Chronique étonnante de Richard Martineau ce matin dans le Journal de Montréal. Extraits.
« Donc, faisons comme si je croyais à Raël, à Mohamed ou à Jésus-Christ.En France, c'est sur l'opposition des juifs qu'une réforme similaire de l'enseignement a achoppé : il était exclu pour eux que des non-juifs enseignent la Torah ou glosent sur des rituels juifs à des enfants juifs.
Eh bien, vous savez quoi ? Je serais férocement CONTRE le nouveau cours d'éthique et de culture religieuses. Je ferais tout en mon pouvoir pour forcer le ministère de l'Éducation à l'enlever du programme.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que je refuserais que l'on réduise ma religion à un simple phénomène culturel, au même titre que la bouffe, la musique ou la mode.
LE MOULIN À IMAGES
Croire à un Dieu n'est pas rien. Ce n'est pas comme croire à l'architecture romane ou à la Nouvelle cuisine. Ça oriente tout votre être — ce que vous pensez, ce que vous défendez, ce que vous faites.
On ne croit pas huit heures par jour, 10 heures par jour ou 12 heures par jour. On croit 24 heures par jour, 7 jours par semaine.
Le paradis, quand vous êtes croyant, n'est pas une «création culturelle» au même titre que le Moulin à images de Robert Lepage. C'est vrai comme les arbres que vous voyez et l'air que vous respirez.
Entendre un prof de 20 ans qui n'a aucune formation en théologie dire à mes enfants que mon Dieu n'est qu'une créature imaginaire parmi tant d'autres et que le paradis qu'il me promet à la fin de mes jours n'est qu'une création de l'esprit me choquerait...
Je trouverais ça profondément insultant. Et je dirais : « De quoi il se mêle, lui ? »
»
«
NI CHAIR NI POISSON
C'est le problème principal du cours d'éthique et de culture religieuses : il est assis entre deux chaises.
Il ne fait plaisir ni aux croyants (qui n'aiment pas cette lecture culturelle et relativiste de la religion) ni aux non croyants (qui se demandent pourquoi on enseigne des balivernes à l'école).
C'est comme si on voulait parler de religion sans vraiment parler de religion. On dit que toutes les croyances s'équivalent... alors que lorsqu'on est vraiment croyant, c'est le contraire : on est convaincu d'être habité par une vérité immuable !
D'où la question que je ne cesse de me poser : pourquoi s'évertuer à maintenir ce cours au programme ?
On pourrait tout simplement dire : « La religion appartient à la vie privée. C'est aux parents de l'enseigner à leurs enfants. »
Dans une société où les gens qui sont passés par le cégep et par l'université disent encore S'ASSIR au lieu de S'ASSEOIR, et UNE sandwich au lieu d'UN sandwich, il me semble qu'il y a des choses plus importantes à enseigner... »