vendredi 28 mai 2010

France — Les écoles hors contrat se développent sans contrainte

Extraits d'un article de La Croix d'hier.


De nouvelles écoles sont créées un peu partout en France, à l'écart de l'éducation nationale, et sont souvent très peu contrôlées par l'État. [Note du carnet : un appel de la part de La Croix a plus d'uniformité et de contrôles ?]

Implanté à Bessay-sur-Allier, bourg de 1 500 habitants, le Cours Saint-Jean-Bosco accueille 21 élèves, de la grande section de maternelle au CM2 [5e année du primaire], réunis en trois classes. Cette école privée a été fondée il y a quelques années par un groupe de parents estimant que pas plus les établissements publics que les établissements catholiques sous contrat d'association avec l'État n'offraient de liberté de choix, s'agissant des méthodes pédagogiques et éducatives.

Ici, le travail en petits groupes offre « davantage de souplesse » et permet de porter aux élèves « une attention de tous les instants », assure Anne-Françoise de Solere, la directrice. On a opté pour la méthode syllabique d'apprentissage de la lecture, un temps bannie par l'éducation nationale, et on pratique abondamment l'analyse grammaticale. De même, plutôt que de fonctionner par cycles, on préfère « faire chaque jour un peu de chaque matière, en misant sur les vertus de la répétition ».

Si ces familles ont choisi de créer leur propre école, c'est aussi, souligne Anne-Françoise de Solere, qu'elles souhaitent « une continuité, sur le plan des valeurs, entre la maison et l'école ». Dans l'établissement sous contrat où elle enseignait précédemment, à peine deux professeurs sur dix étaient catholiques. « Je me sentais seule », confie-t-elle. Au Cours Saint-Jean-Bosco, au contraire, tout le monde, enseignants comme élèves, prend part à la prière du matin...

Un peu partout en France, des projets de ce type voient le jour. Difficile, cependant, de mesurer avec précision le phénomène. « Plutôt stable », avance-t-on au ministère de l'éducation sans donner de chiffres. « En progrès », assure-t-on à la Fondation pour l'école. « On compte - de la maternelle au baccalauréat - une quinzaine d'établissements hors contrat supplémentaires par an ; 460 écoles accueillent aujourd'hui un peu plus de 46 000 élèves », précise Anne Coffinier, la présidente de cette fondation reconnue d'utilité publique et qui œuvre en faveur du développement d'établissements « réellement indépendants ».

Pour voir le jour, ces écoles s'appuient sur la notion de liberté d'éducation : en France, l'instruction est obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans, mais les parents peuvent scolariser leur enfant dans l'établissement de leur choix, voire se charger eux-mêmes de transmettre les connaissances. « En matière de création d'écoles privées, la tradition française est extrêmement libérale », estime Bernard Toulemonde, inspecteur général honoraire. De fait, il suffit de procéder à une déclaration d'ouverture auprès du préfet, des autorités académiques et du procureur de la République, qui, le cas échéant, ont un mois pour s'opposer à la création de l'établissement. Le déclarant doit aussi indiquer, plans à l'appui, dans quels locaux ce dernier sera installé. Le maire, lui aussi, peut s'opposer au lancement de l'école, mais uniquement s'il juge les lieux non conformes en termes d'hygiène, de bonnes mœurs ou de sécurité publique. Pour le reste, souligne Bernard Toulemonde, « les contrôles interviennent a posteriori ».

« Effectués à l'initiative des inspecteurs d'académie, ils visent à garantir le droit de l'enfant à l'instruction, précise-t-on au ministère de l'éducation. Il s'agit notamment de s'assurer, en accord avec la loi d'orientation sur l'école de 2005, que les élèves maîtrisent en fin de collège le socle commun de connaissances. » D'autres contrôles s'attachent à vérifier la bonne conduite et la moralité des établissements, notamment l'absence de lien avec des groupes sectaires [Qu'est-ce qu'une secte ?]. Mais, comme le reconnaît un proche du ministre, ils ne sont pas réguliers. « Les inspections interviennent surtout lorsque l'établissement sollicite un contrat d'association avec l'État ou bien lorsqu'il y a plainte ou soupçon de dérive. »

[...]

Les partisans des écoles hors contrat préfèrent, eux, s'attarder sur « la grande diversité » de ces établissements. Certains attendent tout simplement d'avoir plus de cinq ans d'existence - le minimum requis - pour solliciter un accord d'association avec l'État. D'autres font clairement le choix de rester indépendants, souvent pour pouvoir transmettre des valeurs religieuses. « C'est le cas notamment de parents membres de nouvelles congrégations religieuses comme l'Emmanuel », note Anne Coffinier.

Pareille logique est à l'œuvre aussi dans la communauté juive. « La plupart de nos écoles sont sous contrat », explique Patrick Petit-Ohayon, directeur de l'action scolaire au sein du Fonds social juif unifié. « En plus des heures prévues pour chaque matière dans le programme de l'Education nationale, les élèves suivent, selon les niveaux, 4 à 8 heures d'enseignements juifs en plus. Mais certaines écoles fondées par des courants très orthodoxes préfèrent rester hors contrat et aller plus loin, en réduisant les enseignements généraux pour consacrer la moitié du temps de cours à des enseignements juifs, essentiellement l'apprentissage de l'hébreu et l'étude de textes de la Torah et du Talmud. Les parents font alors le choix de donner dans un premier temps à leurs enfants une culture majoritairement juive pour qu'ils puissent ensuite aborder la culture française et occidentale avec des éléments identitaires forts. »

D'autres écoles, elles, se construisent autour d'une pédagogie spécifique (Freinet, Montessori, etc.), parfois pour mieux prendre en compte les enfants surdoués ou ceux qui présentent des phobies scolaires. Il peut s'agir aussi de transmettre une langue et une culture, avec un enseignement bilingue. Cette diversité des écoles hors contrat se reflète aussi dans le montant des frais d'inscription, qui, d'après Anne Coffinier, s'échelonnent « de 70 € [90 $] par mois dans certaines écoles parentales à 1 000 € [1300 $] par mois dans certaines "boîtes à bac" ».

[...]




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Aucun commentaire: