vendredi 15 janvier 2010

Avec la réforme, le gouvernement ne s’encombre plus des examens du ministère…

Billet extrait du carnet d'Éric Lanthier

Édifice Marie-Guyart à QuébecLa réforme est loin d’être en forme

Le gouvernement sait que la Réforme scolaire n’est pas très concluante. Effectivement, les examens du ministère de juin, pour les épreuves du quatrième secondaire sont, pour quelques années, gérées par les écoles [référence]. Pourquoi ? Parce que le Ministère de l’éducation, du loisir et du sport (MELS) sait que les résultats risquent d’être désastreux. Ainsi, l’école peut gérer le résultat de ces examens à sa guise.

Supercherie du ministère ou cachoterie ?

Le gouvernement sait que la Réforme ne ferait qu’augmenter le nombre d’échecs, donc de décrocheurs. Pour réduire ou stabiliser ce nombre, le MELS ne veut pas s’occuper des examens du ministère en mathématiques, en sciences et technologie ainsi qu’en histoire à la quatrième année du secondaire [2009, 2010, voir aussi]. Cela veut dire que chaque école peut attribuer le pourcentage qu’il veut pour l’examen. Si l’examen est un échec, il va compter pour 5 % de l’année scolaire ; si tous les élèves le réussissent haut la main, il comptera pour 90 % de l’année.

Une génération de cobayes

Le gouvernement lui-même n’est tellement pas certain des effets de la réforme qu’il se donne du temps pour corriger le tir sur le dos des « s’apprenants » [note du carnet : en jargon melsien, les élèves]. Oui, vous avez bien lu : des s’apprenants. On parlait autrefois des élèves, ensuite des apprenants, maintenant on parle des s’apprenants. Un « s’apprenant » est un jeune qui apprend à découvrir par lui-même ce qu’il doit apprendre. Le fonctionnaire en classe est là pour s’assurer que le « s’apprenant » ne perd pas son temps. Le fonctionnaire ne peut plus enseigner, diriger l’élève, il doit le stimuler à découvrir par lui-même les résultats. Si ce procédé était si bon, pourquoi le ministère ne compte plus lui-même les résultats des examens qu’il soumet aux élèves ? Plusieurs hypothèses ont été soulevées :
  1. la réforme favorise les maisons d’Éditions qui vendent des nouveaux livres et cahiers d’exercices [Note du carnet : et certains auteurs se font dire par leur éditeur habituel qu'il ne publiera pas leur livre contre le programme, car ce même éditeur publie toute une collection de manuels ECR] ;

  2. les fonctionnaires veulent contrôler le système et éliminer les parents du décor en le rendant très complexe ;

  3. le MELS ne sait pas où il s’en va, il improvise ;

  4. le gouvernement occupe le syndicat sur autre chose que la convention collective ;

  5. toutes ces réponses sont bonnes.

Pendant ce temps-là, ce sont nos enfants qui subissent les essais du MELS aux dépends des contribuables. Avons-nous besoin de cela ? Selon le gouvernement, oui ! Quand on pense que la Suisse avait testé les éléments de la réforme et sont revenus aux bulletins chiffrés avant nous [référence], il y a de quoi se poser des questions sur le sentiment d’urgence de nos décideurs.

Éric Lanthier, M. Éd.
Ex-membre du Conseil supérieur de l’éducation




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3 commentaires:

Sébas a dit…

"toutes ces réponses sont bonnes."

Tout ça est tellllllement pathétique.

p.s.
Merci encore pour ce merveilleux blogue, qui met de la -vraie- lumière, dans cette époque du 'tout relatif' qui conduit à la folie !

Achat local 100% Québec a dit…

Par rapport au point numéro 2: les fonctionnaires veulent .. éliminer les parents du décor en le rendant très complexe ;

Je crois que c'est plutôt le contraire en voulant faire plaisir à tout le monde, le système en vient à ne faire plaisir à personne. On nivelle aussi par le bas (pour donner la même chance à tout le monde) ce qui s'avère être un désastre autant pour les enfants très doués que pour ceux qui le sont un peu moins.

Romanus a dit…

... et on n'y peut RIEN!

Et le gouvernement est du coté des apparatchicks, car les apparatchicks peuvent leur faire la vie dure car ils ne peuvent être congédiés et peuvent mener la cabale contre le gouvernement.

Tout l'appareil d'état est maintenant au service de l'état même et de la fonction publique. La 'game' ne se joue qu'entre ces deux pouvoirs ultra-puissants. Le citoyen est le serf que l'on taxe sans vergogne pour nourrir le monstrueux ogre étatique qui sera toujours insatiable.

Tout comme l'Union Soviétique, un jours, tout va s'effondrer... les citoyens innocents en feront les frais.