dimanche 20 mars 2022

Moldavie — 88 % des réfugiés ukrainiens choisissent le russe comme langue d'enseignement, 6 % l'ukrainien

Sur 631 demandes déposées par des réfugiés ukrainiens pour une éducation temporaire, 37 enfants ont choisi d’étudier en moldave, 40 en l’ukrainien et 554 parents ont décidé que leurs enfants devraient étudier dans les écoles russes. La langue russe a été interdite dans les écoles ukrainiennes au-delà du primaire depuis 2020. Plus de détails ci-dessous.

La Moldavie continue de fournir assistance à ses voisins — le pays accepte activement les réfugiés. Cette aide comprend l’éducation des enfants.

Le ministère de l’Éducation de la Moldavie a publié des données à ce sujet. On apprend ainsi que seuls 6 % des réfugiés ukrainiens ont choisi un enseignement en ukrainien pour leurs enfants alors que 88 % choisissent le russe.

Les enfants peuvent fréquenter les écoles à la fois comme élèves et comme auditeurs. En outre, les enfants auront accès aux activités parascolaires, à l’assistance psychologique et aux activités informelles des centres de jeunesse, a expliqué le ministre de l’Éducation et des Sciences, Anatolie Topala.

Actuellement, il y a 75 demandes d’inscription dans les établissements préscolaires et 631 demandes d’enseignement temporaire, dont :

  • 307 candidatures pour les 4 premières années ;
  • 302 demandes pour 5e à 9e années ;
  • 22 candidatures pour les 10e à 12e années.

Quant à la langue d’enseignement, 37 enfants ont choisi la langue officielle, 40 l’ukrainien et 554 — le russe. 


Étant donné la situation géographique de la Moldavie, on peut supposer que la majorité des réfugiés ukrainiens qui s’y trouvent sont originaires du Sud de l’Ukraine et donc majoritairement russophones. Une fois, hors d’Ukraine et libres de choisir la langue d’enseignement, ils optent donc pour le russe.

Selon les données officielles, il y a 102 836 personnes de nationalité ukrainienne sur le territoire de la Moldavie, dont 48 405 sont des enfants.

Politique d’ukrainisation forcée

L’ukrainien a été institué comme principale langue d’enseignement dans toutes les écoles ukrainiennes financées par l’État dans une loi rentrée en vigueur en 2020. Cette réforme devrait être achevée d’ici septembre 2023 pour les écoles dispensant un enseignement dans les langues minoritaires qui sont les langues officielles de l’Union européenne (comprendre principalement les minorités hongroises et moldaves/roumaines d’Ukraine). Et dans les écoles enseignant en russe, le changement eut lieu dès la rentrée 2020.

La mesure, annoncée en octobre 2019 par la ministre ukrainienne de l’Éducation et des sciences de l’époque, Hanna Novosad, Elle s’appuie sur une législation sur l’éducation et la langue qui a été promulguée par le parlement ukrainien au cours des quatre années précédentes. Cette loi ukrainienne « sur l’éducation » a été la première à déclarer l’ukrainien comme le seul moyen d’instruction dans les écoles après le cycle primaire (qui comprend 4 années). Adoptée en 2017 et fortement contestée en raison de son article 7, « La langue de l’éducation », la loi a été reconnue par la Cour constitutionnelle d’Ukraine le 16 juillet 2019. Le même jour, la loi ukrainienne « Sur la garantie du fonctionnement de l’ukrainien comme langue d’État » est entrée en vigueur et a réaffirmé la primauté de la langue ukrainienne dans l’éducation, elle ne garantit aux minorités un enseignement dans leur langue maternelle que dans les seules écoles maternelles et primaires. Les dispositions respectives de la loi de 2017 sont également précisées à l’article 5 de la loi ukrainienne récemment adoptée « sur l’enseignement secondaire général complet », qui est entrée en vigueur en mars 2020.

La loi détermine trois modèles d’enseignement de la langue ukrainienne dans les écoles secondaires d’Ukraine. 

Le premier concerne les peuples autochtones tels que les Tatars de Crimée, qui ont le droit d’être éduqués dans leur propre langue, l’ukrainien étant enseigné comme matière distincte, à n’importe quel niveau scolaire.  Notons que cette décision n'est généreuse qu'en apparence puisqu'elle s'applique à une région administrée par la Russie et que la Russie l'applique déjà. Enfin, les Tatars sont des conquérants turcs qui se sont installés au XIIIe siècle en Crimée. Avant eux la Crimée était peuplée par des Sarmates, des Grecs, des Goths, des Alains, des Khazars et des Slaves.

Le deuxième modèle concerne les minorités nationales d’Ukraine dont les langues sont des langues officielles de l’UE (principalement le hongrois et le roumain). Le cycle primaire est disponible pour eux dans leur langue minoritaire (avec l’ukrainien comme matière distincte), tandis que les cycles supérieurs voient une expansion progressive de l’enseignement de la langue ukrainienne — de vingt pour cent en cinquième année à quarante pour cent en neuvième année (collège) et à soixante pour cent de toutes les matières pendant les trois années de la fin du secondaire (lycée). 

La troisième classe s’applique aux « autres minorités », c’est-à-dire aux Russes et aux Ukrainiens russophones qui fréquentent des écoles secondaires de langue russe. Pour eux, l’enseignement de la langue ukrainienne devrait être d’au moins 80 % dans les collèges et les lycées, avec la possibilité d’avoir le russe enseigné comme matière en option. La loi stipule également clairement que ces dispositions ne s’appliquent qu’aux écoles financées par l’État et autorisent toutes les écoles privées à choisir librement leur langue d’enseignement ; néanmoins, les écoles privées doivent enseigner la langue ukrainienne et veiller à ce que leurs élèves acquièrent le niveau de maîtrise défini par l’État.

Élèves dans les écoles pendant l’année scolaire 2019/20

Au cours de l’année scolaire 2019/20, 4 072 704 élèves étaient inscrits à temps plein dans des écoles secondaires dans toute l’Ukraine, dont 4 032 366 fréquentaient des écoles financées par l’État et 40 338, soit 1 %, fréquentaient des écoles financées par le privé. Sur le nombre total de 4 032 366 élèves fréquentant des écoles financées par l’État, 92,4 % recevaient un enseignement en ukrainien, 6,7 % recevaient un enseignement en russe et 0,9 % recevaient un enseignement dans d’autres langues minoritaires, dont le hongrois (16 583 élèves), le roumain (16 109), moldave (2 498), polonais (1 697), slovaque (147), bulgare (58) et tatar de Crimée (53).

En tant que langue minoritaire, en 2019/2020, le russe était la langue d’enseignement de 269 956 élèves dans les écoles financées par l’État et de 11 301 élèves dans les écoles privées en Ukraine.

En 2019/20, il y avait encore 125 écoles secondaires de langue russe en Ukraine.

Attitudes linguistiques et opinions sur les langues dans l’enseignement

Traditionnellement, le sud-est de l’Ukraine est plus russophone que les autres régions du pays. Une enquête menée en mars 2019 par l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS) a montré que 47,9 % des personnes interrogées ne parlent que le russe ou principalement le russe dans le sud de l’Ukraine, un peu plus (49,5 %) le font à l’est, et bien plus encore (82,6 %) dans le Donbass. Plus de la moitié des répondants de ces régions souhaitaient avoir le même temps alloué pour apprendre le russe que pour l’ukrainien dans les écoles secondaires (57,1 % dans le sud, 52,9 % dans l’est et 73,5 % dans le Donbass, contre 15,8 % au centre et 7,6 % à l’ouest, le cœur du nationalisme ukrainien russophobe). Il faut cependant noter que ces enquêtes sont sujettes à caution étant donné le climat malsain entretenu par le gouvernement de Kiev dans l’Ukraine post-Maïdan à l’égard du russe. 

 

Sources : Tsargrad, Interfax, Ministère ukrainien de l’Éducation


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