vendredi 7 octobre 2022

Douze juges fédéraux américains décident de ne plus recruter de candidats de la faculté de droit de Yale

Invoquant la liberté d’expression, 12 juges fédéraux déclarent qu’ils ne prendront plus d’auxiliaires juridiques provenant de la faculté de droit de Yale. Sous la direction du juge qui lui est affecté, l’auxiliaire juridique fait des recherches sur des points de droit, rédige des mémoires sur des questions juridiques et, d’une manière générale, assiste le juge dans les travaux de la Cour. Il s’agit d’un poste prestigieux très convoité par les jeunes diplômés en droit.

 

Une douzaine de juges fédéraux disent qu’ils n’embaucheront plus d’auxiliaires de l’Université de Yale, citant une série de scandales qui, selon eux, ont porté atteinte à la liberté d’expression et à la diversité intellectuelle.

Outre le juge de Cour d’Appel James Ho, qui a annoncé jeudi qu’il n’embaucherait plus d’auxiliaires diplômés de la faculté de droit la mieux classée du pays, 12 juges fédéraux — de tribunaux de première et de seconde instance — ont déclaré au Washington Free Beacon qu’ils se joignaient au boycottage.

« Les étudiants doivent être conscients qu’ils auront moins de perspectives s’ils étudient à Yale », a déclaré un éminent juge d’une cour d’appel, dont les assistants ont obtenu des postes à la Cour suprême. « Je n’ai aucune confiance qu’on leur enseigne quoi que ce soit ».

À une exception près, les juges ont clairement indiqué qu’il s’agit d’une politique qu’ils imposent aux futurs étudiants de la faculté de droit de Yale, et non aux étudiants actuels.

La porte-parole de la faculté de droit n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

Si le boycottage s’étend à d’autres juges conservateurs, il pourrait porter un coup sérieux à la faculté de droit de Yale, qui a gardé la première place dans le classement de U.S. News and World Report depuis que cette publication a commencé à classer les facultés de droit dans les années 1980. Les stages, en particulier dans la magistrature fédérale, sont des emplois très convoités dans la profession juridique, et de nombreux étudiants choisissent Yale plutôt que d’autres facultés de droit d’élite parce que ses diplômés ont toujours eu plus de chances d’être stagiaires auprès de juges éminents. Un boycottage pourrait changer ce calcul, obligeant les administrateurs de Yale à modérer les étudiants et leurs collègues activistes s’ils veulent continuer à attirer les meilleurs et les plus brillants — et s’ils veulent maintenir ne serait-ce qu’un minimum de diversité idéologique.

Les juges qui se joignent au boycottage, qui ont tous requis l’anonymat afin de pouvoir s’exprimer librement, ont cité une série d’incidents au cours desquels, selon eux, la liberté d’expression a été attaquée à Yale, à commencer par une controverse survenue en septembre 2021, au cours de laquelle les administrateurs avaient fait pression sur Trent Colbert, étudiant en deuxième année de droit, pour qu’il s’excuse d’un courriel dans lequel il qualifiait son appartement de « planque » [de revendeur de drogues]. Le directeur de la diversité de la faculté de droit, Yaseen Eldik, a également qualifié de « déclencheur » [contrariant pour l’extrême gauche] l’appartenance de Colbert à la Société fédéraliste conservatrice, selon une fuite audio obtenue par le Free Beacon.

Puis, en mars, plus d’une centaine d’étudiants de Yale ont perturbé une table ronde bipartisane sur les libertés publiques, provoquant un tel chaos que la police a été appelée pour escorter les orateurs en lieu sûr. Bien que la perturbation ait constitué une violation apparente des politiques de Yale en matière de liberté d’expression, la doyenne de la faculté de droit de Yale, Heather Gerken, a exclu toute action disciplinaire à l’encontre des manifestants. Elle a même nié que les étudiants avaient transgressé une quelconque politique officielle, ce qui a suscité les réactions de sa collègue Kate Stith, qui a prévenu que Gerken créait un « terrible précédent ».

Un autre juge d’une cour d’appel, fournisseur d’un grand nombre d’auxiliaires juridiques à la Cour suprême, a déclaré qu’il était « tiraillé » quant à sa participation au boycottage, mais que les arguments en faveur de celui-ci s’étaient « renforcés » au cours de l’année écoulée. « J’ai engagé un tas d’excellents auxiliaires juridiques de Yale », de déclarer le juge. Mais « à un moment donné, l’institution devient tellement dépourvue de valeur et dégénérée qu’on se demande quel conservateur voudrait en faire partie ».

La faculté de droit a peu fait pour répondre aux préoccupations concernant l’ambiance sur le campus. Gerken a été reconduit dans ses fonctions de doyenne en janvier et, bien que l’une des administratrices impliquées dans le scandale de la « planque », la doyenne associée Ellen Cosgrove, ait pris sa retraite à la fin de l’année universitaire, Eldik reste sur son perchoir.

Alors que le boycottage officiel marque une aggravation de la guerre idéologique entre l’université de Yale et ses détracteurs, les préoccupations concernant l’ambiance à la faculté de droit ont percolé dans le système judiciaire depuis des années. Certains juges évitent déjà d’embaucher des membres de l’école de Yale, a déclaré un juge d’une cour d’appel, en raison de ce qu’ils considèrent comme une chambre d’écho [un milieu clos qui renforce sans cesse certaines idées] qui retarde la « croissance intellectuelle ».

Plusieurs juges ont noté que Yale est la seule faculté de droit d’élite qui n’emploie aucun éminent professeur conservateur, ce qui, selon eux, l’a rendue plus vulnérable à une pensée grégaire. « Il m’est difficile de voir comment on peut obtenir une éducation rigoureuse et bien équilibrée dans cet environnement », a déclaré un juge de district. « Et c’est un problème lorsqu’il s’agit d’embaucher des assistants juridiques ».

La monoculture idéologique de la faculté de droit pose également un problème pour l’examen des candidats aux postes d’assistants, ont déclaré certains juges, car il n’y a tout simplement pas de professeurs en qui ils ont confiance pour recommander des assistants conservateurs.

Le juge « fournisseur » a déclaré au Free Beacon qu’il s’était longtemps fié à Amy Chua, une professeur de droit de Yale de gauche mais hétérodoxe, pour ses recommandations, mais que, pour la faculté de droit, c’est désormais un « crime de parole et de pensée » pour des étudiants de s’associer à elle.

[La doyenne de la faculté de droit] Gerken a retiré à Chua certains de ses privilèges d’enseignement au printemps 2021 après que des étudiants se soient plaints qu’elle avait organisé des dîners en violation des restrictions COVID de la faculté. Les administrateurs de la faculté de droit ont ensuite fait pression sur deux étudiants en droit pour qu’ils déposent une plainte en justice contre elle, selon un procès intenté par deux étudiants contre l’école de l’Ivy League, qui allègue que Cosgrove et Eldik ont exercé des représailles contre eux lorsqu’ils ont refusé.

Avec ou sans boycottage, la mise à l’écart de Chua « rendra plus difficile » l’embauche d’auxiliaires juridiques diplômés de Yale, a déclaré le juge. « Je ne sais pas combien je vais continuer à en embaucher ».

Source : Free Beacon


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