lundi 31 janvier 2022

Superman woke fait un four (était La Guerre contre l'homme hétéro avec Playboy et Superman)

Même Superman ne peut échapper aux affres du temps. Aux États-Unis, le plus célèbre des superhéros a récemment subi un « restylage » pour le moins contemporain, afin d’adapter le récit de ses folles aventures aux supposées attentes de ses fans. En témoigne la nouvelle série de bandes dessinées  lancée par DC Comics en juillet 2021. Comme le rapporte Fox Business, elle ne met plus en scène Clark Kent, le Superman originel, mais son fils, Jonathan Kent.

Comme de bien entendu, ce dernier semble devoir cocher toutes les cases de la vulgate progressiste : il est présenté comme bisexuel, et fréquente un journaliste masculin nommé Jay Nakamura. (voir le billet originel ci-dessous). L’une des cases de la bande dessinée laisse d’ailleurs apercevoir une scène de baiser entre le superhéros à la cape rouge et son compagnon. Par ailleurs, Jonathan Kent/Superman est décrit comme un militant pour le climat et un défenseur des immigrants clandestins.

Devise modifiée et ventes en chute libre

Ce nouvel opus de la saga, intitulé « Superman : Son of Kal-El », avait donc tout pour plaire. Mais, selon Fox Business, il n’a au contraire jamais vraiment rencontré son public. Pire, les cinq épisodes déjà sortis se vendent beaucoup moins bien que leurs illustres prédécesseurs. Ainsi, le premier volet de cette nouvelle mouture, publié en juillet, ne s’est vendu qu’à 68 800 exemplaires : elle ne se place que 17e au palmarès des bandes dessinées les plus vendues ce mois-là, un naufrage pour le roi des superhéros —d’autant plus à une époque où les comics ont atteint une popularité sans limite.

L’ampleur de l’échec se mesure mieux à l’aune des chiffres des précédentes séries Superman. Ainsi, en 2018, le premier épisode de la nouvelle série intitulée « Superman : Rebirth [Renaissance] » s’était vendu à 118 434 exemplaires, soit presque le double du score réalisé par « Superman : Son of Kal-El ». Pas de quoi décourager DC Comics pour autant : encore récemment, la firme californienne a décidé de modifier la devise de Superman : « Truth, Justice and the American way [La vérité, la justice et le modèle américain] » est devenu « Truth, Justice and a Better Tomorrow [La vérité, la justice et un meilleur lendemain] ».

 



De notre thébaïde québécoise, nous essayons d’ignorer les habituelles provocations « woke ». 
 
C’est ainsi que lorsque nous avons lu que Superman était désormais bisexuel, nous nous sommes dit que, en 2021, il devait sûrement déjà être devenu transsexuel, musulman ou, mieux, les deux. Heureusement, dans sa dernière aventure, Superman tombe amoureux d’un réfugié de l’Océan Pacifique (« Jay Nakamua »), ce qui lui rachète quelques points d’orthodoxie antiraciste. Nakamua est d’une île appelée Gamorra dont la capitale est subtilement nommée Zodome.

De même, lorsqu’on nous a informés que Playboy avait décidé de consacrer sa une à sa première playmate masculine « ouvertement gay » portant un costume de lapin malgré sa poitrine plate. Mais là encore, Playboy mérite des points wokes supplémentaires, car cette playmate est de couleur, car cette pin-up est Philippin.

Il faut admirer l’acharnement, le zèle et la minutie de la gauche woke : elle croit devoir empêcher les derniers hommes hétérosexuels cisgenres d’admirer des filles en tenue d’Ève dans un magazine consacré aux filles dénudées.




Billet originel du 14 octobre 2021

 

Le point de vue Mathieu Bock Côté sur le nouveau « Super Man ».

Ainsi, le prochain Super-man sera bisexuel. Il sera aussi engagé contre les inégalités sociales, les changements climatiques et pour les réfugiés.

Autrement dit, Superman sera mis au goût du jour. On pourrait même l’appeler Superwoke !

Le superhéros traditionnel par excellence rejoint donc la présente époque, il se rééduque à son contact, il en prend les traits.

On ne sera pas surpris. On a cherché à imposer une semblable opération de réassignation identitaire à James Bond qui, de grand séducteur patriote un peu macho, est devenu un agent secret torturé, monogame, épilé à la cire et porté aux méditations vaporeuses et à l’introspection.



Cinéma

On nous avait même annoncé, d’abord, que James Bond deviendrait une femme noire. Ce sera peut-être pour une prochaine fois.

Je propose quant à moi qu’il soit queer, métissé, végane, chaste et ne boive plus une goutte d’alcool. James Bond ne devrait boire que du kombucha !

De l’audace, encore de l’audace, comme aurait dit Danton !

Qu’on me comprenne bien : je me fiche qu’un superhéros en cape et collants soit hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, homme ou femme. Je m’en fiche vraiment.

Je me fiche aussi qu’un espion au service de sa lointaine majesté soit une femme noire. En bon Québécois, je m’en contre-saint-ciboirise.

Si des créateurs de BD ou des scénaristes veulent les créer, grand bien leur fasse. Il y a de la place dans le grand musée imaginaire de l’humanité pour des héros contrastés. Ce qui est agaçant, toutefois, c’est que les héros traditionnels occidentaux sont transformés en forteresses symboliques à prendre et conquérir dans le cadre d’une guerre culturelle affichée.

Elle tient en une formule : l’homme blanc hétérosexuel doit tomber. Il est de trop sur terre. Il a ruiné le monde, maintenant, il doit disparaître, ou alors devenir un pénitent absolu, s’autoflageller, déconstruire ses privilèges, se maudire, s’humilier. En fait, il est la cible d’une campagne de diffamation permanente.

On en vient même à nommer masculinité toxique ce qu’on appelait autrefois fièrement la virilité.

Alors on y revient : dans cet esprit, il faut s’emparer de chacun de ses symboles pour y planter le drapeau de l’idéologie de la diversité.

Je répondrai franchement : pourquoi devrions-nous consentir à cette révolution qui veut moins ouvrir notre civilisation que l’humilier ?

Déconstruction

Bien évidemment, on trouve des enthousiastes de la déconstruction, des hommes flageolants, décons-truits, fiers de se mépriser, rêvant de s’anéantir une fois pour toutes. Il y a quelque chose comme un fantasme d’autodestruction civilisationnel dans les milieux qui se veulent culturellement les plus évolués.

Quant à moi, joyeux homme blanc trop bedonnant, plus tout jeune, mais toujours nationaliste québécois ardent, banqueteur chantant, et finalement, assez fier de l’histoire de l’Occident, je ne vois pas pourquoi j’adhérerais à la grande névrose identitaire de notre temps. Je n’ai pas honte de mon père ni de mes ancêtres, et bien franchement, entre un homme saule pleureur et un homme chêne et protecteur, je me tourne vers le second sans hésiter. Vive le vieux monde ! Il avait du bon !

samedi 29 janvier 2022

La nouvelle version Disney de « Blanche Neige et les sept nains » se fera sans nains (et sans Blanche)

Disney a réagi à la polémique concernant le film « Blanche-Neige et les sept nains » en annonçant que le remake se ferait sans personnes de petite taille. Elles seront remplacées par des créatures magiques.

Disney va revenir sur l’un de ses plus grands classiques : « Blanche-Neige et les sept nains ». La firme américaine qui depuis quelques années revisite ses vieux films en « live action » a réagi à la polémique lancée le 24 janvier par Peter Dinklage.

L’acteur, notamment connu pour son rôle dans le Trône de Fer (Game Of Thrones à Paris), a fustigé l’entreprise de véhiculer « une putain d’histoire arriérée où sept nains vivent ensemble dans une grotte », déplorant ainsi l’image faite des personnes de petite au cinéma.

Ce dernier s’est montré particulièrement virulent face à « l’hypocrisie » de Disney. « J’ai été un peu surpris lorsqu’ils ont été très fiers d’engager une actrice latino [la militante “métisse” Rachel Zegler] dans le rôle de Blanche-Neige », a-t-il déclaré dans un podcast, taclant l’entreprise se disant « progressiste » alors qu’elle continue à véhiculer des stéréotypes sur les personnes atteintes de nanisme, selon lui. « Prenez du recul et regardez ce que vous faites. Cela n’a aucun sens pour moi », a-t-il ajouté.

Des créatures magiques Il n’a pas fallu attendre très longtemps pour que le géant du divertissement, dont le parc Disneyland Paris fêtera prochainement ses 30 ans, réagisse. Le lendemain des déclarations de l’acteur, l’entreprise a indiqué que « pour éviter de renforcer les stéréotypes du film d’animation original, nous adoptons une approche différente sur ces sept personnages et avons consulté des membres de la communauté du nanisme ».

 

La personnalité des nains

Et de dévoiler que dans le futur remake du film, les nains seraient remplacés par des créatures magiques afin de « donner de la personnalité » [voir la personnalité des nains dans la version Disney originale…] à ces nouveaux personnages. Si la firme n’a pas fait plus de précisions, on imagine bien que cette nouvelle version de « Blanche-Neige » est d’ores et déjà écrite. La production est en cours avec Gal Gadot dans le rôle de la méchante reine.

Voir aussi 

La nouvelle Blanche-Neige : une militante « métisse » d’extrême gauche obsédée par la censure

vendredi 28 janvier 2022

Canada — Racialisation de la « Justice » (selon que vous serez blanc ou non, le tribunal sera sévère ou indulgent)


Le gouvernement fédéral a pris deux décisions, depuis août dernier, faisant en sorte que la justice devra encore plus qu’avant prendre en compte l’ethnicité des contrevenants pour déterminer la peine qui leur convient. La première de ces décisions est un financement de 8,9 millions de dollars octroyés jeudi dernier au British Columbia First Nations Justice Council. Cet argent servira à multiplier les centres de justice autochtone dans cette province. Ces centres ont pour mission d’éviter le plus possible l’incarcération des Autochtones, notamment en militant pour le recours accru à la justice réparatrice, en réclamant moins de conditions de libération pour eux (le non-respect de ces conditions est une source importante de réincarcération) et surtout, en aidant à la préparation de rapports Gladue.

La seconde (et la plus transformatrice) de ces décisions fédérales est survenue en août en pleine campagne électorale. Ottawa a versé 6,64 millions de dollars pour que soient étendues à la grandeur du Canada les EIOEC néo-écossaises, soit les Évaluations de l’incidence de l’origine ethnique et culturelle.

Vous vous demandez : Rapports Gladue ? EIOEC ?

Gladue, c’est la décision qu’a rendue la Cour suprême en 1999 concernant une Crie du nom de Jamie Tanis Gladue. Alors qu’elle était fortement intoxiquée à l’alcool, elle a poignardé à mort son mari en apprenant qu’il la trompait avec sa sœur. Elle a écopé de trois ans de prison, mais a été libérée après six mois. Ce jugement phare a établi comment appliquer un article du Code criminel inséré cinq ans plus tôt et stipulant que les juges doivent envisager des « sanctions substitutives » avant de recourir à l’emprisonnement des Autochtones. Le principe de Gladue était né. Les rapports Gladue, ce sont des exposés sur le vécu de l’accusé présentés au tribunal avant le prononcé de la peine.

C’est en vertu de ce principe qu’une jeune femme autochtone [encore une femme, notez !] ayant tué son père infidèle a vu en 2018 sa peine réduite à deux ans de prison. La Cour d’appel du Québec a tranché que Stacey Sikounik Denis-Damée avait vécu dans un « environnement familial pitoyable » et que les séquelles des pensionnats autochtones sur la descendance « constituent des facteurs historiques et systémiques qui amoindrissent son degré de culpabilité morale ».

Les EIOEC, elles, appliquent la même logique, mais aux inculpés noirs ou « racisés ». Elles ont fait leur apparition en 2014 en Nouvelle-Écosse. Comme les rapports Gladue, il s’agit d’exposés sur le vécu des personnes « racisées » visant à relativiser leurs crimes.

En août dernier, alors que le débat sur la violence par armes à feu fait rage, une décision influencée par une EIOEC fait grand bruit à Halifax. Rakeem Rayshon Anderson, un Noir dans la vingtaine ayant été intercepté au volant de sa voiture avec un revolver chargé à la taille, écope d’une assignation à résidence plutôt que des deux à trois ans de prison réclamés par la Couronne. Dans son EIOEC, on avait fait valoir qu’il ne se sentait pas en sécurité parce que son meilleur ami avait été assassiné. On avait aussi écrit que le port d’une arme est une « norme culturelle acceptée » dans le secteur d’Halifax où il a grandi. « Plusieurs hommes noirs s’arment non pas parce qu’ils planifient s’en prendre à quelqu’un, mais plutôt parce qu’ils sentent le besoin de se protéger. » Il était aussi question de l’esclavage qui a sévi en Nouvelle-Écosse (et qui a disparu il y a environ 200 ans).

C’est de cette décision que s’est inspiré Ottawa pour financer la généralisation pancanadienne des EIOEC. Mais cette voie a-t-elle porté ses fruits et mérite-t-elle d’être étendue ?

Le taux d’incarcération des Autochtones et des Noirs au Canada donne le tournis. Les Autochtones ne forment que 4,7 % de la population canadienne, mais 32 % de la population carcérale fédérale (et même 48 % du côté des femmes). Les Noirs ne sont que 3 % au Canada, mais 9,5 % dans les pénitenciers. Une des explications se trouve probablement du côté de l’âge. La criminalité est affaire de jeunesse. Or, les Autochtones et les Noirs sont significativement plus jeunes que la moyenne canadienne, avec des âges médians respectifs de 29 et 30 ans contre 41. Mais on invoque surtout le racisme systémique.

Malgré 22 ans d’application, le principe de Gladue n’a pas permis de freiner la hausse des détentions d’Autochtones. Ce principe dérange aussi les victimes. Dans son rapport final, l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a demandé aux gouvernements « d’évaluer de façon exhaustive les répercussions des principes de l’arrêt Gladue […] sur l’équité en matière de sanctions en lien avec la violence à l’égard des femmes autochtones ». En effet, la violence étant souvent intracommunautaire, les victimes des criminels autochtones sont souvent autochtones elles aussi. Comment alors exaucer le désir de l’Enquête que l’identité autochtone d’une victime soit considérée comme un facteur aggravant si d’autre part, l’identité autochtone du contrevenant est considérée comme un facteur atténuant ?

Dans le guide de rédaction des rapports Gladue qu’elle a concocté, la British Columbia First Nations Justice Council explique qu’il faut se demander si l’inculpé autochtone a été affecté par des abus de substances dans sa famille, par la pauvreté, par le chômage chronique, par le racisme ou encore par une désintégration de sa famille ou de sa communauté. Osons la question : combien de prisonniers blancs issus des bas-fonds préembourgeoisement d’Hochelaga-Maisonneuve ou de Limoilou peuvent aussi répondre par l’affirmative ? Leur vécu misérable est-il moins lourd du fait qu’il est moins répandu dans leur communauté raciale d’appartenance ? Un procès sert à juger un individu, pas à rendre justice à toute sa communauté.

Cette voie prise par Ottawa menace de miner l’appui populaire, déjà fragile, au projet de loi C-5 abolissant certaines peines minimales. Ce projet de loi à l’étude redonnerait aux juges la latitude nécessaire pour moins punir les accusés ayant commis une version mineure d’une infraction prévue au Code criminel. Si les citoyens en viennent à penser qu’il vise plutôt à moduler la peine en fonction de la couleur de peau, ils pourraient se braquer totalement.

Source : Le Droit

Voir aussi

Racialisme — Les origines autochtones d’un professeur de l’Université Carleton remises en question 

Universités diversitaires — La bombe Jordan Peterson 

« Le racisme anti-blanc existe, il est systémique et institutionnalisé » 

L’Université d’État de Californie considère abandonner les tests standardisés comme critères d’admission 

« Le Tour du monde en 80 jours » revisité : Philéas Fogg est un anti-héros (il est resté britannique), Passepartout est d’origine malienne, le détective Fix une femme journaliste

Ontario — Tribunal déclare que l’épreuve de compétence en mathématiques de l’Ontario est inconstitutionnelle

 

 

 

 

 

jeudi 27 janvier 2022

Emmanuel Todd : « Le patriarcat n’a pas disparu en Occident, il n’a jamais existé »

La virulence néoféministe arrive au moment même où l’émancipation des femmes est achevée, constate Todd, qui fracasse la doxa victimaire et la théorie du genre et renouvelle notre regard sur le rapport entre les sexes. Extrait d’un entretien avec Emmanuel Todd paru dans Le Figaro.

LE FIGARO. — Dans votre livre, vous vous attaquez sévèrement au « féminisme de troisième vague » et à la théorie du genre, que vous accusez de vouloir créer une guerre des sexes et d’être une idéologie coupée du réel. Vous n’allez pas vous faire des amis à gauche… Qu’est-ce qui vous a poussé à l’écrire ?

Emmanuel TODD. — C’est vrai, je confesse une forme d’agacement face au développement de ce que j’appelle le féminisme de troisième vague, antagoniste, de ressentiment. Comme un homme de ma génération sans doute. Dans ma génération et mon milieu, un féminisme absolu régnait. Ce qui me frappe, c’est l’irruption en France d’un féminisme antagoniste qui ressemble à celui du monde anglo-américain, un féminisme de conflit (américain) ou de séparation (anglais). Notre pays se distinguait et faisait l’admiration du monde par son modèle de camaraderie entre les sexes. Mais fondamentalement, je n’attaque pas, je cherche à comprendre ce qui se passe, en chercheur, en anthropologue, en historien.

— Quelles sont les racines du féminisme antagoniste anglo-américain ?

— J’associe ce féminisme anglo-américain à l’héritage du protestantisme, en réalité bien plus « patriarcal » que le catholicisme, plus ambivalent. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le monde anglo-américain n’est pas à l’origine plus favorable aux femmes que la France. Le protestantisme, sur les rapports hommes-femmes, est régressif par rapport au christianisme originel. Le catholicisme avait une dimension matricentrée avec le culte de la Vierge Marie. Le message de Luther est très patriarcal. On passe de Marie à Eve, la femme pécheresse. La virulence du féminisme dans le monde anglo-américain résulte largement d’une réaction contre cet héritage.

— Votre point de départ est un paradoxe : nous assistons à un regain de contestation de la suprématie masculine « au moment même où le mouvement d’émancipation de femmes semblait sur le point d’atteindre ses objectifs ». Comment l’expliquer ? Faut-il y voir le paradoxe de Tocqueville selon lequel plus une société est égale, plus la moindre inégalité blesse l’œil ?

— C’était ma première hypothèse, mais ce n’est pas ça. Quand on voit le succès du livre de Mona Chollet sur les sorcières, dans les classes moyennes éduquées, il y a de quoi s’interroger : comment des femmes modernes peuvent-elles s’identifier au sort des 40 000 femmes massacrées, principalement dans le monde germanique, par la furie masculine aux XVIe-XVIIe siècles ? Il y a là une forme de désorientation. Le dépassement éducatif des hommes par les femmes est beaucoup plus ancien qu’on ne l’imagine. En 2019, en France, dans la tranche 24-34 ans, 52 % des femmes ont fait des études longues, pour 44 % des hommes. L’inversion du « sex-ratio » dans les études supérieures s’est faite à la génération de gens qui ont maintenant 50 ans. Nous vivons dans une matridominance éducative depuis longtemps, même s’il reste une pellicule de domination masculine dans les 4 % supérieurs de la société.

Le malaise des femmes s’explique moins par des résidus de domination masculine que par l’accession des femmes à tous les problèmes des hommes. Une fois qu’on a intégré la masse de cette évolution, on peut mieux comprendre le malaise des femmes qui s’explique moins par des résidus de domination masculine que par l’accession des femmes à tous les problèmes des hommes, et notamment à l’anomie au sens durkheimien : dans une société mobile, les gens ne savent plus quoi attendre de la vie, s’ensuit un mal-être social. Les femmes accèdent aux pathologies psychosociales jusque-là réservées aux hommes : ressentiment de classe, désarroi, anxiété sur leur destin personnel, etc.

— Tout de même, vous ne pouvez pas nier qu’il existe encore des écarts économiques importants entre hommes et femmes… [Voir à ce sujet : Écart salarial entre les sexes : démontage de la « vérification des faits » faite par une chaîne d’« informations » télé]

— Il y a une persistance de la domination masculine dans le secteur dirigeant de l’économie privée et dans les bureaucraties d’État. Pour le reste, les différences économiques entre hommes et femmes sont essentiellement expliquées par le choix de la maternité. Je fais une percée théorique révolutionnaire dans le livre : je définis comme femme l’être humain qui (hors stérilité accidentelle) peut porter un enfant. Je sais, c’est très risqué de dire cela aujourd’hui, voire réactionnaire (rires). J’avais essayé de faire sans, mais tout devenait incompréhensible.

Les femmes maintenant ont accès à tous les problèmes des hommes, mais elles gardent en plus ce problème de l’option entre la carrière et les enfants, ce qui suffit à expliquer le résidu de domination masculine. De plus pour les hommes, qui ont perdu pas mal de leur capacité de décision dans la vie familiale, le monde du travail devient de plus en plus important et très investi. Un homme qui ne réussit pas dans son travail se met en grand danger. Tous les autres débats, pseudoscientifiques, sur une différence des sexes génétique ou de cerveau sont hors de propos… [Hmm. Disons que c’est tabou, mais sans doute réel, voir notamment Biologie — L’expression de 6 500 différences génétiques distingue l’homme de la femme ] il y a identité dans tous les domaines ou alors des différences invérifiables [???], mais la maternité [ancrée dans la biologie…] et ses conséquences psychosociales sont une variable assez puissante pour expliquer l’essentiel.

— Est-ce à dire que, selon vous, le patriarcat a disparu en Occident ?

— Ce n’est pas qu’il a disparu, c’est qu’il n’a jamais existé. Qu’est-ce que ça veut dire patriarcat ? Je préfère parler de système de patridominance universel, c’est-à-dire une position légèrement supérieure de l’homme en particulier dans les activités de gestion collective. Mais l’intensité de cette domination masculine est tellement variable selon la géographie et l’histoire qu’on ne peut pas appliquer un terme unique à des systèmes très différents. Je propose, avec l’aide d’un expert, une utilisation nouvelle de l’Atlas ethnographique de Murdock pour montrer cette diversité au lecteur, par des cartes originales.

Carte de l’Atlas de Murdock sur la pratique de la chasse chez les chasseurs-cueilleurs

Sur un sujet qui est souvent abordé de manière ultra-idéologique, nous pensons que l’accès aux données est fondamental. Nous avons mis en ligne l’outil de visualisation que nous nous sommes construit, et nous donnons le lien dans le livre [https://le-seuil.shinyapps.io/ose2022/]. Parler de patriarcat de façon indifférenciée pour évoquer la situation des femmes à Kaboul et dans la région parisienne n’a aucun sens du point de vue du chercheur en anthropologie. Frédéric Le Play emploie le mot « patriarcales » pour désigner les grandes familles indivises de type russe et arabe. Pour ce qui est de l’Occident étroit, la France, le monde anglo-américain et la Scandinavie, la mutation patrilinéaire, partie du centre de l’Eurasie, qui a abaissé le statut de la femme au cours de l’histoire, n’a pas eu lieu ou est restée embryonnaire. On croit souvent que plus on remonte le temps, plus les femmes étaient opprimées. Il n’en est rien. Les Occidentaux avant même la révolution des soixante-dix dernières années, étaient très proches dans leurs mœurs des chasseurs-cueilleurs chez qui le statut de la femme est élevé. [Voir La place des femmes au Moyen-Âge : elles votaient, elles ouvraient boutique sans autorisation maritale.]

— Justement, que nous apprend l’étude des chasseurs-cueilleurs qui diffère de la doxa féministe habituelle ?

— L’idéologie du féminisme de troisième vague, désormais dominante dans le débat public, a déformé l’histoire du rapport entre les sexes. Travailler sur les chasseurs-cueilleurs, c’est travailler sur 100.000-300.000 ans, soit le gros de l’histoire humaine. C’est-à-dire sur ce qu’est l’homme en tant qu’espèce animale, définir la nature humaine originelle. On trouve la famille nucléaire, encastré dans un système bilatéral de parenté où les rapports entre frères et sœurs sont très importants. Une forme de monogamie tempérée est statistiquement majoritaire dès les débuts de l’humanité, notamment en raison de son efficacité éducative pour la progéniture.

La cueillette est en général une activité féminine, qui peut être pratiquée par les hommes, alors que la chasse est un universel exclusivement masculin [s’agit-il dès lors d’une différence fondée, horresco referens, dans la biologie ou uniquement dans le culturel ?]. N’en déplaisent aux féministes actuelles qui essaient de chercher à tout prix des squelettes de femme chasseresse. Ce qui est caractéristique de la chasse, c’est que ses produits sont toujours répartis dans le groupe, tandis que les produits de la cueillette sont repartis dans l’unité domestique. Chez les chasseurs-cueilleurs, les femmes sont porteuses d’un élément d’individualisme familial alors que les hommes sont en responsabilité du collectif. Cela ne signifie pas du tout plus d’altruisme : le collectif, c’est l’organisation de grands travaux, mais c’est aussi la guerre.

— C’est pourquoi, selon vous, l’émancipation des femmes est à lier avec l’effondrement des croyances collectives et l’affaissement de l’État-nation ?

— Le défaut de l’idéologie, c’est de croire qu’il se passe dans nos sociétés de grands phénomènes qui tombent du ciel et ne sont pas liés. D’un côté vous auriez l’émancipation des femmes, qui est super. De l’autre, l’effondrement industriel qui est un problème, l’affaissement des croyances collectives, qui est une bonne chose si on considère qu’on ne fait plus la guerre, mais une mauvaise chose si on ne peut plus agir en tant que nation sur le plan économique. Les deux grands mouvements de nos sociétés modernes sont l’émancipation des femmes et l’effondrement du sentiment collectif. J’essaie de montrer dans le livre qu’il ne peut pas ne pas y avoir de rapport entre les deux.

— L’émancipation des femmes a un coût, dites-vous… vous regrettez le monde d’avant ?

Pas du tout, je ne suis pas dans la nostalgie. Je bénis la révolution sexuelle, qui a rendu les rapports hommes-femmes beaucoup plus agréables. L’émancipation des femmes a permis la fin de l’homophobie [?], l’adoucissement des mœurs. Seulement, je montre qu’elle a eu aussi un coût. L’émancipation des femmes, leur accès à l’éducation supérieure a accéléré la tertiarisation de l’économie, et donc la chute des activités industrielles.

Pour les femmes des catégories populaires, où sont logées la majorité des familles monoparentales, la vision antagoniste du féminisme est une aggravation des conditions d’existence

Résultat : vous avez certains pays féministes tertiarisés et consommateurs qui délocalisent leur production dans des pays où il y a encore une industrie, et une forme de patridominance, les pays de l’est de l’Europe et de l’Asie. David Cayla a bien montré la réindustrialisation des anciennes démocraties populaires (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie, Roumanie), nations ouvrières devenues la Chine de l’Europe. Ce qui permet d’aller plus loin dans la consommation et dans la tertiarisation à l’Ouest, et donc d’accélérer l’émancipation des femmes à l’Ouest, tout en préservant des rôles masculins typés à l’Est. Les gens de l’Ouest sont totalement dépendants du travail des gens de l’Est tout en les insultant pour leurs attitudes culturelles rétrogrades : ils délocalisent leurs usines tout en voulant exporter leurs mœurs avancées. Il faut choisir !

— La lutte des sexes a-t-elle remplacé la lutte des classes ?

— J’essaie de prendre en considération aussi bien l’économie que l’anthropologie. Il y a évidemment une composante de classe. Le féminisme de première vague, celui des droits civils qui venait de milieux bourgeois, défendait toutes les femmes. Idem pour la seconde vague de la révolution sexuelle, parti de milieux bourgeois, mais qui s’est répandue dans les classes populaires très rapidement. Mais le féminisme antagoniste de troisième vague ne défend pas toutes les femmes, c’est un conflit de classe entre les femmes (et leurs conjoints) des classes moyennes et la pellicule de patridominance des classes supérieures. L’idéologie du genre est une idéologie typique de la petite bourgeoisie, portée par des femmes de classes moyennes appartenant à l’université. Ces femmes éduquées supérieures, qui embrassent avec enthousiasme le concept d’intersectionnalité, constituent dans le secteur idéologique un groupe dominant. Le féminisme antagoniste est une idéologie au sens le plus fort du terme, au sens où elle n’est pas vécue : les classes qui promeuvent la lutte contre la domination de l’homme ne la subissent pas. […]


Où en sont-elles ?

Une esquisse de l’histoire des femmes
par Emmanuel Todd
publié le 21 janvier 2022
aux éditions du Seuil
à Paris
400 pp,
ISBN-10 : 2 021 406 474
ISBN-13 : 978-2021406474


Projet de loi de Floride interdirait les discussions sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre au primaire

Les législateurs de Floride ont décidé de présenter un projet de loi, HB 1577, qui empêcherait de présenter aux élèves de l’école primaire dans le programme radical LGBT ou de fournir aux élèves de n’importe quelle classe des documents inappropriés. Le projet de loi stipule :

Un district scolaire ne peut pas encourager la discussion en classe sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre dans les classes primaires ou d’une manière qui ne soit pas adaptée à l’âge ou au développement des élèves.

Le projet de loi garantit également que les parents seront informés de tout problème de genre ou de tout autre problème grave affectant leur enfant. Le projet de loi prévoit :

[Les conseils scolaires doivent] adopter des procédures pour informer le parent d’un élève en cas de changement dans les services ou le suivi de l’élève concernant sa santé ou son bien-être mental, émotionnel ou physique et la capacité de l’école à fournir un environnement d’apprentissage sûr et favorable à l’élève. La procédure doit renforcer le droit fondamental des parents à prendre des décisions concernant l’éducation et le contrôle de leurs enfants en exigeant du personnel du district scolaire qu’il encourage un élève à discuter des questions relatives à son bien-être avec son parent. [...] Le personnel du district scolaire ne peut pas décourager ou interdire la notification et la participation des parents aux décisions critiques concernant la santé ou le bien-être mental, émotionnel ou physique de l’élève.

Jusqu’à présent, le projet de loi a fait l’objet d’un rapport favorable de la commission de l’éducation et de l’emploi de la Chambre des représentants le 20 janvier 2022. Une version légèrement amendée à la suite de ce rapport a été lue une première fois en chambre le 24 janvier et référée à la commission juridique le lendemain.


mercredi 26 janvier 2022

Le dernier signataire survivant de la Charte poursuit en justice le Canada pour son imposition de la vaccination aux voyageurs

Le Justice Center for Constitutional Freedoms a déposé aujourd’hui une poursuite devant la Cour fédérale visant à annuler l’obligation imposée par le gouvernement fédéral en matière de vaccins Covid-19 pour les voyageurs aériens. L’action en justice est au nom de plusieurs Canadiens de partout au Canada dont les droits et libertés garantis par la Charte ont été violés.

Le 30 octobre 2021, le gouvernement fédéral a annoncé que toute personne voyageant par avion, train ou bateau doit être entièrement vaccinée. L’obligation vaccinale des voyageurs a empêché environ 6 millions de Canadiens non vaccinés (15 % de la population canadienne) de voyager à l’intérieur du Canada et les empêche de prendre l’avion à l’extérieur du Canada. Certains des Canadiens impliqués dans la poursuite ne peuvent pas voyager pour aider leurs proches malades, se rendre au travail, rendre visite à leur famille et à leurs amis, prendre des vacances à l’étranger et mener une vie ordinaire.

Le demandeur principal dans cette affaire est l’ancien premier ministre de Terre-Neuve, l’honorable A. Brian Peckford (ci-contre). M. Peckford, sur la photo, est le seul rédacteur et signataire survivant 40 ans après la promulgation de la Constitution de 1982 et de la Charte des droits et libertés.

« Il devient de plus en plus évident qu’être vacciné n’empêche pas les gens d’attraper le Covid et ne les empêche pas de le propager », déclare l’ancien Premier ministre. « Le gouvernement n’a pas démontré que la politique rend les vols plus sûrs — elle est simplement discriminatoire », note-t-il. « Quand j’ai entendu le Premier ministre Trudeau appeler les non-vaccinés » racistes », « misogynes », « anti-science » et « extrémistes » et sa rêverie « tolérons-nous ces gens ? », il est devenu clair qu’il semait des divisions et faisait avancer sa vendetta contre un groupe spécifique de Canadiens — cela va complètement à l’encontre des valeurs démocratiques et canadiennes que j’aime dans ce pays », ajoute M. Peckford.

Trudeau : faut-il tolérer les gens opposés à se faire vaccinés anti-Covid, ces personnes souvent racistes, misogynes, etc.

« L’interdiction de voyager fédérale m’a séparé des autres Canadiens. C’est discriminatoire, cela viole mes droits garantis par la Charte et c’est pourquoi je lutte contre l’interdiction de voyager », explique M. Peckford.

La contestation judiciaire du Justice Center cite des violations des droits de la Charte, notamment la mobilité, la vie, la liberté et la sécurité de la personne, la vie privée et la discrimination. La poursuite conteste également la compétence du ministre des Transports d’utiliser les pouvoirs de sécurité aérienne pour faire appliquer les mesures de santé publique.

 

Le professeur Jordan Peterson (4 millions d'abonnés) reçoit M. Peckford sur ce sujet (sous-titres  traduits automatiquement en français disponibles, cliquez sur la molette).

 

En discutant des mesures efficaces de contrôle aux frontières au début de l’épidémie de Covid-19, le médecin-chef du Canada, le Dr Tam, a déclaré : « Plus vous vous éloignez de cet épicentre, toutes les autres mesures frontalières sont beaucoup moins efficaces. Les données sur la santé publique ont montré que bon nombre d’entre elles ne sont en fait pas du tout efficaces… L’OMS déconseille tout type de restrictions de voyage et de commerce, affirmant qu’elles sont inappropriées et pourraient en fait causer plus de mal que de bien en termes d’efforts mondiaux pour contenir [la contagion]. » (Chambre des communes du Canada, réunion du Comité permanent de la santé, 5 février 2020)

L’Organisation mondiale de la santé (« OMS ») continue de maintenir cette position et, le 19 janvier 2022, a exhorté tous les pays à : « Lever ou assouplir les interdictions de circulation internationales, car elles n’apportent pas de valeur ajoutée et continuent de contribuer au stress économique et social vécu par les États partis. L’échec des restrictions de voyage introduites après la détection et la notification de la variante d’Omicron pour limiter la propagation internationale d’Omicron démontre l’inefficacité de telles mesures au fil du temps. L’OMS a répété que les pays devraient : “ne pas exiger de preuve de vaccination contre le Covid-19 pour les voyages internationaux”. (Organisation mondiale de la Santé, Déclaration sur la dixième réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international [2005] concernant la pandémie de maladie à coronavirus [Covid-19], 19 janvier 2022.)

« Malgré la science confirmée que le vaccin n’empêche pas les gens de contracter ou de propager le virus et les avertissements répétés de l’OMS, il est clair que le gouvernement fédéral est en décalage et restreint arbitrairement les droits et libertés fondamentaux des Canadiens », déclare Keith Wilson, cr., avocat principal dans cette contestation judiciaire. « Il est profondément troublant qu’un groupe marginalisé au Canada — les non-vaccinés — se voie essentiellement interdire de quitter le pays », ajoute-t-il.

« Les Canadiens ont perdu espoir dans la Charte et nos tribunaux. Nous allons présenter les meilleurs arguments et preuves afin que le tribunal puisse préciser là où les gouvernements vont trop loin », conclut M. Wilson.

Le tribunal sera invité à entendre l’affaire de manière accélérée compte tenu de la grave atteinte à la mobilité et à d’autres droits des Canadiens. Le Canada est le seul pays du monde développé à avoir interdit aux voyageurs sans vaccin Covid de voyager en avion.

Voir aussi

 

Pour le Pr Cyrille Cohen, membre du Conseil pour la vaccination du gouvernement israélien, le variant Omicron signe la fin de l’intérêt des passeports vaccinaux. D’autant plus que « ce virus est meilleur pour immuniser que le vaccin. »

Racialisme — Les origines autochtones d’un professeur de l’Université Carleton remises en question

Les prétentions identitaires d’un professeur québécois provoquent la colère de nombreux Autochtones, qui accusent d’usurpation celui qui se proclame Métis de l’Est. Les tensions sont vives alors que Carleton est à élaborer une politique d’embauche discriminatoire en faveur des Amérindiens, Métis et Esquimaux.

Le 8 novembre dernier, l’association étudiante du Département de droit de Carleton, la Graduate Law and Legal Studies Association, envoyait une lettre à la présidente du département, Betina Appel Kuzmarov, réclamant la suspension du professeur québécois en raison de ses prétentions à l’identité autochtone. Un secret de polichinelle, écrit-elle.

Ces prétentions érodent la confiance dans le département et aliènent les étudiants, en particulier les étudiants autochtones, lit-on dans la lettre interne, dont Radio-Canada a obtenu copie.

Sébastien Malette (ci-dessus), professeur au Département de droit et d’études juridiques, se dit autochtone, mais n’a pas d’ancêtres des Premières Nations avant la 11e génération, au XVIIe siècle, selon Dominique Ritchot, une généalogiste que Radio-Canada a consultée.

Ancêtre indien au XVIIe siècle

En 2013, alors qu’il est étudiant, Sébastien Malette a écrit à la recherchiste en généalogie Dominique Ritchot. Dans un courriel, il affirmait désirer établir les preuves généalogiques démontrant [sa] filiation métisse afin de demander son statut de Métis auprès d’une organisation ontarienne.

Mme Ritchot a fait la généalogie de M. Malette, qui a grandi à Gatineau de parents québécois. Elle lui a trouvé deux ancêtres indiennes à la 11e et 12e génération, un dans chaque lignée. Deux femmes nées au XVIIe siècle, Symphorose Tapakoé et Marie Asemgamasoua, dont on ne sait pas grand-chose, dit-elle, sauf que plusieurs milliers de Québécois en descendent.

Pourtant, Sébastien Malette, qui porte occasionnellement des vêtements ou accessoires traditionnels métis — manteau à frange, bourse sacrée ou ceinture fléchée métisse — affirmait dans un gazouillis Twitter en 2016 avoir été élevé par son père comme un sang-mêlé. Le professeur soutenait en outre avoir des ancêtres wendat, anichinabés, de même que michigamea, un groupe de nations autochtones qui vivaient dans ce qui est aujourd’hui l’Illinois, aux États-Unis.

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mardi 25 janvier 2022

France, instruction à domicile : des décrets beaucoup trop restrictifs

Les associations nationales de l’instruction à domicile dénoncent des décrets trop restrictifs. Au même moment, le Conseil national consultatif des Personnes handicapées a voté un avis défavorable concernant les modalités de délivrance de l’autorisation d’instruction en famille, fustigeant un projet de décret contraire aux conventions internationales comme la Convention internationale des Droits de l’Enfant.

Communiqué :

Le Conseil constitutionnel n’ayant pas retoqué l’article 49 de la loi confortant le respect des principes de la République, l’instruction en famille sera soumise à un régime d’autorisation administrative dès la rentrée de septembre 2022. Les grandes lignes des décrets d’application de l’article 49 ont « fuité » dans la presse.

Leur publication est prévue début février. Avec le mépris total et constant qui le caractérise vis-à-vis des familles, le Ministère de l’Éducation de Monsieur Blanquer a refusé de soumettre les projets de décrets aux associations.

Les projets de décrets prévoient plusieurs restrictions qui ne figuraient pas dans la loi :

  • annualisation des demandes d’autorisation, à déposer « entre le 1er mars et le 31 mai inclus de l’année scolaire précédant celle au titre de laquelle cette demande est formulée », ne permettant plus d’adaptation à la situation d’un enfant en cours d’année ;
  • ajout de plusieurs conditions non prévues par la loi : exigence du baccalauréat ou d’un diplôme équivalent pour les personnes chargées de l’instruction ; 
  • faire la preuve de sa « disponibilité » ; 
  • exigence d’un niveau de détails prévisionnels excessif pour le projet éducatif à fournir, incompatible avec la liberté pédagogique des familles ;
  • impossibilité pour les parents de retirer leurs enfants de l’école en cours d’année sauf à ce que le directeur de l’établissement, juge et partie, leur fournisse une attestation établissant que l’intégrité de l’enfant est menacée dans son établissement ;
  • en cas de contestation d’un refus d’autorisation, obligation de saisir sous 8 jours une « commission de recours » composée uniquement d’agents de l’Éducation nationale…

Ces restrictions ne respectent pas les réserves émises par le Conseil constitutionnel qui a précisé que les autorités administratives ne devront fonder leur décision d’autorisation que sur deux critères « s’assurer que [la] personne [instructrice] est en mesure de permettre à l’enfant d’acquérir le socle commun de connaissances, de compétences et de culture (…) » et que « le projet d’instruction en famille comporte les éléments essentiels de l’enseignement et de la pédagogie adaptés aux capacités et au rythme d’apprentissage de l’enfant », en « excluant toute discrimination de quelque nature que ce soit ».

Même si les associations attaquent les décrets en justice, ils risquent d’être déjà appliqués pendant le temps de la procédure, qui dure en moyenne un an. Afin de préserver au maximum les droits des familles, une contribution extérieure a été déposée devant le Conseil d’État par nos avocats. Il s’agit d’alerter le Conseil d’État quant à la nécessité de faire respecter les réserves du Conseil constitutionnel par le ministère de l’Éducation nationale.

L’article 49 était injustifié — les deux derniers rapports de la Direction générale de l’enseignement et de la scolarité, remis aux parlementaires et aux associations après promulgation de la loi, l’ont confirmé : l’instruction en famille n’est pas liée à un quelconque risque spécifique de séparatisme islamiste.

Son application doit respecter les droits des familles et l’intérêt de l’enfant. Les décrets n’ont pas à être plus restrictifs que la loi.

Associations UNIE, Felicia, EELM, Liberté éducation


L’augmentation de l’immigration a amplifié la crise du logement

L’augmentation de l’immigration depuis l’arrivée des libéraux au pouvoir a amplifié la crise du logement, selon des experts entendus devant le Comité des finances qui s’intéresse à la montée de l’inflation au pays.

« Depuis 2015, nous avons vu une augmentation énorme de l’immigration qui a amplifié la pression sur le marché immobilier », a dit Jean-François Perrault, premier vice‐président et économiste en chef de la Banque Scotia, tout en soulignant être en faveur de l’accueil de nouveaux arrivants.

Depuis 2015, le Canada accueille en moyenne 300 000 nouveaux arrivants par année, contre environ 250 000 précédemment, et Justin Trudeau promet de gonfler ce chiffre à 400 000, pour un total de 1,2 million de personnes d’ici 2023.

« Pourquoi laisser entrer autant de gens si nous n’avons pas où les loger ? », a questionné Philip Cross, analyste à l’Institut MacDonald-Laurier et ancien économiste à Statistique Canada.

La libérale Julie Dzerowicz a répliqué que « l’immigration est la clef pour la croissance économique du pays, spécialement maintenant que nous avons une pénurie aiguë de main-d’œuvre ».

Perpétuer la précarité

Mais l’emploi n’est pas tout. Sans logement accessible, ces familles se retrouvent dans des situations précaires.

« Des familles immigrantes, parfois sept personnes, n’ont d’autres choix que de vivre dans un condo d’une chambre », a indiqué Sahar Raza, de l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance, décriant la construction massive de petits appartements et non pas de logements familiaux.

Murtaza Haider, professeur de gestion immobilière à l’Université Ryerson, a souligné qu’il y aurait une adéquation entre la croissance démographique et la construction de logements au Canada depuis plusieurs décennies : il se construit aujourd’hui 5000 à 6000 unités par millions d’habitants, soit deux fois moins que dans les années 70.

De l’abordable à 2000 $ par mois

En réponse à la crise, Ottawa a « investi » (dépensé) 3,7 milliards $ dans sa Stratégie nationale pour le logement, mais ceci n’aide pas les familles qui en ont le plus besoin, a déploré Véronique Laflamme du Front d’action populaire en réaménagement urbain. S’agit-il donc d’une dépense supplémentaire qu’il faut ajouter au prix de l’immigration ?

« On finance des logements dits abordables, mais ça donne des loyers à 2000 $ par mois », a-t-elle dit, plaidant pour la construction de logements sociaux.

Or, en 2019, Statistique Canada indiquait que les nouveaux arrivants gagnaient à Toronto un revenu médian annuel de 29 600 $. Il fallait à ce moment gagner 200 000 $ par an pour accéder à la propriété.

Depuis, les prix se sont encore envolés et il sera de plus en plus difficile d’acheter une maison puisque la Banque Centrale devrait augmenter le taux directeur de 2 % dans la prochaine année pour calmer l’inflation, prévoit M.Perrault.

Une situation moins critique au Québec, et pourtant

Le Québec se situe légèrement sous la moyenne des pays du G7 avec 470 unités d’habitation par 1000 habitants.

Jean-François Perrault fait remarquer que la croissance de la population s’avère moins forte dans la province, mais un changement de préférences des ménages en raison de la pandémie a modifié la structure du marché de la revente.

La quête de plus grands espaces ou le désir de personnes âgées de demeurer dans leur maison plus longtemps font partie de ce changement.

L'exubérance des prix ailleurs au pays et la possibilité de travailler à distance entraîneront aussi, avance-t-il, un déplacement des Canadiens vers le Québec et le Nouveau-Brunswick.

D’ailleurs, les données de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec révèlent qu’entre décembre 2019 et décembre 2021, le prix médian d’une maison dans la province a augmenté de 48 %, soit de 267 000 à 395 000 dollars, et celui d’un condo de 36 %.

Si on pense en termes d’offre et de demande, c’est difficile d’envisager une situation dans laquelle l'abordabilité des maisons retournerait à quelque chose qui serait plus en ligne avec l’histoire.

Jean-François Perrault, économiste en chef, Banque Scotia

L’industrie de la construction québécoise était en voie d’atteindre un record en 2021 avec plus de 54 000 mises en chantier de janvier à novembre, l’année la plus forte de l’histoire au chapitre des logements locatifs. Ce rythme risque cependant d’être difficile à soutenir en 2022 en raison de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt.

« Pas de solution miracle » 

Certaines provinces ont entrepris différentes actions pour trouver des solutions à ce phénomène. L’Ontario a créé en décembre le Groupe d’étude sur le logement abordable pour fournir des recommandations afin d’accroître l’abordabilité du logement.

Dans sa récente mise à jour économique, Québec a débloqué 200 millions de dollars pour augmenter plus rapidement l’offre de logements abordables.

Le gouvernement fédéral a prévu tenir en ce début d’année un sommet national sur l’offre de logement avec des partenaires provinciaux et municipaux.

La réalité, avec la grande insuffisance de travailleurs en construction, c’est qu’il sera difficile d’augmenter la production beaucoup plus qu’on le fait maintenant, souligne toutefois Jean-François Perrault.

Et si, tout simplement, on réduisait substantiellement l'immigration voulue par les Libéraux de Justin Trudeau ?

Sources : Journal de Québec, SRC

Voir aussi 

Canada — Faire passer l’immigration de 300 000 personnes par an à un million

L'initiative du Siècle (dont un des cofondateurs est Dominic Barton, actuellement ambassadeur du Canada en Chine populaire). En anglais uniquement.

Le patronat québécois reprend de plus belle sa campagne en faveur de l’immigration massive : 64 000 par année au Québec ! (1er avril 2021, ce n’est hélas pas un poisson d’avril)

Implosion de la natalité en Corée du Sud : moins 0,84 enfant/femme, il en faut 2,1 pour remplacer les parents

Implosion démographique : y remédier en renouant avec des valeurs qui privilégient descendance et transmission 

Les Canadiens français deviendraient minoritaires au Québec en 2042 (long billet, graphiques)

Montréal : en 2031 les minorités visibles représenteront 31 % de la population 

Démographie — En 15 ans, les minorités visibles sont passées au Québec de 7 % à 13 % de la population

Laval s’anglicise

Natalité baisse au Québec depuis 7 ans, mais CS de Montréal devrait accueillir 5000 élèves de plus d’ici cinq ans [impact de l’immigration]

Chute importante prévue du français dans les foyers québécois

Québec — Trois nouveau-nés sur dix ont au moins un parent né à l’étranger 

Canada — un pays non blanc vers le milieu de ce siècle ?

Les francophones bientôt minoritaires à Montréal, légère baisse des francophones dans l’ensemble du Québec  

Espérance de vie baisse chez les hommes en Ontario, en Colombie-Britannique et chez les blancs aux États-Unis   

Institut Fraser : L’immigration massive nuit au bien-être des Canadiens en général ; les politiques d’immigration doivent être revues (étude de 264 pages)

Oui, la loi 101 est un échec 

« Le français pourrait disparaître de la fonction publique au Québec » 

 

lundi 24 janvier 2022

La démographe Tribalat contre les détournements idéologiques au sujet de l’immigration


Immigration, idéologies et souci de la vérité
(à L’Artilleur) réfute méticuleusement nombre d’erreurs commises dans le débat public sur le sujet de l’immigration.

Extraits.

Le discours de bon ton sur l’immigration

Sur le terrain de la démographie et des migrations, pour être du bon côté, il faut se garder d’être nataliste tout en rassurant les Français sur les performances exceptionnelles de la France par rapport au reste de l’Europe en matière de fécondité. Fécondité qui ne doit pas grand-chose à l’immigration. Immigration qui est à la fois une chance et une fatalité, qu’il faut toujours minorer, relativiser ou naturaliser, et qui amène des musulmans en grand nombre lorsqu’on cherche à implanter l’idée que c’est irréversible, mais en moins grand nombre lorsqu’on cherche à relativiser le djihadisme.

Il faut s’élever, par tous moyens, contre l’idée de grand remplacement, dévoiler l’imposture, quitte à faire dire à son inventeur ce qu’il n’a pas dit. La mauvaise foi n’est pas interdite.  […]

Immigration : la grande querelle des statistiques

Le but principal des argumentations chiffrées développées sur le thème de l’immigration et visant à la minorer, la relativiser, est de contredire les perceptions communes qui tiendraient à une propagande politique de la droite plutôt extrême ou, tout au moins, telles que l’élite du bon goût se les représente, et quelquefois les fabrique pour pouvoir les démonter. Il faut absolument que ces perceptions, outre qu’elles manquent de goût, soient erronées.

Mon but ici n’est pas de dire que les gens ordinaires perçoivent la réalité telle que la décriraient des statistiques bien faites — tout un chacun peut se tromper en la matière — mais de montrer que ce n’est pas tant l’exactitude de ces perceptions qui préoccupe ceux qui s’en offensent que leur dissonance avec l’idéologie dominante du milieu dans lequel ils évoluent.

Moins d’immigration que dans les années 1970 ?

L’évolution du nombre moyen annuel d’entrées nettes d’immigrés extraeuropéens en France métropolitaine, sur les périodes intercensitaires de 1962 à 1999 et jusqu’en 2017, ne confirme pas l’affirmation selon laquelle la France accueillerait aujourd’hui moins de ces immigrés que dans les années 1970. Si ce nombre a été multiplié par trois de 1962-1968 à 1968-1975, il est resté inférieur à celui observé dans les années 2000 et après. Il n’a cessé de baisser après 1975, jusqu’à la fin du siècle. Cette baisse, conjuguée au repli de l’immigration européenne, explique pourquoi la population immigrée a si peu augmenté sur le dernier quart du siècle. Au contraire, en début de XXIe siècle, la reprise de l’immigration extraeuropéenne s’est conjuguée à une reprise, même modeste, de l’immigration européenne. C’est pourquoi la proportion d’immigrés, qui avait stagné autour de 7,4 % entre 1975 et 1999, a recommencé d’augmenter ensuite. Elle est de 10,2 % en 2020.

Le solde migratoire, une notion incomprise

Il s’agit là d’une notion pas toujours bien maîtrisée, mais qui plaît beaucoup tant elle ramène souvent l’immigration à un petit ruisseau. Sur le papier, c’est la différence entre les entrées et les sorties. Mais, en France, le solde migratoire n’est pas mesuré. Nous ne disposons pas d’un enregistrement des entrées du territoire cohérent et exhaustif et n’avons pas d’enregistrement des sorties comme c’est le cas dans les pays du nord de l’Europe qui ont des registres de population bien tenus. (…) Ce solde migratoire, s’il était bien mesuré, donnerait une idée de l’immigration nette des étrangers et des Français confondus ou des immigrés et des natifs confondus.

S’adapter à l’immigration ?

La naturalisation du phénomène migratoire consiste à placer l’immigration étrangère au même rang que ce qu’en démographie on appelle le mouvement naturel d’une population fait de naissances et de décès. On parle alors d’accroissement naturel.

François Héran (titulaire de la chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France, NDLR) s’est fait le champion de cette naturalisation de l’immigration étrangère. On trouvait les prémisses de cette naturalisation du phénomène migratoire dans son livre publié en janvier 2007, à travers la critique de la notion de « capacités d’accueil » invoquée par Nicolas Sarkozy lors de sa présentation au Parlement du projet de loi sur l’immigration en 2006. François Héran y réfutait l’idée que l’État devrait prendre en compte les capacités d’accueil existantes pour calibrer le flux d’immigration étrangère. Au contraire, c’est à lui d’adapter ces capacités d’accueil au flux, comme il a dû le faire pour les variations démographiques naturelles telles que le baby-boom d’après-guerre : « Compte tenu de la pénurie de logements et d’écoles, était-il raisonnable de se lancer dans le baby-boom en mettant au monde 200 000 enfants de plus dans la seule année 1946 ? » Il conduisait le même raisonnement par analogie avec l’augmentation du nombre de personnes âgées : « Au vu des structures d’accueil disponibles à la fin des années 1960, était-il rationnel d’améliorer leurs conditions de vie et leur accès aux soins, au point d’allonger l’espérance de vie des Français de deux mois par an, avec les conséquences que nous mesurons trente ans plus tard en termes de “vieillissement” et de déséquilibre des comptes sociaux ? » Comme nous prenons notre parti des effets du vieillissement inéluctable de la population, il nous faudrait faire de même avec l’immigration étrangère, telle qu’elle est. […]

François Héran pousse l’analogie entre l’immigration, le baby-boom et les vieux qui vivent plus longtemps jusqu’à employer le verbe accueillir pour ces trois « surcroîts » de population, les mettant ainsi sur un pied d’égalité. À une époque ou tout est construction sociale, l’immigration étrangère serait aussi naturelle que la natalité. Il faut s’adapter à l’une comme à l’autre. […]

La migration serait ainsi une variable démographique complètement endogène, comme la fécondité ou la mortalité. Se pencher avec regret sur les flux, ce serait comme regretter le baby-boom d’après-guerre ou se plaindre du vieillissement de la population, contre lesquels on ne peut rien. C’est un peu ce que sont la pluie et le beau temps à la météo. […]

Ces flux devraient persister, nous dit-on. Est donc appelée à s’ajouter à l’immigration légale, résultant de l’application du droit, une immigration illégale — politique du fait accompli — contre laquelle l’Union européenne ne semble pas en état de faire grand-chose, sauf à se mettre dans la main d’un autocrate tel qu’Erdogan.

La démographie, une discipline de plus en plus militante

Si l’on suit Didier Lapeyronnie dans son analyse de l’académisme radical en sociologie, on pourrait en déduire que la discipline démographique s’est sociologisée. Il écrivait ainsi en 2004, dans la Revue française de sociologie, que « la sociologie n’existe que par une rupture nette avec les perceptions et les interprétations du “sens commun” » et que « le sociologue discourt, mais (qu’) il ne saurait dialoguer ». Son contradicteur serait soit un idiot soit un vendu et l’homme ordinaire ne serait accessible qu’aux lieux communs. Comme le sociologue, le chercheur qui se dit démographe aujourd’hui s’engage lui aussi trop souvent à mettre en défaut « le sens commun » de l’homme ordinaire, de manière plus ou moins explicite. […]

Cette entreprise ne peut être menée à bien qu’avec le concours de la sphère médiatique, non pas tant pour convaincre l’homme ordinaire de sa méprise que pour affirmer son ascendant moral et intellectuel dans le milieu académique et garantir la reprise qu’il en attend dans la sphère intello-journalistique qui marche à la satisfaction idéologique.

L’homme ordinaire se plaint d’une immigration étrangère trop importante. Le chercheur-démographe militant va alors mobiliser la notion la moins à même de refléter ce flux — le solde migratoire — pour en minimiser l’importance. Ce faisant, il maintient son ascendant et fournit un argumentaire à ceux qui n’ont pas le statut garantissant une certaine compétence et qui fonctionnent à la satisfaction idéologique : l’idée me plaît, le grand spécialiste en garantit par ses titres la scientificité, elle apporte de l’eau à mon moulin idéologique, donc elle est vraie.

Terrorisme intellectuel

Le scientifique qui travaille en harmonie avec l’esprit du temps peut compter sur un écosystème composé de collègues et de comités de lecture qui partagent ce qu’il faut bien appeler ses opinions et ses engagements. Et si ceux-ci ne les partagent pas, ils sont incités à le garder pour eux, sauf à se voir disqualifiés eux-mêmes. C’est d’ailleurs peut-être sur ces opinions que certains ont accédé aux positions qu’ils occupent. Ce n’est donc pas simplement sur les qualités scientifiques qu’un travail est jugé, mais aussi, et parfois exclusivement, sur sa conformité avec l’idéologie dominante de l’environnement professionnel.

Celui qui veut encore exercer son métier de chercheur en laissant ses opinions et celles de ses collègues au vestiaire a donc intérêt à travailler sur des thèmes peu mobilisateurs ou à se faire discret. Pour chercher heureux, cherchons cachés ! […] À l’avenir, si rien n’est fait pour valoriser le pluralisme, l’uniformité de points de vue dans les milieux académiques devrait s’accroître, au-delà de l’effet d’intimidation, lorsqu’arriveront ceux qui auront subi « plein pot » une forme d’endoctrinement lors de leur formation scolaire et universitaire.

On ne voit pas bien comment (re) venir à un univers académique où le militantisme aurait été suffisamment affaibli pour que le débat s’y déroule selon des critères scientifiques, sans passer par un plus grand pluralisme des opinions en son sein. C’est particulièrement vrai sur le sujet de l’immigration. Si les opinions exprimées sur un même objet d’études étaient plus diversifiées dans la sphère académique, on pourrait espérer que les aspects scientifiques retrouvent leur primauté. Mais comment y parvenir ? Détourner la notion de diversité si en vogue aujourd’hui pour l’appliquer aux opinions et aux affiliations politiques ?

Il ne s’agit pas là d’une question anodine dans la mesure où un débat démocratique sain repose sur la confiance. Comment les citoyens ordinaires pourraient-ils distinguer la vérité du mensonge si ceux dont c’est le métier de produire des informations rusent avec les faits qu’ils étudient dans le but de réformer l’opinion publique ? Comment espérer alors faire reculer les théories du complot ?

Michèle Tribalat : « Dans les sciences sociales, on ne cherche plus à établir des faits mais à influencer l’opinion publique […] En 2011, 30% de la population française de moins de 60 ans était d’origine immigrée » (vidéo ci-dessous)

Chiffres pour l'année 2017:

  • En Seine-Saint-Denis, 63 % des moins de 18 ans sont d'origine étrangère.
  • À la Courneuve c'est 80 % (ils n'étaient que 22 % fin années 60).
  • Dans le Loir-et-Cher 26,3% (4,2 % fin années 60).
  • À Blois 46,7 %

« Actuel Moyen Âge » : l’histoire au service d’un militantisme de gauche

Volontiers hautain et moqueur, le professeur Florian Besson entend s’attaquer aux contre-vérités historiques, via son fil Twitter « Actuel Moyen Âge ». Mais ses prises de position révèlent surtout un combat politique, afin de préserver le magistère de la gauche sur l’histoire.


Il n’a pas pu s’en empêcher… Après le discours d’Éric Zemmour à Villepinte et le choix de « Reconquête ! » comme nom de mouvement, Florian Besson a vu rouge ce 7 décembre. À coups de gazouillis, le professeur d’histoire diplômé à la Sorbonne s’est lancé dans un réquisitoire de la Reconquista espagnole, assurant y voir une « invention » et un « point de vue totalement biaisé qui donne “raison” aux Chrétiens ». Muet au sujet des violences de l’islam pendant sept siècles, l’historien confie sa nostalgie des « rencontres entre communautés confessionnelles ou ethniques ». Puis conclut son fil en liant « Reconquête », dictature franquiste et tueries de masse d’extrême droite.

 

À la tête d’un collectif d’historiens sur le blog de recherche « Actuel Moyen Âge », Florian Besson est suivi depuis 2015 par près de 45 000 personnes sur Twitter, où la version ludique et condensée de l’histoire fait mouche. « Si c’était honnête intellectuellement, ce serait très bien, réagit l’historien Jean-Marc Albert. Mais les cibles sont choisies politiquement, dans une optique progressiste. C’est dommage. » Début novembre, l’essayiste Julien Rochedy publie une conférence de près de quatre heures sur la chevalerie. Pour combattre une « figure de l’extrême droite » selon lui, Florian Besson pioche cinq minutes de la vidéo de Rochedy et assène un avis définitif et moqueur, en quelques tweets, sur les « erreurs » et le « biais idéologique omniprésent ».

L’idéologue qui ne s’assume pas

S’il prend le temps de répondre point par point, dans la foulée, Julien Rochedy ne se fait guère d’illusion sur l’honnêteté des débats. « Tous ces types de gauche se présentent comme des “sachants”, gages de sérieux et de neutralité, quand nous ne serions que d’immondes propagandistes, confie l’essayiste. En vérité, ils sont incapables d’assumer le fait qu’ils avancent leurs propres idées, avec les angles et l’historiographie qui les arrangent. » Tandis qu’il reproche des « anachronismes » à Rochedy, Florian Besson n’hésite pas à multiplier les articles sur Slate, où il fantasme un « XIIe siècle, parenthèse enchantée pour l’écriture inclusive » et s’imagine le clandestin malien Mamadou Gassama « sacré chevalier » au Moyen Âge…


 Lire ce fil

Au-delà du double discours, l’idéologue se révèle au fil de l’actualité. Après la décapitation de son confrère Samuel Paty par un islamiste en octobre 2020, le professeur Florian Besson utilise « Actuel Moyen Âge » pour dire toute sa peur des « récupérations islamophobes ». Face aux critiques évoquant une attaque contre notre civilisation, il assure que les civilisations ne sont qu’un « concept très flou » ; que la France, « pays de nos ancêtres », est un « fantasme » ; que la population a toujours été « métissée » et que la « stérilité des origines » n’a pas d’intérêt, si ce n’est pour assurer que « tout le monde vient des mêmes ancêtres »…

Mis face à la perspective d’une société islamique en France, si les flux migratoires se poursuivent, l’historien s’en lave les mains : « Dans 200 ans, il y aura certes “autre chose” : ce ne sera ni mieux, ni pire (…) La France n’est rien d’autre que ce que les gens qui y vivent — tous, d’où qu’ils viennent — en font. » Afin d’appuyer ses dires, Florian Besson prend à plusieurs reprises comme référence le sociologue Éric Fassin. Pour ce dernier, « l’immigration, les Roms, l’islam ne sont pas des problèmes » (Libération, août 2012) ; la gauche doit « changer le peuple » et « changer de peuple » (Regards, mai 2014) ; ou encore, « le racisme anti-blanc n’existe pas pour les sciences sociales, ça n’a pas de sens » (France Culture, octobre 2018).

Poussant toujours plus loin son relativisme, comme Fassin, Florian Besson tourne au « ridicule sur la question du grand remplacement », selon Jean-Marc Albert. En septembre 2021, « Actuel Moyen Âge » tente ainsi un parallèle entre l’immigration actuelle de millions de personnes extra-européennes… et les raids vikings de quelques milliers de soldats au Moyen Âge, avant de conclure que « l’étranger est dans l’œil de celui qui juge péjorativement ». « C’est complètement fallacieux, reprend Albert. S’il y a une comparaison historique à faire, aujourd’hui, c’est avec la chute de l’Empire romain. Petit à petit, on a des déplacements massifs de population, la citoyenneté est accordée à tout le monde et au final, ça tombe. C’est ça le grand remplacement. »

« Plein de ressentiment et de jalousie »

Le statut de professeur d’histoire diplômé à la Sorbonne accorde néanmoins une immunité à Florian Besson, dont le public ne cherche pas à vérifier les explications. « Il fait plein de petites erreurs que l’on n’utilise pas contre lui, comme lorsqu’il parle d’être “sacré chevalier”, alors que l’on adoube chevalier, car ce n’est pas un sacrement, poursuit Julien Rochedy. Cet imbécile est plein de ressentiment et de jalousie ». Attaquant les personnalités marquées à droite lorsqu’elles ont du succès, tel Lorànt Deutsch sur Slate, « Actuel Moyen Âge » cible Julien Rochedy quand sa vidéo de trois heures quarante dépasse les 100 000 vues sur YouTube, trois jours seulement après sa publication. Un engouement qui se poursuit un mois plus tard, avec près de 350 000 vues cumulées.

« Avec les réseaux sociaux, le savoir est moins bien gardé par la gauche, qui domine les canaux universitaires et éditoriaux, constate Jean-Marc Albert. Il y a la possibilité d’entamer son magistère et c’est pour cela qu’elle réagit. » Sur Instagram, Julien Rochedy partage le témoignage édifiant d’un élève en fac d’histoire, dont la professeur a passé « une demi-heure de cours à dire que la vidéo était nulle, que j’étais un extrémiste et qu’il fallait écouter des spécialistes validés par leur système ».

Après avoir passé des mois à se documenter sur la chevalerie, Julien Rochedy ne regrette rien de son travail « entre la vulgarisation et l’approfondissement ». « Les petits spécialistes gauchistes d’université, dans leur petit coin, passent leur temps à faire des colères et à pleurer derrière nous. À la limite tant mieux, ça veut dire qu’on avance. » Face à la réponse populaire massive en sa faveur, l’essayiste encourage au final chacun à parler d’histoire, de littérature, de philosophie, « de ces sujets jusqu’à maintenant totalement colonisés et emprisonnés par la gauche ». De quoi donner à « Actuel Moyen Âge » l’occasion d’écrire plein de nouveaux tweets vengeurs, satisfait de lui-même.

Source : Valeurs actuelles


dimanche 23 janvier 2022

Montréal : 52 % des diplômes de cégep sont de cégeps anglophones

La CAQ aime l'anglais dans l'enseignement et dote généreusement les établissements anglophones

Une lettre du Regroupement pour le cégep français.

Monsieur Roberge, dans votre déclaration du 9 janvier, vous avez tenté d’éteindre les flammes de l’espoir ravivé par l’idée d’étendre la loi 101 au collégial en la dénigrant. Ce faisant, vous avez peut-être cru lui asséner un coup de grâce… alors que c’est d’un coup de pouce qu’elle a besoin.

Vos arguments, au contraire, auront l’effet d’un coup de fouet capable de convaincre que son application est plus que jamais nécessaire. Pourquoi ? Parce que les faits vous donnent tort.

Cégeps anglos : 52 % des diplômes !

Savez-vous par exemple qu’en 2018, sur l’île de Montréal, le nombre de diplômes d’études collégiales remis par les cégeps anglais a franchi le seuil historique de 52 % du total ? Oui : au cœur de la métropole du Québec, les cégeps diplôment davantage en anglais qu’en français… pour une communauté anglo-montréalaise de 17 %.

Jusqu’à quel niveau les cégeps français devront-ils être saignés de leurs forces vives avant que vous réagissiez ? Quel seuil d’anémie, quel signe du déclin des cégeps français vous sortira de votre torpeur ? Quand il ne restera que 40, 30 ou 20 % des diplômés en français ? Cela arrivera plus vite que vous pensez, car les trous béants de votre insuffisante loi 96 permettront notamment aux collèges privés non subventionnés de croître sans limites en recrutant à l’international une clientèle anglophone.

Contrairement à ce que vous affirmez, c’est précisément la maîtrise grandissante de l’anglais de leurs adolescents qui pousse de plus en plus de parents à « diriger leur progéniture vers le réseau collégial et universitaire anglais ». Plus ils la maîtrisent, plus cela devient facile et tentant de poursuivre leur formation dans cette langue.

Il est le temps d’agir

Mais quand des dizaines de milliers d’étudiants francophones et allophones font déborder les cégeps anglais et les transforment au point où les anglophones y sont en minorité, c’est le temps d’agir.

Quand le réseau français est écrémé de ses étudiants les plus performants au profit de son alter ego anglais, c’est le temps d’agir.

Quand les cégeps français sont en déclin partout au Québec autant pour les parcours préuniversitaires que techniques, c’est le temps d’agir.

Quand des milliers d’employés des cégeps anglais doivent travailler dans cette langue alors qu’ils ne sont pas anglophones, c’est le temps d’agir.

Monsieur Roberge, vous êtes passé d’espoir à obstacle. Entre la peur d’abolir un privilège et la nécessité d’assurer l’avenir du réseau des cégeps français affaibli et menacé, vous avez choisi le camp des privilèges d’un réseau anglais en essor et menaçant.

Non, monsieur Roberge, vous n’avez pas cloué le dernier clou dans le cercueil de cette idée nécessaire ; vos propos n’auront que fouetté l’ardeur de ses défenseurs.

Le Regroupement pour le cégep français
Jean-François Vallée, Professeur de Cégep
Nicolas Bourdon, Cégep du Bois-de-Boulogne
Georges-Rémy Fortin, Cégep du Bois-de-Boulogne
Caroline Hébert, Cégep de Sainte-Foy
Sébastien Mussi, Cégep de Maisonneuve
Mathieu Bélisle, Collège Jean-de-Brébeuf
Yannick Lacroix, Cégep de Maisonneuve
Richard Vaillancourt, Cégep du Bois-de-Boulogne
Jean-François Joubert, Cégep Garneau
Stéphane Beauregard, Cégep du Bois-de-Boulogne

Voir aussi

« Pourquoi la société québécoise devrait payer pour angliciser massivement les jeunes ? »  

Français au cégep : aucune mesure de promotion du français

Les cégeps anglais, les étudiants internationaux et le manque de courage politique de Québec 

Roberge modifie à la marge ses restrictions imposées à l’instruction à domicile 

Le ministre Roberge : « l’État québécois veillerait plus que jamais à ce que chaque jeune reçoive une éducation adéquate. »  [à savoir politiquement correcte ?]

Cégépiens : « Aujourd’hui, une phrase sur trois dite par un jeune est en anglais. »

Les étudiants internationaux : nouveau vecteur d’anglicisation du Québec  

Le ministère de Roberge veut-il que les enfants instruits à la maison réussissent moins bien à ses évaluations ? 

DPJ utilisée par le Ministère de Roberge pour harceler les parents-éducateurs à la maison 

Le déclin du temps d’enseignement du français doit cesser (au primaire)

Québec — le programme ECR serait là pour de bon selon le ministre Roberge (il est revenu en partie sur ce dogmatisme en renommant le programme et en éliminant une partie de la dimension « religieuse »

Que faudrait-il faire pour sauver le français au Québec ? 

Contradiction : la CAQ veut imposer un cours de culture québécoise, mais pas le cégep en français…  

Les cégeps anglophones sont devenus des cégeps allophones  

Maîtrise du français dans l’enseignement supérieur  

Assimilation des élèves allophones — « Tous leurs loisirs se passent en anglais. Souvent, ils ont étudié en français au primaire et au secondaire par obligation. » 

« Le français pourrait disparaître de la fonction publique au Québec »

« Nous avons tous été stupéfaits d’apprendre que 74 % des employés de l’État à Montréal utilisent parfois une autre langue que le français dans leurs interactions orales avec des personnes physiques au Québec, une proportion qui grimpe à 81 % à Laval et à 88 % en Outaouais », soulignait Mme Lamarre dans les pages du Devoir.

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