vendredi 6 décembre 2019

Saint-Nicolas — agression contre le Père Fouettard devant des enfants à Bruxelles

Nous sommes mercredi 27 novembre dernier. Ce jour-là, comme le rapporte Ilico, un magasin situé à Uccle (commune chic de Bruxelles) organise une animation de Saint Nicolas en présence du grand saint et du Père Fouettard.

Saint Nicolas (à droite) et son acolyte, le Père Fouettard


Si dans un premier temps il n’y avait que des parents et enfants, ils ont vite été rejoints par des fauteurs de troubles. « Un jeune filmait Saint Nicolas et père fouettard, en souriant. Puis, il a pianoté sur son cellulaire. Il a sûrement envoyé les images sur un groupe. Et dans le quart d’heure qui suit, 7, 8 personnes ont rappliqué », raconte un témoin à nos confrères.

Rapidement, plusieurs membres du groupe interpellent l’acolyte de Saint Nicolas : « Ils se sont approchés à 2 cm du visage du père fouettard et ils l’ont reniflé. Ils ont passé le doigt sur son visage et ils ont dit : Est-ce que c’est naturel ? Et puis, un autre est arrivé et a dit : Vous connaissez le phénomène du black face ? Vous savez qui vous êtes ? Le père fouettard a dit : Oui, je suis le père fouettard. Et l’homme a répondu : Et pourquoi vous êtes noir ? Le père fouettard a dit : Parce que je vais dans les cheminées. Des gens continuaient de filmer. La scène s’est déroulée devant des enfants. Le père fouettard a dû s’éclipser », explique le témoin.

Pour rappel, la couleur de Père Fouettard divise depuis plusieurs années. La polémique fait surtout rage aux Pays-Bas, même si elle avait franchi nos frontières il y a quelques années, au point de pousser le centre pour l’égalité des chances Unia à se positionner en 2014.

On rappellera qu’Unia avait conclu en 2014 que ni la tradition ni le personnage, même grimé en noir, ne s’apparentent à du racisme ou de la discrimination. Sauf si des propos explicitement racistes voient le jour autour du personnage lors d’une fête. Unia recommande toutefois que la Saint-Nicolas soit traitée « avec précaution », pour que le débat sur le père fouettard ne prenne pas des proportions extrêmes.

Source

École — Complément cahier « Françoise David »  — Le massacre de la Polytechnique (rediff)

En février 2009, M. Benoit Dutrizac avait invité à son micro Mme Françoise David pour s'insurger ensemble du concours lancé par Sylvain Bouchard contre la présence de Mme Françoise David sur trois pages dans un cahier d'éthique et de culture religieuse. Aucun autre politicien ne bénéficie du même traitement de faveur. Mme Françoise David est la co-présidente du parti Québec solidaire (1 siège à l'Assemblée nationale). On peut qualifier Québec solidaire de parti résolument à gauche. Benoit Dutrizac n'avait pas hésité à affirmer que Sylvain Bouchard aurait dû se taire alors que sortait au cinéma le film Polytechnique… Il était donc interdit de dénoncer la partialité d'un cahier d'éthique et de culture religieuse écrit par deux auteurs qui se disent féministes et qui font la part belle à une figure de proue du féminisme, alors qu'on commémore sur les grands écrans du Québec la mort de martyrs du féminisme.

Ce massacre par un déséquilibré nommé Marc Lépine (né Gamil Gharbi, fils d'un musulman algérien qui battait sa femme et son fils) sert aujourd'hui à faire taire toute critique vis-à-vis du féminisme, de ses prétentions et empêche toute distance envers l'hagiographie d'une figure du féminisme québécois dans un cahier du programme gouvernemental d'éthique et de culture religieuse devenu récemment obligatoire dès six ans au Québec.

Que les choses soient claires : le massacre de la polytechnique est d'une horreur indicible et nous condamnons le meurtre de ces quatorze jeunes femmes dont le destin fut cruellement écourté.

La question est de savoir s'il s'agit vraiment d'un acte antiféministe (plutôt que celui d'un psychopathe) qui prendrait sa source dans le machisme réactionnaire vieux-québécois.

Le cahier Françoise David (voir les pages reproduites ci-dessous) précise qu'il s'agit d'« un massacre clairement dirigé contre les femmes et le féminisme », il propose ensuite comme activité de groupe une délibération autour de la question : « Cette tragédie ne fut jamais reconnue officiellement comme un crime misogyne. Qu'en penses-tu ? »

Nulle part le cahier explique-t-il le caractère pathologique de Marc Lépine. Comment les élèves pourront-ils donc répondre en connaissance de cause ? On a l'impression que ce silence sert à renforcer, à laisser libre cours au mythe moderne que Lépine ne serait que l'aboutissement quelque peu logique de la hantise maladive des hommes « traditionnels » envers le féminisme triomphant, du pauvre beauf macho dépassé, « du mononcle québécois passé date ». Que le machisme en quelque sorte expliquerait et mènerait inéluctablement à ce massacre.

page 201
(page 201 du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


Une culture de la passivité, un manque de vertus viriles

Or, on peut analyser ce massacre en des termes strictement inverses. L’image révélatrice de l’homme québécois contemporain n’est en rien incarnée par Marc Lépine/Gamil Gharbi, mais plutôt par ces professeurs et ces jeunes hommes qui, présents dans la classe où surgit Lépine, acceptent de la quitter quand ils sont menacés par ce tireur solitaire. Ils s’en vont soumis et abandonnent à leur sort fatal leurs condisciples de sexe féminin.

Un acte d’abdication et de lâcheté que les cultures traditionnelles réprouveraient en bloc. Les « hommes » québécois postféministes sont restés tranquillement dans le couloir alors même que résonnaient les premiers coups de feu, ils n’ont rien tenté. Ce qui manquait à ce moment précis c’étaient des hommes aux vertus viriles et — n’hésitons pas à le dire — machistes, prêts à se sacrifier pour arrêter un tueur fou qui s’attaquait à des femmes.

(Rappelons que les policiers arrivés sur place n'ont pu intervenir et prévenir la mort de probablement sept jeunes filles à cause d'une directive inepte émise par leur hiérarchie. Lépine mettra fin à ses jours avant que la police n'intervienne.)

Et si Lépine avait réussi un de ses autres massacres ?

La plupart des gens pensent que Marc Lépine n’en voulait qu’aux femmes. En réalité, ce désaxé et perpétuel marginal avait considéré d’autres massacres. Comme il l’écrit dans sa lettre de suicide émaillée de nombreuses fautes :
« J’avais déjà essayés [sic] dans ma jeunesse de m’engager dans les Forces comme élève-officier, ce qui m’aurais [sic] permit [sic] de possiblement pénétrer dans l’arsenal et de procédé[sic] Lortie dans une rassia [sic] ».
Le Lortie dont il est question est le caporal Denis Lortie qui prit d'assaut le parlement du Québec le 8 mai 1984 dans le but de tuer le premier ministre René Lévesque. Lortie tua trois personnes et en blessa 13 autres. Il fut arrêté dans sa folie meurtrière par le remarquable sang-froid du sergent d'armes René Jalbert qui confronta le tueur fou et réussit à le convaincre de se rendre. Selon l’expert psychiatre au dossier, Lortie aurait organisé son crime suite à un délire psychique.

Si Lépine avait réussi à accomplir son massacre au sein des forces armées, ses victimes auraient été des hommes et les noms de ces victimes ainsi que le massacre lui-même auraient été évacués de notre mémoire collective. Qui connaît le nom des victimes de Lortie ? Où les célèbre-t-on ? Au lieu de quoi, les manuels scolaires ressassent le massacre d’un psychopathe, le mouvement féministe instrumentalise celui-ci et un nouveau film sur le sujet vient de sortir qui, il ne faut pas en douter, sera bientôt visionné par nombre d'écoliers captifs en classe d’éthique et de culture religieuse. Et vous, parents, n'aurez guère le choix (nous sommes au Québec après tout), si tant est que vous soyez mis au courant avant la projection...

page 202
(page 202 du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


Le film Polytechnique ou le terrorisme lacrymal québécois

Au sujet de ce film, Carl Bergeron publie une longue critique intéressante et originale dont nous proposons ici au lecteur pressé quelques extraits. Les intertitres sont de nous.
«
Le 6 décembre 1989, un jeune psychopathe de 25 ans, Marc Lépine, entrait à l’École polytechnique de Montréal, où il assassina 14 femmes, blessa plusieurs autres personnes, avant de s’enlever la vie une vingtaine de minutes plus tard. Dans une lettre d’adieu, il présenta son geste comme une “déclaration de guerre” contre les “féministes”, dont il disait qu’elles lui avaient “gâché la vie”. Remplie de fautes et d’incohérences, cette lettre pompeuse, ponctuée de locutions latines sommaires (tirées des pages roses du Larousse), était une forme d’autoexpiation narcissique, où le tueur, aveuglé par son délire, osait se présenter comme un “érudit rationnel”. Si ”rationnel”, en fait, qu’il ne sut répliquer que par la déraison meurtrière à l’une de ses victimes, qui lui avait assuré, contre ses allégations, qu’elle n’était pas nécessairement féministe, mais seulement étudiante. À l’argumentation rationnelle, Lépine ne savait opposer que la violence pure. Il tira sur la malheureuse à bout portant.

Lépine présenté comme un être "articulé" et représentatif de la misogynie ambiante !

Les choses ainsi présentées, plusieurs estimeront à justre titre que le psychopathe Lépine ne pouvait soutenir l’épreuve de la raison et du langage. Or, sachez que ce n’est pas l’avis du réalisateur : pour Denis Villeneuve, en effet, “la violence est un langage”. Selon Villeneuve, Lépine serait un homme “relativement articulé” qui a “mis des mots sur sa colère”; on devrait par conséquent prendre au sérieux sa rhétorique vaseuse sur ”les femmes”, le “féminisme”, les “Forces armées”, le “caporal Lortie” et sa “théorie des travaux remis”. Le “discours” de Lépine ne serait pas celui d’un psychopathe, d’un individu isolé, enfermé dans sa folie, mais le symptôme d’une pathologie sociale à grande échelle. Lépine, en évoquant des motifs antiféministes pour justifier son bain de sang, aurait révélé un malaise inhérent à l’ensemble de la culture québécoise. Disons les choses clairement : Lépine serait le symbole d’un refus de l’évolution égalitaire; il représenterait le désir d’un ancien ordre patriarcal contre l’irrésistible ascension des femmes. Dans le dossier de presse de Polytechnique, Villeneuve écrit en effet que Lépine, en séparant les hommes et les femmes, aurait voulu “remettre à jour (sic) l’ordre d’un monde révolu”. “Il nous remet, dit-il, une certaine misogynie collective et l’aliénation des rapports entre les hommes et les femmes en pleine figure (sic).” Marc Lépine, ou le bras agissant d’une volonté collective…

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Une mise en scène orientée

Tout d’abord, il est faux de dire que le film n’apporte pas de “réponses toutes faites”, alors que absolument tout, dans ce film, l’histoire comme la mise en scène, est orienté par une logique féministe. Notons pour commencer que la lettre de Marc Lépine est lue dès le début de film, presque en guise de prologue, et qu’elle agit forcément comme clef de lecture. Je ne nie pas, bien entendu, la pertinence de lire la lettre à l’écran; la chose était incontournable. Mais pourquoi s’être contenté de lire la lettre sous la forme d’une “voix intérieure”, sans montrer la calligraphie nerveuse et les multiples fautes d’orthographe et de grammaire du tueur ? Pourquoi ne pas avoir montré la lettre ? Pourquoi, en somme, avoir donné prise à la folie même du tueur, qui insistait pour se présenter comme un “érudit rationnel” — ce qu’il n’était manifestement pas ? La version “orale” avait cet immense désavantage — ou “avantage”, selon le point de vue — de ne pas rendre en toute justice les ressorts délirants de la lettre. Dans la version orale, les incohérences syntaxiques demeurent certes, mais elles ne sont pas aussi évidentes que lorsqu’elles sont vues. Ceci est capital. Le choix de mise en scène, à propos de la lettre, avait valeur de choix éditorial.

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Lépine générateur de sens, « fuck les mononcles »

Dans Polytechnique, Lépine est donc un psychopathe générateur de sens. À sa psychose correspond une “réalité” fabriquée, qui nous est racontée par le biais de deux personnages féminins, étudiantes en génie à Poly. L’une d’elles, personnifiée par Karine Vanasse, est une première de classe, qui verra rapidement son ambition limitée par le “sexisme” de ce “milieu traditionnellement masculin”. Convoquée en entrevue pour un poste de stagiaire, Valérie Goyette, rayonnante d’espérance et avide de communication, bute sur “l’insensibilité” machiste du patron [, Roger Martineau], qui ne daigne même pas lever les yeux sur elle lors de son entrée dans le local. Le rapport d’autorité entre le patron et l’aspirante stagiaire est net, tranché; il n’est guère avilissant, même si le réalisateur tente de nous le faire passer pour avilissant. Le patron, incorrigible “sexiste”, demande à notre aspirante stagiaire si elle prévoit avoir des enfants — un détail qui, en raison de la nature du travail proposé, pourrait être décisif pour l’embauche. Puis, fade out. ”Compassionnelle”, la caméra de Villeneuve filme ensuite la colère toute féminine de Goyette, qui, après l’entrevue, s’était repliée dans la salle de bains pour grincer des dents et serrer les poings.

Mais d’où vient donc la colère de Valérie Goyette ? On se dit aussitôt qu’elle n’a pas eu l’emploi, malgré l’excellence de son dossier scolaire. Mais non, ce n’est même pas ça : elle a bel et bien été embauchée. Sa révolte tient au fait qu’elle a été obligée de mentir pour avoir le poste; et de dire, contre son désir naturel, qu’elle ne prévoyait pas avoir d’enfant. “Il était super méprisant”, dira-t-elle tout de même du patron qui a fini par l’engager. Ce à quoi son amie répondra : “Fuck les mononcles…”. “Oui, tu as raison : fuck les mononcles”, conclut notre stagiaire si injustement bafouée dans son droit à la transparence.


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Culte idolâtre

Poly est certes un fait divers marquant, et dont le caractère singulier ne peut être contesté; mais il ne s’agit pas d’un événement ”historique”. Villeneuve, avec son film pieux, ajoute au culte idolâtre, déjà de fort mauvais goût, qui continue de se déployer à chaque année autour des victimes du 6 décembre 1989. Quelle organisation féministe ne profite pas du 6 décembre pour réintérer publiquement son plaidoyer idéologique sur la “condition des femmes”, la “violence conjugale” ou “l’équité salariale” ? On était sans doute quelques-uns, ces dernières années, à espérer que cette sacralisation opportuniste s’essoufle d’elle-même, et que les victimes de 1989 soient finalement laissées en paix. Mais avec ce film ! On en a encore pour trente ans de récupération ! On gage combien qu’une fois disponible en DVD, Polytechnique sera régulièrement diffusé à des fins “pédagogiques” dans les écoles primaires et secondaires du Québec ?

Film de propagande et modèle du nouveau mâle québécois

Le film de Villeneuve répond à tous les critères du film de propagande; il pose, en même temps que la nature du mal, l’essentiel du traitement. La nature du mal, c’est le “sexisme”, qu’il soit ordinaire ou extraordinaire, qu’il s’appelle Marc Lépine ou Roger Martineau. Le seul traitement envisageable pour en venir à bout, c’est la thérapie et les bons sentiments — deux traits distinctifs de la nouvelle communauté de croyance québécoise. Les individus, laissés sans ressource, sont condamnés à panser les plaies des blessés, à se sentir éternellement “coupables”, et à devenir, auprès de leurs conjointes égalitaires, soit des “chums” compréhensifs et excessivement doux, soit des suicidés. Le personnage de Jean-François, interprété par Sébastien Huberdeau, est à cet égard exemplaire. Ce n’est pas qu’une victime arbitraire du drame que Villeneuve présente à travers ce personnage masculin; tout comme les autres personnages, il lui a promis un programme, un rôle idéologique, une destinée. Lépine était le porte-parole de la majorité silencieuse misogyne; les deux victimes féminines, des combattantes anonymes du ”sexisme ordinaire” : Jean-François sera, lui, l’homme archétypal du royaume techno-progressiste égalitaire.

Il pleure, il est incompétent, ne flirte pas

Jean-François pleure. Même avant la tuerie, on a l’impression qu’il est constamment en train de pleurer. Il est brouillon, incompétent, arrive en retard à ses cours, renverse du café sur ses papiers. Il ne flirte guère avec Valérie Goyette : s’il l’approche, c’est pour lui demander son aide afin de comprendre un problème, résoudre une équation, ou encore pour compléter ses notes de cours. L’absence d’attirance sexuelle entre les personnages féminins et masculins du film est vraiment frappante. Lorsque le gars manqué Valérie Goyette, sous l’œil désespéré de sa colocataire “carte de mode”, s’habille à la garçonne, sans imagination, et se regarde dans le miroir pour juger de son allure, on s’imagine à tort que c’est pour un rendez-vous avec un jeune homme. On comprend plutôt, à la scène suivante, que c’était en vue de son entrevue avec Roger Martineau. L’étalage des fétiches féminins (chaussures, bas nylons, rasoirs pour les jambes, cintres, vestes, boucles d’oreilles), fait à cette occasion avec talent par Villeneuve, nous plonge au cœur de l’intimité féminine des deux colocataires, et dégage une sensualité latente particulière. C’est pourquoi on reste un brin incrédule en constatant que c’est à la carrière, plutôt qu’au rendez-vous, que conduisait cet étalage sensuel. Même incrédulité, par ailleurs, lorsqu’on voit Valérie Goyette courir dans les couloirs de Poly pour arriver à temps à son cours, croisant sur son chemin le malheureux Jean-François, en train de changer de paire de jeans devant son vestiaire. Pas de malaise entre Valérie Goyette et Jean-François, que de la convivialité égalitaire, des salutations sans malaise et un rappel du “party” où ils sont censés se retrouver après le cours. Le “party”, c’est-à-dire le contraire du rendez-vous, et où prime l’indifférenciation adulescente, asexuée, collective, sur le tête-à-tête entre deux individus de sexe opposé.

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