jeudi 29 février 2024

Les « Kebs » et l’accent arabe (Qui assimile qui dans les écoles ?)

Rémi Villemure, suppléant à l’école secondaire secondaire Daniel Johnson (dans le nord de la ville) m’écrit avoir assisté à des scènes qui confirment l’esprit de la chronique. Notamment, « Des jeunes garçons et filles blancs qui adoptent tous (presque sans exception) l’accent arabe devenu la norme désormais. […] L’emphase [anglicisme, l’accent tonique] sur les A (prononcés Â) mêlée à des expressions comme Wesh, la hess, wallah. Ex : wallah je le jure mâdâme. »

Cette autre grand-mère, Francine Lagacé, de Laval, parle de son petit-fils de 16 ans aujourd’hui en secondaire 4. « Vous savez quoi ? Il parle avec un accent arabe ! Eh oui, il n’y a pas assez de Québécois à l’école pour que les enfants prennent notre accent, c’est le contraire qui se produit. Il me dit que s’il parle [avec l’accent] québécois, il se fait niaiser [charier] ! »

Le glissement identitaire des francophones est relevé aussi par Simon Brodeur, enseignant et père : « Depuis le début du secondaire, j’ai vu mes garçons changer d’accent et de vocabulaire et s’identifier progressivement en tant qu’hybride plutôt que comme Québécois pour survivre à leur environnement social : pour s’intégrer dans leur nouveau milieu. J’ai dû travailler fort pour leur faire prendre conscience de la force civique, culturelle, professionnelle et industrielle des Québécois. »

Sur les tensions entre élèves issus de l’immigration et les natifs, Brodeur écrit « ce que vous mentionnez comme type d’interactions à l’école secondaire est tout à fait véridique et je l’ai observé moi-même. J’ai enseigné dans des écoles montréalaises et je travaille maintenant au cégep comme conseiller pédagogique depuis presque dix ans, au centre-ville (cégep du Vieux Montréal). Les tensions et les intolérances sont présentes, mais ce qu’il y a de nouveau est que les “Kebs” sont considérés comme un sous-groupe parmi les autres, un sous-groupe qui émane d’une majorité dominante, mais qui est stigmatisé par les minorités en situation de majorité par quartier, dans la métropole. »

        Source

(Notons que Kebs sonne à notre oreille comme un terme trop proche de clebs, terme issu de l’arabe كَلْب kleb signifiant chien).


Voir aussi

Réaction hostile de la part des élèves immigrés à l'arrivée d'élèves « de souche »

Écoles du Québec — « Si je me ferme les yeux, je pourrais croire que je suis à Toronto » 

 

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