mercredi 12 juin 2013

Théorie du genre — Finkielkraut dénonce « une révolution culturelle en train de transformer notre démocratie en maison de redressement des vivants et des morts »

Alain Finkielkraut répond à la question : qu’est-ce que la théorie du genre ? Après l’avoir définie, il émet la critique suivante : dans sa version radicale, il y voit un nouveau marcionisme (du nom de ce théologien qui voulait rompre totalement avec l’Ancien Testament), une dérive déjà vécue à la Révolution française et dont nous étions revenus avec le courant romantique. Il dénonce la confusion entre traditions et stéréotypes (la galanterie française est une tradition mais pas un stéréotype), la négation des différences, une rééducation des enfants, un danger pour la neutralité de l’école, un rejet de toute la civilisation et notamment de la littérature et de la philosophie. Il fait un parallèle avec un autre délire du progressisme contemporain : le débat sur les prétendus droits des animaux (autre forme de marcionisme, qui aboutirait à traiter tout le monde de barbares, puisque carnivores).  Alain Finkielkraut s'oppose aussi à la lutte à l'homophobie dans les écoles, certainement au primaire. Il note aussi que c'est précisément alors que l'homophobie véritable diminue dans la société que des groupuscules désirent imposer la lutte de l'homophobie à l'école en incluant dans cette homophobie la simple notion que l'hétérosexualité comme norme dans nos sociétés ou d'aborder la complémentarité homme-femme.



Extrait :

« Je voudrais commencer par dire que, s’il ne s’agissait dans le mariage pour tous, que de légaliser, d’officialiser, de normaliser les unions des couples homosexuels, nous n’aurions affaire qu’à une réforme sociétale. Nous pourrions l’approuver, ou au contraire lui trouver des défauts, mais ce serait finalement une histoire mineure. Il ne s’agit pas de cela. Un mouvement s’est mis en marche : une révolution culturelle, qui est en train de transformer notre démocratie en maison de redressement des vivants et des morts. La théorie du genre. Un fait a été mis en lumière par les sciences de l’homme : il n’est aucune humanité, aucune société, qui n’appartienne à une culture. Toutes nos manières de sentir et de percevoir témoignent d’une compréhension du monde préalable. Une tradition imprègne nos mœurs, anime nos manières de voir, de travailler, de sentir. Les théoriciens du genre s’appuient sur cette découverte des sciences humaines, pour radicaliser la proposition. Pour ces théoriciens et théoriciennes, il faut réduire la part du biologique. Tout est culturel. Le sexe est genre de part en part. Tout est culturel. En effet.  
Alors, je disais les sciences de l’homme. Mais les sciences de l’homme ont été précédées dans cette découverte par un grand mouvement de pensée, au début du XIXe siècle, en réaction à la Révolution française. Le romantisme qui a dit : il y a des traditions historiques, on ne peut pas, sauf à tomber dans les plus grands périls, vouloir construire un homme nouveau, nous venons de quelque part. Mais, précisément, le romantisme disait : ce qui est historique doit être respecté. Les théoriciens du genre disent : ce qui est historique doit être déconstruit, pour être remodelé. La théorie du genre nous précipite dans une sorte de constructivisme généralisé. Nous devons savoir que notre identité prétendument sexuelle (donc naturelle) est une identité culturelle. Dès lors elle est critiquable, elle est remédiable, elle est remodelable, et nous pouvons choisir l’identité que nous voulons. Être plus ou moins homme, plus ou moins femme, parce que les caractères qu’on attribue à l’un et à l’autre, précisément, sont arbitraires en tant qu’ils sont culturels… »




Page 10 du cahier d'activités d'ECR Voyage vers les valeurs pour la 2e année du 1er cycle du secondaire des éditions École nouvelle
 
 
 
 
 

Aucun commentaire: