samedi 30 mars 2019

Parents « ouverts, inclusifs et responsables » contre amalgames et règlement rigide de Roberge

Pour une éducation ouverte, inclusive et responsable, lettre ouverte de Manon Sainte-Marie, Sonia Lefebvre et Martin Durocher, parents et citoyens engagés, publiée le 30 mars 2019 dans Le Devoir.

Monsieur le Ministre Jean-François Roberge, nous sommes des milliers de familles au Québec à avoir choisi de vivre l’éducation autrement, hors de l’école. Nous avons choisi d’offrir à nos enfants une éducation bienveillante, adaptée, sensible, rigoureuse, amusante qui dépasse largement les limitations et les contraintes du système scolaire québécois actuel. Toutes ces familles ont développé, au cours des années, de l’expertise, des expériences et des connaissances absolument incroyables ainsi qu’un réseau d’entraide et de partage ouvert et inclusif.

Loin d’isoler nos enfants de l’espace civique et de la communauté, notre espace d’apprentissage EST l’espace civique et communautaire. Les activités sont riches, variées, stimulantes et regroupent une mixité de personnes, enfants comme adultes. Elles s’insèrent dans toutes les sphères de la vie quotidienne, utilisent la panoplie de ressources que la société met à notre disposition (musées, bibliothèques, installations sportives, centres scientifiques, ateliers, centres communautaires, etc.) et s’appuient sur un réseau de personnes dont les expertises et compétences multiples et variées enrichissent l’expérience quotidienne des enfants.

Nos enfants sont curieux, ont soif d’apprendre, n’ont pas peur de se tromper — et donc d’innover —, ont une pensée critique, sont en constante interaction avec des adultes, des enfants de tous âges et s’impliquent dans les activités quotidiennes de la vraie vie. Ils apprennent à se respecter et à respecter les autres, à connaître leurs forces et à les mettre en commun avec celles des autres, à devenir des citoyens engagés, impliqués et responsables.

L'avis et l'intérêt des parents délaissés. L'État, les experts et les syndicats privilégient l'aspect budgétaire et le bien-être des enseignants.

Les familles qui font l’enseignement hors de l’école participent activement, quotidiennement et avec enthousiasme à la création, à l’enrichissement et au renouvellement de l’espace collectif. Le système d’éducation fait face à de grands défis ; c’est une réalité grandement partagée. L’éducation alternative que nous offrons à nos enfants apporte de nombreuses solutions aux problèmes récurrents du système scolaire actuel, et cela, pour peu de frais ou aucuns frais pour le gouvernement. La réalité de la majorité des enfants qui reçoivent une éducation hors de l’école n’a rien à voir avec les écoles religieuses illégales.

L’amalgame malheureux auquel participent politiciens et journalistes ces derniers jours constitue un dangereux dérapage qui nuira à l’épanouissement des premiers en n’apportant aucune solution au problème exposé. Les pratiques de l’enseignement à domicile sont [DÉJÀ] encadrées par une direction de l’enseignement à la maison née il y a moins d’un an. Plus de 5000 enfants y sont inscrits, et la relation de confiance qui est en train de se bâtir avec cette direction nous semble porteuse de mesures de prévention, de soutien et d’évaluation intelligentes, adéquates, adaptées et dans l’intérêt de nos enfants. Imposer un programme et des examens uniformes et standardisés, comme le prévoit votre projet de règlement, n’éliminera pas les écoles illégales et ne fera que restreindre l’étendue des apprentissages et des solutions adaptées et novatrices que permet l’enseignement à la maison.

Monsieur le Ministre, si vous souhaitez appuyer votre opinion sur des faits et non sur des a priori, nous vous invitons à venir partager notre quotidien, à rencontrer nos enfants, à échanger sur leur expérience et leur réalité hors école. Et si vous considériez les familles qui choisissent l’éducation autrement comme des alliées pour l’innovation éducative au Québec ?
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