samedi 25 février 2023

Écosse : démission de la Première ministre qui privilégiait le wokisme à l'indépendance

Pour le chroniqueur du Devoir ce vendredi 24 Christian Rioux qui résume l'impact de cette démission et les leçons à en tirer :

Comment le SNP, qui se préparait à une élection référendaire en 2024, se remettra-t-il de cette démission ? Après quatre mandats consécutifs, la chute est rude et pourrait éloigner d’autant la tenue d’un nouveau référendum. L’épisode est néanmoins caractéristique de cette tendance qui pousse de nombreux partis de gauche à vouloir complaire à leur aile la plus radicale dont les revendications heurtent la plupart du temps le sens commun de la population. Dans de nombreux pays, on a vu ces partis s’aliéner les classes populaires en s’enfermant dans des combats sociétaux qui ne préoccupent qu’une infime minorité. Chez certains indépendantistes, comme au Québec et en Écosse, cette tendance est accentuée par la crainte viscérale d’être qualifié de conservateurs, de pas assez progressistes ou, pire, d’identitaires ! Incapables de se remettre en question, les voilà dans la peau du coyote de Road Runner [Bip Bip et Coyote] qui continue à courir au-dessus du précipice longtemps après avoir quitté la terre ferme.


Notre billet du 15 février 2022

 

La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a annoncé sa démission mercredi après huit ans au pouvoir, un départ qui porte un coup aux velléités d’indépendance dans la nation britannique.

Celle qui a encore décrit mercredi l’indépendance écossaise comme le combat d’une vie, qu’elle portait avec patience et détermination face à l’opposition de Londres, a décidé de jeter l’éponge, expliquant que l’énergie lui manquait après plus de 15 ans à des postes de responsabilité.

Jusqu’à récemment très populaire, fragilisée par sa gestion du dossier transgenre en Écosse, la dirigeante de 52 ans a indiqué devant la presse à Édimbourg qu’elle céderait son poste dès que le Parti national écossais (SNP) aurait désigné son successeur.

Nicola Sturgeon avait appuyé un projet de loi qui permettait aux personnes qui se disent trans d’obtenir un certificat de reconnaissance de genre (GRC) sans diagnostic médical. Le projet de loi permettait aussi désormais aux jeunes de 16 et 17 ans de demander un GRC et réduisait le temps qu’une personne devait assumer ce nouveau « genre » déclaré avant de pouvoir obtenir le document à six mois.
 
Nicola Sturgeon quitte la salle de presse de sa résidence
 
Le gouvernement central britannique avait déclaré qu’il utiliserait l’article 35 de la loi sur l’Écosse pour empêcher le projet de loi écossais sur la réforme de la reconnaissance du genre de devenir loi. Mme Sturgeon avait alors déclaré qu’elle avait l’intention de contester cette opposition de la part du gouvernement central. Elle en fit un cheval de bataille nationaliste. Elle s’insurgea sur Twitter contre cette « attaque frontale contre notre Parlement écossais élu démocratiquement et sa capacité à prendre ses propres décisions ». 
 
Photo de 2018
Le projet souleva également l’ire d’organisations féministes traditionnelles regroupées sous la bannière For Women Scotland. Ce texte, disaient-elles, aurait permis à des prédateurs sexuels d’accéder à des espaces réservés aux femmes, mettant ainsi en cause leur sécurité. C’est ce que fit en 2017 la trans Karen White (auparavant nommée David Thompson, photo ci-contre), accusée d’agressions sexuelles contre quatre détenues d’une prison du West Yorkshire, le tout en trois mois. Karen White/David Thompson été condamné à perpétuité pour avoir violé deux femmes et agressé sexuellement deux détenus à la prison de sa majesté de New Hall.

La créatrice de la série Harry Potter, J. K. Rowling, qui réside à Édimbourg, se jeta aussi dans la bataille, affirmant que Nicola Sturgeon faisait fi des droits des femmes les plus élémentaires. Peu avant, Mme Sturgeon n’avait pas hésité à qualifier ses opposants de « misogynes, transphobes et racistes ». Des qualificatifs pour le moins définitifs alors que 65 % des Écossais se disaient opposés à cette réforme.

Tout cela serait demeuré théorique si la Première ministre n’avait été obligée, un mois à peine après son adoption, de désavouer sa propre législation. La cause immédiate du départ de Nicola Sturgeon fut sa mauvaise gestion de la débâcle d’Isla Bryson.

Isla Bryson est un homme écossais (né Adam Graham) de 31 ans qui se dit être femme. Il a été reconnu coupable en janvier 2023 des viols de deux femmes qu’il avait commis avant « sa transition ». L’affaire a suscité la controverse après que Bryson a été renvoyé dans une prison pour femmes en attendant sa condamnation. Cette décision a soulevé des questions sur la sécurité des femmes à la suite de l’adoption par le Parlement écossais du projet de loi sur la réforme de la reconnaissance du genre (Écosse), Un projet de loi conçu pour permettre aux personnes transgenres en Écosse de changer plus facilement et légalement de sexe. À la suite de la controverse sur l’affaire Bryson, le service pénitentiaire écossais a annoncé un « examen urgent » des cas transgenres au sein de ses prisons, interrompant le mouvement de tous les prisonniers trans pendant que l’examen était en cours. Après l’examen, il a été annoncé qu’à l’avenir les détenus transgenres seraient initialement logés en fonction de leur sexe à la naissance, tandis qu’une évaluation a été effectuée pour déterminer s’il était approprié de les loger dans le domaine pénitentiaire masculin ou féminin.

Chaque fois que les féministes (vieille école) attirent l’attention sur le risque que les violeurs masculins finissent par être incarcérés dans des prisons pour femmes si l’on cède trop facilement à leur prétention d’auto-identification, les militants des droits des trans les accusent inévitablement du sophisme de l’« épouvantail » et d’agiter des peurs irrationnelles en évoquant des situations très peu probables.

Une manifestation contre l’emprisonnement d’hommes qui se disent femmes dans les prisons pour femmes a eu lieu devant le parlement écossais le jeudi 9 février.

Mais Isla Bryson fut l’épouvantail qui prit vie et Sturgeon perdit pied quand elle dut admettre la contradiction évidente entre ses déclarations wokes que les « femmes trans » [hommes qui se disent femmes] sont des « femmes », mais que dans certains contextes ces « femmes trans » ne seraient pas traitées comme des femmes (à savoir les prisons). Après s’être mis à dos les conservateurs sociaux, elle s’aliénait les radicaux pro-trans et les partisans de la cohérence.

Avec un peu de recul, il semble évident que l’erreur de Sturgeon fut de promouvoir un projet de loi trop woke, car il était prévisible que ce genre d’incidents devait discréditer le projet de loi sur la réforme de la reconnaissance du genre. Projet de loi que Sturgeon appuyait de tout son poids. Si le scandale n’était pas né au sujet de violeurs mâles envoyés en prison pour femmes, il aurait pu naître d’incidents similaires dans des refuges, des vestiaires ou des toilettes pour femmes. 
 
Dans une enquête publiée le dimanche 12 février dans le Herald Scotland, parmi ceux qui ont exprimé leur opinion, plus des trois quarts (76 %) ont déclaré qu’ils pensaient que les projets du gouvernement écossais de modifier la loi sur la reconnaissance du genre poseraient un risque pour la sécurité des femmes dans les espaces qui leur sont réservés, tels que les vestiaires, les services hospitaliers et les prisons. Un peu moins du quart (24 %) n’étaient pas d’accord.

Le projet facilitant « le changement de genre » s’est mué en baroud pour Nicola Sturgeon, la colline où l’indépendantiste devait s’immoler. Sturgeon n’a pas réussi à s’excuser, à enterrer ou réviser son projet woke et glauque. La lutte pro-trans était devenue plus importante pour elle, semble-t-il, que la souveraineté de l’Écosse.

Dimanche dans un sondage Panelbase pour le Sunday Times, 42 % des personnes interrogées pensaient que Sturgeon devrait démissionner maintenant, tandis que 45 % ont déclaré qu’elle devrait rester Premier ministre jusqu’au moins la prochaine élection parlementaires au plus tard en mai 2026, et 13 % ne savaient pas.

Jeudi passé, l’ancien chef du Parti national écossais, Alex Salmond déclara que Nicola Sturgeon devrait peut-être démissionner à moins qu’elle n’abandonne son plan de modification de la loi sur les transgenres. Il accusait la Première ministre d’alors de détruire 30 ans de campagne en faveur de l’indépendance écossaise en insistant sur une refonte « absurde ».

On apprenait ce matin que la Ministre qui a quitté le gouvernement à cause de la réforme de la loi sur le genre dit vouloir participer à la course à la direction du SNP, le parti indépendantiste écossais.

Voir aussi 

États-Unis — Viol d’une élève dans les toilettes pour filles, sodomisée par un élève trans, couvert par des autorités scolaires (m à j)

Canada — Homme qui a violé un bébé a été discrètement transféré en prison pour femmes.

Un Canadien qui a été reconnu coupable du viol horrible d’un bébé de 3 mois a commencé à s’identifier comme transgenre pendant son incarcération et est actuellement détenu dans un établissement correctionnel pour femmes avec une unité mère-enfant.

En 1997, Adam Laboucan agressa sexuellement un petit garçon de trois mois à Quesnel, en Colombie-Britannique. Laboucan avait 15 ans à l’époque et avait été engagé pour garder l’enfant. Le nourrisson a été si brutalement blessé par l’attaque qu’il a dû être transporté par avion à Vancouver, à 410 miles de là, pour subir une chirurgie reconstructive (plus de détails).

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