samedi 30 mars 2019

France — étude établit lien entre recul des naissances et politique familiale

Un sondage Ifop pour les AFC, que « La Croix » a publié le 28 mars, fait le lien souvent contesté entre l’évolution de la politique familiale et la baisse de la natalité observée ces dernières années.

Si le phénomène de report ou de renoncement reste minoritaire, il n’empêche que « le sondage montre que les multiples coups de canif opérés depuis cinq ou sept ans dans la politique familiale ont eu un effet suffisamment fort pour impacter le taux de natalité », explique Jérôme Fourquet, président de l’Ifop.

Un tiers des Français estiment que les divers coups de rabot successifs à la politique familiale ont abouti à leur faire différer ou renoncer à un avoir un enfant. Tel est l’enseignement d’un sondage(1) que La Croix dévoile et qui est publié par les Associations familiales catholiques (AFC) à la veille de leur assemblée générale, qui se tient dimanche 31 mars.

Après avoir fait la liste de certaines mesures récentes (« division par trois de la prime de naissance à partir du second enfant, diminution de la durée du congé parental pour les mères de famille, abaissement par deux fois du quotient familial, mise sous conditions de ressources des allocations familiales ») l’Ifop interroge : « Diriez-vous que la dégradation de la politique familiale ces dernières années vous a amené à renoncer à avoir un enfant supplémentaire ? » « Oui », répondent 33 % des personnes interrogées. Cette proportion monte à 42 % chez les parents de jeunes enfants de 0 à 4 ans.

Deux catégories socioprofessionnelles particulièrement représentées

Suit une deuxième question, parlant de « différer » au lieu de « renoncer » à avoir un enfant supplémentaire. « Oui », répondent encore 29 % des personnes interrogées, et 44 % parmi les parents d’enfants de 0 à 4 ans.

Les réponses positives se retrouvent principalement dans deux catégories socioprofessionnelles précaires : les ouvriers et les indépendants. À l’inverse, les catholiques pratiquants sont les moins impactés (à 76 %).

Une étude fait le lien entre recul des naissances et politique familiale

Si le phénomène de report ou de renoncement reste minoritaire, il n’empêche que « le sondage montre que les multiples coups de canif opérés depuis cinq ou sept ans dans la politique familiale ont eu un effet suffisamment fort pour impacter le taux de natalité », explique Jérôme Fourquet, président de l’Ifop. Le taux de fécondité a, en effet, reculé en France en 2018 pour la quatrième année consécutive. [Au Québec, le taux de fécondité est en baisse depuis 9 années consécutives.]

« La confiance est érodée »

Ce que confirme Gérard-François Dumont, démographe, professeur à la Sorbonne et président de la revue Population et avenir. Il voit même dans les résultats de ce sondage, la confirmation d’une règle générale : « Contrairement à ce que l’on entend souvent, l’évolution de la fécondité ces dernières décennies suit toujours celle de la politique familiale : à chaque fois que l’on a baissé cette dernière, le nombre de naissance a baissé aussi. À chaque fois que la politique familiale a été généreuse, les naissances sont reparties à la hausse. »

Un exemple emblématique serait, selon lui, la période 1998 à 2001 : « La fécondité a alors remonté après que deux changements structurels annoncés ont été écartés : l’imposition des allocations familiales et la mise sous condition de ressources des allocations familiales. » Selon lui, il n’y aurait donc pas de doute  : « La confiance dans la politique familiale est aujourd’hui érodée. Le gouvernement ferait bien d’établir un diagnostic et de revenir sur des mesures qui ont été néfastes. »

« Pas d’effet mécanique »

Pourtant, ce lien, entre politique familiale et natalité est ténu, estiment de nombreux chercheurs. Beaucoup restent très circonspects sur l’idée que les aides financières influent réellement sur la décision d’un couple d’avoir, ou non, un enfant. Ils mettent davantage en avant d’autres explications au recul de la natalité actuel tenant à la baisse du nombre de femmes en âge de procréer ou aux effets de la crise économique de 2008, voire à un changement de comportement des parents qui font des enfants de plus en plus tard.


(1) Réalisée par l’Ifop auprès de 1 016 personnes représentatives, les 26 et 27 février 2019.

Voir aussi

Québec — Le nombre de naissances continue de baisser (en 2018), forte hausse des décès

Québec — Jamais aussi peu de naissances en 2017 depuis 10 ans, jamais autant de décès

France : la baisse des naissances est la conséquence d’une série de décisions politiques

France : fécondité continue de baisser, immigrées font 0,8 enfant de plus que les Françaises

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