mercredi 7 juin 2023

Québec — le meilleur candidat à un poste de professeur à McGill écarté car issu de la « majorité »

L’Université anglophone de McGill à Montréal est poursuivie pour 300 000 $ par un enseignant.  Extraits d'un article du Journal de Montréal.
 

Jonathan Dagenais a postulé pour un poste de professeur adjoint à l’École de musique Schulich de l’Université McGill, l’automne dernier. La direction de l’établissement lui a préféré une femme issue d’une nation autochtone du Manitoba, alors que la candidature de M. Dagenais avait été recommandée par le comité de sélection pour le poste.

Un chargé de cours de l’Université McGill estime avoir été écarté injustement d’un poste de professeur parce qu’il « ne fait pas partie de la diversité » et poursuit l’Université pour 300 000 $.

Dans une poursuite qui doit être déposée aujourd’hui au palais de justice de Montréal, l’enseignant Jonathan Dagenais se dit victime de « discrimination à l’embauche », essentiellement parce qu’il est un homme blanc.

Le chargé de cours soutient que l’Université n’avait « aucune intention » de lui accorder un poste de professeur. Le comité de sélection avait pourtant jugé que sa candidature était la meilleure. M. Dagenais est même soutenu par une trentaine d’étudiants, qui ont demandé à McGill de revenir sur sa décision.

En octobre 2022, l’École de musique Schulich de McGill affiche un poste de professeur adjoint de direction instrumentale, spécialisé en instruments à vent.

M. Dagenais, qui est chargé de cours à l’École depuis 2021, fait partie des trois finalistes pour le poste. En février dernier, il participe donc à l’audition finale, qui implique notamment une performance comme chef d’orchestre et une démonstration d’enseignement.

RECOMMANDATION

Quelques semaines plus tard, le comité de sélection, composé de sept professeurs et étudiants, recommande au doyen de choisir M. Dagenais pour occuper ce poste.

Mais le doyen de l’École, Sean Ferguson, décide d’aller à l’encontre de cette recommandation, « doutant de la justesse des conclusions » formulées par le comité de sélection, peut-on lire dans une lettre de McGill obtenue par notre Bureau d’enquête.

Il jette alors son dévolu sur la deuxième candidate en lice, une femme issue d’une nation autochtone, native du Manitoba, qui a passé les dix dernières années à enseigner aux États-Unis. La candidature est ensuite avalisée par le vice-principal exécutif de l’Université.


PLUS QUALIFIÉE ?

Pour le doyen Ferguson, cette candidate était « hautement plus qualifiée » que M. Dagenais, écrit McGill dans sa lettre.

[...]

Un argument que rejette M. Dagenais, qui allègue dans sa poursuite que McGill espérait plutôt toucher des subventions par l’emploi d’une personne issue de la diversité.

« Comment M. Ferguson peut-il conclure que l’autre candidate était supérieure, alors qu’il n’a pas assisté à ma performance comme chef d’orchestre ni à ma démonstration d’enseignement ? » s’interroge-t-il, en entrevue.

LES ÉTUDIANTS SE MOBILISENT

Dans la foulée de cette nomination, une trentaine d’élèves de l’École de musique Schulich ont fait parvenir une lettre au doyen Ferguson, lui demandant de revoir sa décision en faveur du chef d’orchestre Jonathan Dagenais.

« Nous apprécions quand les décisions sont prises en se basant sur le mérite, le talent et les qualifications, sans égard à l’origine, le genre, l’orientation sexuelle [et] la classe sociale [...] », ont écrit les cosignataires, qui ont d’ailleurs souligné la sensibilité de M. Dagenais aux enjeux de diversité. [...]

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