

Un questionnaire dit difficile

D’autres étudiants remettent aussi en question le niveau de difficulté de l’examen, qui s’attarde selon eux à des exceptions ou des règles peu courantes de la langue française. « Pour réussir, il faut vraiment être un expert de la langue française », affirme une autre étudiante, que nous appellerons Julie, puisqu’elle a refusé d’être identifiée.

Le TECFÉE comprend la rédaction d’un texte de 350 mots et des questions à choix multiples sur le code linguistique. C’est ce questionnaire qui donne le plus de fil à retordre aux étudiants.

Julie s’explique encore mal comment elle a pu y échouer cinq fois. Lorsqu’elle était au cégep, elle a été recrutée pour être tutrice au centre d’aide en français et elle a terminé son épreuve uniforme de langue avec un « A ». [Euh, parce que l’épreuve uniforme est trop facile ?]

Katya Pelletier, chargée de cours au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières, s’interroge aussi sur le contenu du TECFEE.

« J’ai des étudiants qui ont réussi le test alors qu’ils ont de graves lacunes en syntaxe. À l’inverse, j’ai des étudiants qui sont excellents en français et qui n’arrivent pas à le réussir. Il y a vraiment quelque chose à revoir », affirme celle qui est aussi présidente de l’Association québécoise des professeurs de français.

Avec la « mobilisation étudiante » qui s’organise présentement à ce sujet, l’AQPF pourrait prendre position sur la question en novembre, lors de son assemblée générale annuelle, ajoute Mme Pelletier.

Ce n’est toutefois pas la pertinence d’évaluer les compétences en français des futurs profs qui pourrait être remise en question, mais plutôt la manière de le faire, précise-t-elle.

NOMBREUX FUTURS ENSEIGNANTS ÉCHOUENT EN FRANÇAIS

Taux de réussite à la première passation au Test de certification en français écrit pour l’enseignement

En baisse

  • Université du Québec à Rimouski 21 % (comparativement à 42 % en 2018)
  • Université Laval 44 % (comparativement à 63 % en 2018)

En hausse

  • Université du Québec à Chicoutimi 33 % (comparativement à 23 % en 2018)
  • Université de Montréal 74 % (comparativement à 61 % en 2018)
  • Université de Sherbrooke 51 % (comparativement à 32 % en 2018)

Plutôt stable

  • Université du Québec en Outaouais 35 % (comparé à 33 % en 2018)

PAS QUESTION DE DIMINUER LES EXIGENCES

La pénurie d’enseignants n’est pas une raison pour diminuer les exigences en français, tranchent des experts du réseau universitaire.

C’est du moins l’avis de Pascale Lefrançois, présidente du comité de suivi scientifique du TECFÉE qui est géré par le Centre d’évaluation du rendement en français écrit (CÉFRANC).

« On ne veut pas se contenter de professionnels moins compétents, même si on est en pénurie. On ne se rendrait pas service, comme société », affirme-t-elle.

Le son de cloche est le même de la part d’Isabelle Gauvin, professeure en didactique du français, qui était jusqu’à récemment directrice du Centre d’aide en français écrit et oral à l’UQAM.

Repousser la réussite obligatoire de cet examen à la fin de la formation, plutôt qu’au troisième stage, pourrait d’ailleurs représenter un piège pour certains étudiants.

Pendant la pandémie, des étudiants ont été exceptionnellement autorisés à faire leur troisième stage même s’ils n’avaient pas réussi le TECFÉE, mais « un nombre important » se retrouvent maintenant à la fin de leur formation sans diplôme ni brevet, puisqu’ils n’ont toujours pas réussi l’examen, indique Mme Gauvin.

« C’est dans l’intérêt des étudiants de régler cette question-là au plus vite », dit-elle.

Concernant le niveau de difficulté de l’examen, Mme Gauvin souligne qu’il est difficile de se prononcer sur le sujet, puisque seuls les experts consultés lors de sa conception et les étudiants ont réellement pris connaissance de l’examen. « Aucun test n’est parfait », ajoute-t-elle.

Stress et anxiété

Pour certains étudiants, il est aussi possible que le stress et l’anxiété soient responsables de leur échec, plutôt que leurs lacunes en français, ajoute-t-elle.

De son côté, Pascale Lefrançois rappelle que le contenu de cet examen a fait consensus auprès des six experts réunis au sein du comité qu’elle préside.

Cette ancienne championne d’orthographe assure que le test ne comporte pas de « règles pointues » ou « un peu marginales », contrairement à ce qu’affirment des étudiants.

(L’auteur de ce billet a eu 9/10 à froid [il faut que vous étudiiez, grrr, le « stress »…], sans avoir révisé la matière, voir les ressources proposées par le site TECFÉE)

Voir aussi

 Les futurs enseignants utilisent Facebook pour se passer les questions aux tests de français  

Reportage de Radio-Canada sur la question de cette triche avec la présidente de l’Association québécoise des professeurs de français, Suzanne Richard.

Entrevue de Mme Pascale Lefrançois, professeure agrégée au département de didactique de l’Université de Montréal, par Michel Desautels.

Québec, faiblesse en français et valorisation de l’anglais  

Enseignement au Québec — On prend « n’importe qui »