jeudi 6 octobre 2022

Gestion de la pandémie — La sédentarité a bondi chez les jeunes

Le temps d’écran a beaucoup augmenté entre 2020 et 2022 au Québec. L’enseignement en mode virtuel a, sans surprise, fait bondir le temps d’écran. La note attribuée à ce chapitre est passée de D+ en 2020 à F deux ans plus tard.

Le dernier Bulletin de l’activité physique chez les enfants et les jeunes de l’organisme Participaction constate que l’activité physique, qui était déjà bien en deçà des recommandations, a baissé avec la mise en place des mesures de confinement.

Le pourcentage des enfants qui respectent les recommandations en matière d’activité physique d’intensité moyenne à élevée, soit 60 minutes par jour, est passé de 39 % avant la pandémie à 28 % durant les confinements [inutiles pour les enfants] imposés par la gestion de la pandémie.

« Sur deux ans de COVID, avec les mesures strictes, l’obligation de rester chez soi, le couvre-feu, les niveaux ont baissé. Les jeunes ne pouvaient aller jouer au soccer, au hockey… », note en entrevue le Dr Jean-Philippe Chaput, professeur associé à l’Université d’Ottawa et Membre du comité de recherche du Bulletin.

Participaction remarque cependant une hausse des activités à l’extérieur pour les jeunes. « Les gens étaient tannés de rester chez eux », remarque le Dr Chaput.

Mais globalement, il note que la pandémie a entraîné « un déclin de l’activité physique et une hausse du temps d’écran ». « Il y a des enfants avec des parents extrêmement sédentaires, qui ne bougent pas à la maison, dit-il. Au moins, à l’école, ils sont exposés à un environnement plus actif. »

Un défi pour la ministre

Ces résultats n’étonnent pas la Dre Julie St-Pierre, pédiatre spécialisée dans le traitement de l’obésité. « Ce n’est pas la première étude dans le monde qui montre cette tendance », dit-elle.

Dans une métanalyse publiée en juillet par la revue JAMA Pediatrics, des chercheurs ont analysé 22 études internationales. Ils concluent que les enfants et les jeunes passent 20 % moins de temps à bouger depuis le début de la pandémie.

Selon la Dre Julie St-Pierre, pédiatre spécialisée dans le traitement de l’obésité, « Maintenant, ce qui est important, c’est que les parents reprennent les routines : le samedi, c’est natation, dans la semaine on va au soccer... Beaucoup de gens dans nos cabinets de pédiatrie nous disent qu’ils n’ont pas repris les activités chez les jeunes. »

Elle note que d’autres facteurs, outre la pandémie, donnent du carburant à la sédentarité. Elle entend de plus en plus parler de la criminalité à Montréal, et de la peur de certains parents de laisser leurs enfants jouer au parc. Ou encore de l’inflation, qui pousse des parents à rogner dans les budgets alloués au sport.

« Je pense vraiment que la prochaine ministre déléguée aux Sports, que ce soit Isabelle Charest ou quelqu’un d’autre, devra prendre ce problème très au sérieux, et mettre des mesures en place comme des programmes gratuits chez les jeunes », dit la Dre St-Pierre.

La Fédération des éducateurs et éducatrices physiques du Québec (FEEPEQ) demande à Québec d’augmenter le temps réservé à cette matière.

« À la suite des dernières élections, la FEEPEQ pose aujourd’hui cette question : avec un budget provincial toujours plus gourmand en ce qui concerne le système de la santé du Québec, ne serait-il pas temps d’investir en amont et donc, en éduquant nos jeunes à la santé ? », fait valoir la Fédération dans un courriel envoyé jeudi à La Presse.

Les données de Participaction proviennent d’une multitude de sources, le plus possible objectives, c’est-à-dire avec des outils de mesure plutôt que des questionnaires. « L’enfant ne peut pas vraiment tricher », note Jean-Philippe Chaput.

Source : La Presse

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