mardi 19 janvier 2016

Coûts des CPE : multipliés par 11 pour atteindre à 2,4 milliards $, efficacité en question

Depuis leur création, en 1997, les dépenses consacrées par l'État québécois aux centres de la petite enfance (CPE) et aux garderies privées subventionnées a été multiplié par 11 pour passer de 221 millions de dollars à 2,4 milliards de dollars.




Les centres de la petite enfance dénoncent de nouvelles compressions de 120 millions de dollars que le gouvernement Couillard veut leur imposer cette année et qui, selon eux, auront un impact direct sur les services aux enfants.



Le gouvernement libéral a augmenté en 2008 le revenu familial maximum pour le crédit d'impôt, rendant ainsi plus attrayantes pour les parents les garderies privées non subventionnées.

L'idée du gouvernement, tel qu'il l'expliquait dans le budget de 2008, était que « le coût des services de garde [soit] le même, que l'on ait recours à une garderie subventionnée ou à une garderie privée non subventionnée ».



Cet appui indirect aux garderies à but lucratif se fait au détriment des CPE, s'insurge Xavier de Gaillande, directeur général adjoint de l'AQCPE (Association québécoise des CPE).

« Avec ce crédit d'impôt, ce que le gouvernement lance comme message, c'est qu'il n'y a pas de différence entre les différents types de service de garde, que c'est la même qualité partout », soutient-il.

Le gouvernement se défend de vouloir favoriser les garderies commerciales. « L'objectif est d'offrir des places subventionnées, ça a toujours été ça et ça ne changera pas, dit Nadia Caron, porte-parole du ministère de la Famille. Il n'y a aucun frein au niveau de la création de places. »


Une bonne partie de l’explosion des coûts des CPE peut être imputée à la syndicalisation des garderies. À titre indicatif, voici combien coûte à l’État le fonds de pension des gardiennes :


En 2013-2014, les coûts ont littéralement explosé, plus de 80 millions de dollars, alors que quelques années auparavant on était sous la barre du 50 millions. À titre indicatif, une somme de 80 millions de dollars correspond à l’impôt sur le revenu de 25 000 Québécois, l’équivalent de la population de Thetford Mines.

Le réseau des garderies subventionnées comprend :

  • les centres de la petite enfance, qui sont des organismes sans but lucratif ou des coopératives;
  • les garderies en milieu familial;
  • les garderies privées subventionnées.


Les garderies non subventionnées, pour leur part, sont également reconnues par le ministère de la Famille et doivent respecter un programme éducatif.

Une analyse comptable publiée en juin révélait que les coûts de fonctionnement des CPE étaient beaucoup plus élevés que ceux des garderies privées subventionnées, en partie à cause de la masse salariale des employés, mais aussi à cause de la rémunération des gestionnaires et de l'organisation du travail.

Avantages des CPE ?

Une enquête de la Direction de la santé publique de Montréal publiée en 2014 montrait que les « enfants issus de milieux vulnérables étaient mieux protégés s'ils avaient fréquenté un CPE. » Pas nécessairement plus instruits, mais moins « vulnérables » car ces avantages ne sont pas nécessairement cognitifs. Il est évident que cela peut se comprendre pour des milieux très carencés et, notamment, chez des immigrants qui ne parlent pas le français.

Mais ces résultats sont difficilement généralisables à l'ensemble du réseau : la majorité des enfants ne sont pas issus de milieux vulnérables et plus les familles sont pauvres, moins elles utilisent les CPE !

De nombreux études montrent à l'inverse que les garderies ont globalement peu d'effets positifs, qu'ils s'estompent rapidement au début du primaire et qu'ils ont parfois même des effets négatifs chez les enfants les plus jeunes (voir ici, ici et ). Les résultats scolaires des enfants ayant fréquenté dans leur prime enfance des CPE (surtout issus de familles nanties) sont-ils meilleurs que ceux de même condition sociale restés à la maison ? Nous ne connaissons pas d'études sur le sujet, mais notons que les résultats du Québec dans les études scolaires internationales tendent à baisser.

Enfin, notons qu'il n'y a pas de liens prouvés entre les garderies et une hausse de la natalité (il y a de plus de plus de places en garderies, mais de moins en moins d'enfants !) ou même la participation des femmes sur le marché du travail (des provinces canadiennes sans système de garderies fortement subventionné ont une plus forte part des femmes sur le marché du travail et ont connu une augmentation similaire au Québec de la participation des femmes à ce marché).

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