jeudi 17 mars 2022

Un ordinateur par élève dès la 5e année dans des écoles de Québec: une initiative qui ne fait pas l'unanimité

À Québec, tous les élèves des écoles primaires du centre de services des Premières-Seigneuries recevront un ordinateur portable en cinquième et sixième année d’ici juin. La décision ne fait toutefois pas l’unanimité : des parents applaudissent, mais d’autres s’y opposent.

L’initiative «a fait pratiquement l’unanimité du conseil d’administration, des directions d’établissement et des équipes-écoles», affirme Martine Chouinard, secrétaire générale des Premières-Seigneuries.

Lors d’une séance du conseil d’administration cet automne, plusieurs parents ont en effet salué l’initiative, a pu constater Le Journal.

D’autres ont toutefois sourcillé en apprenant qu’un Chromebook – un ordinateur portable produit par Google – sera mis à la disposition de leur enfant, y compris pour faire les devoirs à la maison, selon des politiques d’utilisation qui varient d’une école à l’autre.

Sébastien St-Pierre, qui est père de trois enfants, dénonce haut et fort cette décision. Il a déjà beaucoup de difficulté à gérer le temps d’écran de son fils de 12 ans, Jacob, devenu accro aux jeux vidéo pendant la pandémie avec l’école en ligne, affirme-t-il.

M. St-Pierre lui a sérieusement restreint l’accès à la tablette et à l’ordinateur familial, mais voilà qu’un autre appareil, fourni par l’école, a fait son apparition à la maison. «Je trouve ça complètement stupide, ça n’a pas de bon sens. À cet âge-là, ils ne sont pas assez matures et responsables pour gérer un appareil eux-mêmes», lance-t-il.

Il faut alors redoubler d’efforts pour bien encadrer la période des devoirs à la maison, afin de s’assurer que l’écran est bel et bien utilisé pour les travaux scolaires, ce qui est loin d’être toujours le cas, déplore-t-il. 


 

Les dernières semaines lui ont donné raison. Jacob a voulu jouer en ligne à Fortnite, la nuit, avec son ordinateur de l’école. «J’ai été obligé de dire à l’école que je ne voulais plus voir l’ordinateur à la maison», laisse tomber M. St-Pierre. Mais le garçon rapporte quand même parfois l’appareil à la maison, à l’insu de son enseignante.

Au centre de services scolaire, on affirme toutefois que «dans l’ensemble», la situation est bien reçue par les parents. «Souvent ce n’est pas le premier appareil pour l’élève. L’élève apprend à faire la différence entre l’appareil pour son travail d’étudiant et ses autres appareils destinés au loisir», indique Mme Chouinard.

Favoriser la réussite?

Dans ce centre de services scolaire, l’accès à un ordinateur à chaque élève vise notamment à «favoriser sa réussite», peut-on lire dans un message transmis aux parents.

«À la fin de la dernière année scolaire, en contexte de pandémie, les enseignants ont témoigné des avantages de l’utilisation du numérique dans leur enseignement et de l’impact sur les apprentissages des élèves», précise Mme Chouinard.

Or selon les études les plus rigoureuses menées sur le sujet, l’utilisation des technologies en classe n’a qu’un très faible impact sur la réussite scolaire, qui «frôle l’insignifiance», selon Steve Bissonnette, professeur au département d’éducation de la TÉLUQ.

«Oui, le recours aux technologies a un impact sur le rendement. Mais (...) l’effet est tellement minime qu’on ne peut pas penser que ça va devenir un levier majeur pour améliorer le rendement des élèves», affirme-t-il.

Le déploiement d’ordinateurs peut toutefois être «salutaire» dans un contexte de pandémie, afin de s’assurer que chaque élève ait accès à un appareil en cas de fermeture d’école, ajoute toutefois M. Bissonnette. «Tout dépend de l’objectif», souligne-t-il.

Source : Journal de Québec

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