jeudi 4 avril 2024

Le 5 avril 1669 — Jean-Talon finance des mesures natalistes

Le 5 avril 1669, Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France, faisait rendre le célèbre arrêt pour encourager les mariages et les familles nombreuses. Il y était décrété ce qui suit :

Voulant que les habitants dudit pays [du Canada] soient participants aux grâces que Sa Majesté a faites à ses peuples en considération de la multiplicité des enfants et pour les porter au mariage, Sa dite Majesté a ordonné et ordonne qu’à l’avenir les habitants du dit pays qui auront jusqu’au nombre de dix enfants vivants, nés en légitime mariage, ni prêtres, ni religieux, ni religieuses, seront payés des deniers qu’elle enverra au dit pays, d’une pension de 300 livres par chacun an, et ceux qui en auront douze, de 400 livres.

Qu’à cet effet ils seront tenus de représenter à l’intendant de la justice, police et finances qui sera établi au dit pays le nombre de leurs enfants au mois de juin ou juillet de chaque année, lequel après en avoir fait la vérification, leur ordonnera le payement des dites pensions, moitié comptant et l’autre moitié en fin d’année.

Veut de plus, Sa dite Majesté, qu’il soit payé par les ordres du dit intendant à tous les garçons qui se marieront à vingt ans et au-dessous, vingt livres pour chacun le jour de leurs noces, ce qui sera appelé le « présent du roi » ; que par le Conseil Souverain établi à Québec pour ledit pays, il soit fait une division générale de tous les habitants par paroisses et bourgades, qu’il soit réglé quelques honneurs aux principaux habitants qui prendront soin des affaires de chacune bourgade et communauté, soit pour leur rang dans l’église soit ailleurs ; et que ceux des habitants qui auront plus grand nombre d’enfants soient toujours préférés aux autres, si quelque raison puissante ne l’empêche ; et qu’il soit établi quelque peine pécuniaire, applicable aux hôpitaux des lieux, contre les pères qui ne marieront pas leurs enfants à l’âge de vingt ans, pour les garçons, et de seize ans pour les filles.

En 1671, Jean Talon annonça fièrement à Colbert qu’il y avait eu entre 600 et 700 nouvelles naissances dans la colonie. Entre 1666 et 1673, la population du Canada doubla, passant de 3215 à 7605 âmes.

En termes de pouvoir d'achat, il faut rappeler :

  • une petite maison (1 cheminée, 2 portes, 2 fenêtres) coûtait 200 livres
  • un cocher au service d'une grande maison gagnait 100 livres par an


Voir aussi
 

Les droits de l'Homme et la révolution universelle (critique par Edmund Burke)

La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen apparaît souvent comme l’un des plus grands apports de la Révolution française. On célèbre alors ces fameux « Droits de l’Homme » comme une avancée inestimable dans l’histoire de l’Humanité et l’on peine à imaginer qu’une société juste puisse exister sans la reconnaissance officielle de ces droits naturels imprescriptibles. Pourtant, c’est oublier un peu vite que la pensée des droits de l’Homme se heurta à des critiques féroces dès leur promulgation et ce provenant d’horizons intellectuels très différents. Or, la première de ses critiques émana d’Edmund Burke, dès 1790, dans ses Réflexions sur la Révolution en France, un des plus grands ouvrages politiques de l’époque moderne.