samedi 29 mai 2010

Éthique — la discrimination est-elle un droit ?

Tiré du carnet de Nicomaque, le blog de philo d'un prof de philo (quelques changements typographiques et grammaticaux) :

Question politiquement incorrecte... Généralement, il n'y a pas de débat là-dessus. En France, la Halde se charge de poursuivre au tribunal toute personne soupçonnée de discrimination. Pourtant, aux États-Unis, la question fait l'objet d'un débat.

Rand Paul, nouvelle star du Tea Party et fils du sénateur Ron Paul, s'est prononcé en faveur de la suppression d'une disposition du Civil Rights Act de 1964. Cette disposition interdit la discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l'origine nationale à l'entrée des restaurants, hôtels, théâtres cantines, et autres lieux publics. Crise de nerfs de la gauche américaine qui a demandé des poursuites et des excuses publiques.

Finalement Rand Paul sa tenté de clarifier sa position : « Laissez-moi préciser ma pensée : je soutiens le Civil Rights Act parce que je suis d'accord, comme une écrasante majorité, avec l'esprit de la loi, qui était de mettre fin à la discrimination dans la sphère publique et de mettre un terme à l'odieuse pratique de la ségrégation. Mais dans le même temps, a-t-il ajouté, je défends le droit de propriété, la libre entreprise et la liberté d'expression. »



En résumé : M. Paul a affirmé dans un entretien avec Rachel Maddow sur MSNBC mercredi soir qu'il soutenait les articles de la Loi sur les droits civils concernant les lieux publics, mais qu'il était sceptique s'agissant de son application à l'entreprise privée. Interrogé par Mme Maddow sur le fait de savoir si une entreprise privée a le droit de refuser de servir les Noirs, M. Paul a répondu, « Oui. » Ceci n'a rien à voir avec le racisme mais concerne le rôle de l'État. Un gouvernement n'a pas à interdire à un propriétaire de choisir ses clients ou à l'obliger de s'associer avec telle ou telle catégorie. Ce n'est pas son rôle.



Sur Fox News, jeudi dernier, on pouvait assister à un débat contradictoire sur le sujet entre deux animateurs de la chaine conservatrice : John Stossel et Megyn Kelly. En plus d'être une adorable poupée barbie, Megyn Kelly est diplômée en droit et en sciences politiques, spécialiste des questions juridiques (bio ici). Kelly joue l'avocate du gouvernement et Stossel, comme à son habitude, défend une position strictement libertarienne.

Dans ce débat, Megyn tente d'assimiler la discrimination au meurtre. Et elle argumente : doit-on empêcher la police de réprimer le crime sous prétexte de libre marché ou de propriété privée ? Stossel lui réplique que la discrimination n'a rien à voir avec le meurtre mais avec le choix individuel. Quand on choisit un ami ou un mari, on fait de la discrimination. Que ce choix soit critiquable ne justifie pas la coercition et la menace. Dans une société libre, chacun doit être libre de s'associer avec qui il veut, et tout commerçant doit être libre de servir qui il veut.

Selon Stossel, animateur de la même chaine, « si une entreprise privée veut dire « nous ne voulons pas de journalistes blondes ou d'animateurs moustachus », cela devrait être son droit. Allons-nous dire à l'association des étudiants noirs qu'elle doit accepter des personnes de race blanche, ou à l'association gay de softball qu'elle doit inclure des hétéros ? Le racisme est mauvais. Mais je ne fais pas confiance à l'État de décider quel type de discrimination est acceptable. »

Un commentaire amusant, sur un blogue : « Doit-on forcer un restaurateur noir à servir des membres du KKK ? D'après les gauchistes (« liberals »), oui. Les gauchistes sont-ils pro-KKK ?




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