dimanche 17 juillet 2016

1658 — Marguerite Bourgeoys fonde la première école de Montréal

Gilles Proulx revient sur la fondation de la première école à Montréal :

Si Jésus a eu une étable pour crèche, pourquoi un tel bâtiment serait-il indigne d’accueillir une école ? Voilà ce qui est arrivé à Montréal.

En 1652, lors d’un voyage en France le sieur de Maisonneuve, qui a laissé Montréal à Jeanne Mance, cherche des appuis.

Une amie de sa sœur, Marguerite Bourgeoys, 33 ans, accepte de servir d’institutrice pour les enfants amérindiens et français. À cette époque, on ne faisait rien au hasard, on voulait des indications divines... Marguerite Bourgeoys eut une apparition de la Vier­ge qui lui dit : « Va, je ne t’abandonnerai pas. »

À son arrivée à Montréal, en novembre 1653, elle ne peut pas immédiatement être institutrice parce que... tous les enfants sont morts ! Le taux de mortalité infantile était extrêmement élevé. Ça allait mal ! Quand ce n’étaient pas les maladies, c’étaient les accidents ou les attaques d’Iroquois...
Une étable

C’est seulement en 1658 que Maisonneuve donne une étable à Marguerite Bourgeoys, qui — après un vigoureux nettoyage, on s’en doute — y installe les premiers petits écoliers de Montréal.

À l’étage, elle s’organise une chambre ainsi qu’un dortoir pour ses petits protégés ; ils accèdent à ces quartiers par une échelle qu’ils remontent la nuit avant de se barricader. Leur grande crainte : une attaque iroquoise.

Rappelez-vous qu’à cette époque les Iroquois pouvaient à tout moment décider de se liguer et de venir massacrer la population de Montréal. Mais les Iroquois avaient autre chose à faire pour l’instant et c’étaient surtout les affreux nuages de moustiques voraces qui empoisonnaient la vie des colons.

Marguerite Bourgeoys instille aux premiers Montréalais des valeurs éducatives étonnamment modernes. Elle refuse de tenir compte des classes sociales.
« On doit accueillir les élèves et se comporter à leur égard sans distinction de pauvres ou de riches, de parents et amis ou de personnes étrangères, jolies ou laides, douces ou grondeuses. » Elle préconise un usage très limité des châtiments corporels. Cette mentalité préfigure celle qui, de nos jours, va trop loin et dépouille le maître de son autorité pour la confier à l’élève, qui n’apprend plus rien.

Aujourd’hui, nos écoles ne sont plus d’anciens bâtiments de ferme pour animaux, mais... Montréal a honte de ses multiples édifices scolaires, souvent de laides bâtisses, gangrenées par la moisissure.

Quand on parle aujourd’hui de violence à l’école, j’ai toujours une pensée pour les élèves de Mme Bourgeoys, qui redoutaient d’être exterminés par les guerriers iroquois... Gageons qu’ils étaient trop préoccupés à se serrer les coudes afin de survivre pour penser à se battre entre eux !


C’est dans la maison Saint-Gabriel (que l’on voit ici dans l’état où elle était au début du siècle dernier et qui accueille toujours les visiteurs à Pointe-Saint-Charles) que Marguerite Bourgeoys recevait les « filles du Roy ».

Cette photo de 1916 montre une des tours du fort des Sulpiciens. Marguerite Bourgeoys enseignait non loin de ce qui est aujourd’hui le Collège de Montréal, juste à côté du Séminaire de Montréal.

Nous ne saurons jamais à quoi ressemblait exactement Marguerite Bourgeoys, mais Gilles Proulx bien cette représentation où elle semble être le personnage saint d’une icône. Fondatrice de la congrégation de Notre-Dame de Montréal, née à Troyes, en Champagne (France), le 17 avril 1620, décédée et inhumée à Montréal le 12 janvier 1700, béatifiée le 12 novembre 1950 et canonisée le 31 octobre 1982.

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