jeudi 7 mars 2019

« Il n'y a pas d'école neutre » et « les enfants sont variés », la liberté scolaire s'impose donc par réalisme et humilité

Interventions d’Anne Coffinier, directrice générale de la Fondation pour l’école depuis 2008, lors d’une conférence organisée le 13 février sur le thème « À quoi sert l’école ? » à Paris.



Sujets abordés :

— construire le commun, construire le vivre-ensemble
— neutralité de l’école impossible
— le problème n’est-il pas d’abord que l’on est dans une société du vide ?
— diversité des enfants, des besoins
— l’école publique française est trop caporaliste, n’expérimente pas ou mal
— l’école publique est en réalité inégalitaire (carte scolaire)
— l’école publique (Meirieu) prétend qu’elle seule peut être le creuset et inculquer des valeurs communes, mais est-ce le cas ? Tous les terroristes récents sont passés par l’école publique.
— profils des écoles indépendantes en France (elles sont très diverses et en rien majoritairement religieuses).
— différence entre la vision anglo-saxonne (efficacité d’abord) et expérience avec les académies et les écoles libres
— les enfants appartiennent-ils à l’État, aux parents ?
— l’école comme une petite société, lieu de passage entre la famille et la grande société
— l’école ne doit pas s’opposer aux valeurs des parents


Débat en entier : vidéo 1 (30 min) et vidéo 2 (45 min)

Compte-rendu du Monde



Débat Meirieu-Coffinier : « À quoi sert l’école ? »

Le pédagogue Philippe Meirieu et la directrice générale de la Fondation pour l’école Anne Coffinier ont débattu le 13 février du rôle de l’école aujourd’hui. Verbatim.

Par Séverin Graveleau. Publié le 4 mars 2019.
Temps de Lecture 5 min.

Leurs deux visions de l’école sont diamétralement opposées, mais ils ont accepté de les confronter autour de la question « À quoi sert l’école ? ». D’un côté, Phillippe Meirieu, professeur émérite en sciences de l’éducation, figure emblématique des pédagogues, homme de gauche convaincu du rôle central de l’école publique dans la lutte contre les inégalités. De l’autre, Anne Coffinier, énarque et directrice générale de la Fondation pour l’école qui soutient le mouvement des écoles « hors contrat », catholique revendiquée qui a longtemps dénoncé le repaire idéologique que serait devenue l’institution scolaire.

L’essor important des établissements indépendants (1 400 en 2019 selon les chiffres de la Fondation), dont le nombre augmente de 15 % par an depuis quatre ans selon le département de statistiques du ministère de l’Éducation nationale, « interroge les fondements mêmes de l’institution scolaire » selon Pascal Bouchard, journaliste du site d’information spécialisé ToutEduc qui organisait ce débat. Et ce, pour deux raisons : les écoles alternatives répondent, de fait, à des besoins auxquels l’institution scolaire ne répond pas, ou mal. Mais aussi parce que le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, « a fait de l’efficacité de l’école son objectif principal, plus que ses finalités », selon Pascal Bouchard. Cette même dichotomie a opposé Anne Coffinier et Phillipe Meirieu, sur les principaux sujets abordés lors d’un débat organisé le 13 février. Verbatim.

Les besoins de l’école

Philippe Meirieu : Notre société est aujourd’hui marquée par le triomphe de l’individu, libre de ses choix, capable de décider de son propre destin, sans les contraintes et dogmes qui corsetaient notre société par le passé. Face à la montée de l’individualisme qui en découle, l’enjeu est de construire du commun et de mettre en œuvre un projet collectif. Le premier des besoins auxquels doit répondre l’école est donc de permettre aux enfants de penser par eux-mêmes, d’oser se libérer des dogmes et des carcans, des théories du complot comme des slogans publicitaires ou politiques, afin de comprendre le monde. Mais l’école doit aussi permettre la construction du commun et du collectif en favorisant la rencontre. En ne se résignant pas à voir ce commun fractionné en une multitude de petits clans incapables de collaborer.

Anne Coffinier : Il faut donc que l’école veille au vivre-ensemble. Mais il ne faut pas être obsédé par cette idée de sociabilisation, de l’école comme un creuset national. Par cette idée selon laquelle le meilleur moyen de construire du commun serait de mettre tout le monde dans le même moule, la même structure, avec le même programme et la même approche.
L’école peut-elle réellement créer du collectif alors que nous sommes profondément si différents (horizons familiaux, capitaux culturels, etc.). Ne faut-il pas mieux être réaliste ? Une approche plus humble, partant des besoins de chaque enfant, nous amène à penser qu’il faut avoir des écoles variées, précisément parce que les enfants sont variés, et que la société a besoin de cette variété, de ces différences.

L’école face à la différence


Philippe Meirieu : Il est nécessaire de prendre en compte l’altérité et la différence des enfants. C’est pour cela que mon engagement pédagogique s’est construit autour de la notion de pédagogie différenciée. Face aux différences, deux options s’offrent à nous. Soit on prend la diversité des enfants comme une richesse, et on estime que c’est au sein de l’école publique que les différences ont légitimité à devenir un outil de formation au respect de l’autre, par la rencontre et le partage. Soit on se dit que ces différences doivent s’incarner par des choix d’école, de classe ou de pédagogie. Avec le risque que cette recherche systématique d’îlots construise des homogénéités, de la clanification sociale et de l’entre-soi.

Anne Coffinier : Nous reconnaissons tous les deux qu’il y a une hétérogénéité des besoins au sein de l’école. Mais je suis sceptique sur le fait que la solution se trouve au sein de l’école publique. Car elle est une institution centralisée, corporatiste, qui a un véritable problème avec les expérimentations et la liberté des acteurs éducatifs ; une liberté à même de s’adapter aux besoins différenciés des élèves. Les enquêtes internationales montrent qu’on a de fait, en France, un vrai problème en matière de réduction des inégalités, malgré les beaux discours autour de l’égalité des chances. Philippe Meirieu estime que dans nos écoles les gens se retrouvent dans l’entre-soi pour fuir la rencontre. La réalité est que 69 % des 1 400 établissements que nous représentons sont aconfessionnels. Parmi les établissements ouverts cette année, il y a 33 % d’écoles démocratiques, 10 % d’écoles pour les publics spécifiques, 6 % d’écoles à la pédagogie explicite ou encore 12 % d’écoles bilingues, régionalistes et internationales. Il n’y a pas de logique de balkanisation.

Les rôles de la famille et de l’État dans l’éducation

Philippe Meirieu : L’école française s’est construite sur une volonté de vouloir faire primer l’égalité des chances sur l’hérédité des privilèges, la raison sur la superstition, le collectif sur l’individuel. Cela n’a pas toujours très bien fonctionné. Mais les écoles pour lesquelles milite la Fondation pour l’école sont construites autour de l’idée ancienne selon laquelle seule la famille a le droit de légiférer sur l’éducation. Pour l’essentiel, ces établissements sont contrôlés et administrés par les familles. Nous sommes en plein dans le courant familialiste, traditionnel de la droite internationale, qui estime que l’État doit se contenter des fonctions régaliennes. Je crois que l’éducation, c’est la rupture avec la famille. Pas une rupture brutale, mais, comme le disait le philosophe Alain, la capacité de découvrir qu’il y a d’autres familles que la mienne, qui pensent autrement que mes parents. A un moment donné, l’enfant a besoin de rencontrer une autre instance, moins affective, plus centrée sur la transmission de la rationalité et de la vérité.

Anne Coffinier : Le mouvement des écoles indépendantes ne correspond pas à une affirmation familialiste ni à l’idée d’une école domestique, « propriété » de la famille. Les Britanniques estiment qu’un enfant a besoin d’appréhender le commun à travers une structure qui est à sa taille. Le rôle de l’école est d’introduire à la cité l’enfant. Avant de devenir citoyen, il devient « petit » citoyen dans une école qui est une mini-cité dans laquelle il va exercer des responsabilités, contracter des valeurs, des vertus et des habitudes. L’école doit être cette « petite société » avec des règles faciles.
Le droit international et européen pose le principe selon lequel l’enfant n’appartient pas à la famille, mais dépend de ses décisions tant qu’il est mineur. Et que ce n’est qu’en cas d’empêchement ou de défaillance de la famille que l’État peut se substituer. L’idée, héritée de la Révolution française et des Lumières, selon laquelle l’enfant doit être arraché aux déterminismes familiaux, religieux ou sociaux par l’école, ne correspond pas aux attentes de la société. L’intérêt de l’enfant est que l’école lui montre d’autres horizons sans pour autant le rendre hostile et étranger à son ancrage d’origine.

Climat — contrairement aux prévisions, aucune accélération à la hausse du niveau de la mer

En juin 1988, divers scientifiques ont témoigné devant le Congrès américain, notamment le Dr James Hansen de la NASA, affirmant que les émissions de gaz à effet de serre causées par l’homme étaient responsables de la hausse des températures. Le New York Times titrait alors « Réchauffement planétaire a commencé ».




L’article du Times indiquait que « la hausse de la température mondiale causerait une dilatation thermique des océans et ferait fondre les glaciers et la glace polaire, faisant ainsi monter le niveau de la mer de 1 à 4 pieds (30 à 120 cm) d’ici le milieu du siècle prochain (éloigné à l’époque de 62 ans, maintenant de 31 ans). Les scientifiques ont déjà détecté une légère augmentation du niveau de la mer. »

Au vu des mesures les plus récentes, on n’observe pourtant aucune accélération à la hausse du niveau de la mer... Et la hausse est loin d’atteindre les 30 à 120 cm en 62 ans prédits.

Ci-dessous la plus longue série disponible aux États-Unis, celle de New York à Battery Point, c’est aussi la plus fiable. Au taux actuel, la hausse est de moins d’un pied (0,94 pi, 28 cm) en un siècle (1918-2018). Loin des 30 à 120 cm en 62 ans prévus par Hansen.


La climatologue Judith Curry, présidente de l’École des sciences de la Terre et de l’atmosphère au Georgia Institute of Technology, a commenté ces mesures :

« Le niveau de la mer monte, mais cela se fait progressivement depuis les années 1860 ; nous n’observons pas encore d’accélération significative de ce processus à notre époque. [...] Là encore, il faut envisager la possibilité que les causes de l’élévation du niveau de la mer soient en partie ou principalement naturelles, ce qui n’est pas surprenant, dit Curry le changement climatique est un phénomène complexe et mal compris, impliquant nombre processus. »

« La climatologie devient une science de plus en plus douteuse, au service d’un projet politique », se plaint-elle. En d’autres termes, « la politique prime sur la science. »


La montée du niveau de la mer n'est pas le même tout le long d'une côte. Voici les valeurs observées  le long de la Nouvelle-Angleterre, les mesures de The Battery à New York sont les plus anciennes et les plus fiables (leur marge d'erreur est la plus basse)

Les données des marégraphes côtiers de la NOAA sont rarement mentionnées par les militants convaincus de l’« urgence de la crise climatique ». Elles ne confirment aucun emballement climatique et contredisent les prévisions faites il y a plus de 30 ans par des savants respectés.

Voir aussi

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Écologie — Augmentation de la biomasse et des surfaces boisées à l'échelle planétaire