dimanche 1 octobre 2023

Cour de « justice » européenne interdit de refouler les immigrants qui traverse illégalement la frontière

Immigration : entre les intérêts de la France et la jurisprudence européenne, il faut choisir 
 
Texte de Jean-Éric Schoettl paru dans Le Figaro. Les décisions successives de la Cour européenne des droits de l’homme (Cedh) et, plus récemment, de la Cour de justice de l’union européenne (CJUE) entravent la capacité des États à endiguer les flux migratoires, analyse l’ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel. M. Schoettl est auteur de « La Démocratie au péril des prétoires » (Gallimard, coll. « Le Débat », 2022).

Il y a quelques jours, le ministre de l’intérieur annonçait un renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne, notamment pour empêcher les franchissements irréguliers que laisse prévoir l’arrivée subite d’une dizaine de milliers de migrants en provenance d’Afrique sub-sahélienne sur l’île italienne de Lampedusa.

Concomitamment (le 21 septembre), la Cour de justice de l’union européenne (CJUE), saisie d’une question préjudicielle par le Conseil d’état français, jugeait que, dans des circonstances telles que celles que nous connaissons avec l’afflux massif de migrants illégaux en Italie depuis le début de l’année, « une décision de refus d’entrée pouvait être adoptée sur la base du code frontières Schengen, mais que, en vue de l’éloignement de l’intéressé, les normes et procédures communes prévues par la directive “retour” devaient être respectées ».

Selon la CJUE, la France doit donc, même s’agissant du franchissement irrégulier de la frontière franco-italienne en période d’afflux de migrants, respecter la directive du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 « relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier ». Cette directive impose que le ressortissant d’un pays tiers en situation irrégulière bénéficie d’un certain délai pour quitter volontairement le territoire. Ne peut donc être refoulé vers l’Italie (ni vers aucun autre pays limitrophe) un ressortissant étranger entré irrégulièrement sur le territoire français. Autrement dit, la France peut « inviter » les migrants franchissant irrégulièrement la frontière franco-italienne à quitter le territoire de la République, mais elle ne peut leur interdire ce franchissement.

« La décision de la Cour vide de sa substance les effets des refus d’entrée », se félicite la directrice de l’association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers, qui fait partie des organisations ayant saisi le Conseil d’état. Dans un communiqué commun, ces dernières exultent :

« Après huit ans de pratiques illégales du gouvernement français en matière de contrôle et d’enfermement des personnes en migration aux frontières intérieures, la CJUE confirme qu’elles sont contraires au droit. » De son côté, le ministre de l’intérieur persiste publiquement à estimer nécessaire, au vu du contexte sécuritaire et de la pression migratoire, le contrôle aux frontières intérieures (italienne et espagnole), rétabli depuis 2015 en vertu d’une clause dérogatoire du code frontières Schengen. Nécessaire sans doute, mais est-il juridiquement possible ?

La décision de la CJUE du 21 septembre parachève une construction juridique progressivement échafaudée par les organes de l’union européenne et ceux du Conseil de l’Europe.

Cet édifice a ouvert toujours plus largement la porte des entrées, restreint toujours davantage les possibilités de refoulement, de rétention et d’éloignement et réduit la politique européenne en matière d’immigration irrégulière à une question de solidarité entre pays membres en vue de relocaliser les migrants.

La boucle est aujourd’hui bouclée : la flottille de migrants arrivant à Lampedusa en provenance de Sfax ne peut être refoulée vers son port d’origine tunisien en vertu de la jurisprudence de la CEDH. Une fois en Italie, selon la jurisprudence de la CJUE, les migrants ne peuvent être retenus, même le temps d’examiner leur situation au regard du droit d’asile. Ils sont donc libres de se déplacer vers le nord, jusqu’à la frontière française. Enfin, comme vient de le juger la CJUE, ils n’auront pas à craindre d’être refoulés en franchissant la frontière.

Le ministre de l’intérieur a certes tenu un discours ferme sur le maintien du contrôle de la frontière franco-italienne. Mais les paroles ne suffisent pas. L’exécutif français (et pas seulement M. Darmanin) doit choisir entre mettre effectivement en œuvre ce qu’il estime nécessaire aux intérêts supérieurs de la nation ou se plier à la jurisprudence de la CJUE. La contradiction ne pourra être masquée par l’habituelle schizophrénie entre propos martiaux et pratiques obligeantes. L’exécutif français est-il prêt à renverser les tables de la loi européenne ? Prêt à affronter - au lendemain des exhortations papales à accueillir inconditionnellement - une levée de boucliers droits-de-l’hommiste venant non seulement de la gauche, des ONG, des médias et des organes de l’union, mais encore d’une partie de sa majorité ? On peut en douter en observant ses atermoiements autour de la loi sur l’immigration.

Il n’est pourtant pas interdit d’imaginer un sursaut. Il se manifeste déjà dans certains pays membres comme le Danemark (dont la politique migratoire restrictive s’est déconnectée du droit de l’union) ou la Grèce (avec la solution hétérodoxe mais efficace appliquée sur l’île de Lesbos). Les pistes ne manquent pas au plan européen : revoir les directives relatives à l’entrée et au séjour des ressortissants des pays tiers dans un sens moins protecteur et plus respectueux des souverainetés nationales (ce n’est pas l’esprit de l’actuelle proposition de refonte de la directive « retour ») ; inclure dans le projet de « pacte européen sur l’asile et l’immigration » la mise en place de « hot spots » fermés, comme à Lesbos ; réviser le système Schengen afin d’assouplir la possibilité, pour un État membre, de reprendre le contrôle de ses frontières ; conditionner drastiquement notre ouverture et nos aides aux pays d’origine et de transit à leur coopération efficace en matière de reprise de leurs ressortissants et de prévention des départs irréguliers ; faire de Frontex une véritable police des frontières ; aligner les règles d’accueil françaises, aujourd’hui les plus facilitantes, sur la moyenne européenne ; limiter le pouvoir juridictionnel en matière migratoire.

Les opinions publiques et, désormais, de plus en plus de responsables politiques des pays membres, y compris dans la mouvance sociale démocrate, s’insurgent contre un droit qui n’est plus compatible avec leurs intérêts vitaux.

Même l’Allemagne renâcle, puisque le gouvernement fédéral envisage de mettre en place des points de contrôle à la frontière avec la Pologne et la République tchèque et qu’il a déclaré subordonner la relocalisation des demandeurs d’asile entrés par l’italie (prévue par le « mécanisme volontaire de solidarité européen ») au respect par ce pays de son obligation de reprendre « ses » demandeurs d’asile conformément au règlement de Dublin de 2013.

Maîtriser les flux migratoires est, pour l’Europe, un impératif existentiel. Il commande une modification des traités (comme il commande en France une révision constitutionnelle ). Il devient en effet chaque jour plus clair que l’Europe ne peut absorber indéfiniment le trop-plein d’une démographie africaine explosive : ses possibilités de loger, de scolariser, de prendre en charge socialement et médicalement, de former, d’employer et d’intégrer des populations sous-qualifiées et culturellement éloignées des nôtres (particulièrement du point de vue de la place de la religion et des femmes dans la cité) sont saturées. Sa capacité à lutter contre les fruits toxiques des ghettos (paupérisation du tissu urbain, violence, délinquance, séparatisme et terrorisme) est quotidiennement prise en défaut. Les équilibres de la société européenne ne résisteraient pas au maintien durable du rythme imprimé aux flux migratoires d’outre méditerranée parles règles juridiques actuelles. Comme le dit Jean-pierre Chevènement (JDD, 11 juin), « l’immigration zéro n’existe pas, l’intégration de peuples entiers non plus ».

samedi 30 septembre 2023

Immigration — La Suède demande à son armée d'aider la police à lutter contre les bandes criminelles

Une vague sans précédent de meurtres imputés au trafic de drogue conduit le Premier ministre à envisager de faire appel aux forces armées.

La Suède a demandé à son armée d’aider la police à lutter contre la criminalité des gangs, à la suite d’une forte augmentation des fusillades meurtrières et des attentats à la bombe dans le pays scandinave.

Ulf Kristersson, le Premier ministre de centre-droit, a déclaré, à l’issue d’une réunion qui s’est tenue vendredi avec le chef des forces de défense et de police suédoises, qu’il demanderait la semaine prochaine à l’armée de l’aider.

Il envisage également de modifier la loi pour permettre aux forces armées d’apporter une aide encore plus importante.
 


« Je ne saurais trop insister sur la gravité de la situation. La Suède n’a jamais rien vu de tel auparavant. Aucun autre pays d’Europe ne connaît une telle situation », a déclaré M. Kristersson lors d’une allocution télévisée à la nation dans la nuit de jeudi à vendredi.

Les chefs de la police ont déclaré que la Suède était confrontée à la situation la plus grave en matière de sécurité intérieure depuis la Seconde Guerre mondiale, les gangs d’immigrés se livrant à un conflit sanglant.

La police pense que les gangs utilisent de plus en plus d’enfants pour commettre leurs crimes, car les moins de 18 ans restent souvent impunis ou sont condamnés à de faibles peines par les tribunaux.

L’année dernière a déjà établi un record pour le nombre de fusillades mortelles en Suède, et ce mois de septembre est en passe de devenir le pire mois depuis que l’on tient des statistiques.

« C’est la naïveté et l’inconscience politiques qui nous ont conduits là où nous sommes », a déclaré le Premier ministre suédois. « Ce sont les politiques d’immigration irresponsables et l’échec de l’intégration qui nous ont conduits ici. »

« L’exclusion sociale et les sociétés parallèles nourrissent les gangs criminels. Ils peuvent y recruter sans pitié des enfants et les former pour qu’ils deviennent de futurs tueurs », a-t-il ajouté.
 
La police sur les lieux d’une fusillade qui a fait un mort et un blessé à Jordbro, au sud de Stockholm, aux premières heures de jeudi, une attaque liée à la guerre des gangs

« Unique en son genre » : propagande au musée

Le 17 mai 2023, le Musée de la Civilisation a inauguré l’exposition Unique en son genre, qui propose « une série de contenus afin d’éclairer et favoriser une meilleure compréhension des dynamiques qui sont liées [à l’identité de genre] ». Cette exposition est présentée comme une œuvre éducative visant à ouvrir le dialogue. Cependant, elle se révèle être une véritable propagande. Ariane Beauféray et Laurence Godin-Tremblay, deux doctorantes formées respectivement en science et en philosophie, nous expliquent pourquoi.

Une exposition pour informer?

« Nous sommes un musée de société qui évolue avec celle-ci et qui doit donc rester agile pour suivre cette évolution (et parfois même pour tenter de devancer la société en la “brassant” un peu) », indiquait en 2021 Stéphan La Roche, PDG du Musée de la Civilisation.

Comme les questionnements de genre sont en croissance au Québec, il semble opportun d’y dédier une exposition. Cela correspond par ailleurs à l’une des missions du musée, qui est de « faire connaître l’histoire et les diverses composantes de notre civilisation ». Selon le PDG, le musée mène à bien cette mission en « transmettant des connaissances » et en interpelant l’esprit critique du visiteur grâce à « des points de vue multiples pouvant rejoindre le plus grand nombre ».


Lors de notre visite, nous avons toutefois observé que l’exposition vise plutôt à convaincre le visiteur qu’à l’informer, en imposant un point de vue unique et biaisé sur le genre. Or, il existe un mot pour qualifier une œuvre qui fait la promotion d’une idéologie en présentant une perspective réduite et déformée de la réalité : ce mot est propagande.


Dans ce texte, nous dressons tout d’abord un portrait général de l’exposition, de ses créateurs et de leurs intentions. Puis, nous commentons plusieurs aspects présentés en suivant la chronologie de l’exposition. Nous terminons en proposant une réflexion sur le concept de genre. Bonne visite avec nous!

 

La biologiste Ariane Beauféray s’émerveille des différences sexuelles

 

PREMIÈRE PARTIE
Propos général, origines et intentions

Repentez-vous de votre binarité

Dès l’entrée, l’exposition impose au visiteur ses « vérités ». Elle lui dicte le seul vocabulaire adéquat pour parler de l’expérience humaine et scinde l’identité de tous en cinq composantes (sexe, genre, identité de genre, expression de genre, attirances sexuelle et romantique). Toutes ces composantes se trouveraient sur un continuum, et les médecins « assigneraient » sexe et genre à la naissance.

Puis viennent les exemples concrets : biologie, culture et témoignages illustrent le propos principal. Et ce propos est fort simple : il faut sortir de la binarité imposée par la société. Car « deux catégories, c’est insuffisant! ».


Quitter la binarité et adhérer plutôt au continuum du genre se compare à passer d’une vie en noir et blanc à une vie en couleurs, plus nuancée et plus riche. À la fin de l’exposition, on comprend que délaisser la binarité oblige également à faire disparaitre la masculinité et la féminité. En effet, « malgré les normes sociales qui encadrent l’expression de genre, il n’y a pas de caractéristiques fondamentalement féminines ou fondamentalement masculines. Les caractéristiques sont tout simplement humaines et tout le monde devrait avoir le droit de s’approprier celles qui lui conviennent ».

Il ne reste au fond qu’une seule identité : celle d’être humain.   

Des militants pour créateurs

D’où viennent donc ces déclarations pleines d’assurance? À la scénarisation de l’exposition, on trouve Marie-Philippe Drouin, qui dirige l’organisme Divergenres et qui se dit non-binaire. Et dans le comité scientifique comme dans le comité consultatif de l’exposition, il n’y a quasiment que des activistes LGBTQ+ proposés par GRIS-Québec.

L’exposition n’est donc pas descriptive, et encore moins critique; elle sert une propagande « éducative et trans affirmative » – c’est ainsi que Marie-Philippe Drouin qualifie l’expérience offerte au musée –, qui impose sa loi avec « bienveillance et ouverture ». 

Le militantisme est particulièrement flagrant dans le guide de l’exposition. Il interdit clairement toute remise en question, puisqu’il s’agirait de « micro-agressions ». Remettre en question, c’est agresser; agresser, c’est mal; remettre en question, c’est donc mal. Il faut même aller plus loin, et devenir un allié de la cause LGBTQ+, ce qui implique « d’admettre ses erreurs ». Comment ne pas qualifier de propagande une exposition qui qualifie automatiquement toute opinion contraire d’erreur? 

Cette exposition ferme le dialogue plus qu’elle ne l’ouvre, contrairement à ce que prétend le PDG du Musée. Les quelques personnes qui ont tenté d’entrer en discussion avec des guides ou autre personnel du Musée ont d’ailleurs frappé un mur.

Lire la suite sur le site du Verbe

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La politique migratoire massive contribue fortement à la pénurie de logements

Le rythme d’entrée des nouveaux arrivants au pays est tel qu’il devient difficile à soutenir pour le marché immobilier locatif. Au cours des sept premiers mois de l’année, les autorités ont délivré plus de 122 000 nouveaux permis de travail aux résidents temporaires du Québec.
 
La pénurie de logements ne ralentira pas l’an prochain ni dans trois ans, elle risque plutôt de s’aggraver. Et avec elle, la pression à la hausse sur les loyers.

L’une des principales raisons n’a rien à voir avec la spéculation, l’offre de logements ou les normes municipales, mais avec la demande, notamment l'explosion migratoire voulue et planifiée par Ottawa.

L’immigration peut-être un bienfait, selon certains experts. Tout dépend de la nature de celle-ci et du rythme d’entrée des nouveaux arrivants. Or, il devient difficile de soutenir le rythme actuel dans le marché immobilier locatif.
 


Les chiffres épluchés sur l’immigration temporaire sont frappants. L’année 2023 dépassera très nettement 2022, qui était déjà un record.

Pour faire image, ce flot de nouveaux arrivants au Québec en 2023 devrait dépasser la population de la Ville de Sherbrooke (environ 175 000), selon des données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Et la plupart s’installent dans la région de Montréal.

Le président de la Banque Nationale, Laurent Ferreira⁠1, appuyé par son économiste en chef, Stéfane Marion, juge que la forte croissance de la population canadienne nourrie par l’immigration est inflationniste, notamment sur le logement⁠.

Deux phénomènes se conjuguent. Les mises en chantier de logements sont en baisse marquée et l’immigration temporaire explose.


Après un record en 2021, les mises en chantier se sont littéralement dégonflées, avec la hausse des taux d’intérêt. Au Québec, les nouveaux logements locatifs – premier havre des immigrants – se construisent au rythme annualisé de moins de 20 000, actuellement, loin des 48 000 de juin 2021⁠⁠1.

Phénomène semblable dans l’ensemble canadien, quoique moins marqué : le rythme annuel de 95 000 mises en chantier locatif en octobre 2022 a chuté à 81 000 le mois dernier⁠2.

Pendant ce temps, l’arrivée des résidents non permanents s’accélère, si l’on se fie aux permis de travail accordés par Immigration Canada.



Au cours des sept premiers mois de l’année, les autorités ont délivré plus de 122 000 nouveaux permis de travail aux résidents temporaires du Québec.

À ce rythme, le Québec absorberait plus de 200 000 nouveaux travailleurs non permanents en 2023, soit plus du double du record de 2022 (94 195) et trois fois le volume prépandémique de 2019 (70 000). Et encore, il faut ajouter l’accroissement des nouveaux étudiants étrangers.


Pour l’ensemble du Canada, le nombre de permis de travail est aussi en voie de doubler l’année record de 2022, et excédera 1,1 million, si la tendance se maintient. Avec les nouveaux étudiants étrangers, ce chiffre devrait être encore plus élevé.

Bref, la hausse est exponentielle et elle a nécessairement un impact sur le marché immobilier⁠⁠3.

Qu’est-ce qui explique l’explosion ? Impossible d’avoir des réponses précises et rapides d’Immigration Canada. Y a-t-il un mauvais décompte ? Un retard des traitements qui a été comblé ? Un changement réglementaire favorisant le boom ?

L’agence Statistique Canada fera justement le point mercredi matin sur ces résidents non permanents, après discussions avec Immigration Canada et les experts provinciaux. Son avis parle d’un niveau record au premier trimestre de 2023⁠4.

Selon mes recherches, les Ukrainiens, les travailleurs temporaires appelés à soulager la pénurie de main-d’œuvre et les demandeurs d’asile dans les aéroports, entre autres, expliquent la situation. Immigration Canada est aussi plus permissif (voir autre texte).

Quoiqu’il en soit, ce boom d’immigration fait pression sur le marché résidentiel, mais aussi sur les services publics, comme la santé et l’éducation, déjà débordés. Et il laisse craindre qu’il nuise aux objectifs canadiens d’immigration, notamment chez les étudiants étrangers de pays industriels, qui pourraient aller voir ailleurs.

Marocaine d’origine, Me Nadia Barrou, qui a immigré ici il y a une quarantaine d’années, s’inquiète. « Je le dis avec bienveillance, mais c’est démesuré, ce qui se passe. On veut de l’immigration, bien sûr, c’est mon métier. Mais on n’arrive pas à donner notre meilleur, parce qu’il nous manque d’infrastructures d’accueil pour les immigrants et qu’il y a des délais incroyables. On ne tient plus compte de l’angoisse des nouveaux arrivants, qui sont désemparés.

L’afflux peut aussi créer des tensions, éveiller un sentiment anti-immigrant dans la population, qui peine à avoir des services de santé, de garderie et autres.

Nadia Barrou, avocate spécialisée en immigration

Peut-être sera-t-il possible d’amoindrir la pénurie de logements, à un moment donné. Après tout, le flot d’Ukrainiens finira par se tarir, Ottawa pourrait tempérer ses objectifs d’immigration et les autorités pourraient assouplir certaines règles urbanistiques, par exemple en permettant davantage de logements accessoires (sous-sol, cours arrière, cases de stationnement, etc.).

Il faut toutefois faire une croix sur l’abordabilité, m’expliquent des entrepreneurs, en mal de solutions pour réduire leurs coûts, surtout avec le niveau des taux d’intérêt. Un logement neuf de quatre pièces et demie à 1800 $ par mois dans la région de Montréal n’est plus une exception.

D’ailleurs, une récente étude de la SCHL conclut que pour renouer avec les prix abordables des années 2000, la hausse de l’offre de logements devrait être telle qu’il faudrait multiplier par trois la construction de logements au Québec d’ici 2030, à 150 000 mises en chantier par année.

Or, le record québécois de tous les temps est de 74 000, en 1987, et l’industrie vit une pénurie de main-d’œuvre actuellement, rappelons-le.

Oublions la pensée magique, il faudra vivre avec cette nouvelle réalité du logement pendant longtemps…

470 000 résidents non permanents : l'immigration temporaire explose au Québec
 

Et malgré cette forte augmentation de la population, le PIB réel brut baisse
 
L’économie québécoise s’est contractée au deuxième trimestre de façon plus marquée que l’économie canadienne dans son ensemble, a indiqué mardi l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Le produit intérieur brut (PIB) réel du Québec aux prix courants a diminué de 0,5 % par rapport au trimestre précédent, qui l’avait vu grimper de 0,3 %. En données annualisées, le recul au deuxième trimestre s’est établi à 1,9 %. Il s'agit du PIB brut, la chute en termes de PIB par habitant est encore plus forte étant donnée la très forte augmentation de la population.

La contraction économique du deuxième trimestre est notamment attribuable à un recul des dépenses d’investissement, à un ralentissement de l’accumulation des stocks et à une diminution des dépenses de consommation finale, a expliqué l’ISQ dans un communiqué.

Au Canada, l’économie a semblé stagner au deuxième trimestre alors que les investissements en logement ont continué de diminuer, entraînés par la baisse du nombre de constructions neuves. L’économie s’est contractée à un taux annualisé de 0,2 % pour la période d’avril à juin, a indiqué Statistique Canada dans un rapport publié le 1er septembre, un taux plus faible que ce que les experts avaient prévu.

En septembre, le taux de chômage du Canada a augmenté de 0,2 % pour atteindre 5,7 %.

D’où vient l'accroissement rapide de l'immigration ?

Divers facteurs expliquent l’explosion du nombre de résidents non permanents. Parmi eux figure le flot d’Ukrainiens, les travailleurs temporaires et la plus grande permissivité d’Immigration Canada.

Depuis un an, la rareté de main-d’œuvre a incité les entreprises à multiplier les demandes de travailleurs en vertu du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), surtout au Québec.

Le rythme ralentira au cours des prochains mois avec le ralentissement économique, si l’on se fie aux données et observations sur le terrain de la firme spécialisée Auray Sourcing. Tout de même, les demandes des entreprises pour obtenir des permis PTET continuent d’être bien plus fortes qu’avant la pandémie, ce qui est précurseur de l’entrée de nouveaux arrivants dans les prochains mois.

Les Ukrainiens
 
Le boom vient aussi de l’afflux d’Ukrainiens qui ont fui la guerre. Pour leur accorder rapidement des permis de travail, le fédéral a adopté un volet spécifique dans son Programme de mobilité internationale (PMI).

L’effet est clair : au cours des sept premiers mois de 2023, plus de 69 000 Ukrainiens ont reçu leur permis de travail au Canada – une bonne part au Québec – et à ce rythme, le volume dépassera de 50 % celui de 2022.

L’explosion vient aussi des étudiants étrangers qui se trouvent du travail au Canada une fois leur diplôme terminé (les post-diplômes). Le phénomène est en croissance au Québec, mais il est toutefois beaucoup plus important en Ontario, où il représente même 35 % des nouveaux permis de travail des résidents non permanents de 2023, contre 10 % au Québec.

Le contingent d’étudiants indiens, entre autres, est très fort au Canada anglais.

Mais il y a autre chose. La forte croissance vient aussi de l’élargissement, ces derniers mois, des catégories d’immigrants temporaires pour lesquelles le fédéral n’exige plus que soit faite une enquête d’impact sur le marché du travail pour avoir un permis.

Même les serveurs peuvent faire venir leur familles depuis 2023
 
Avant 2023, par exemple, seuls les employés dits « qualifiés » pouvaient faire venir leurs conjoints et enfants au Canada et leur permettre d’obtenir un permis de travail ouvert. Cette exigence du PMI a été élargie à tout type d’emploi, que ce soit serveur ou ingénieur, m’explique l’avocate spécialisée en immigration Nadia Barrou, de Montréal.

Et elle s’applique partout au Canada, même au Québec, sans que le gouvernement Legault ait son mot à dire.

L'afflux massive de « réfugiés » aux aéroports

Autre élément important : une mesure contestée d’Immigration Canada a gonflé d’un coup les demandes d’asile dans les aéroports canadiens ces derniers mois, notamment de ressortissants d’Afrique de l’Ouest, mais aussi de l’Inde, entre autres1.

Et pour nombre d’entre eux, un permis de travail est presque automatiquement accordé, même si le statut de réfugié n’est pas encore attesté, chose qui peut prendre plusieurs mois, m’explique Mme Barrou.

Un regard sur l’origine des titulaires de permis permet de constater qu’un fort contingent d’immigrants temporaires provient de pays en situation trouble, comme Haïti, l’Iran et le Nigeria, dont les ressortissants obtiennent des permis en vertu du PMI.

Les ressortissants d’origine indienne, cela dit, sont les plus nombreux à immigrer « temporairement » au Canada, et de très loin. Le constat est frappant dans le contexte des récentes tensions avec l’Inde lié à l’assassinat d’un leader sikh.

Notes
 

1. Ces données sont un peu différentes de celles généralement publiées par la SCHL, puisque j’ai fait une moyenne mobile de six mois des mises en chantier dessaisonalisées, question de mieux saisir les tendances.

2. La part du locatif au Québec est bien plus grande aujourd’hui (58 %) qu’il y a 10 ans (20 %), comme au Canada d’ailleurs (30 % en 2022 contre 12 % en 2012).

3. Une partie de la hausse peut s’expliquer par le renouvellement de permis de travail déjà accordés, mais l’essentiel vient des nouveaux titulaires.
 

Voir aussi
 

Une mesure secrète d’Immigration Canada entraîne une hausse des demandes d’asile. Le gouvernement fédéral a discrètement allégé les critères pour obtenir un visa touristique au Canada, dans l’objectif de réduire un volumineux inventaire de demandes en attente.

jeudi 28 septembre 2023

Nouveau passeport (284 millions de $!) — Le Canada, ce pays sans culture, sans passé et sans histoire (m à j)

Le gouvernement Trudeau a englouti 284 millions $ dans le nouveau passeport.  Un dépassement de 123 millions $ par rapport au budget prévu, déjà gigantesque, de 161 millions $.

Le gouvernement évoque des raisons de sécurité. Les pages en polycarbonate avec renseignements gravés au laser, un kinégramme qui change de couleur selon l’angle, et des motifs qui se transforment sous la lumière ultraviolette, on a mis le paquet.

En admettant qu’il fallait revoir les caractéristiques de sécurité, était-il nécessaire de refaire toute la facture visuelle du passeport ? Y avait-il vraiment des pacifistes qui souffraient trop de voir une image de notre histoire militaire ? Des wokes qui ne pouvaient plus supporter Terry Fox parce qu’il est un homme blanc ?

On sent bien plus une motivation idéologique à faire disparaître certains symboles canadiens pour les remplacer par des éléments « rassembleurs » comme le flocon de neige et l’écureuil. 

Nouveau passeport plus fragile ?

On a aussi changé les matériaux du passeport. Selon les premiers témoignages, on a changé pour pire. L’ancien passeport était hautement résistant et demeurait généralement propre même après la longue période de dix ans. Les rebords de la nouvelle mouture auraient tendance à friser par temps humide.  
Un Canadien qui travaille dans l’aéronautique en Europe confiait à Mario Dumont récemment que son nouveau passeport, qui date de quelques semaines, est en plus mauvais état que le vieux de dix ans qu’il vient de remplacer. Lui qui voyage constamment pour le travail dit avoir honte de présenter aux aéroports ce passeport canadien avec les coins qui tournent comme les cheveux de Boucle d’or.


Billet originel du 10 mai 2023

On se rappelle que Lord Durham, dans son rapport, décrivait les Canadiens français comme « un peuple sans littérature et sans histoire ».

Il semble que Trudeau fils s’ingénie à façonner un Canada qui corresponde parfaitement à cette définition. Et que, finalement, le Québec puisse bien être la partie du Canada (pour l’instant…) avec le plus de racines, de culture et d’histoire…

Le plus récent élément de preuve : les nouveaux passeports du Canada qui élimine toute référence à l’histoire du Canada (plus de château Frontenac, plus de Samuel de Champlain, plus de Crête de Vimy, plus de Terry Fox).


Là où les anciens passeports enfilaient les scènes et les personnages historiques, on ne trouve plus que des silhouettes vagues d’habitants, de paysages et de la faune du Canada au fil des saisons.

Quelques-unes des anciennes illustrations du passeport :

La ville de Québec fondée en 1608

Monument commémoratif à la crête de Vimy (en France)

Le dernier crampon du transcanadien en 1885

Samuel de Champlain, père de la Nouvelle-France

Les nouvelles illustrations :






Dans un entretien accordé au New York Times le 8 décembre 2015, Trudeau fils déclarait :

Les pays avec une identité nationale forte éprouvent des problèmes à intégrer les immigrants qui viennent de partout.

Le Canada n’a pas d’identité qui lui est propre. Nous sommes le premier État postnational au monde.


France — Le gouvernement annonce la généralisation des cours d'empathie laïque à la rentrée de septembre 2024

Plus de morale ni de religion bien sûr, mais de l'empathie laïque...

 Les programmes scolaires vont être revus. Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a annoncé mercredi 27 septembre la mise en place de "cours d'empathie inscrits dans le cursus" scolaire, "à l'image de ce qui existe dans d'autres pays, notamment au Danemark", qui seront généralisés à l'école à partir de la rentrée 2024. Dès janvier, une "école pilote" dans chaque département sera chargée d'expérimenter de tels cours, a-t-il précisé lors de la présentation du plan interministériel contre le harcèlement scolaire.

"Un tsunami de témoignages". "Nous assistons ces derniers jours et ces dernières semaines à un tsunami de témoignages", a affirmé Gabriel Attal. "Les témoignages de harcèlement, les alertes venant du terrain (...) ont été multipliés par trois ces dernières semaines par rapport à ce que nous connaissions en septembre 2022", a-t-il ajouté, soulignant qu'il est souhaitable que "la parole se libère".

Ce qui existe déjà. Plusieurs mesures ont déjà été mises en place ces derniers mois pour muscler la lutte contre ce fléau, dont la possibilité de changer d'établissements les élèves harceleurs, évitant ainsi d'imposer ce changement à celui qui en est victime, ou de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d'un autre établissement. Le ministre Gabriel Attal avait répété à la fin du mois d'août, lors de la publication de ce décret, vouloir une "tolérance zéro contre toutes les formes de harcèlement".

Un élève sur dix harcelé. Le harcèlement à l'école, qui en France touche un élève sur dix, selon les associations, est au cœur de l'actualité en cette rentrée après un nouveau drame, le suicide du jeune Nicolas, 15 ans, à Poissy (Yvelines) le 5 septembre. Depuis, l'académie de Versailles et son ancienne rectrice sont sous le feu des critiques, avec la révélation d'un courrier au ton menaçant envoyé en mai dernier par le rectorat aux parents de Nicolas. Ce courrier a été qualifié de "honte" par Gabriel Attal.

mercredi 27 septembre 2023

Algérie : interdiction d’accès à un établissement d’une lycéenne en robe traditionnelle kabyle

L'interdiction d'accès à son établissement d'une lycéenne en robe traditionnelle kabyle relance le débat sur la culture amazighe.

 
Au lendemain de la rentrée scolaire, le mercredi 20 septembre, Thiziri, la jeune lycéenne du lycée Berchiche à El Kseur, non loin de Béjaïa (Bougie) en Kabylie, ne s'attendait certainement pas à se retrouver au coeur d'une polémique. 

Arrivée le matin pour rejoindre ses cours, la jeune fille se voit interdire l'accès au lycée par l'administration de l'établissement. 

Motif ? Elle portait la traditionnelle robe kabyle sous sa blouse blanche réglementaire. Réagissant promptement à cette interdiction, la maman de la lycéenne la raccompagne au lycée et finalement l'établissement cède devant l'insistance de la mère et accepte que Thiziri accède au lycée pour suivre normalement ses cours. 

Polémique

Quelques heures après, le directeur de l'établissement publie une lettre d'excuse : « Personne n'a le droit d'interdire le port d'une tenue traditionnelle. Le règlement intérieur de l'établissement impose le port d'un habit respectueux et une blouse. Personne n'a le droit de chasser un élève en tenue traditionnelle. » Le responsable ajoute qu'il « refusait ce genre de comportement » et assure ne pas avoir été mis au courant de l'incident, tout en précisant que l'auteur de l'interdiction - un membre de l'encadrement du lycée qu'il ne désigne pas - a demandé pardon à la maman de Tiziri. 

« Après les excuses du proviseur du lycée Berchiche d'El Kseur sur BRTV et [son] communiqué, la polémique est close. La solution pour éviter ce genre de malentendu : une véritable prise en charge de la dimension amazighe de notre identité nationale », considère l'auteur, éditeur et militant Brahim Tazaghart. Une internaute, qui a posté la photo d'une jeune élève voilée, écrit pour sa part : « Vous vous êtes emballés pour une lycéenne en robe kabyle, alors que pour les filles qui n'ont pas dix ans en voile, ça passe ! » 

« La robe kabyle qui a pénétré même dans les plus prestigieuses des universités du monde, se voit interdite d'accès à une école bas de gamme, gérée par un ignare nostalgique des années du parti unique, c'est juste une injure. Cela se passe au moment où les tenues afghanes sont admises, même de manière ostentatoire. Je ne sais quoi dire de plus, si ce n'est qu'il faut un vrai sursaut pour renvoyer ces nouveaux ennemis de notre identité à leur Moyen Âge », poste le journaliste Lyazid Khaber. « Je comprends un peu les arguments de ceux qui avancent que l'école publique doit rester neutre par rapport à l'aspect vestimentaire. Que l'école n'est pas un podium pour faire défiler nos diverses tenues traditionnelles, etc. Mais il faut juste souligner que la robe kabyle a toujours été une tenue de la vie de tous les jours, et qu'elle ne gêne aucunement le libre mouvement de la femme qui la met », avance une autre internaute. Pour le militant politique Sofiane Benyounes, « ils [les conservateurs] s'offusquent que l'abaya n'ait pas sa place à l'école en France mais approuvent l'interdiction de la robe kabyle en Algérie ». 

Incidents récurrents

Il faut rappeler ici que cet incident n'est pas une première. En avril dernier, dans un lycée de la même localité d'El Kseur, un surveillant général avait interpellé une lycéenne en robe kabyle

 : « Je ne veux plus que tu la mettes, la robe kabyle est juste faite pour les fêtes, je ne veux pas que tu reviennes l'après-midi. » « Renvoyez-moi si vous voulez mais moi je la porterai aujourd'hui et demain », lui avait répondu la jeune fille, qui avait réussi à faire plier le surveillant général. En 2017, à Illilten en Kabyle, des dizaines de lycéennes se sont mises en robe traditionnelle, soutenues par leurs camarades garçons venus en burnous (habit traditionnel) pour protester contre l'interdiction du port de la robe kabyle dans leur lycée. On note la répétition de ces incidents tout au long des dix dernières années, avec souvent en réaction, des élèves qui se solidarisent et portent les tenues traditionnelles tenant tête à l'administration des établissements qui finissent par céder. 

Prénoms amazighs proscrits

Au-delà de ces affaires de port d'habits traditionnels se pose la récurrente question de la reconnaissance et de la place de la culture amazighe ou berbère millénaire, substrat du patrimoine algérien et maghrébin. Les médias rapportent souvent, par exemple, des interdictions par l'état civil d'inscrire des prénoms amazighs. En 2013, et sous l'impulsion du Haut-Commissariat à l'Amazighité (HCA) qui dépend de la présidence de la République, les autorités ont publié une « nomenclature des prénoms amazighs » comprenant 300 noms sur les 1000 proposés par le HCA. Mais certains prénoms restent proscrits par les mairies, comme Gaya ou Daya, à titre d'exemple, comme le  souligne  le chercheur Mohand-Akli Haddadou, qui regrette que les prénoms amazighs restes retranscrits en arabe alors que la langue amazighe est enseignée, en caractères latins, en attendant que le débat soit tranché par les autorités sur l'adoption de la graphie latine, tifinagh (amazighe) ou arabe pour la transcription de tamazight, langue déclarée nationale et officielle dans la Constitution.  

Source : Le Point
 
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Algérie : des porteurs de drapeaux berbères écopent de 6 mois de prison ferme. Une vingtaine de personnes avaient été arrêtées lors d'une manifestation le 17 septembre 2019 à Alger, dont une majorité pour avoir brandi des drapeaux berbères.
 
 
 
 

Alger ordonne la chasse au français dans les écoles

Dès cette rentrée, les programmes scolaires français ne doivent plus être enseignés dans les écoles privées.

Un cours d’anglais dans une école privée de Birkhadem, près d’Alger, le 21 septembre 2022.

Interdiction d’autres manuels que ceux du programme d’état, limitation des heures de français, durcissement de l’accès aux universités algériennes pour les titulaires du bac, interdiction aux candidats libres de passer l’examen au lycée français… Bouleversant la rentrée, le ministère algérien de l’Éducation intensifie la chasse au « double programme » dans les écoles privées. Les directeurs d’école doivent renoncer au programme français sous peine de poursuites pénales.

« Mon fils est à la maison, je ne sais pas quoi faire. C’est une catastrophe. J’attends que l’école me propose un plan B… » Amira est désespérée. Son fils, scolarisé depuis le primaire dans une école privée d’Alger, et qui s’apprêtait en fin d’année à passer les épreuves du brevet français en candidat libre, a vu en l’espace d’une semaine son plan de scolarité voler en éclats.

Dans un courrier adressé aux parents, que Le Figaro a pu consulter, un directeur d’établissement algérois explique que le ministère de l’Éducation nationale a désormais décidé « d’appliquer la loi stricto sensu ». Comprendre : faire la chasse au « double programme », une spécificité algérienne pratiquée dans les écoles privées, permettant aux élèves de suivre à la fois le programme algérien et le programme français. Le responsable énumère dans son courrier ce que cela implique : l’interdiction d’utiliser les manuels autres que ceux du programme tracé par l’état algérien, et le respect des cinq heures de programme de langue étrangère, sans manuel autorisé.

Par ailleurs, si le bac en candidat libre est toujours autorisé, les épreuves ne se dérouleront plus au lycée international Alexandre-Dumas, aussi appelé « lycée français ». Les candidats devront donc… partir à l’étranger. Enfin, les conditions d’accès aux universités algériennes pour les Algériens ayant obtenu le bac français seront durcies « par réciprocité », c’est-à-dire en réponse à ce que la France fait aux étudiants algériens. Après les menaces d’inspections surprises pour vérifier que les enfants utilisent bien les manuels du programme national, les autorités sont passées à l’action : selon plusieurs témoignages de parents, les directeurs des établissements privés ont été convoqués au ministère pour s’engager par écrit à ne pas suivre le programme français, sous peine de poursuites pénales.

S’il fallait une preuve que l’enseignement du français est bien ciblé, à la fin de l’été, les 22 écoles possédant le Label Francéducation, attribué par le ministère français des Affaires étrangères aux établissements étrangers engagés dans la mise en place de filières bilingues francophones, « ont été sommées de se délabelliser », là aussi sous peine de poursuites pénales, affirme-t-on à Paris. Résultat : certaines écoles ont fermé à peine la rentrée entamée, renvoyant chez eux les enfants. « On sacrifie l’humain ! Pourquoi on fait ça aux gamins ? », s’indigne une mère d’élève au bord des larmes. Pour avoir suivi une scolarité quasi entièrement en français, sa fille de 15 ans, qui ne maîtrise que très peu l’arabe, n’est selon elle « plus en mesure d’intégrer l’école algérienne ». « J’en veux aux écoles de ne nous avoir rien dit, mais j’en veux à l’état. S’il ne veut plus du français, et c’est son droit le plus absolu, qu’il nous le dise, mais au moins un an avant, pour qu’on puisse prendre nos dispositions. »

En réalité, la volonté d’en finir avec la langue française n’est pas nouvelle. Depuis les années 1960, pour s’en débarrasser, les élites arabophones la stigmatisent comme « la langue coloniale », « qui ne mène nulle part », et lui font la guerre jusque dans les correspondances de l’administration. Après le Hirak de 2019, vaste mouvement populaire ayant conduit à la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le nouveau pouvoir a développé un autre discours, selon lequel les francophiles étaient associés à l’ancien régime. Et alors que le français n’est quasiment plus enseigné dans le public faute de professeurs formés, il subit désormais la concurrence de l’anglais, devenu obligatoire dès la troisième année de primaire (équivalent du CM2), sur consigne du président Tebboune, qui l’a aussi imposé comme langue d’enseignement à l’université.

Dans les écoles privées — qui représentent moins de 5 % des établissements et captent essentiellement la classe moyenne —, des parents nuancent toutefois cette nouvelle offensive en la justifiant par la nécessité de « faire le ménage dans le système privé ». Certaines écoles n’enseignaient plus du tout le programme algérien. D’autres dispensaient des cours en français sur la base des livres scolaires algériens traduits. D’autres encore avaient ouvert des annexes proposant officiellement des cours de soutien, mais où, en toute illégalité, les enfants étaient déscolarisés du circuit algérien pour y suivre toute la journée le programme français. Ces écoles ne pourront désormais plus accueillir les élèves de moins de 16 ans dans leurs locaux aux horaires de scolarité.

« Les écoles privées savaient très bien ce qui était en train de se passer, car cela fait plusieurs années que le ministère envoie des signaux très clairs. Mais les écoles ont cru qu’il y aurait une forme de tolérance. Et nous, parents, aussi.

On sentait bien un climat de chasse aux sorcières, mais on pensait que, cette année encore, ça passerait », témoigne une mère d’élève algéroise. Le double programme était jusqu’à présent « toléré », rappelle Ahmed Tessa, ancien conseiller de l’ex-ministre (progressiste) de l’Éducation nationale Nouria Benghabrit, auteur de L’impossible éradication : l’enseignement du français en Algérie (L’harmattan). « Mais il n’a jamais fait partie des activités optionnelles — renforcement en langues étrangères ou activités artistiques — accordées à titre dérogatoire à ces écoles. Ce qui change aujourd’hui, c’est la volonté du ministère d’appliquer les textes officiels. »

Pour ne rien arranger, à la nouvelle politique de l’Algérie s’ajoute la décision prise avant l’été par le Centre français d’enseignement à distance (Cned) de supprimer le « Cned réglementé », un dispositif au cours duquel les candidats libres passent les examens (brevet et bac) leur donnant directement accès à Parcoursup. « Le Cned, prévu à l’origine pour les enfants français déscolarisés, est devenu, avec le temps, un substitut d’école dans certains pays, l’Algérie en tête. La situation était devenue incontrôlable, surtout avec la prise en compte des notes de contrôle continu prévue par la réforme du bac », explique une source à Paris, en expliquant que, par ce système, la triche était indétectable.

Sans programme français ni Cned, les écoles privées algériennes ont-elles un avenir ? La question fait sourire Ahmed, un père qui a placé ses deux garçons dans une structure privée de la banlieue ouest d’Alger. « L’enjeu pour ces écoles, ce n’est pas l’apprentissage du français, c’est l’argent. Dans l’école de mes enfants, on est déjà en train de nous expliquer qu’un autre double programme se met en place. Les élèves suivront le programme algérien et le programme anglais. » 

Source : Le Figaro


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lundi 25 septembre 2023

Les programmes destinés aux autochtones et les versements fédéraux contribuent à creuser les déficits du Canada

Tom Flanagan, chercheur principal à l’Institut Fraser, professeur émérite de sciences politiques et chercheur émérite à l’École de politique publique de l’Université de Calgary, et président du programme Aboriginal Futures du Frontier Centre for Public Policy, a publié un article argumenté, mais inquiétant sur le site payant Substack.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur des sujets tels que Louis Riel et l’histoire des Métis, les droits des autochtones et les revendications territoriales. Ses livres ont remporté six prix, dont le prix Donner-Canadien du meilleur livre de l’année en matière de politique publique canadienne. Il a été élu à la Société royale du Canada en 1996. Le professeur Flanagan a également été fréquemment appelé à témoigner en tant qu’expert dans le cadre de litiges portant sur les revendications territoriales des peuples autochtones et des traités.

Dans cet article, M. Flanagan avance :
L’augmentation fulgurante de l’enveloppe des dépenses consacrées aux autochtones est appelée à se poursuivre en raison des engagements pris par le gouvernement de verser des réparations pour les griefs historiques allégués. Cela a commencé en 2007 par un règlement de plus de 5 milliards de dollars pour les pensionnats indiens, suivi de plusieurs autres règlements négociés pour différentes formes d’éducation indienne, qui ont permis d’accumuler 7 milliards de dollars de paiements supplémentaires. Mais ces règlements ont été éclipsés par trois autres, dans des domaines différents, qui totalisent près de 50 milliards de dollars : l’adoption d’enfants (le « Sixties Scoop »), l’eau potable et le placement en famille d’accueil (pour un montant incroyable de 40 milliards de dollars).

 Sa conclusion est la suivante :

Les dépenses consacrées aux autochtones continueront d’échapper à tout contrôle tant que le gouvernement fédéral ne fera pas preuve de fermeté et ne commencera pas à dire non à de prétendus griefs historiques. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à ressasser le passé, à emprunter des dizaines de milliards de dollars pour payer les réclamations relatives à ce qui se serait passé il y a des décennies, à une époque où les mentalités n’étaient pas les mêmes.
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L'auteur « non binaire » d'un livre sur un élève transgenre de 10 ans : « Les droits parentaux me mettent vraiment en colère »

Alex Gino (ci-contre), un auteur autoproclamé « non-binaire » d’un livre sur un élève de quatrième année transgenre, a déclaré que les « droits parentaux [le] mettent vraiment en colère » lors d’une récente discussion sur les familles qui s’opposent aux livres semant la confusion de genre chez les jeunes enfants.

« Les droits parentaux me mettent vraiment en colère, car qu’en est-il des droits de l’homme ? Les personnes de moins de 18 ans sont des êtres humains », a déclaré Gino dans une interview publiée par Yahoo! News.

« Il y a une peur qui ressemble à de la colère », a poursuivi l’auteur. « Je pense que c’est une peur des adultes en général. Les adultes ne sont pas très doués pour savoir ce qui se passe dans le monde. Les enfants, eux, sont doués pour cela. »
 
M. Gino — dont le roman Melissa, paru en 2015, aurait été interdit par sept districts scolaires dans quatre États — a déclaré au média qu’il pensait que son livre était interdit en raison de la « peur » et qu’il suggérait que les enfants en savaient plus sur « le monde » que les adultes.

Gino a accusé les adultes d’essayer d’empêcher leurs enfants de « vivre dans le monde réel ». Il estime que leur objectif est de protéger leurs enfants de la réalité des autres personnes et d’eux-mêmes, ce qui, selon lui, est extrêmement préjudiciable.

L’auteur considère que le simple fait que son livre existe et que les enfants y aient accès est un signe de progrès, et il prévoit d’écrire davantage de livres sur des enfants transgenres malgré les défis.

La question de la transidentité est devenue un problème majeur ces dernières années, avec une idéologie transgenre qui se propage dans les institutions académiques aux États-Unis et au Canada. Les chiffres montrent que de plus en plus de jeunes se déclarent non-binaires, mais il y a aussi des inquiétudes quant à une éventuelle influence sociale sur cette tendance.

Il est important de noter que la traduction et le résumé ne reflètent que l’opinion de l’auteur de l’article original, et ne constituent pas nécessairement un point de vue neutre ou objectif sur la question.
 
« J’écris maintenant sur des enfants queer et trans qui ne se contentent pas d’exister, mais qui se connaissent, qui ont une communauté et qui peuvent s’épanouir », a ajouté Gino. « Si l’on me dit “Ne le fais pas”, je n’ai pas intérêt à me dire de ne pas le faire, je ferais mieux de le faire plus souvent. Je ferais mieux de le faire davantage. »

Le concept de transgenre est devenu un problème majeur ces dernières années. Entre-temps, l’idéologie transgenre a proliféré dans les institutions académiques des États-Unis et du Canada.

Alors que le monde universitaire, les livres pour enfants, les émissions de télévision, les médias et les militants de gauche continuent de faire l’apologie du transgenrisme et d’inciter les enfants à douter de leur sexe biologique, de plus en plus de jeunes s’identifient comme non binaires.

Une étude publiée par le Trevor Project en 2021 a révélé que plus d’un jeune LGBTQ sur quatre (26 %) s’identifie comme non binaire. Vingt pour cent supplémentaires ont déclaré qu’ils n’étaient pas sûrs ou se demandaient s’ils s’identifiaient comme non binaires.

En outre, une étude récente suggère fortement que la contagion sociale est un facteur d’identification des adolescents et des jeunes adultes comme transgenres.