samedi 15 juillet 2017

Étude : les croyants ne sont pas moins ouverts d'esprit que les athées, parfois ils sont même plus ouverts

Une nouvelle étude indique qu’en Europe occidentale les croyants religieux seraient mieux à même d’appréhender et d’intégrer différents points de vue que les athées.

« L’idée maîtresse de l’étude est que les personnes religieuses n’ont pas nécessairement l’apanage de la fermeture d’esprit », a déclaré Filip Uzarevic, un des auteurs de l’étude, chercheur auprès de l’Université catholique de Louvain en Belgique.

La recherche a été publiée le 27 avril 2017, dans la revue à comité de lecture Personality and Individual Differences.

La recherche trouve son origine dans un constat. Avec son équipe, Uzarevic avait constaté que dans le débat public, « bien que les groupes conservateurs et religieux, d’une part, et les groupes progressistes et athées, d’autre part, faisaient montre d’une forte animosité à l’égard de leurs opposants sur l’échiquier idéologique, c’était généralement les premiers qui étaient désignés comme ayant l’esprit étroit ».

« En outre, de déclarer Uzarevic, cette conception du non-religieux comme plus tolérant et ouvert paraissait dominante dans les ouvrages de psychologie. Intéressés par le sujet, nous nous sommes demandés si cela est nécessairement toujours le cas : les religieux sont-ils en général plus étroits d’esprit, ou serait-il utile d’enquêter sur les différents aspects de la fermeture d’esprit et sur leur relation avec la (non-)religion. »

Les chercheurs ont constaté que les participants chrétiens obtenaient une note plus haute sur une mesure de dogmatisme que les participants non religieux. Les participants chrétiens, par exemple, étaient plus susceptibles de ne pas être d’accord avec des affirmations telles qu’« Il y a tellement de choses que nous n’avons pas encore découvertes, personne ne peut être absolument certain que ses croyances sont correctes ».

Mais deux autres mesures d’étroitesse d’esprit donnaient des résultats très différents.

Les athées s’avèrent plus intolérants face à la contradiction, c’est-à-dire lorsqu’ils ont été présentés avec deux déclarations apparemment contradictoires, ils considéraient l’une comme très vraie et l’autre comme très fausse. Ils ont également montré moins de propension à pouvoir imaginer des arguments contraires à leur propre point de vue et à les trouver quelque peu convaincants.

« Dans notre étude, la relation entre la religion et l’étroitesse d’esprit dépendait de l’aspect de fermeture d’esprit considéré », a déclaré Uzarevic à PsyPost. « Les non-religieux semblaient plus ouverts que les religieux quand il s’agissait de mesurer explicitement la certitude dans ses propres croyances. Toutefois, de façon assez étonnante, quand il s’agit de mesurer subtilement une inclinaison à intégrer des opinions divergentes ou contraires à ses propres opinions, ce sont les religieux qui ont montré le plus d’ouverture. En somme, l’étroitesse d’esprit (ou du moins certains aspects de celle-ci) n’est peut-être pas l’apanage des seuls religieux. En outre, sous certains aspects, les non-religieux peuvent même être plus étroits d’esprit que les religieux. »

L’échantillon de l’étude était constitué de 788 adultes du Royaume-Uni, d’Espagne et de France. La majorité des participants ont déclaré être athées (302) ou agnostiques (143). Les autres participants étaient chrétiens (255), musulmans (17), bouddhistes (17), juifs (3) ou identifiés comme « autres » (51).

« Il y a, bien entendu, des limites à cette étude. Il est particulièrement important de les garder à l’esprit puisque l’étude psychologique de la non-religion n’en est encore qu’à ses balbutiements, et il convient d’interpréter ces résultats avec circonspection », de déclarer Uzarevic.

« Premièrement, nous ne savons pas si les résultats ne valent que pour le contexte de l’Europe de l’Ouest (sécularisée) d’où provient l’échantillon ou s’ils reflètent une tendance mondiale ».

« En gardant ceci à l’esprit et en se souvenant que l’ampleur des effets observés dans notre étude est assez petite, la reproduction de cette étude devrait permettre de confirmer la stabilité des résultats. Il est important de souligner l’importance de cette reproduction, car notre étude a été réalisée en ligne ce qui prête naturellement le flanc à des critiques (notamment sur une potentielle non-représentativité de l’échantillon, sur l’impossibilité de contrôler complètement la structure et la qualité de l’échantillon). Cependant, malgré ces limites, l’étude fournit des résultats relativement cohérents et un bon point de départ pour de futures recherches. »

L’étude, “Les athées sont-ils non dogmatiques ?”, est également signée par Vassilis Saroglou et Magali Clobert.

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