lundi 29 décembre 2025

Critique du documentaire Sugarcane, Les Ombres d'un pensionnat (2024)

Le documentaire Sugarcane, a été sélectionné, au début 2025, dans la catégorie des meilleurs documentaires pour les Oscars. Ce film se veut une enquête sur les abus et les disparitions d'enfants dans le pensionnat Saint Joseph de Williams Lake en Colombie-BritanniqueIl a bénéficié d'une « critique » dithyrambiqueSelon un chef amérindien, il devrait être diffusé dans les écoles du Canada.

Pourtant, selon l'auteur Michelle Stirling dans
Dead Wrong, ce documentaire comporte de nombreuses omissions et erreurs factuelles, dont les plus flagrantes nuisent à l'intégrité de l'enquête menée dans le film. Nous reproduisons ici sa recension de ce documentaire. Elle a également produit un contre-documentaire à Sugarcane visible sur Youtube. Nous l’incrustons dans le corps de cette critique. 

Sugarcane
, un film canadien magnifiquement tourné, a été en lice pour l'Oscar du meilleur film documentaire aux Oscars [gala tenu en mars 2025], prix qu'il n'ait pas gagné. Il a déjà remporté de nombreux autres prix, dont deux Critics Choice Awards 2024 et le prix du meilleur réalisateur de documentaire au Festival du film de Sundance. Il a également reçu des critiques élogieuses de la part de publications internationales telles que le New York Times, Variety, The Guardian et le Christian Science Monitor. Sur le site Rotten Tomatoes, il obtient une note parfaite de 100 % sur le Tomatomètre des critiques certifiés et une note exceptionnelle de 82 % auprès des spectateurs. Lors d'une projection privée à la Maison Blanche en décembre, l'ancien président américain Joe Biden en a fait l'éloge.

Affiche du « documentaire »
Malgré son accueil mondialement favorable, peu de Canadiens ont vu le film à ce jour. Après ses débuts nationaux en août au Festival international du film de Toronto, Sugarcane a fait le tour du pays avec très peu de projections dans des festivals de cinéma et une sortie en salles limitée. Avant sa nomination aux Oscars, il n'avait reçu qu'une couverture médiatique modeste au Canada, notamment dans le Globe and Mail et la CBC. Certains critiques le considèrent comme l'un des favoris pour remporter un Oscar et il semblait que Sugarcane pourrait bien bénéficier d'une attention beaucoup plus grande dans son pays d'origine. National Geographic a acquis les droits de distribution du film, qui est désormais disponible en ligne sur Disney+ et Hulu.

Ce qu'il faut savoir

Pour ceux qui s'interrogent sur le titre, il fait référence à la petite réserve indienne de Sugarcane, près de Williams Lake, en Colombie-Britannique, qui abrite la Première Nation de Williams Lake et le pensionnat indien de Cariboo, communément appelé la mission Saint-Joseph. Ce film est une nouvelle tentative pour culpabiliser les Canadiens et leur faire ressentir une honte profonde face au traitement réservé aux élèves autochtones dans les pensionnats. La critique du Globe and Mail, par exemple, est intitulée « Le documentaire délicatement révoltant Sugarcane explore en profondeur la douleur du système des pensionnats indiens au Canada ».

Le film est révoltant, mais pas dans le sens où l'entend le journal. Malgré son statut de documentaire sélectionné aux Oscars et soutenu par le National Geographic, l'ensemble du film doit être considéré comme un assemblage habilement orchestré de désinformation et de manipulation, avec une multitude de faits essentiels passés sous silence. Les spectateurs ne doivent accorder que très peu de crédit à ce qu'ils pensent voir.

Cela n'est nulle part plus évident que dans la fin du film, lorsqu'un texte à l'écran déclare : « L'enquête en cours à la mission Saint-Joseph a révélé un schéma d'infanticide » et qu'un personnage clé du film « est le seul survivant connu de l'incinérateur de l'école ». Ces deux affirmations semblent horribles. La première est fausse. La seconde signifie quelque chose de tout à fait différent de ce qu'elle semble indiquer.

Sugarcane est peut-être beau à regarder, mais il n'a pas sa place dans la catégorie du meilleur documentaire. Il doit plutôt être considéré comme une calomnie à l'égard de l'histoire canadienne, du Canada moderne et – cible la plus facile de toutes – de l'Église catholique.

dimanche 28 décembre 2025

Les emplois à l'épreuve de l'IA

Devriez-vous abandonner vos études universitaires et apprendre à utiliser une clé à molette pour protéger votre emploi contre l’IA ? 

Jacob Palmer ne savait pas grand-chose des métiers manuels qualifiés lorsqu’il était enfant, si ce n’est qu’ils étaient « sales, pénibles » et « semblaient vraiment peu gratifiants ». Mais il n’a fallu qu’un an d’enseignement à distance pendant la pandémie de Covid pour que M. Palmer, qui a grandi en Caroline du Nord, se rende compte que l’université n’était pas faite pour lui. Il a abandonné ses études après sa première année, a passé les deux années suivantes à suivre une formation d’apprenti électricien et a créé sa propre entreprise en 2024. À seulement 23 ans, il possède désormais un entrepôt, une camionnette et une chaîne YouTube avec plus de 33 000 abonnés qui le regardent réparer des appareils allant des détecteurs de fumée aux chargeurs Tesla. Il prévoit de réaliser un chiffre d’affaires de 155 000 dollars cette année, dont 10 % proviendront de YouTube. M. Palmer énumère les avantages du métier d’électricien : « Vous êtes plutôt bien payé pour le faire. On est payé pour apprendre à le faire. » Et cela crée une « sécurité de l’emploi massive » à une époque où de nombreux jeunes diplômés universitaires s’inquiètent de voir l’intelligence artificielle (IA) remplacer les cols blancs débutants. M. Palmer ne s’en fait pas pour cela : « Je vais câbler ces centres de données, pas vrai ? »

M. Palmer n’est pas le seul membre de la génération Z (les personnes nées entre 1997 et 2012) à remettre en question l’intérêt des études universitaires. Selon un récent sondage réalisé par l’institut Gallup, seul un tiers environ des adultes américains considèrent aujourd’hui que les études universitaires sont « très importantes », contre trois quarts en 2010. Environ un quart des Américains déclarent avoir « très peu » ou pas confiance dans l’enseignement supérieur. En creusant un peu plus, on constate que bon nombre de ceux qui ont peu confiance affirment que les universités n’enseignent pas de compétences pertinentes et qu’elles sont trop chères. En effet, les frais de scolarité moyens pour un diplôme de quatre ans dans les universités publiques américaines ont plus que doublé au cours des 30 dernières années, après ajustement pour tenir compte de l’inflation.

Si l’IA crée de nouveaux types d’emplois, tels que ceux d’ingénieurs logiciels chargés de la déployer dans les entreprises, elle rend également plus difficile l’accès à un premier emploi pour certains diplômés. Des études récentes menées par Stanford, Harvard et le King’s College de Londres ont montré que les entreprises qui adoptent l’IA générative aux États-Unis et au Royaume-Uni ont tendance à embaucher moins de cols blancs débutants. En novembre, 6,8 % des 20-24 ans titulaires d’une licence aux États-Unis étaient au chômage, contre 8,6 % de ceux qui n’avaient qu’un diplôme d’études secondaires (voir graphique). Parmi les diplômés universitaires qui ont trouvé un emploi, plus de la moitié sont sous-employés (occupant des emplois qui ne nécessitent pas de diplôme universitaire de quatre ans) un an après l’obtention de leur diplôme, et 73 % de ceux qui commencent par être sous-employés le restent dix ans plus tard.

Dans le même temps, l’intérêt pour les métiers manuels qualifiés est en hausse. Une récente publicité dans le métro londonien montre une requête tapée : « Eh ! IA, plie ce tuyau en cuivre » et la réponse d’un modèle linguistique à grande échelle (LLM) : « Désolé, je ne peux pas faire ça. » La publicité invite ensuite les passants à « apprendre un métier et à assurer leur avenir professionnel ». Sur les réseaux sociaux tels qu’Instagram et TikTok, de jeunes plombiers et électriciens publient des vidéos de leur travail quotidien qui recueillent des dizaines de milliers de vues et des commentaires admiratifs.

Une enquête publiée en juin par l’American Staffing Association a révélé qu’un tiers des adultes conseilleraient aux jeunes diplômés du secondaire de suivre une formation professionnelle ou technique, une proportion légèrement supérieure à celle qui les encouragerait à faire des études universitaires. Certains suivent ce conseil : les inscriptions à des programmes professionnels et techniques de deux ans dans les collèges communautaires américains ont augmenté de près de 20 % depuis 2020. Selon le ministère américain du Travail, le nombre d’apprentis actifs aux États-Unis a plus que doublé entre 2014 et 2024.

Un avenir prometteur

Les diplômés universitaires âgés de plus de 25 ans bénéficient toujours d’un taux de chômage plus faible et d’un salaire annuel médian presque deux fois supérieur à celui des diplômés du secondaire. Mais si l’on examine de plus près les différents diplômes, les résultats sont plus variés. Selon une étude de l’université de Georgetown (voir graphique ci-dessous), les titulaires d’une licence en sciences, technologie, ingénierie ou mathématiques (STIM) gagnaient un salaire annuel médian de 98 000 dollars en 2024. Les diplômés en arts et sciences humaines avaient un revenu médian de 69 000 dollars. En revanche, le salaire annuel médian d’un technicien d’ascenseur aux États-Unis est de 106 580 dollars.

Les écarts au sein des métiers sont également importants. Le salaire annuel médian des électriciens aux États-Unis est de 62 000 dollars, mais les 10 % les mieux rémunérés gagnent plus de 100 000 dollars chacun. Il en va de même pour les meilleurs plombiers, chauffagistes, mécaniciens aéronautiques et installateurs de lignes électriques. Aucun de ces emplois ne nécessite de licence, mais ils exigent une formation spécialisée.

Les cols bleus sont également très recherchés dans des secteurs tels que la fabrication de pointe et la défense. Selon une étude réalisée par la Semiconductor Industry Association et Oxford Economics, près de 60 % des nouveaux emplois dans la fabrication et la conception de puces électroniques qui seront créés aux États-Unis entre 2023 et 2030 devraient rester vacants en raison d’un manque de main-d’œuvre qualifiée. Parmi ces emplois vacants, 40 % sont des postes de techniciens ne nécessitant qu’un diplôme de deux ans. Jensen Huang, PDG du fabricant de puces Nvidia, a déclaré que les centres de données pour l’IA auront besoin de centaines de milliers d’électriciens, de plombiers et de charpentiers.

Au Royaume-Uni, les rapports sectoriels estiment qu’il manque 35 000 soudeurs qualifiés, nécessaires notamment pour construire des parcs éoliens en mer, des centrales nucléaires et des sous-marins. Beaucoup de ceux qui possèdent ces compétences vieillissent : la moitié de la main-d’œuvre britannique spécialisée dans le soudage devrait prendre sa retraite d’ici 2027.

Une solution à la pénurie de compétences consiste à encourager davantage de jeunes à acquérir des compétences techniques. Mais les métiers manuels restent stigmatisés. De nombreux parents les considèrent comme « sales, pénibles et dangereux » et « sans avenir », explique Sujai Shivakumar, du Centre for Strategic and International Studies, un groupe de réflexion basé à Washington. Le manque de coordination entre les écoles, l’industrie et le gouvernement est également un problème, selon M. Shivakumar. Les collèges communautaires proposent souvent des cours qui augmentent le nombre d’inscriptions, mais pas ceux dont les industries ont besoin, explique-t-il, ce qui laisse aux diplômés professionnels peu de choix d’emploi, même s’il y a une pénurie de compétences.

L’exemple suisse

Une meilleure solution serait de s’inspirer de pays comme la Suisse, où environ deux tiers des jeunes suivent une formation technique après 11 ans de scolarité obligatoire. Ce système fonctionne parce qu’il est « perméable », ce qui signifie que les étudiants peuvent facilement passer d’une filière technique à une filière universitaire, et inversement, explique Ursula Renold, experte en formation professionnelle à l’ETH Zurich, une université suisse. De nombreux autres pays encouragent l’apprentissage, qui permet aux stagiaires d’obtenir une certification pour travailler dans un certain secteur, mais ne leur permet pas d’utiliser cette certification dans le système éducatif général. « Ils sont cloisonnés », explique Mme Renold, ce qui est « très dangereux ». Selon elle, un système idéal devrait éviter de séparer les étudiants et les apprentis dans des filières différentes. Il devrait également laisser les entreprises prendre l’initiative d’élaborer les programmes d’études et de former les étudiants sur le lieu de travail.

La mise en place de systèmes tels que celui de la Suisse peut prendre des décennies. En attendant, la meilleure option pourrait être l’apprentissage diplômant, dans le cadre duquel les étudiants sont rémunérés par un employeur pour poursuivre des études universitaires tout en acquérant une formation sur le terrain. BAE Systems, un fabricant d’armes britannique, dispose d’un programme d’apprentissage qui accueille plus de 5 000 stagiaires par an, dont un tiers sont des apprentis en licence. Laché, un apprenti en génie aérospatial de 20 ans (dont le nom de famille n’est pas divulgué pour des raisons de sécurité), passe quatre jours par semaine à travailler sur les technologies du cockpit du Tempest, un nouvel avion de chasse, et le cinquième jour à suivre des cours. « C’est vraiment, vraiment, vraiment génial », dit-elle. La demande pour ce type d’apprentissage est forte : BAE a reçu plus de 31 000 candidatures pour 1 100 places lors de son dernier cycle, selon Richard Hamer, directeur de la formation de l’entreprise. Cela « en vaut vraiment la peine » tant pour les stagiaires que pour l’entreprise, qui avait du mal à trouver des diplômés possédant les compétences requises, dit-il. 

Passer de la cuisson de hamburgers à la fabrication de semi-conducteurs 

Des programmes similaires voient également le jour aux États-Unis. TSMC, un fabricant de puces taïwanais, a récemment lancé un programme d’apprentissage en Arizona, où il prévoit de construire six usines de semi-conducteurs. Nolan Cunningham, un apprenti technicien de processus âgé de 23 ans, travaillait dans une chaîne de restauration rapide avant de rejoindre le programme TSMC en avril. Il avait décidé de renoncer à l’université pour éviter de s’endetter. « Je ne veux pas passer les 25 prochaines années à rembourser mes prêts étudiants », explique-t-il. « Cela vous handicape complètement. »

Mais il suit désormais des cours de nanotechnologie dans un établissement d’enseignement supérieur communautaire, financés par TSMC, et est en passe d’obtenir un diplôme de premier cycle. Son travail à l’usine consiste principalement à analyser des données et à surveiller les systèmes de fabrication à partir d’un ordinateur. Passer de la cuisson de hamburgers à la fabrication de semi-conducteurs a été un « énorme bond en avant », explique M. Cunningham, mais un choix facile.

Source : The Economist

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samedi 27 décembre 2025

Une période optimiste pour les gens de « droite » ?


France — Harcèlement administratif contre les écoles privées (sous contrat et hors contrat)

18 inspecteurs pour 400 élèves !

Les inspections musclées ne touchent plus seulement le hors contrat.

Les écoles sous contrat sont désormais aussi visées : fouilles de casiers, questions à charge…

Plus de 900 inspections en un an et jusqu’à 11 contrôles pour certains établissements !

 

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vendredi 26 décembre 2025

Québec — Quatre mois après l’interdiction des téléphones portables à l'école, l’impact « est majeur »

Les téléphones portables sont interdits dans les écoles primaires et secondaires depuis la rentrée, en août 2025.

Quatre mois après l’entrée en vigueur de l’interdiction des téléphones portables dans les écoles primaires et secondaires du Québec, plusieurs directions scolaires constatent des effets positifs sur la vie sociale, le niveau d’activité physique des jeunes, mais aussi sur la réussite scolaire.

C’est l’avant-dernier jour de classe avant les vacances des fêtes à l’École Monseigneur-A. -M. -Parent, à Longueuil.

La cloche du dîner sonne, les élèves déferlent dans les corridors et la radio étudiante diffuse des chansons de Noël.

Dans ce brouhaha, des élèves s’installent pour jouer aux cartes, d’autres au ping-pong ou encore à des jeux de société.

« Avant, les gens étaient beaucoup sur leur téléphone et jouaient à des jeux, mais comme ils ne peuvent plus le faire, maintenant ils jouent ensemble ou ils se parlent », explique à La Presse Canadienne Constance Boie, une élève de secondaire 5.

Assise près d’elle, Shelby Miclette fait savoir qu’elle est « plutôt introvertie » et que l’interdiction du téléphone à l’école l’a poussée à faire de nouvelles connaissances.

« Je suis plus ouverte aux autres qu’avant. Ça m’a sortie de ma bulle un peu. »

Le constat des deux adolescentes rejoint celui de la directrice de l’école, Mélanie Lacourse, qui soutient avoir observé « rapidement » les bienfaits de la nouvelle réglementation au niveau de la socialisation.  

« Ça favorise vraiment des relations authentiques entre les élèves. Tous les matins, je fais le tour de l’école et, même encore à ce jour, je constate des changements au niveau des interactions sociales », explique la directrice.

« C’est un climat plus convivial et parfois, oui, plus bruyant, parce que justement, ils jasent entre eux, mais c’est formidable de voir ça ! », ajoute la directrice, qui dit avoir remarqué « une diminution de l’isolement ».

Elle est « persuadée » que « jouer au baby-foot, au ping-pong, aller au gymnase ou passer du temps de qualité avec un ami » sont des activités qui ont « un impact sur la concentration et l’attention et forcément sur les apprentissages » des élèves.

« On ne regarde pas les notifications sur notre téléphone avant d’aller en classe », donc « notre tête n’est pas ailleurs », alors « peut-être que notre concentration s’est améliorée », ajoute Shelby Miclette, elle aussi une élève de secondaire 5.

Le téléphone est interdit depuis deux ans pour les élèves de première secondaire de l’école Mgr-A. -M. -Parent, donc l’entrée en vigueur de la mesure du gouvernement a étendu cette interdiction aux secondaires 2, 3, 4 et 5.

Un « impact majeur »

À Saint-Augustin-de-Desmaures, en banlieue de Québec, le directeur général du Séminaire Saint-François, Jean-François Boisvert, s’attendait à « une certaine résistance des élèves les plus vieux » lors de la mise en place du nouveau règlement, mais « en toute honnêteté, ça s’est vraiment bien passé, il n’y a eu aucune rébellion, aucune contestation ».

Avant la nouvelle réglementation, « beaucoup d’élèves avaient le réflexe de sortir leur cellulaire et de consulter leur message ou d’aller sur les réseaux sociaux en passant d’un local à l’autre. Maintenant on les voit qui jouent, qui rient, qui se parlent. On entend le changement dans les corridors, ça parle et ça rit beaucoup plus. Donc, au niveau des habiletés sociales, c’est clair que ça a un impact majeur ».
Une entrave au développement de la personnalité

La psychologue clinicienne et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, Linda S. Pagani, n’est pas surprise lorsqu’on lui rapporte que des directeurs d’école semblent ne voir que du positif à l’interdiction des téléphones à l’école.

Selon elle, non seulement l’usage excessif du téléphone chez les jeunes nuit à l’apprentissage scolaire, mais il entrave aussi le développement de la personnalité.

« Les cellulaires distraient tellement que ça retarde toutes les tâches que les adolescents doivent faire pour construire leur identité. »

L’adolescence, ajoute la chercheuse, est une « période critique pour le développement de l’identité, une période qui va consolider notre sentiment d’être compétent et d’être en contrôle de notre destin », mais les réseaux sociaux et l’hyperconnectivité nuisent à ce processus.  

« C’est comme si on disait à un bébé : reste dans la poussette, ce n’est pas grave, tu apprendras à marcher plus tard », illustre-t-elle.

Au Séminaire Saint-François, le téléphone est interdit depuis plusieurs années au premier cycle et la règle qui est entrée en vigueur à la rentrée scolaire 2025 a étendu l’interdiction au deuxième cycle.

« Le seul enjeu que ça a créé pour nous, c’est au niveau de la surveillance », explique Jean-François Boisvert, car « avant, nos élèves étaient regroupés dans quelques endroits communs, la tête penchée sur leur téléphone ».

Mais depuis la rentrée, « il y a des élèves un peu partout qui explorent l’école, qui jouent à la cachette ou qui courent, alors il a fallu repenser notre façon de surveiller les corridors ».

M. Boisvert assure du même souffle qu’il préfère de loin « gérer de la vie dans l’école que de gérer un troupeau d’élèves penchés sur leur téléphone ».
Surcharge mentale

La psychologue clinicienne Linda S. Pagani souligne que les longues heures exposées aux plateformes numériques et aux réseaux sociaux font en sorte « qu’on est distrait constamment ».

Cette surcharge cognitive, souligne la chercheuse, augmente le risque de fatigue mentale et compromet les capacités d’apprentissage.

Une étude publiée en février 2022 dans le Journal of Adolescent Health rapporte que le temps d’écran des adolescents québécois était de 7,7  heures par jour en 2022, un résultat comparable au nombre d’heures de sommeil des jeunes, mais plus que le nombre d’heures dans une journée de classe.

« L’hyperconnectivité » est allée trop loin et il faut « débrancher les élèves quelques heures par jour pour « s’assurer qu’ils se développent bien et puissent contribuer à la société », soutient Linda S. Pagani.

Celle qui enseigne la psychoéducation à l’Université de Montréal « ne veut même pas voir » un étudiant assister à ses cours avec un ordinateur.

Ainsi, ses étudiants doivent faire comme leurs parents faisaient à une autre époque, et prendre des notes à la main.  

Il est important, ajoute Mme Pagani, de pratiquer l’écriture manuscrite, car « l’acte d’écriture consolide l’apprentissage ».

Après le téléphone, la tablette ?

Plusieurs écoles secondaires privées, comme le Séminaire Saint-François, imposent l’utilisation de la tablette électronique aux élèves.

Mais de nombreux experts s’interrogent sur la pertinence de ces outils et certaines directions scolaires remettent désormais en question ce choix.


« On a annoncé à nos futurs parents qu’à partir de l’année prochaine, la tablette va laisser place à un ordinateur portable, en grande partie parce qu’on se rendait compte que nos élèves, quand ils graduent pour aller au cégep, ensuite à l’université ou dans le monde du travail, l’outil qu’ils utilisent, c’est un ordinateur portable », explique le directeur du Séminaire Saint-François.

Jean-François Boisvert ajoute que la tablette peut être utilisée comme un outil pédagogique, mais aussi « comme un outil de loisir », ce qui entraîne « des défis de gestion » et de surveillance, autant pour les enseignants que les parents.

Le cellulaire était déjà interdit dans les salles de classe du Québec depuis janvier 2024. L’interdiction du téléphone à l’école, du début jusqu’à la fin des cours, était la première recommandation de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes, qui a déposé un rapport provisoire au printemps dernier.  

De plus en plus d'écoles américaines adoptent la semaine de quatre jours

La ville d’Eldon, dans l’Iowa, est rarement animée. « Nous sommes au sommet d’une colline, au milieu de nulle part, entourés de champs de maïs », explique James Craig, directeur du district scolaire de la région, qui compte environ 1 000 élèves. Mais le lundi, les écoles sont particulièrement calmes. Seuls les enseignants sont présents à l’école primaire, où ils apprennent un nouveau programme de mathématiques. Depuis 2022, le district a mis en place un calendrier de quatre jours par semaine. « Je ne pourrais pas être plus heureux, déclare M. Craig, tout le monde s’épanouit. » Selon lui, le fait de donner congé aux élèves le lundi a amélioré leur assiduité, leur comportement et leur santé mentale. 

Partout en Amérique, de plus en plus d’écoles adoptent la semaine de quatre jours. Plus de 2 100 écoles fonctionnent ainsi et tous les États à l’ouest du Mississippi l’autorisent désormais. Conçues pour économiser de l’argent ou attirer des enseignants, les semaines scolaires de quatre jours étaient auparavant un phénomène rural. Mais elles s’étendent désormais à davantage de villes. En novembre, les électeurs d’Independence, une banlieue de Kansas City, dans le Missouri, ont choisi de maintenir la semaine scolaire de quatre jours pour ses 14 000 élèves. Sans surprise, les enseignants et les élèves adorent cette mesure. Les parents ont également accueilli favorablement la possibilité de passer plus de temps à la maison. Mais en ce qui concerne les résultats scolaires, cette politique obtient des notes moyennes.

La réduction du nombre d’heures d’enseignement pendant une semaine de quatre jours dépend de la politique de chaque district. En général, les écoles prolongent les quatre jours restants d’un peu moins d’une heure, selon une étude du groupe de réflexion RAND. La manière dont les écoles utilisent le jour supplémentaire varie également : certaines proposent des cours particuliers ou des services de garde d’enfants, tandis que d’autres (comme celles dirigées par M. Craig) n’offrent pas grand-chose, voire rien du tout.

Joyeux Noël ou joyeux solstice d’hiver ?

 Air France souhaite de belles fêtes.




Emirates un joyeux Noël



mardi 23 décembre 2025

Joyeux Noël 2025 !



Venez, divin messie
 
Gaudete

The trumpet shall sound

Entre le bœuf et l'âne gris
 

Adeste fideles !

 
O du Fröhliche, o du selige !

Noël nouvelet

Ihr Kinderlein kommet !

Et lux in tenebris

Minuit, chrétiens !
Es ist ein Ros' entsprungen

Messe de minuit pour Noël de Charpentier

Nȣel huron de Jean de Brébeuf (sur l'air d'Une Jeune Fillette)

Quand l’écologie radicale infiltre les écoles de commerce

Une récente étude d’un réseau pensant explique comment HEC, l’EM Lyon ou Sciences Po ont progressivement introduit l’enseignement d’une écologie décroissante et anticapitaliste au détriment des matières fondamentales.

Oui, oui, une école de commerce de France (il reste un petit drapeau français peu visible à côté du drapeau de la European Union of Brussels)

La France est-elle en train de former une génération de cadres qui considéreront comme un devoir moral de freiner, de contester ou de saboter les stratégies de croissance de leurs propres entreprises ? C’est ce que laisse entendre le Centre d’études et de recherches universitaires (Ceru), qui, dans une étude publiée début décembre, affirme que les grandes écoles de commerce françaises sont devenues des « foyers du radicalisme écologique ».

Dans cette note, le laboratoire d’idées, marqué à droite, explique comment HEC, l’ESSEC, l’ESCP, l’EM Lyon ou encore Sciences Po ont progressivement introduit l’enseignement d’une écologie décroissante et anticapitaliste au détriment des matières fondamentales que sont la gestion, la finance ou le marketing. « Ce basculement traduit une recomposition profonde. Le prestige universitaire traditionnel est supplanté par la conformité idéologique », alerte l’étude, qui, sans remettre en question l’urgence climatique, décrit « un tournant résolument écologique, jusqu’à repenser tous les programmes sous cet angle ».

En une dizaine d’années, les « business schools » [écoles de commerce en Hexagonal] ont bien changé. 

Dans ces temples de la formation au monde des affaires, l’étudiant se prête désormais aux incontournables ateliers Fresque du climat, mais aussi au Sulitest, un test du développement durable imaginé en 2014. Dans les enseignements, l’écologie et la « sustainability » [durabilité dans le jargon prétentieux de ces « business schools »] ont pris une place « démesurée », « une centaine d’heures par an, soit le tiers des enseignements », affirme l’auteur de cette note, Morgane Daury-Fauveau, présidente du Ceru et professeur de droit privé à Amiens. Elle a passé au crible les maquettes de l’offre de formation. Outre la profusion, elle pointe une idéologie à l’œuvre, avec l’enseignement d’« une écologie radicale, notoirement anticapitaliste ». « La mission première de l’enseignant est de développer l’esprit critique, pas de le paralyser. Les écoles de commerce, dont l’objet est fondamentalement l’enseignement sur la production de richesses, font la publicité de la décroissance ! », s’effare-t-elle.

lundi 22 décembre 2025

La laïcité étriquée contribue à vider la France de sa substance

Le 120e anniversaire de la loi de 1905 est l’occasion de rappeler qu’une conception étriquée de la laïcité contribue à vider la France de sa substance affirme Laurent Dandrieu dans ce texte paru dans Valeurs actuelles. 

Il a beaucoup été question, la semaine dernière, de laïcité, à l’occasion du 120e anniversaire de la loi séparant les Églises et l’État: une loi qui fait figure aujourd’hui de vache sacrée, mais dont la commémoration n’en a pas moins révélé des divergences profondes. Ceux qui la laïcité reste le pilier central et intangible de la République se divisent entre partisans d’une application libérale ou intransigeante; pour certains, elle laisse encore trop de place aux religions dans l’espace public, pour d’autres, elle ne serait plus que l’alibi d’une islamophobie agressive ; certains, enfin, y voient au contraire un rempart bien faible contre l’islamisme, arguant qu’on ne contient pas une idéologie conquérante avec un principe de neutralité.

Ces derniers ont raison sur au moins un point : c’est que la religion n’est pas qu’une question cultuelle et que toute religion porte avec elle une dimension culturelle. La réflexion française [note du carnet: dans la francophonie plus généralement] sur la laïcité est trop souvent une réflexion idéologique, abstraite, qui fait l’impasse sur cette empreinte culturelle du catholicisme et donc sur sa dimension identitaire — surtout depuis que le progressisme est parvenu à faire de l’identité le gros mot absolu, diabolisant cette notion comme un concentré de révisionnisme, de fascisme, de racisme et de colonialisme. 

Beaucoup voient la laïcité comme une relégation de la religion à la sphère privée — comme si la foi était un gadget qu’on allume à la maison et qu’on éteint dès qu’on sort de chez soi. Beaucoup croient, en jugulant l’expression publique de la foi, chasser du même mouvement le christianisme de la société — comme s’il n’avait pas modelé, des siècles durant, nos villes, notre patrimoine, notre culture, notre langage, nos paysages mêmes. D’où les querelles incessantes sur les crèches, les calvaires et les clochers, les spectacles qui évoquent les racines chrétiennes de la France, la possibilité pour les écoles privées d’intégrer dans leur éducation une dimension chrétienne ou la simple mention, par tel ou tel politique, de sa foi personnelle

Le maire de Béziers, Robert Ménard, a inauguré sa deuxième crèche de Noël depuis son élection, objet régulier d'attaques en justice au nom d'un principe de laïcité étriquée

Avec, sur le versant gauche de la laïcité, une intransigeance vis-à-vis du catholicisme qui se marie avec une grande mansuétude envers l’islam. Quand le sociologue Jean Baubérot, gardien du temple de la laïcité, déclare dans Libération du 9 décembre que « la loi de 1905, ce ne devait pas être une loi de combat. Nous en sommes pourtant là », il faut entendre que le combat lui semblait naturel tant qu’il visait les chrétiens, mais qu’il lui paraît illégitime quand il prétend imposer aux musulmans les mêmes contraintes…

Or, il ne faut pas se lasser de le rappeler après de Gaulle, « la République est laïque, mais la France est chrétienne »Vouloir effacer cette évidence, c’est vouloir vider la France de sa substance, en faire une coquille vide ouverte à toutes les ingénieries politiques, idéologiques ou démographiques. C’est vouloir effacer l’identité profonde, charnelle et spirituelle de la France, et prétendre la remplacer par un principe désincarné. Comme le rappelle le philosophe Pierre Manent dans Situation de la France (Desclée De Brouwer), « La laïcité est un dispositif de gouvernement qui n’épuise pas le sens de la vie commune, et qui d’ailleurs en donne une représentation abstraite et fort pauvre. On n’habite pas une séparation ».

La nature civilisationnelle ayant horreur du vide, le vide ainsi créé par une laïcité qui serait une négation de notre identité chrétienne aura vocation à être comblé par une identité de remplacement : la seule qui candidate à ce remplacement est pour l’heure celle, créolisée, proposée par Jean-Luc Mélenchon, qui n’est que le paravent hypocrite d’une France islamisée.

Mais ce n’est pas seulement pour faire barrage à cette identité de remplacement que la France doit retrouver le moyen de combiner une laïcité apaisée avec le respect de son identité chrétienne : c’est avant tout parce que c’est le seul moyen pour elle de rester fidèle à sa vocation. C’est sous l’égide du christianisme que la France a modelé sa culture ; c’est sous le regard de la chrétienté que la France a composé la partition unique qu’elle a fait entendre au monde. Ce n’est qu’en restant fidèle à cette partition et à ses racines chrétiennes qu’elle conservera un rôle à jouer dans le concert des nations.

Combiner une laïcité apaisée avec le respect de son identité chrétienne est le seul moyen pour la France de rester fidèle à sa vocation.

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