lundi 24 mai 2021

Hongrie — Natalité en hausse et nuptialité stable malgré la Covid-19 en 2020 et de janvier à mars 2021

Dans de nombreux pays, la gestion de la Covid-19 s’est accompagnée d’une chute du nombre des naissances et des mariages.  Voir Un fort recul des naissances en janvier à travers le monde développé (m-à-j pour le Québec).

Si la Hongrie a connu une baisse des naissances en janvier 2021 par rapport à janvier 2020 (-9,3 %), les chiffres pour l’année 2020 et le premier trimestre 2021 sont rassurants.

En 2020, 92 233 enfants sont nés en Hongrie. Le nombre de naissances était supérieur de 3,4 % à celui de l’année précédente. À l’exception de la baisse de décembre 2020, plus d’enfants sont nés tous les mois en 2020 que le mois correspondant de l’année précédente. Le nombre de naissances a augmenté relativement sensiblement en janvier 2020 (9,7 %), juin (9,1 %) et février (7,8 %) par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. L’indice synthétique de fécondité en Hongrie a augmenté pour s’établir provisoirement à 1,55 enfant par femme en 2020 par rapport à 1,49 pour 2019.

En 2020, 81 850 bébés sont nés au Québec, soit une baisse de 3 % par rapport à 2019 (84 00). L’indice synthétique de fécondité pour 2020 est de 1,52 enfant par femme, moins qu’en 2019 (1,57 enfant par femme). La très grande majorité des bébés nés en 2020 ayant été conçus avant que les mesures pour contrer la pandémie de COVID-19 ne soient instaurées au Québec, l’effet possible de ces mesures sur le nombre de naissances ne devrait se faire sentir pleinement qu’à partir de l’année 2021.

Épousailles à Budapest
Pendant le premier trimestre 2021, 22 254 enfants sont nés en Hongrie, soit 0,1 % de plus que le nombre de naissances en janvier-mars 2020. Le nombre de naissances corrigé pour prendre compte de l’année 2020 qui fut bissextile a augmenté davantage, de 1,2 % par rapport à la même période de l’année précédente. Pendant ce trimestre, il y a eu 9,3 % de naissances vivantes en moins en janvier, 5,0 % de plus en février et 9,5 % de plus en mars par rapport aux mois correspondants de 2020. L’indice synthétique de fécondité en Hongrie a été estimé à 1,54 par femme pour ce premier trimestre 2021, contre 1,50 au premier trimestre 2020.

L’Institut de la statistique du Québec, moins rapide que son homologue hongrois, n’a publié que les chiffres de naissances et mariages que pour les deux premiers mois de 2021. En janvier et février 2021, il est né 12 450 enfants au Québec comparés à 13 200 pendant les deux mêmes mois en 2020 soit une diminution de 5,68 %. À ce rythme, l’indice de fécondité au Québec devrait passer sous les 1,5 enfant/femme pour 2021. Quant aux mariages au Québec, leur nombre s’est effondré pendant les deux premiers mois passant de 1700 en janvier et février 2020 à 1000 en janvier et février 2021, soit une baisse de 41,18 %.

De janvier à mars 2021, 12 004 couples se sont mariés en Hongrie, soit 2,1 % de moins ou 262 de moins qu’un an auparavant. Le nombre de mariages corrigé pour prendre en compte l’année 2020 qui fut bissextile a diminué de 0,9 %. Dans le détail, 3,1 % de mariages en moins ont été enregistrés en janvier, 6,0 % de moins en février et 5,1 % de plus en mars qu’au cours des mois correspondants de 2020. 

 


Le deuxième gouvernement Orbán (2010-2014) a fait de la sauvegarde de la nation de l'abîme démographique une de ses priorités. Il a donc introduit des mesures généreuses pour les familles nombreuses et a considérablement augmenté les prestations sociales pour toutes les familles. Ceux qui ont trois enfants ou plus ne paient pratiquement aucun impôt. En quelques années à peine, la Hongrie est passée de l'un des pays qui dépensaient le moins pour les familles de l'OCDE à être l'un de ceux qui en font le plus. En 2015, les sommes allouées à la politique familiale représentait près de 4% du PIB. 

 

Sources : Institut de la statistique du Québec et son homologue hongrois (KSH).

Voir aussi

Québec — Indice de fécondité pour 2020 est tombé à 1,52 enfant/femme, il était de 1,57 en 2019 

Radiographie des Français 

Canada — Faire passer l’immigration de 300 000 personnes par an à un million 

Un fort recul des naissances en janvier à travers le monde développé (m-à-j pour le Québec)  

Implosion démographique : y remédier en renouant avec des valeurs qui privilégient descendance et transmission  

Covid — nombre de naissances en France en janvier 2021 a chuté de 13 % par rapport à janvier 2020

Politiques familiales — hausse des naissances de 9 % en Hongrie, nombre des mariages double (janvier 2020) 

Hongrie — vers un remboursement intégral de la fécondation in vitro  

Hongrie — 20 % de mariages en plus en 2019 à la suite de la politique pro famille  

La politique nataliste hongroise 


 Orban : la procréation plutôt que l’immigration

 

L'application de la loi 101 aux cégeps : un potentiel de 25 petits cégeps français avec ses emplois en français

Lettre à François Legault, Simon Jolin-Barrette et Danielle McCann envoyée par un collectif en faveur de l’application de la loi 101 aux cégeps.

Madame, Messieurs,

Nous soussignés travaillons au cœur du réseau des cégeps français et désirons vous raconter une histoire très préoccupante dont vous seuls contrôlez le dénouement.

Elle concerne Mathieu Caron et Gabriela Fernandez (noms fictifs). Tous deux enseignent depuis une dizaine d’années dans un cégep français, lui en histoire et elle en biologie. Elle touche aussi Isabelle Dufour et Ahmed Hallaoui : elle y a envoyé son CV dans l’espoir d’enseigner la physique et lui, les mathématiques. Leur point commun : tous veulent naturellement travailler en français.

Notre quatuor présente deux cas de figure typiques. Le premier s’applique à Mathieu et à Gabriella : depuis plusieurs années, les plus précaires qu’eux ont peu à peu perdu leurs cours, par manque d’effectifs étudiants. Cette année, c’est leur tour : avec chance, ils hériteront de grenailles de tâches cet automne, mais d’aucune à l’hiver.

Quant à Isabelle et à Ahmed, ils ont reçu coup sur coup des accusés de réception laconiques à leurs demandes pour leur emploi de rêve : « La conjoncture, vous savez », « La baisse d’effectifs nous frappe », « Nous conserverons votre CV durant deux ans, gardez espoir ».

Pendant ce temps, le cégep anglais situé à quelques jets de pierres du leur déborde et embauche en masse : il s’appelle Dawson, John Abbott, Heritage, Vanier ou Champlain Lennoxville, Champlain St. Lawrence, Champlain Saint-Lambert.

Ce débordement s’explique par l’afflux massif et combiné d’allophones et de francophones. À Québec, au cégep Champlain St. Lawrence par exemple, ces non-anglophones constituent 90 % de la clientèle…

Un potentiel de 25 petits cégeps français

Le réseau collégial anglais dans son ensemble recrute 65 % de sa clientèle chez les francophones et les allophones qu’il sélectionne sur la base de l’excellence de leur dossier scolaire, soit 20 150 étudiants sur un total de 31 000. Oui, plus des deux tiers ne sont pas anglophones ! De plus, le réseau des cégeps anglais reçoit 20 % du financement pour une communauté de 8,7 % d’anglophones alors que les minorités françaises hors Québec ne récoltent que des miettes.

L’extension de la loi 101 au collégial ferait évidemment passer du côté français l’immense majorité de ces 20 150 étudiants non anglophones, soit autant que ceux de tous les cégeps français de la ville de Québec. Ou l’équivalent de 25 petits cégeps comme celui de La Pocatière, qui en attire 800, ou de six de taille moyenne comme le cégep de Bois-de-Boulogne et ses 3000 étudiants.

Cette décision franciserait plus de 2000 emplois d’enseignants, de professionnels, d’employés de soutien, de cadres et de techniciens, le ratio de ce milieu avoisinant un employé par tranche de 10 étudiants. Illustrons : Dawson College, avec ses 10 000 étudiants, procure de l’emploi à plus de 1000 travailleurs, soit 600 professeurs et 400 non-enseignants.

Les cégeps français déclassés

Vous comprenez alors pourquoi, d’une part, Mathieu, Gabriela, Isabelle et Ahmed se retrouvent sans emploi. Et, d’autre part, pourquoi les professeurs qui tiennent le coup, assiégés dans leur cégep d’attache, sont condamnés à enseigner dans des établissements de second tour privés, par l’attraction du réseau anglais, de nombre de leurs étudiants performants et ambitieux.

Vous avez bien lu, MM. Legault, Jolin-Barrette et Mme McCann : dans l’État de plus en plus bilingue que vous dirigez, les cégeps anglais déclassent les cégeps français.

Vous trouvez ça normal ? Nous, non.

Alors, dites-nous : quelle option reste-t-il à notre quatuor de candidats pour gagner leur pain ? Oui, vous l’avez compris : postuler dans des cégeps anglais, devenus si populaires qu’ils manquent d’anglophones pour combler leurs besoins. Là, on les accueillera à bras ouverts.

Ainsi, de plus en plus de Québécois formés en français doivent enseigner dans les cégeps anglais, ce qui provoque deux effets pervers. D’abord, la remise en question de leur droit de travailler en français. Le constat en est aussi désolant qu’absurde : de plus en plus de professeurs francophones et allophones enseignent en anglais à… des francophones et à des allophones !

Ensuite, la dévaluation des bacs et des maîtrises en français au cœur même du marché du travail québécois. À quoi bon décrocher des diplômes en français, en littérature, en biologie ou en chimie d’universités françaises si c’est pour enseigner (et corriger) en anglais à temps plein ?

Cette anglicisation du corps enseignant réduit aussi les débouchés pour les professeurs de philosophie, dont les cours, dans les cégeps anglais, sont facultatifs.

Chers élus, nous serons solennels et insistants : une porte s’ouvre momentanément devant vous, et le projet de loi 96 doit aller plus loin encore.

Vous devrez agir avec plus de vigueur et de détermination. L’avenir des cégeps français et du français comme langue commune des Québécois dépend pour beaucoup des gestes que vous pouvez encore poser.

Faites-le pour nous et nos enfants.

Le regroupement Pour le cégep français

*Plus de 230 personnes (enseignants, professionnels et employés de soutien de nombreux cégeps) ont signé la lettre