vendredi 11 septembre 2009

Vatican — Mise au point sur la liberté religieuse à l’école

Analyse intéressante par Jean Choisy sur Liberté Politique de la lettre circulaire du 5 mai du cardinal Grocholewski de la Congrégation pour l'éducation catholique. La fameuse lettre refusée par le juge Dubois qui a plutôt fait confiance en l'interprétation du controversé théologien Routhier.
« À l’occasion de la rentrée scolaire, [Note du carnet : évidemment le 5 mai n'est pas la rentrée, c'est uniquement Zenit qui publie un communiqué à l'occasion de la rentrée] le Saint-Siège appelle au respect de la liberté religieuse dans les écoles publiques et privées. Dans une lettre circulaire adressée aux évêques, la Congrégation pour l'éducation catholique expose les fondements anthropologiques de l’enseignement de la religion à l’école et dans la société. La France devrait se sentir particulièrement concernée par cette "clarification".

La note signée par le cardinal Zenon Grocholewski et par le secrétaire de la congrégation, le français Jean-Louis Bruguès op, ancien évêque d’Angers, rappelle les exigences de la liberté de conscience et de religion à l’école. La démonstration, qui ressemble à un rappel à l'ordre, répond aux difficultés posées par la confusion entre catéchèse et enseignement du fait religieux, mais aussi par les législations toujours aussi fréquentes imposant une « forme unique d’éducation », niant ou « relativisant » la dimension religieuse de l’homme.

Le message de la congrégation s’articule autour des points suivants :
  1. Les enfants ont le droit d’avoir une éducation religieuse.
  2. Les parents sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants.
  3. La société civile doit aider les parents à choisir librement l’école de leurs enfants.
  4. L’enseignement de la religion, complémentaire de la catéchèse, ne peut être un enseignement au rabais.
  5. L’enseignement de la religion doit être catholique dans les établissements catholiques.
  6. Les évêques doivent veiller à donner à leurs fidèles l’accès à des écoles catholiques.

Le cas français

Pour un pays comme la France, ce rappel est aussi une mise au point. Une enquête de la Fondation de Service politique en 2007 a montré que sur 3000 personnes interrogées, 20 % des parents catholiques ont eu à se plaindre du non respect de la liberté de conscience, leurs enfants ayant subi des pressions inacceptables de la part de leur entourage ou des enseignants en raison de leur foi. Malheureusement, cette proportion se vérifie autant dans l’enseignement public que privé.

En outre, le contingentement des effectifs de l’enseignement catholique (dont le corps professoral est limité à 20 % de celui de l’enseignement public) constitue une discrimination dont les autorités de l’Église ne semblent pas avoir pris la mesure, alors qu’il s’agit d’une véritable atteinte à la liberté religieuse. Cela signifie que selon un accord tacite entre l’État et l’épiscopat, 80 % des jeunes Français n’ont pas le droit théorique de recevoir une éducation chrétienne à l’école.

On dira que c’est moins une question de droit que de capacité. Mais en vertu d’une dérive privilégiant la course à la performance, on voit des parents catholiques se voir refuser des places pour leurs enfants dans un établissement diocésain, au motif que le niveau de leurs enfants n’est pas suffisant (des cas nous ont été signalés cette année dans le diocèse de Versailles). Certes, le nombre de place disponible est un problème que les chefs d’établissements ne peuvent sans doute pas résoudre par eux-mêmes, mais on peut s’interroger sur leurs véritables priorités, ou sur les consignes qu’ils reçoivent. À cet égard, la Note circulaire du cardinal Grocholewki est salutaire. »

L'affaire Jean XXIII et les témoins de Jéhovah du Québec sous Duplessis

On en apprend des choses dans les manuels et cahiers d'éthique et de culture religieuse (ECR) !

l'affaire Jean XXIII et les témoins de Jéhovah

C'est ainsi que le cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire nous apprend que le pape Jean XXIII aurait été mêlé à une affaire de témoins de Jéhovah... En effet, dans une bande dessinée caricaturale de vingt-deux pages sur les années, que l'auteur veut sombres, du régime Duplessis, on parle d'une affaire Roncalli. Or le pape Jean XXIII, pontife de 1958 à 1963, est né Angelo Giuseppe Roncalli.

Il s'agit en réalité de l'affaire Roncarelli c. Duplessis.

Rappelons les faits. En 1946, Maurice Duplessis, alors Premier ministre et procureur général du Québec, ordonne au président de la Commission des liqueurs du Québec de révoquer le permis alcool du restaurateur montréalais Frank Roncarelli, entraînant la ruine de son entreprise. Les autorités considéraient que M. Roncarelli était un fauteur de troubles parce qu'il avait servi de caution à de nombreux témoins de Jéhovah accusés de prétendues infractions à la suite de la distribution de brochures religieuses attaquant le catholicisme romain.

Heureusement qu'on a les chartes !

Suit la « morale » pour l'élève soumis à ce cours et qui le flattera : heureusement qu'il vit à notre époque, et non lors de ces pages les plus noires de l'histoire du Québec, époque moderne qui connaît enfin une déclaration des droits de l'homme et des Chartes qui obligent les gouvernements à respecter les libertés de religion et d'expression.

D'une part, et ce n'est dit nulle part dans le cahier d'activités, le Premier ministre perdra dans l'affaire Roncarelli. En effet, en 1959, la Cour suprême ayant jugé que le premier ministre avait commis un délit civil, lui ordonna, en sa qualité personnelle, de verser des dommages-intérêts. Il y a avait donc bien, avant la promulgation de la Charte québécoise en 1975 et la Charte canadienne en 1982, des mécanismes qui protégeaient des abus de pouvoir du gouvernement, ici dans un dossier à saveur religieuse. Il n'aura d'ailleurs pas échappé aux lecteurs sagaces que le Canada accueillait, avant ces chartes, de nombreuses religions qui y prospéraient, d'ailleurs plutôt plus qu'après l'adoption de ces chartes.

D'autre part, la Charte québécoise a justement été modifiée récemment (en son article 41) pour limiter les droits parentaux en matière de transmission de leur religion par la voie de l'école publique ! De même, après 25 ans d’interprétation de la Charte canadienne, diverses tendances se sont manifestées dans l’interprétation de la « liberté fondamentale » de religion, qui ont abouti à la privatisation de la religion et donc à une réduction de cette liberté dans la sphère publique depuis l'adoption de cette charte !

Loin de protéger la liberté fondamentale de la religion, l'interprétation des chartes adoptées depuis la « Grande Noirceur » pourraient donc, paradoxalement, bien tendre à en limiter l'application à la seule sphère privée.

Ministère de l'Éducation sous Duplessis !

On apprend sur la page suivante qui suinte de cette même dénonciation de la « Grande Nouérceur » que M. Duplessis aurait eu un ministre de l'Éducation.

 ministre de l'éducation sous Duplessis
Il est pourtant connu que ce n'est que le 13 mai 1964 — en adoptant le projet de loi 60 — que l'Assemblée législative (devenue l'Assemblée nationale du Québec) décréta la création du ministère de l'Éducation ! Rappelons que Maurice Duplessis est mort le 7 septembre 1959...