jeudi 16 janvier 2020

École à Nantes. Ici, on apprend l’intelligence artificielle sans être un Einstein des études

La première promotion de l’École IA Microsoft de Nantes accueille dix-sept « apprenants » de 20 à 47 ans. Demandeurs d’emploi, ils sont formés gratuitement pendant dix-neuf mois pour devenir développeurs Data et Intelligence artificielle.

L’initiative

Ils sont assis dans une salle du siège du Crédit Agricole Atlantique Vendée, route de Paris, à Nantes. C’est ici qu’ils sont formés pendant quatre mois avant de partir pour quinze mois en alternance(1). Tous portent un polo bleu marine floqué de ce nom un peu étrange : École IA Microsoft powered [sic, propulsé] by [resic, par] Simplon. Ces dix-sept « apprenants », comme on dit ici, constituent la première promotion de cette école financée, entre autres, par Microsoft, ouverte à Nantes le 18 novembre dernier.

Le point commun de ces femmes et hommes de 20 à 47 ans ? Ils sont demandeurs d’emploi. On croise des décrocheurs scolaires, des gens qui cherchent leur voie, des travailleurs en reconversion, des chômeurs… Pour intégrer cette formation gratuite, nul besoin d’être un as du codage ou de l’informatique. « Même si un certain appétit pour les maths ne peut pas nuire », concède Audrey Fougère, 26 ans, qui fait partie de la promotion. Elle est passée par la faculté de sciences de Nantes, puis STAPS, la faculté de sport. « Avant de travailler dans des laboratoires et comme éducatrice sportive, mais ce n’était pas pour moi… » Il y a aussi un ancien concepteur de sites web « très intrigué » par les questions d’intelligence artificielle. Un jeune Vendéen qui a décroché de l’école après un harcèlement scolaire. Un Dijonnais de 36 ans « en reconversion professionnelle ». Ou encore un jeune homme qui « ne savait pas trop quoi faire après le bac ».

Débouchés variés

Tous ont été séduits par les perspectives liées à l’intelligence artificielle (IA). « Jusqu’à postuler à l’école, je n’y avais pas franchement pensé, confie Audrey. Mais travailler avec l’IA offre des débouchés extrêmement variés : des voitures autonomes à la prévention en matière de santé, il n’y a pas un domaine d’activité aujourd’hui qui échappe à l’IA. » À 24 ans, Edwyn Beauvery, lui, y est venu en autodidacte : « J’ai commencé à coder grâce à des vidéos sur YouTube, puis j’ai appris la langue de Python, le langage de programmation. » Pour intégrer l’École IA Microsoft de Nantes, tous deux ont été retenus sur dossier, comme leurs camarades de promotion. « On a rempli un formulaire plutôt costaud et passé des entretiens. »

Depuis la toute première école d’intelligence artificielle, lancée en mars 2018 sur le campus de Microsoft, à Issy-les-Moulineaux, la multinationale de l’informatique veut « soutenir l’accélération du développement de l’IA ». « C’est le bon moment, résume Laurence Lafont, directrice marketing et opérations chez Microsoft. Les calculs et les algorithmes sont de plus en plus puissants, les données data exponentielles… En France, on a des chercheurs, des mathématiciens et des développeurs très performants, mais ils ne sont pas assez nombreux ! Nous voulons contribuer à développer ces compétences. Et pour apprendre à coder, nul besoin d’être formaté, au contraire c’est un vrai enjeu d’avoir des profils divers dans ces métiers ! » En 2020, vingt écoles comme celle de Nantes cohabiteront dans l’Hexagone. Sans qu’on sache, pour l’instant, si ces formations seront pérennes.

Pour dispenser sa formation à ses 17 élèves, l’École IA Microsoft de Nantes s’appuie sur une pédagogie innovante, mise au point par Simplon : « Les formateurs partagent avant tout une expérience de terrain, constate Edwyn Beauvery, après deux mois de cours. Ils nous guident, nous donnent des astuces, nous rappellent les normes à respecter. Ils savent comment on va devoir bosser demain ! Ici, le problème posé, on le résout nous-mêmes. » « C’est une pédagogie active, où on demande à chacun de découvrir beaucoup de choses par lui-même et en s’appuyant sur le groupe, précise Laurence Lafont, de Microsoft. C’est sûr, il faut être moteur ! »

(1) Sept entreprises sont partenaires de ce programme et accueilleront les élèves en alternance, dont différentes structures du Crédit Agricole.

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